Non à la diffusion de l’idéologie anti-laïque et communautariste à l’Espé de l’Académie de Créteil !

Le CNAFAL, avec d’autres organisations laïques, a découvert avec stupeur que, dans le cadre de l’École supérieure du professorat et de l’éducation (Espé) de Créteil, étaient organisées deux « journées d’étude » programmées les 19 et 20 mai prochains, sur un axe qui n’est rien de moins que celui de la remise en cause de la loi du 15 mars 2004, d’interdiction des signes religieux ostensibles dans l’école publique. De prétendus chercheurs en sciences sociales comptent y développer des thèses bien connues, détournant la lutte contre les discriminations pour contester la laïcité et les lois de la République qui y sont attachées. Drôle de programme pour les futurs enseignants censés apprendre à transmettre les valeurs de l’école publique, de sa Charte de la laïcité.
Les intitulés des communications en disent long sur cette démarche : « L’institution scolaire au risque de l’islamophobie : pistes de réflexion à partir de la question du devoir de neutralité ». On sait ce que l’on doit au terme « islamophobie », qui sert à justifier l’amalgame de toute critique de l’islam avec un racisme antimusulman, concourant au rétablissement du délit de blasphème. L’intervenant, Marwan Mohammed, que l’on ne présente plus, mène un combat permanent contre la laïcité, la neutralité qu’elle impose aux élèves dans l’éducation étant présentée comme discriminatoire, désignée comme n’existant que pour empêcher les musulmans de pratiquer leur religion, avec en toile de fond la mise en accusation d’un racisme d’Etat. Autre intitulé : « Comment l’institution scolaire fabrique le « problème musulman », la discussion étant animée par Hanane Karimi, autre militant pour l’abrogation de la loi du 15 mars 2004 ! Dans un autre intitulé on parle « d’école pos-coloniale » ou encore « Surveiller et sanctionner au nom de la loi du 15 mars 2004. Approche intersectionnelle des enjeux de la discipline laïque à l’école ».
L’intersectionnalité (de l'anglais intersectionality) est une notion employée en sociologie et en réflexion politique, qui désigne la situation de personnes subissant simultanément plusieurs formes de domination ou de discrimination dans une société. Terme forgé aux Etats-Unis dans le contexte d’une société divisée en communautés identitaires séparées et concurrentes, il est aujourd’hui plaqué sur la situation française où, précisément, la République a su faire prévaloir l’égalité par-delà nos différences, et éviter cette séparation pour favoriser au contraire le mélange, meilleur rempart contre le racisme. Loin de nier les différences, la laïcité les protège toutes à n’en favoriser aucune.
Une approche qui entend brouiller la distinction entre analyse scientifique et engagement politique. Le politologue Laurent Bouvet souligne ainsi que « ce concept est utilisé, aujourd’hui, en France, essentiellement pour rendre acceptables les revendications identitaires et culturalistes de minorités en les assimilant à des luttes sociales menées au nom de l’égalité ».On voit cela encore mieux à travers l’intitulé suivant, qui ré-introduit la notion de race de façon nauséabonde dans le débat sur l’école : « La prise en compte du genre et de la race par les enseignant.e.s du premier degré : perspectives comparées et intersectionnelles »…Tout ceci a pour toile de fond, une idéologie qui tient dans l’accusation d’une France postcoloniale où le blanc serait le dominant et héréditairement raciste.
Cette manifestation ne saurait ainsi être présentée, comme s’inscrivant dans un débat pluraliste des idées sous le signe de la recherche universitaire. En réalité, il ne s’agit de rien d’autre que de la propagande des milieux anti-laïques et communautaristes, auquel on entend laisser dans ce lieu hautement symbolique, libre cours.
Nous appelons à la déprogrammation de cette manifestation inacceptable, par les autorités qui ont entre leurs mains la responsabilité d’agir pour l’empêcher. La laisser se produire serait une faute politique et un grave manquement aux obligations relatives au contenu de l’enseignement dispensé dans les Espé, qui forment les futurs enseignants des écoles, collèges et lycées, pour une toute autre mission d’intérêt collectif et social.
Après plusieurs interpellations de la rectrice de l’académie de Créteil, il n’y a à ce jour de sa part aucune réaction. Quant au cabinet de la ministre de l’Education nationale sollicité avant le départ de celle-ci, il a été confirmé seulement le retrait de cette information du site de l’Espé et le fait que les enseignants en formation à Créteil ne seraient pas conviés à ces journées. Mais le mal du côté de cette information a malheureusement déjà été fait.
Nous engageons tous les républicains et laïques à réagir pour peser afin d’obtenir que ne puisse se tenir cette pure provocation, dans les locaux et avec le soutien de l’Espé et, de fait, en l'état, de l’Académie de Créteil, du Ministère de l’Éducation nationale et de celui de l’Enseignement supérieur et de la Recherche1.
CNAFAL, le 17 mai 2017.
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