« Nos pères ne sont pas ‘morts pour la France’ mais ‘à cause de la France’ »
Cette phrase n’est pas celle d’une épouse d’un soldat français mort en Afghanistan, ni même dans les tranchées de Verdun.
Cette phrase n’émane pas des proches de malades atteints du SIDA après
les fameuses transfusions sanguines ou encore des parents d’enfants
traités avec de l’hormone de croissance, infecté par Creutzfeldt-Jakob.
Cette phrase ne vient pas non plus des familles de victimes de la rue Copernic, début 1980.
Non, elle émane de la fille d’un des ingénieurs de la DCN, Magali
Drouet fille de Claude Drouet, mort à Karachi, soi-disant dans un
horrible attentat terroriste.
« Nos pères ne sont pas ‘morts pour la France’ mais ‘à cause de la France’ »
Une phrase lourde et poignante qui résume à elle seule toutes les coulisses macabres derrière ces tragiques décès. La France dont l’image est une énième fois ternie par ses représentants, se croyant au-dessus des lois.
Et cette jeune inconnue se levant devant l’omerta politique se permet même d’ajouter en réaction aux récentes déclarations de Nicolas Sarkozy :
« Cela sonne comme un aveu. Il reconnaît qu’il existe des documents intéressant l’instruction qui n’ont pas encore été transmis. En expliquant qu’il les donnerait « en temps et en heure », il ignore cette séparation des pouvoirs qu’il nous opposait avant pour ne pas s’exprimer sur le dossier. Mais il ne s’agit pas d’un remaniement ministériel. Ce n’est pas à lui de décider. Nous exigeons qu’ils transmettent ces documents le plus tôt possible. »
Besoin d’en dire plus pour comprendre l’horreur de ce que peuvent vivre les victimes ? Tous les jours, elles entendent, voient, brassant l’air de préjugés, un homme responsable du malheur de leur famille en deuil, un homme « président de la République » et de ce fait « intouchable » tout en se drapant dans la Raison d’Etat.
Intouchable pour le moment…
On peut s’étonner de l’étrange empressement, dorénavant, que les politiques de tout bord, font preuve pour que la vérité sorte.
2012 approche ! Il ne faudrait pas passer pour un opposant de la Justice faisant le malheur de familles déjà épleurées.
Car voilà, le remaniement faisant son lot de déçus, le calendrier électoral avançant, les langues se délies, et les braises des rivalités politiques entre Chiraquiens et Sarkozistes s’en trouvent ravivées avec la même intensité qu’au premier jour.
Évidemment, rien n’y personne ne pourra rendre vie aux 14 victimes (11 ingénieurs et 3 accompagnateurs pakistanais).
Sarkozy comme Villepin ne veulent pas la Vérité pour la Vérité mais bien détruire définitivement l’autre avec cette vérité, une vérité que l’on devine implacable, amorale voire malsaine pour une sombre histoire de pots de vins. Il fallait bien subvenir aux besoins financiers de son maître Balladur en campagne électorale présidentielle, désormais seul contre le RPR tout acquis à la cause chiraquienne.
Mais cette vérité, toute cette Vérité n’est peut être pas bonne à dire, à mettre en place publique. Il faut se battre pour qu’elle apparaisse au grand jour… mais pas trop comme le montre la reculade de Dominique de Villepin, après son attaque (trop) frontale.
Profitons-en pour parler des autres cas où cette phrase – culte par sa nature – des cas précités dans le chapeau de cet article.
- Ah les tranchées de Verdun où des intérêts financiers privés – les funestes marchands de canons – avaient tout intérêt que la France et l’Allemagne, puis l’Europe s’embrasent.
- Même topo en Afghanistan où les sociétés de sécurité, les EADS, les Thalès, les Dassault et autres se frottent les mains dans des guerres sans fins et au final sans espoir. Sans compter les ressources naturelles : lithium (Bolloré) et pétrole (Total) qui aiguisent les appétits.
- Rue Copernic et la vague d’attentats parisiens des années 80 : la cause ressemble à s’y méprendre au karachigate : une histoire de transferts d’argent avec, l’originalité, du nucléaire le tout sur fond de guerre froide pour un Iran en devenir… Préjudice financier non remboursé = bombes !
- Enfin l’hormone de croissance où un procès 30 ans après les faits va enfin déboucher sur des condamnations : sauf que les prévenus ont respectivement 88 et 61 ans et ne seront condamnés au pire, qu’à du sursis. Belle parodie de Justice ! Les enfants souhaitant simplement avoir une taille normale, eux, n’ont pas eu de sursis devant la mort.
- Quant à l’affaire du sang contaminé, seul un lampiste (Edmond Hervé – ancien secrétaire d’État à la Santé de l’époque) a été condamné, la Cour de Justice de la République (CJR) protégeant une fois de plus les ministres tels que Georgina Dufoix, Laurent Fabius ou Claude Evin.
La même CJR qui a su fermer les yeux concernant le parrain Pasqua (peines avec sursis là encore !), très récemment. C’est dire son objectivité.
De telles affaires, de tels scandales impliquent un changement profond concernant l’impunité des ministres, secrétaires d’Etat et président de la République comme de tous les haut-fonctionnaires. Le bon peuple ne devrait pas se satisfaire ou se complaire d’autant d’injustices et de privilèges abjectes dignes de l’ancien Régime.
Faudra-t-il un drame – une vengeance personnelle – pour que nos élus et nommés de la République soient des justiciables comme les autres, encore en fonction ou non ?
Il fut un temps – pas si lointain – où un ministre devait démissionner en cas de mise en examen. Un certain DSK en avait même fait les frais…
Dommage que la Sarkozia est mis fin à ce procédé parfaitement illégitime mais parfaitement incompatible avec un tel système corrompu.
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