Nous vivons en dette écologique depuis le 27 septembre - L’avenir est-il à la géo-ingénierie ou à la sobriété énergétique ?
« Un humanisme bien ordonné ne commence pas par soi-même, mais place le monde avant la vie, la vie avant l'homme, le respect des autres êtres avant l'amour-propre ».
Il est connu que nous consommons plus en quelques mois que ce que la Terre peut produire en une année. Depuis quelque temps, il y a comme une conspiration du silence de la part des pays industrialisés et émergents pour ne pas parler des dégâts actuels et imminents des changements climatiques. Pendant ce temps-là, le climat devient erratique.
La biodiversité rétrécit.
La publication de l'overshoot day me donne l'opportunité d'attirer l'attention sur le fait que la détérioration risque d'être irréversible. Dans cette publication après la présentation du footprint, nous donnerons quelques pistes proposées pour s'en sortir... Comme chaque année, on évalue la consommation humaine par rapport à ce que met la Terre à notre disposition. Les Terriens vivent à crédit pour finir l'année, et cela commence tous les ans un peu plus tôt. La date établie par Global Footprint Network arrivait début novembre en 2000 et tombe maintenant fin septembre. Pour répondre à leurs besoins, les hommes épuisent désormais la planète sans lui permettre de renouveler ses ressources. Les habitants de notre bonne vieille planète Terre ont consommé au 27 septembre tout ce que la planète est capable de fournir en une année. Pour terminer la dite année, ils compromettent le renouvellement des ressources naturelles, coupant plus d'arbres qu'ils n'en replantent, pêchant sans permettre aux stocks de poissons de freiner leur baisse. Le cap a été franchi dans les années 70.(1)
La civilisation du déclin
L'homme de la révolution industrielle a pu consommer quotidiennement 20.000 Kcal. 1à fois plus que l’homme préhistorique . L’homme technologique symbolisé par l’Américain consomme lui 8,5 tonnes de pétrole soit dix fois plus que l’homme industriel et 100 fois plus que préhistorique. Soit 230.000 Kcal/jour si l'on inclut toutes les formes d'énergie utilisées quotidiennement (chauffage, déplacement, production, alimentation, etc.). Cependant dans certains pays africains la consommation ne dépasse pas les
Les gouvernements, obnubilés par une boulimie énergétique, ont un comportement énigmatique. D'un côté, on parle de changements climatiques, de la nécessité d'aller vers des énergies renouvelables pour ne pas dépasser le seuil de non-retour en termes de changements climatiques. De l'autre, une véritable frénésie s'est emparée des pays industrialisés pour traquer la moindre bulle de gaz et même la moindre goutte de pétrole.(5)
Que faut-il faire ?
Justement, la même compagnie Total qui se voit confier l'exploitation de gaz de schiste dans le Sud-Est algérien sachant les dangers de cette technique, l'entreprise et les pouvoirs publics n'ont pas cru bon de faire un audit d'une technique controversée (2000 produits chimiques injectés,
Innombrables sont les indicateurs qui nous alarment d'une surchauffe de la planète, d'un épuisement gravissime d'une Terre sur-occupée et surexploitée : bouleversement global du climat, mort biologique des sols suite aux abus d'usages productivistes et courtermistes, pollutions sans cesse plus irréversibles, recul effarant des autres espèces dont nous occupons indument les niches, déclin d'une biodiversité pourtant salutaire à l'humanité, déforestation sur tous les continents, épuisement des mers et des océans, tarissement de toutes les ressources dont la grande majorité n'est pas renouvelable...Ce sont les signes avant-coureurs d'un effondrement. Comme le déclare Mathis Wackernagel, président de Global Footprint Network : « Une reconstruction à long terme ne peut réussir que si elle est conduite avec une réduction systématique à notre dépendance aux ressources. » « Nous sommes conscients que nous vivons au-dessus des moyens de la planète. De nombreuses solutions sont disponibles et permettent de s'attaquer au problème : nouvelles technologies, aménagement urbain, éco-constructions, réforme fiscale écologique, régimes faibles en viande, calcul du cycle de vie des produits, etc. »(7)
La géo-ingénierie sauvera-t-elle le monde ?
Le prix Nobel a la solution : il propose d'imiter le volcan Pinatubo dont les énormes rejets de gaz soufrés ont diminué la température de la terre de
Sortir du nucléaire sans revenir à la bougie ?
Dans les pays industrialisés, on pense que « nous sommes nombreux » et que la Terre ne pourra nourrir 9 milliards de Terriens en 2050, sauf si l'immense majorité consomme comme les Somaliens et une immense minorité comme les Américains, le rapport étant de comme nous l’avons écrit de 1 à 50 pour l’énergie et de 1à 60 pour l’eau . Ce que consomme un Américain en une semaine est consommé par un Somalien en une année.
Cela n'empêche pas de parler dans le sociétés occidentales de parler de la qualité de la vie, partant du fait que le PIB n’est pas suffisant pour qualifier le niveau de vie d’une société …occidentale . On parle alors de Bonheur Intérieur Brut (BIP) en lieu et place de PIB comme le propose Stiglitz. Allez parler du bonheur au Somalien, l'Ethiopien qui galère au quotidien pour survivre, quel serait son bonheur ! Rien n'arrête en fait, le ridicule ! Même aux Nations unies un eugénisme déguisé reprenant les thèses du Club de Rome est proposé « L'effort à long terme nécessaire pour maintenir un bien-être collectif qui soit en équilibre avec l'atmosphère et le climat exigera en fin de compte des modes viables de consommation et de production, qui ne peuvent être atteints et maintenus que si la population mondiale ne dépasse pas un chiffre écologiquement viable ». Rapport 2009 du Fonds des Nations unies pour la Population. Nous préférons pour notre part la sentence sans appel du professeur Albert Jacquart qui situe les responsabilités de cet immense gachis qui peut amener à l’irreversible : « Procréer était autrefois un devoir ; c'est aujourd'hui un droit limité » ; « S'il y a déjà des hommes de trop sur cette Terre, ces hommes de trop sont ceux qui se montrent exigeants, autrement dit ce sont des gens de l'Occident ».
Frédéric Denhez pour sa part, dénonce l'oligarchie qui gouverne le monde et entretient l'addiction au carbone au lieu de chercher autre chose de moins compromettant pour l’avenir de la planète. Il écrit : « La recherche du « mieux », du mieux-vivre, du mieux-bouger, du mieux-manger, du mieux-vieillir, du mieux-travailler qui hystérise notre société et fait le bonheur des coaches et des bureaux d'études ne sera pas bouleversée demain par la quête obsessionnelle du mieux-carbone. Au contraire, elle sera plus encore enfermée dans quelques mains. A moins que le citoyen se réveille, que l'Etat retrouve ses racines, que la société réapprenne le sens du collectif : notre avenir, qui dépendra de l'état de nos biens communs, au premier chef la composition de notre atmosphère, ne peut pas être approprié, car il nous appartient. La dictature du carbone doit être l'aiguillon de notre réveil sociopolitique, pas celui de l'oligarchie qui fait profil bas depuis le début de la crise. » (10)
Dans le même ordre comment comprendre la décision britannique de relever la vitesse permise sur autoroute de
Pourtant mises à part ces dérives inexplicables si l’on veut réellement lutter contre le réchauffement climatique, il existe des solutions raisonnables que les pays développés peuvent adopter sans diminuer l'attrait d'une vie simple qui n'est pas indexée sur 8 tep/an. C'est peut- être cela le nouveau bonheur brut pour tout le monde. En fait comme le pense Hervé le Treut climatologue membre du Giec : « La géo-ingénierie apparaît comme dernier rêve de Prométhée. Nous avons appris que nous ne sommes pas les maîtres et possesseurs de la nature mais l'inverse. Non, nous sommes entièrement dépendants de notre environnement. Nous sommes des créatures terrestres menacées comme les autres espèces, pas les conquérants de l'univers. » Tout est dit. A nous de choisir entre le chaos et la sobriété énergétique.
1.A partir du 27 septembre, les Terriens vivent à crédit Le Nouvel Observateur 27.09.11
2.http://cdurable.info/Credit-Terre-le-Jour-du-depassement-global-est-arrive.html
3.David Naulin 26 septembre 2011 http://cdurable.info/vers-une-nouvelle-revolution-energetique-Sabine-Rabourdin.html
4.Sabin Rabourdin : Vers une nouvelle révolution énergétique Le Cavalier Bleu 22.09.2011
7.http://cdurable.info/Earth-Overshoot-Day-Ressources-naturelles-Humanite-vit-a-credit,2785.html
8.Frederic Joignot : Ils veulent mettre la Terre sous cloche. Le Monde 27 octbre 2007
9.http://www.terraeco.net/Sortir-du-nucleaire-sans-revenir-a,19453.html
10.Frédéric Denhez : La dictature du carbone - Editions Fayard, septembre 2011
Professeur Chems Eddine Chitour
Ecole Polytechnique enp-edu.dz
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