Nous sommes tous les héritiers de Voltaire...
Voltaire incarne plus qu'un autre l'esprit des Lumières : il a combattu et dénoncé tous les fanatismes, il a lutté pour la liberté de penser. Voltaire s'est attaché à dénoncer le fanatisme religieux, les crimes commis par l'inquisition.
Il a pourfendu toutes sortes d'injustices.
Une série télévisée diffusée sur France 2 met en scène la jeunesse de l'écrivain : une jeunesse aventureuse, comme l'indique le titre de la série, Les Aventures du jeune Voltaire.
Même si cette série prend quelques menues libertés avec la biographie de l'auteur, elle nous replonge dans une époque, et nous montre un jeune homme ambitieux, séducteur, empli de fougue, sans doute très proche de la réalité.
On entrevoit aussi bien sûr tout le talent de ce jeune écrivain désireux de se faire reconnaître à la cour, lui qui était fils d'un simple bourgeois.
Fils de notaire, François-Marie Arouet est né en 1694 : il mène de brillantes études au Collège Louis-Le-Grand, et commence à écrire des vers.
Arouet quitte le collège en 1711 à dix-sept ans et annonce à son père qu’il veut être homme de lettres, et non avocat ou titulaire d’une charge de conseiller au Parlement.
La jeunesse mouvementée de Voltaire souligne bien sa volonté de combattre toutes sortes d'injustices.
Et on retrouve ce leitmotiv dans toute son oeuvre.
Voltaire s'attaque notamment à l'arrogance des nobles, il dénonce le règne et le pouvoir de l'argent.
Ainsi dans Candide, diverses péripéties emmènent le personnage jusqu'en Amérique du Sud, dans l'Eldorado, pays utopique, sorte d'idéal où l'argent n'a pas de valeur, où les gens sont généreux et accueillants, c'est bien l'envers du monde réel que nous présente ici Voltaire. Cet épisode qui se trouve au centre du conte revêt une importance capitale : c'est une critique du monde ordinaire où l'argent est la valeur suprême, où la générosité n'existe pas, où règnent la peur, l'appât du gain, la méfiance.
Voltaire critique encore les abus de pouvoir des rois et des courtisans.
Il met en évidence les horreurs de la guerre dont les principaux responsables sont les rois et les gouvernants, et dont les victimes sont souvent des populations civiles.
Voltaire se livre aussi à une satire de la religion et du clergé : il évoque des superstitions cruelles et inhumaines comme la pratique de l'autodafé.
Il fustige encore l'exploitation coloniale et l'esclavage qui ravale les êtres humains au rang d'objets.
Voltaire s'oppose à la torture et à la peine de mort.
Ecrivain engagé, Voltaire prépare et annonce la Révolution Française.
Son oeuvre diverse mérite d'être lue et relue tant elle est riche et passionnante.
"Voltaire, l'homme qui ne voulait pas se taire... " tels sont les derniers mots de la série télévisée présentée sur France 2.
Quoi qu'il en soit, nous sommes bien les héritiers de ses combats et de ses victoires contre l'obscurantisme et la barbarie.
Deux extraits célèbres :
Candide sur le champ de bataille, contre les Bulgares
"Rien n'était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées. Les trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons, formaient une harmonie telle qu'il n'y en eut jamais en enfer. Les canons renversèrent d'abord à peu près six mille hommes de chaque côté ; ensuite la mousqueterie ôta du meilleur des mondes environ neuf à dix mille coquins qui en infectaient la surface. La baïonnette fut aussi la raison suffisante de la mort de quelques milliers d'hommes. Le tout pouvait bien se monter à une trentaine de mille âmes. Candide, qui tremblait comme un philosophe, se cacha du mieux qu'il put pendant cette boucherie héroïque.
Enfin, tandis que les deux rois faisaient chanter des Te Deum chacun dans son camp, il prit le parti d'aller raisonner ailleurs des effets et des causes. Il passa par-dessus des tas de morts et de mourants, et gagna d'abord un village voisin ; il était en cendres : c'était un village abare que les Bulgares avaient brûlé, selon les lois du droit public. Ici des vieillards criblés de coups regardaient mourir leurs femmes égorgées, qui tenaient leurs enfants à leurs mamelles sanglantes ; là des filles éventrées après avoir assouvi les besoins naturels de quelques héros rendaient les derniers soupirs ; d'autres, à demi brûlées, criaient qu'on achevât de leur donner la mort. Des cervelles étaient répandues sur la terre à côté de bras et de jambes coupés."
Voltaire, Candide, 1748.
"Le fanatisme est à la superstition ce que le transport est à la fièvre, ce que la rage est à la colère. Celui qui a des extases, des visions, qui prend des songes pour des réalités, et ses imaginations pour des prophéties, est un enthousiaste ; celui qui soutient sa folie par le meurtre est un fanatique.
Lorsqu'une fois le fanatisme a gangrené un cerveau, la maladie est presque incurable. J'ai vu des convulsionnaires(1) qui, en parlant des miracles de saint Pâris, s'échauffaient par degrés malgré eux : leurs yeux s'enflammaient, leurs membres tremblaient, la fureur défigurait leur visage, et ils auraient tué quiconque les eût contredits.
Il n'y a d'autre remède à cette maladie épidémique que l'esprit philosophique, qui, répandu de proche en proche, adoucit enfin les mœurs des hommes, et qui prévient les accès du mal, car, dès que ce mal fait des progrès, il faut fuir, et attendre que l'air soit purifié. Les lois et la religion ne suffisent pas contre la peste des âmes ; la religion, loin d'être pour elles un aliment salutaire, se tourne en poison dans les cerveaux infectés. Ces misérables ont sans cesse présent à l'esprit l'exemple d'Aod, qui assassine le roi Églon ; de Judith, qui coupe la tête d'Holopherne en couchant avec lui ; de Samuel, qui hache en morceaux le roi Agag. Ils ne voient pas que ces exemples, qui sont respectables dans l'Antiquité, sont abominables dans le temps présent ; ils puisent leurs fureurs dans la religion même qui les condamne.
Les lois sont encore très impuissantes contre ces accès de rage, c'est comme si vous lisiez un arrêt du conseil à un frénétique. Ces gens-là sont persuadés que l'esprit saint qui les pénètre est au-dessus des lois, que leur enthousiasme est la seule loi qu'ils doivent entendre."
VOLTAIRE, Dictionnaire philosophique.
Le blog :
http://rosemar.over-blog.com/2021/02/nous-sommes-tous-les-heritiers-de-voltaire.html
https://www.france.tv/france-2/les-aventures-du-jeune-voltaire/2231571-jesuite-et-libertin.html
Vidéo :
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