NON à l’anonymat des votes aux législatives

Thèse antithèse synthèse. Mais d'abord il convient de rappeler l'essentiel, cité dans l'article 21.3 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, à savoir que l'autorité de la puissance publique a pour fondement la volonté populaire, et que cette volonté s'exerce soit par référendum soit via des représentants élus lors de scrutins honnêtes.
Oui, mais peut-on parler d'honnêteté si on ne sait pas au final qui représente qui ? Peut-on parler d'honnêteté si on a aucun moyen, je dis bien aucun moyen de vérifier réellement le résultat d'une élection ?
Ayant participé à trois dépouillements dans ma vie, je puis attester qu'il y en a un qui ne s'est pas super bien passé : je ne comprendrai jamais pourquoi, l'urne est tombée de la table où elle semblait pourtant en assez bon équilibre, et tous les bulletins se sont donc répandus par terre, où des sortes d'"assesseurs" "autorisés" les ont ramassés, mais je ne puis en dire plus, vu que leurs complices, euh pardon, leurs collègues faisaient barrage pour nous empêcher de voir ce qui se passait exactement.
Pour la petite histoire c'était au premier tour des avant-dernières régionales en région parisienne. Mais peu importe.
Ce qui importe c'est de savoir que ce n'était pas la faute à pas de chance, puisqu'en interne les partis ont souvent des problèmes de fraude électorale, qu'ils tentent au maximum de cacher et on les comprend, mais sachez que ce que vous voyez dans les médias n'est que la partie émergée de l'iceberg.
Alors bon, vous connaissez l'argument massue des partisans de l'anonymat des votes : les représailles au niveau local. Bien sûr nous sommes en France, donc à priori on ne mettrait pas sa vie en danger si l'on a pas voté pour la bonne personne, mais si on a besoin d'un permis de construire, d'une place en crèche pour ses enfants, ou que sais-je encore qui dépend du bon vouloir de l'"équipe municipale", peut-être vaut-il mieux que le maire ne sache pour qui on a voté aux législatives.
Ce à quoi il faut rajouter le réalisme politique. Franchement, à quoi cela sert-il de se poser la question si de toute façon les jeux sont faits avec les dés pipés qui se doivent. Les députés ont besoin d'un maximum des votes, ils ont besoin que les gens votent en masse, ce qui serait perturbé si les gens avaient à répondre de leur vote, évidemment, ils voteraient moins. Donc comme ce sont les députés qui écrivent les règles de leur propre élection, l'affaire parait entendue.
Entendue ?
Pas si sûr. Il y a, d'un côte le Front National qui fait peur, et plutôt que de proposer l'idée stupide de rendre le vote obligatoire, ce qui jetterait dans les bras du FN nombre d'abstentionnistes contrariés, on pourrait se dire que comme le vote frontiste n'a pas bonne presse, une publication nominative des votes pourrait limiter ses suffrages à une poignée d'irréductibles qui assumeront toujours certaines idées. Cela vaut, soit dit en passant, pour les autres partis aussi.
Mais surtout, quitte à parler de réalisme, autant s'intéresser quelque peu à la réalité. Et la réalité, c'est que le vote n'est déjà pas si anonyme que cela. Sinon, comment expliquer que les RG et les instituts de sondages peuvent faire des études statistiques somme toute assez précises sur la répartition des votes en fonction des catégories d'âge, de sexe, de profession, et j'en passe.
Sans parler des villages, oui des villages, où sur une quarantaine de votants il n'y en a que trois ou quatre sur lesquels on peut hésiter à la rigueur... sans parler des gens qui même dans les grandes villes savent que leur vote n'a pas été pris en compte, puisqu'ils étaient candidats, que leur bulletin de vote a été accepté par la commission de propagande, qu'ils ont voté pour eux, mais que d'après les résultats de leur bureau de vote, eh ben non.
Bref, beaucoup d'argent public pour garantir un anonymat qui au final est loin d'être garanti...
Alors que faire, y a-t-il des solutions ? Peut-on a la fois protéger le votant contre d'éventuelles sanctions, mais redonner en même temps un peu de sérieux aux consultations populaires ? Pas sûr, mais il existe, en théorie du moins, un compromis.
On peut par exemple se baser sur les écrits de Florence Gauthier pour remettre au goût du jour les commis du peuple, en prenant soin cependant de court-circuiter quelque peu l'autorité organisatrice de l'élection qui n'a d'autorité que le nom, puisqu'elle est juge et partie dans cette affaire. En français et sans décodeur, cela veut dire vous votant vous votez pour qui vous voulez, il n'y a pas de candidat officiel, et surtout vous votez de chez vous en envoyant par la poste une lettre avec votre signature et la photocopie de votre carte d'identité. À quelle adresse ? Eh bien celle de votre représentant pardi ! Oui votre représentant, la personne pour qui vous votez. De cette manière il n'y a que lui et lui seul qui sait que vous avez voté pour lui.
C'est alors le représentant et lui seul qui va faire valoir auprès de l'organisateur sa qualité d'élu. Et si, comme cela est prévisible, il y a plus de représentants que de sièges à l'Assemblée Nationale, eh bien on tire au sort sur les listes électorales pour savoir quels citoyens auront la chance d'être représentés à l'assemblé nationale.
Voilà, je vis dans un pays de gros veaux qui votent toujours pour les mêmes raclures, mais qu'est-ce que ça fait du bien d'écrire ce que l'on pense !
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