Nicolas Sarkozy : l’identité nationale de qui ?
On nous reparle d’identité nationale, sans surprise une élection
ne devrait pas tarder. Mais au-delà de ces considérations, le débat que veut
ouvrir monsieur Besson permet de nous interroger sur « l’identité
nationale » de notre propre président.
![](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L298xH400/nicolas-sarkozy-1218183177-85d3c.jpg)
Le Front National et les grands partis, un schéma bien connu :
L’UMP utilise le Front National comme le PS en son temps. Sous les années Mitterrand le PS s’employait exactement au contraire, il s’agissait alors d’empêcher toute alliance droitière avec le FN (puisque c’est bien de lui dont il s’agit quand l’UMP ouvre ce débat), le Parti communiste perdant des électeurs à mesure que le FN en gagnait, en employant la diabolisation, associant dans les esprits FN et menace fasciste, raciste. La ficelle était d’autant plus tirée que le PS enfilait l’habit de clown de la social-démocratie, et n’allait en fait plus faire que dans le sociétal et l’Union européenne… Aujourd’hui même, un de ses éminents membres est directeur général du FMI, c’est dire à quel point on a affaire à un parti d’opposition.
D’un côté on utilise le FN pour masquer son abandon de la question sociale, de l’autre pour faire oublier sa politique néolibérale (Sarkozy « l’américain », rappelez vous !), et pour une même fin électoraliste ; pas de doute, on nous prend assez équitablement pour des imbéciles.
Cela fonctionnera-t-il autant qu’en 2007 ?
Du côté de l’UMP la question est de savoir si la posture sera dans le futur tout aussi fructueuse qu’en 2007. Et c’est justement sur la réponse à donner que le parti Sarkozyste se fait quelques soucis.
Depuis 2007 en effet, les français ont pu constater qu’il ne s’agissait guère que d’une politique spectacle destinée aux journaux télévisés de vingt-heure, chaque sujet sérieux devant faire l’objet d’un simulacre de réponse de la part du gouvernement.
Su ce sujet comme sur d’autres, il n’y a cependant rien à gagner à entrer dans ce petit jeu là, rien à gagner pour un électorat populaire à voter pour l’ami des milliardaires.
L’identité nationale pour qui donc ?
Les dés étant pipés, et malgré l’importance d’un débat qui n’a jamais été posé aux français ces dernières décennies, on peut, pour ne pas se faire avoir, détourner la question directement à destination de notre Président, qu’elle est donc la politique d’identité nationale qui est la votre, monsieur Sarkozy ?
En effet, le ressort comique dans toute cette histoire c’est que Nicolas Sarkozy mérite à lui tout seul un « grenelle de l’identité nationale » (1).
Nicolas Sarkozy, identité nationale et exception française.
Nicolas Sarkozy semble en rupture avec une tradition, une identité politique française.
Présidentialisation du régime et personnalité du président
Présidentialisation du régime
Américanisation du régime de la Vème république, omni présidence, Nicolas Sarkozy importe le modèle anglo-saxon jusque dans nos institutions même.
L’attitude présidentielle
On n’est certes plus dans les années 60, mais force est de constater que le standing français est tombé à des niveaux de bassesse encore jamais atteint. Jusque dans sa façon d’être et de se comporter en tant que Président Nicolas Sarkozy heurte une certaine tradition de décence et de hauteur française. (impudence à l’égard du monde de l’argent, vocabulaire présidentiel : « casse-toi pauvre con ! » etc.)
Illustration concrète : laïcité et travail le dimanche
Laïcité. Concept mis en cause par le président, quand il estime pouvoir donner des jugements de valeurs sur la religion ; or, ce n’est tout simplement pas son rôle.
Travail le dimanche. Le repos hebdomadaire, le repos dominical, la rupture jusque dans le calendrier, le règne de la marchandise 24H sur 24 au détriment d’une vie culturelle, sociale, familiale non marchande.
Politique étrangère, ou la fin de l’exception française
Demandez à Paul Eric Blanrue ou à Aymeric Chauprade ce qu’ils pensent de l’identité nationale de Nicolas Sarkozy !
Vis-à-vis d’Israel
- Nicolas, Sarkozy, Israel et les juifs Blanrue
- le bouquin de Blanrue
Paul Eric Blanrue, écrivain français, auteur de livres historiques et collaborateur à la revue mensuelle Historia, a consacré un livre, sarkozyisraeletlesjuifs.blogspot.com (en clin d’œil au « De Gaulle, Israel et les juifs » de Raymond Aron) sur la nouvelle politique étrangère française à l’égard d’Israël.
Il y rend compte de l’alignement opéré sur la politique israélienne alors que la position traditionnelle de la France se voulait marquée par une certaine droiture et équité dans le conflit au moyen orient. (cf.
Vis-à-vis des USA et de l’OTAN
Aymeric Chauprade écrivain, politologue et géopoliticien français, qui, à la suite de la parution de son ouvrage Chronique du choc des civilisations, a été accusé par un journaliste du journal Le Point de complaisance envers les théories conspirationnistes sur les attentats du 11-Septembre après avoir rendu compte de la vision différente des événements qu’avait une partie de la planète.
L’évènement ne s’est cependant pas limité à cette petite anecdote puisque le ministre de la défense de tutelle, Hervé Morin, en profita pour priver par une décision expresse le professeur de géopolitique de sa chaire au Collège interarmées de défense. A noter que ladite décision a été suspendue par un arrêt du 24 mars 2009 du tribunal administratif de Paris.
L’intérêt de cette affaire est d’illustrer la purge ayant accompagné le retour de la France dans le commandement militaire intégré de l’OTAN, décision unilatérale – et sans contrepartie - du Président de la république, rompant avec la position du Général De Gaulle depuis 1966 et qui participait de l’indépendance de la politique française sur le plan international. (2)
Cette « exception française » devenue usage constant depuis et qui participait elle-même de l’identité nationale, avait été réaffirmée jusqu’en 2003 lors du Conseil de sécurité des nations unies précédent l’imminente guerre en Irak, par le Ministre des affaires étrangères d’alors, un certain Dominique De Villepin. A ce propos, on peut légitimement s’interroger sur la position qu’aurait pris l’actuel président s’il avait été en poste à ce moment là….
En guise de conclusion :
Le virage atlantiste opéré par M.Sarkozy n’a fait l’objet d’aucune attente particulière et pressante de la part du peuple français, elle correspond simplement à la vision bien particulière de Nicolas Sarkozy sur les relations que doit entretenir le pays avec certains autres Etats, et sur la place qui doit être la sienne sur le plan international.
Par un revirement très personnel il semblerait donc que la place de la France soit du côté d’Israël quand il s’agit de Gaza, du côté de l’OTAN quand il s’agit de défendre une politique étrangère qui soit dans nos intérêts, du côté d’Israël et dans la descendance des néo conservateurs bushistes américains quand il s’agit de l’Iran
Sur tous ces terrains là, de la politique étrangère jusqu’à sa façon d’être et de se comporter en tant que Président, Nicolas Sarkozy est en rupture ; l’identité nationale du Président n’est semble-t-il pas l’exception française d’antan.
(1) Expression de Marine Le Pen
(2) http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2009-03-13-France-OTAN Otan : le retour de la France
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