Nord : une agitation lycéenne complaisamment encouragée
Témoignage sur la naissance du mouvement lycéen dans un établissement du Nord.
Je suis professeur de Lettres dans un lycée de campagne du Nord de la France, à une quinzaine de kilomètres de Lille. Jusqu’au 7 mars dernier, la situation y était tranquille, les discussions sur le CPE quasi inexistantes, les appels à la grève peu suivis. Puis, explosion brutale à la mi-mars : des étudiants de Lille III, qui passent pour les leaders du mouvement sur la métropole, sont venus débaucher les élèves, qui ont ensuite bloqué le lycée. Quelques faits troublants expliquent pourtant ce brutal engagement des lycéens dans "le mouvement".
*Quelques jours avant l’intervention des étudiants, des
adultes extérieurs à l’établissement sont venus distribuer des tracts (CGT ? PC ?
). Après le blocage du lycée, une représentante de la CGT est venue soutenir
les élèves, reprochant aux professeurs présents de ne pas être assez solidaires
de leurs élèves. Néanmoins, les professeurs syndiqués SNES-FSU du lycée les
soutiennent activement. La mairie communiste de la ville la plus proche envoie
régulièrement au lycée des bus de la ville (payés par les contribuables !) qui
permettent aux élèves bloqueurs d’aller manifester à Lille, elle leur paie
aussi des repas. Ces quelques faits permettent de voir comment, sur le terrain,
l’agitation lycéenne est complaisamment encouragée, et surtout attisée par des
organisations syndicales et politiques qui l’utilisent à leur profit. Il faut évidemment
rapprocher tout ceci du fait que le congrès de la CGT se tient dans la région
la semaine prochaine, celui du PC ayant eu lieu au Bourget ce week-end. D’où l’intérêt
évidemment d’une telle agitation étudiante et lycéenne. Aujourd’hui, ce qui me
paraît particulièrement préoccupant (parmi bien d’autres choses) dans ce
mouvement lycéen, c’est de voir tous ces jeunes utilisés comme des pions par
des adultes cyniques et démagogues qui, comme des tartufes, feignent de défendre
la situation de la jeunesse, alors qu’ils ne sont préoccupés que du maintien de
leurs intérêts de nantis. Pris en étau dans ce énième conflit de notre société complètement
verrouillée, les jeunes risquent encore une fois d’en faire les frais, alors
que c’est bien pourtant de leur avenir qu’il est question.
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