Nicolas Sarkozy entre mariage avec Carla et divorce avec les Français

Il y a le feu à l’Elysée. Feux de l’amour et incendie politique. Les critiques fusent sur l’insoutenable légèreté de Nicolas Sarkozy dans l’exercice de la fonction présidentielle. L’homme dirige la France comme il se marie. Vite et sans classe, tel un collégien qui s’affranchit de toutes les mondanités. Dans cette union célébrée en catimini, le président qui revendique son droit au bonheur, espère tourner la “séquence” people facturée au prix fort dans les sondages. Un préalable indispensable pour espérer reconquérir le coeur des Français.
Même dans ce mariage à la sauvette, qui contraste avec la “Grimaldisation” à laquelle Nicolas Sarkozy nous avait habitués, le citoyen Sarkozy, indissociable du chef de l’Etat s’exonère du respect de la loi.
Que le procureur accorde une dispense de publication de bans, tel que c’est l’usage pour les célébrités et les passibles des assises, passe encore. En revanche, la célébration du mariage “à la maison”, il fallait oser. L’article 75 du Code civil ne prévoit que deux exceptions : l’état de santé qui interdit le déplacement ou encore la mort imminente. Notre réformateur a ajouté une sous-catégorie : la mort politique imminente.
Selon un sondage LH2-Libération publié ce jour, réalisé avant et après l’annonce de son mariage avec Carla Bruni, Nicolas Sarkozy subit une chute de 13 points de sa cote de confiance. Seulement 41 % des personnes interrogées auraient une opinion positive du chef de l’Etat. Le discrédit toucherait tout à la fois les résultats économiques du président que son style marqué par un affichage clinquant de sa vie privée.
La dégradation de la fonction présidentielle est suffisamment avancée pour que le président du Conseil constitutionnel, Jean-Louis Debré sorte dimanche de sa réserve. Les conseillers de la présidence l’irritent. Selon lui, les hommes du président, ne devraient pas s’exprimer publiquement et ne pas chercher à exister médiatiquement. “Ce n’est pas notre tradition, ce n’est pas nos institutions”, a-t-il ajouté en jugeant que c’était aux “gens qui ont un mandat électif de s’exprimer”. Mais, c’est surtout sur la vie privée du chef de l’Etat que le président du Conseil constitutionnel a été le plus incisif : “à partir du moment où vous avez reçu une mission du peuple, quelle que soit cette mission, il y a une certaine tenue à avoir”. “L’autorité de l’Etat et la légitimité conférée par le peuple supposent une certaine retenue et une certaine dignité dans la fonction”.
Jean-Louis Debré comme de nombreux observateurs de la vie publique estime, “qu’il faut faire attention à ne pas désacraliser les fonctions officielles, quelles qu’elles soient, quel que soit le titulaire”. “Il faut éviter toute dérive. Nos institutions confèrent un certain statut. Il ne faut pas abandonner ce statut”.
Invité du “Grand Jury” RTL-LCI-Le Figaro, François Bayrou, qui entretient un contentieux personnel avec le chef de l’Etat, a lui aussi dénoncé “l’utilisation” et “l’étalage” de sa vie privée par Nicolas Sarkozy, responsables selon lui de la chute du président dans les sondages. “Cela a une fonction absolument précise, qui est de détourner l’attention des citoyens, l’attention de l’opinion, de l’essentiel pour la porter vers l’accessoire”.
“La tenue”, le “sens de l’Etat”, aurait sans doute également consisté à ne pas remettre à l’Elysée même, la légion d’honneur à Isabelle Balkany vice-présidente du Conseil général des Hauts-de-Seine, l’ancien fief de Nicolas Sarkozy. Amie personnelle du président certes, mais aussi et surtout élue condamnée avec son mari Patrick, pour prise illégale d’intérêt (tribunal correctionnel en mai 1996, confirmation en appel le 30 janvier 1997) pour avoir employé plusieurs années 3 employés municipaux pour leur usage personnel (appartement de Levallois et leur résidence près de Giverny).
Mais attention, si Nicolas Sarkozy ne doute et n’a peur de rien, il ne fait plus peur. La presse, jusque-là si servile, n’est plus en reste pour planter quelques banderilles dans le cuir présidentiel. Francis Brochet dans Le Progrès résume bien le sentiment dominant de nos concitoyens : “Recevez tous nos voeux de bonheur, Monsieur le président. Madame votre épouse est bien belle, et nous souhaitons qu’elle vous soit également gentille et attentionnée. Nous espérons surtout que, désormais en paix côté foyer, vous vous occuperez un peu plus de nous. Car ça ne va pas bien, Monsieur le président. Ça patine sur la croissance, ça bouillonne dans les banlieues, ça craque au Tchad, ça cafouille sur les heures sup’, ça grogne chez les taxis, les retraités, les fonctionnaires. Tout n’est évidemment pas de votre faute. Mais vous nous aviez tellement promis que vous feriez tout sur tout, et vite, que nous commençons à nous impatienter. Alors oui, soyez heureux, Monsieur le président, et surtout restez-le. Epargnez-nous de nouvelles tribulations conjugales. En un mot, si vous permettez cette familiarité : faites votre boulot.”
Crédit photo : AFP
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