Il sera fait roi devant ses pairs, consacré dans les fonts baptismaux de la bien-nommée Saint-Nicolas, cathédrale orthodoxe de Nice. L’apothéose de la présidence Sarkozy, après l’octroie, hier, de l’Euro 2016 à la France, trouvera un brillantissime épisode demain, avec la tenue du XXVe sommet France-Afrique qui se déroulera du 31 mai au 1er juin, à Nice, ville de son ministre cumulard et motodidacte, Christian Estrosi... Hélas, l’immaculé Nagy-Bocsa ne fera pas mieux que son prédécesseur Jacques Chirac, l’ancien parrain de la Françafrique, qui avait réussi à réunir autour de lui, 48 chefs d’État et de Gouvernement africains, à Cannes, en 2007. Nous allons assister comme d’habitude, à un bal de faux-culs.
La concession de Paris
Depuis un certain temps déjà, nous assistons à une agonie dans les relations bilatérales entre l’Afrique et la France. Les Africains n’hésitant plus à fustiger vertement cette nouvelle forme de néo-colonialisme sous couvert de coopération, mais s’apparentant plus à la colonisation. L’offensive chinoise et l’influence constante des Etats-Unis en Afrique inquiètent de plus en plus Paris, qui veut par tous les moyens sortir la tête de l’eau. Comme par hasard, le premier signe est venu de la Cour constitutionnelle. Elle a décidé enfin, de laver une vieille injustice entre la différence criarde de traitement entre ressortissants français et étrangers titulaires de pensions civiles ou militaires de retraite et résidant dans le même pays pourtant. Le film “Indigènes”, de Rachid Bouchareb, est passé par là… Tant mieux.
Les amis de Paris
Après le cinquantenaire des indépendances africaines, vaste filouterie semble-t-il, la plupart de ses dirigeants seront à Nice. Peu importe leurs différents pedigrees, surtout controversés, pourvu qu’on ait l’ivresse côté Elysée. Ces leaders africains, leaders de pacotille s’il en est, qui affament leur peuple avec l’aval de Paris, font de cette participation, un trophée et leur retour pétaradant chez eux, se fêtera en grande pompe. Pour ce sommet haut en couleurs, plusieurs chefs d’État africains sont à la tête de fortes délégations. Pas moins de 40 personnes par pays. La plupart viennent faire un tour à la promenade des Anglais, dépenser ces soi-disant aides bien sûr…D’ailleurs, sur la place parisienne, de nombreux rendez-vous ont déjà été pris dans les boutiques luxueuses de la Place Vendôme et des Champs-Elysées, ainsi que des réservations dans les palaces. Ces gens resteront pour se faire plaisir, quelques jours encore, après le sommet. Ils seront au nombre de 38 gouvernants.
Les “ennemis” de Paris et persona non grata
Le vieux leader zimbabwéen Robert Mugabe, qui avait envoyé Nicolas Sarkozy à ses chères études, n’est pas le bienvenu en Hexagone et partout en Europe. Une unanimité européenne goupillée par la couronne britannique. Bob le dur, est accusé par les Occidentaux de se maintenir au pouvoir par la force. Il y a aussi le leader Omar el-Béchir sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et contre l’humanité. On se demande bien pourquoi Bush n’est pas lui aussi sur le viseur de l’œil du cyclone. A noter aussi que, pour ne pas fâcher l’Union africaine (UA), le jeune dirigeant malgache Andry Rajoelina n’est pas convié à la fête niçoise ainsi que Salou Djilo du Niger, arrivé récemment au pouvoir à la suite d’un coup d’état. Or, selon la rumeur diplomatique ce dernier sera bien présent à Nice. On ne peut s’amuser ainsi avec l’uranium qu’exploite Areva sur place. Nous le saurons demain…
Ceux qui “méprisent” Paris ?
Paris a adressé en tout, 51 invitations. Donc, sur les 38 confirmations, il y a 13 défections. Les “qui” tiennent donc tête au roitelet de l’Hexagone ? Il y a d’abord, l’homme qui donne des sueurs froides à la Suisse, l’autoproclamé ”roi des rois d’Afrique”, Mouammar Khadafi. Une autre absence, celle de Joseph Kabila, président de la République démocratique du Congo (RDC), interpelle. Ensuite, le président ivoirien Laurent Gbagbo qui s’est excusé suite à la situation interne de son pays. Il y a aussi l’homme fort du Botswana, Khama Ian Khma qui a décidé de ne pas se déplacer à Nice, enfin, le président Pedro Pires, du Cap-vert, qui serait très fatigué, suite à son âge avancé…
Mais pourquoi ce sommet ?
Le commun des mortels ne sait pas réellement ce qui s’y passe. La plupart des gens sont convaincus qu’on parle autour du champagne et des petits-fours, de rien. Ce XXVe sommet s’inscrit dans la droite ligne des précédents. On va parler demain de politique, d’économie, de stabilité, de terrorisme etc. Un autre volet sera consacré au climat et au développement durable, en vue de la préparation du prochain sommet des Nations unies sur le réchauffement climatique, prévu à Cancun, au Mexique. Bref, des opérateurs économiques seront aussi conviés pour éventuellement nouer des relations d’affaires avec leurs homologues africains…
>>>Allain Jules