• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Non, vous ne perdez jamais du temps !

Non, vous ne perdez jamais du temps !

Partez à la recherche de ce que vous avez fait de votre temps.

« Perdre du temps », quelle drôle d’expression ! Comme je l’ai déjà écrit dans un article paru en septembre 2008 : «  Le temps est la seule chose que l’on ne peut pas perdre  ». On peut perdre un stylo, un portefeuille, un ami… mais le temps, non. Il est toujours là avec moi, pas de risque de le perdre…

Certes Proust est bien parti à sa recherche, mais il visait là le temps passé, le temps révolu, celui dans lequel nous nous noyons comme dans un brouillard. Il est allé fouiller les arcanes de ses souvenirs jusqu’à retrouver ce temps perdu.

Aujourd’hui, quand on parle de temps perdu, on parle de temps présent.

Notre société est malade de « présentisme » : elle ne pense plus que dans l’instantané, dans l’immédiat, dans l’urgence. Mais est-ce encore de la pensée ?

Est-ce au moins de l’action ? Si l’on entend par action, capacité à entreprendre quelque chose, je crois que le plus souvent, ce n’est pas non plus de l’action, mais juste de l’agitation, de l’effervescence, de la dispersion.

On confond mouvement et avancée, déplacement et progression.

Les gens qui courent pensent qu’ils gagnent du temps. Mais pendant qu’ils courent, que font-ils d’autres que courir ? Et ce temps « gagné » que vont-ils en faire ? Car on ne gagne pas de temps, on ne perd pas de temps, on fait une chose ou une autre.

Quand je choisis de me déplacer plus lentement, comme je n’ai pas besoin de consacrer mon attention à mon déplacement, je peux profiter de ce temps pour lire, discuter ou simplement réfléchir. Qui gagne du temps ? Celui qui court ?

Je crois que cette phobie collective liée à la perte du temps, à quelque chose à voir avec cette maladie du « présentisme » : nous ne vivons plus qu’au présent, présent qui nous échappe et que nous avons le sentiment de perdre constamment. Alors plutôt que de nous remettre en cause, nous accusons ce temps qui nous échappe, sans voir que ce n’est pas le temps qui nous échappe, mais ce que nous en faisons.

Ce que nous perdons, ce n’est pas du temps, mais notre vie.

Et si chacun prenait le temps de se poser, et partait à la recherche non pas du temps perdu, mais de ce qu’il a fait du temps qu’il avait…


Moyenne des avis sur cet article :  4.33/5   (12 votes)




Réagissez à l'article

11 réactions à cet article    


  • Serge Serge 29 mai 2009 13:03

    Cette expression entendue à « longueur de temps »,est née avec la société productiviste/capitaliste pour qui... « le temps c’est de l’argent » ou « le temps perdu ne se rattrape jamais. »


    • Robert Branche Robert Branche 29 mai 2009 14:59

      Elle a effectivement trouvé son essor avec les temps dits « modernes »... mais je pense que ses racines plongnet beaucoup plus profondément dans notre culture occidentale


    • Moristovari Moristovari 29 mai 2009 14:11

      Comme tout modèle de société, le capitalisme possède sa vision du bien et du mal, soit ses valeurs morales. Toutes tournent autour d’un concept : la consommation. Pour consommer il faut travailler et dépenser, donc être actif. Donc aujourd’hui être actif est quelque chose de bien vu, bien dans l’air du temps.

      Pour se sortir de ces influences extérieures dirigeant notre vie, il faut réussir à avoir un esprit critique, lequel ne s’obtient pas sans instruction et raisonnement. Mais c’est le seul moyen d’être, au moins un peu, le maître de sa vie.


      • Robert Branche Robert Branche 29 mai 2009 15:01

        ok mais mon propos est autre et ne porte pas sur la consommation, mais sur la relation au temps.


      • Moristovari Moristovari 29 mai 2009 19:05

        Mon post porte justement sur ce qui vous intéresse : la relation au temps dans notre société moderne occidentale. Celle-ci est capitaliste et ce n’est pas par hasard qu’on appelle l’entrée dans le monde du travail la « vie active ». Le capitalisme étant basé sur production et croissance, soit pour l’individu travail et consommation, une des valeurs positives de ce modèle de société est l’activité : déplacements rapide, sorties, shopping, vacances lointaine... ce fut en premier lieu le mode de vie de la bourgeoisie, un mode de vie disctinct de ceux de la noblesse ou du peuple, moins pressé et nomade. Un temps que connurent certains jusque dans les années trentes, avant les congés payés et les premières vacances à la plage... 

        A cette époque, découvrir pour la première fois la mer était un choc, certains s’asseyaient pour la contempler pendant des heures. Cela ferait rire aujourd’hui. Il y a là un rapport au temps qui s’est perdu. Aujourd’hui la vie est un film, ce n’est plus une suite de photos.


      • Robert Branche Robert Branche 2 juin 2009 21:55

        ok, désolé j’avais réagi trop vite ! Merci pour cet apport !


      • LE CHAT LE CHAT 29 mai 2009 14:28

        l’essentiel est de savoir s’arrêter pour prendre du bon temps ! smiley


        • Robert Branche Robert Branche 29 mai 2009 15:02

          oui mais posons-nous la question : est-il possible de prendre du temps ? Je ne crois pas, on a le temps que l’on a... et faisons en quelque chose de bon... sans le prendre ! smiley


        • Olga Olga 29 mai 2009 23:00

          J’aurais bien laissé un message si j’avais trouvé le temps...

          Tant pis ça sera pour une autre fois. Autant le faire quand j’aurai du temps devant moi, sinon ce serait du temps perdu à bâcler un commentaire... smiley 

          Je ne sais pas à quoi ça tient, mais si je me pose pour évaluer ce que j’ai fait de mon temps (à bicyclette ou à pied sur les grands boulevards), je me dis très très rarement : « Là au moins je n’ai pas perdu mon temps ». A mon avis ce n’est pas bon signe... C’est grave docteur ? 


          • Robert Branche Robert Branche 2 juin 2009 21:57

            cela se soigne ! Un peu de méditation par exemple, lâcher prise, et apprendre à ne rien faire !


          • Cha-No-Yu 29 mai 2009 23:36

            Je suis d’accord « Ce que nous perdons, ce n’est pas du temps, mais notre vie. »

            Le temps n’existe pas.
            Seul le présent existe, éternellement.

            La question est donc de savoir ce que chacun veut faire de cette courte éternité.

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès