Nos forces de l’ordre au service des derniers privilèges ancestraux
Marre des flics, de l’actualité, de guerre, chasse et dérégulation, de l’Union Militaire Police Dominante, de toutes ces unités armées qui sifflent sur nos têtes...mes amis, sortons et ce soir, jusqu’au bout de la nuit, buvons avec modération, rions et jouons nous de tous ces pions !

douze mille hectares de chênes, plantés par Colbert , il y a deux cent ans, et maintenant si grands, que quand le grand cerf brame, du fond de la vallée, pendant six longues secondes, le son est amplifié, et toi...pétrifié, ou sinon terrifié, voire même, en cette période d’angoisse, terre-horrifié ! Pardonnez moi, mais tous ces flics armés, publics ou privés, ça me monte à la tête. Et pour un peu oublier cette actualité, ce soir mes quatre amis, nous partons à la fête.
Il est un endroit, nous irons au retour, dans cette forêt majeure, où l’écho se disperse, des secondes durant, le paravent vivant, des arbres centenaires, forme un mur la nuit, que seul l’écho trahit. Ce soir là, mes amis, venus de l’étranger, chacun poussant son cri, furent impressionnés, mais pas tant que celui, non loin d’ici posté, qui travaillait la nuit, pour la maréchaussée...
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trouvez vous, à Paris, un bar au centre de nulle part, qui vous sert un steak frite à deux heures du mat ? Hé venez donc chez moi, dans mon pays perdu, ce hameau de Segogne qui compte dix fois moins d’âmes que n’en contient le restaurant les soirs de chant, ce dernier lieu vivant, qui se remplit d’espoir, d’amour et de hasard, de joie et d’applaudis, toute la nuit, venez y, à deux heures de Paris.
La vraie histoire commence, au retour de la fête, quand sur notre lancée, je décide et m’engage, à l’endroit précité. Une aire de casse croute, au bord d’un rond point, Et du fond de laquelle je m’engage en plein bois, sur une centaine de mètres, fais demi tour et puis m’arrête, et éteint tout.
Après nous être un peu accoutumé à l’immense obscurité, nous descendons tous un par un, nous tenant par la main et nous disposons face au néant, en écoutant silencieusement. Le vide de sensations est impressionnant en l’absence de tout repère, mais ne dure pas longtemps. En effet, la moindre feuille qui chute suite à cette chaude journée d’été, ressemble au pas de n’importe quel petit faon, d’autant plus s’il en tombe quatre d’affilée. Et là, après nous être assuré que plus rien ne nous empêchait, complètement assimilé à l’environnement, et tendu dans cet élément, indicible et affolant, nous poussâmes sec, tous les cinq ensembles, le cri de la bête, le cri qui tue...
Quelle ne fut pas notre berlue ! Les échos distordus, arrivent en cascade, chacun répercutés, par la haie de piliers. Ce puissant mais soudain, appel au hurle vent, nous revient terrifiant, rendu par un géant. Chaque seconde franchie, par le son dégagé, au bout de la troisième, a couvert une lieue, et revient déformé, arrive de tous cotés, complètement disgracieux, nous laissant là, affreux !
Ce fut je pense le sommet de la soirée chant sans micro ni ampli, vibrant avec la plus haute et belle futaie d’Europe, de tous nos cris de joie, de nos chères vies en liberté. Paix et gratuité, le panaché le plus utile à faire oublier l’actualité...mais le soufflé est bien vite retombé.
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Evidemment, nous n’avions pas prévu que ce soir là, l’armée était en manoeuvre d’écoute, pour dépister les braconniers, et à deux pas de là. Pour ce faire, le technicien utilise un micro Sennheiser, qui écoute une conversation à trois kilomètres et une porte qui claque à cinq. Son antenne directionnelle réduit le champs à dix degrés voire moins, et son casque sur les oreilles, il piste le moindre bruit...Je n’ose imaginer comment l’on fit sauter les vu-mètres de son Tascam et ses tympans plombés.
Mais alors, comment l’a-t-on su ?
Après trois minutes à nous égosiller puis nous laisser impressionner, et atteint la complète, le bouquet final explosé, l’arbre du Ténéré... nous retournant pour repartir, nous installions dans la voiture quand j’aperçus des phares au loin fondre dans notre direction,. s’engager dans l’aire de repos, nous situer dans l’axe des phares puis nous rejoindre sans crier gare, et se garer en face de nous. Quatre hommes sortirent lampes à la main, nous intimèrent l’ordre de sortir, dévisagés, identité, l’air énervé, papiers siouplé. J’étais hilare en bonne conscience, n’ayant rien fait de répréhensible, mais ils semblaient bien autrement et sévèrement menaçants.
Quelques instants de bras de fer, entre le rire et la colère, aucun des deux n’a entrainé l’autre sur son terrain miné, et nous nous sommes séparés, sans avoir à nous justifier, ni nous être déculottés.
Ils étaient en mission de dépistage, en manoeuvre d’écoute, prêts à fondre sur les indisciplinés et démasquer les illégaux qui chassent la nuit dans la forêt. Nous n’étions pour eux que des empêcheurs de travailler tranquille. Ils n’avaient qu’une envie, nous fouiller jusqu’au slip, nous faire cracher nos joints, faire souffler leurs ballons, nous souffler dans les bronches, et nous péter la tronche, nous qui n’avions qu’envie... de rigoler.
Notre maréchaussée au service de la veuve et l’orphelin, pensez vous, des usagés de la route en cette nuit de fête animée, point du tout : au service de la protection du cheptel de cervidés à l’usage de l’élite française qui chasse encore à courre dans l’un des derniers territoires domaniaux à l’usage de chasse guerre et dérégülation pour l’Union Militaro Politique Dominante, c’est à dire, l’avant garde rapprochée de l’élite au pouvoir. En un mot, tout ce que mon beau pays compte de plus armé...Nos forces de l’ordre au service du maintien des privilèges de snobinards friqués !
Nous n’avons poussé ce soir là que de brèves interjections de tous nos poumons sans autre intention, mais la prochaine fois, je n’y manquerai pas d’y ajouter toute ma pensée pour les tympans des hommes du rang, et pour qu’ainsi la grande muette devienne sourde à ma trompette.
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