Nouvel Opéra Bouffe : Sarkozy, trahi par la belle Hélène !
Finalement, après pas mal d'hésitations et un portrait assez proche du personnage, on sait aujourd'hui à quoi a ressemblé la vie de Nicolas Sarkozy : à un opéra bouffe, un vaudeville, une vaste opérette, ou le grotesque des situations est de mise par défaut, entre du Feydeau avec Cecilia et aujourd'hui de l'Offenbach avec l'apparition d'une vraie princesse au milieu de ses dossiers sulfureux : la belle Hélène, autrement dit Hélène de Yougoslavie, arrivée comme un cheveu sur la soupe dans une suite judiciaire à rebondissements. Que vient donc faire l'héritière d'un royaume perdu dans la galère sarkozienne, voilà qui demande quelques éclaircissements ...
Il en a marié des gens, le maire de Neuilly, jamais à court de copinage : c'est même comme ça, en 1984, qu'il avait repéré sa seconde femme, arrivée au bras de son futur époux Jacques Martin. Le jour-même du mariage, selon des témoins, Nicolas le séducteur avait commencé d'arrache-pied une cour plutôt "assidue", que l'on traduira par lourdingue et qui s'achèvera par un divorce et des épousailles et une suite que l'on connaît. Non, ce jour-là, le maire Nicolas mariait un de ses très proches amis. Un bonhomme aux nombreuses casquettes sucessives, que ce Thierry Gaubert, dont j'avais suivi la trace la toute première fois lors d'une histoire particulièrement tortueuse. Celle du fameux 1% logement des Hauts de Seine, collecté par la structure créée de toutes pièces par Gaubert, la CIL (pour "Comité interprofessionnel du logement").
Un argent qui n'avait pas le droit de servir à qui il a servi : collecté, il avait été massivement réinvesti dans des sociétés civiles immobilières (SCI) ou des sociétés d'économie mixte (SEM), pour en diluer l'apparition. L'enquête avait aussi révélé "la délivrance de prêts immobiliers à des proches ou relations d'affaires (un avocat, un notaire, un commissaire aux comptes...)". Des SCI ou des SEM où apparaissait aussi le nom du jeune marié des Hauts de Seine. Ainsi, les traces d'enrichissement personnel se perdaient dans les dédales de l'administration française, qui, on le sait, peut faire ressembler rapidement un dossier de construction au plan perdu de la pyramide de Cheops.
En fait, l'homme avait déjà pris un pli, à Neuilly, car ce n'était pas la première fois qu'il jouait ainsi les collecteurs de fonds : au sortir des années 90, il avait déjà ramassé l'équivalent de 23,5 millions d'euros, ponctionné aux logements des fonctionnaires par une autre association "maison", "Habitation Pour Tous", alors sous statut de but non lucratif et qui n'avait donc pas le droit de collecter cet argent, proprement et simplement... détourné pour assurer un mode de vie de nabab à certains (dont lui-même). Six années après les faits, une enquête diligentée par l''inspection générale des finances avait été plutôt sévère avec ces procédés, faisant remarquer les méthodes utilisées, celles du graissage de patte classique : "L'association a consenti à ses dirigeants un train de vie élevé et sans rapport, ni avec sa taille, ni avec sa vocation non lucrative", expliquait doctement l'IGF, stigmatisant "une pratique active de distribution de cadeaux" à des interlocuteurs dans les ministères approchés pour la collecte des fonds. L'IGF incluant Gaubert lui-même dans les personnes "qui comptaient dans leurs relations professionnelles proches, (...) et qui ont vu leurs patrimoines privés bénéficier des moyens financiers mobilisés par l'association (HPT)". Un procès était bien prévu sur cette affaire qui date déjà de plus d'une dizaine d'années maintenant, mais il a été bizarrement renvoyé en mars dernier... à se demander s'il aura un jour lieu, façon procès de Chirac... on peut en effet l'imaginer sans peine : "en 1999, le procureur de la République de Nanterre de l'époque, Yves Bot, avait ouvert une information judiciaire pour "abus de biens sociaux, abus de crédit, exercice illégal de la profession de banquier, abus de confiance, favoritisme, escroquerie au préjudice de l'Etat". L'ancien procureur de la République de Nanterre (Hauts-de-Seine), devenu procureur général près la cour d'appel de Paris puis Premier avocat général à la Cour de justice de l'Union européenne, et grand supporter de Sarkozy, semble avoir donné au dossier toute la lenteur nécessaire pour qu'il finisse dans l'oubli. Douzième année de procédure, et renvoi aux calendes grecques... la justice française, toujours autant soumise au pouvoir en place...
Avant de se lancer dans l'immobilier, Thierry Gaubert, de son vrai nom Thierry Goldenberg (voir ici la preuve en anglais de son changement de nom alors qu'il n'avait que 2 ans : "Thierry Goldenberg, became Thierry Gaubert in 1953"), avait connu très tôt Nicolas Sarkozy à Neuilly : il avait monté pour lui dans les années 80 une structure, "Neuilly communication", qui gérait tout l'affichage et la communication du maire. On sait que c'est grâce à un affichage intensif et détourné que Nicolas Sarkozy avait ravi la mairie à son ancien mentor, Charles Pasqua, qui briguait la place d'Achille Peretti décédé en 1983 d'une crise cardiaque, mais qui avait dû être hospitalisé juste avant l'élection. En sortant de l'hosto, il n'avait pu que constater que ses chères affiches avaient toutes été remplacées par celles de Sarkozy, devenu le 29 avril 1983 un des plus jeunes maires de France à seulement 28 ans !
Thierry Gaubert avait-il une âme de joueur invétéré à jouer avec l'immoblier comme on joue au casino ? Ce frère de l'ancien président de la LICRA (Patrick Gaubert, aujourd'hui à la tête du Haut Conseil à l’Intégration), avait en effet épousé en première noces Diane Barrière, l'héritière des casinos du même nom, qui se remariera avec Dominique Desseigne, alors simple notaire, mais qui était aussi un autre grand ami de Nicolas Sarkozy (il figurait notamment lors de la soirée au Fouquet's, qui avait suivi son élection, fêté dans un établissement appartenant à Dominique Desseigne). Sa femme connaîtra un funeste destin : accidentée à 38 ans, dans un crash de Beech Baron 55, le 16 juillet 1995, et grièvement brûlée, rendue tétraplégique, elle décédera le 18 mai 2001. L'accident se révélera avoir eu comme origine une bête panne d'essence, avec un remplissage que n'avait pas contrôlé les services de Centre Aff’ Air, une entreprise d'Aviation sponsorisée par la Chambre de Commerce et d’Industrie et le Conseil général de l'Indre, et qui ne possédait même pas le droit d'emporter des passagers. Résultat, la famille réussira à faire condamner la DGAC (Direction générale de l’aviation civile), organisme de tutelle des compagnies aériennes, pour... négligence grave.
Or que lui arrive-t-il aujourd'hui encore au colleur d'affiches de Sarko ? Et bien d'être trahi par son ex-femme, celle dont Sarko avait assuré la cérémonie de mariage, le 12 janvier 1988. Divorcée depuis, et Interrogée sur le rôle de son ex, elle avait déjà l'été dernier lâché quelques bribes de conversation croyait-on savoir. Aujourd'hui on apprend à quel point elle s'était carrément débalonnée, en mouillant tout le monde ou presque : "La princesse Hélène de Yougoslavie, descendante du roi d’Italie, Umberto II, entre en fanfare dans le dossier Karachi. Entendue à la fin de l’été par les policiers de la DNIF (Direction Nationale des Investigations Financières), elle avait révélé aux enquêteurs que son ex-mari,Thierry Gaubert, ami intime de Nicolas Sarkozy avait accompagné, en Suisse, l’intermédiaire libanais Ziad Takieddine, pour aller chercher des valises "volumineuses de billets", durant la période 94-95.
Il doit être déféré devant le juge mercredi 21 septembre". Un Takieddine pincé, on vous le rappelle, de retour express de Libye en emportant une valise contenant 1,5 million d'euros. Destiné à finir dans les mêmes coffres suisses ? En échange d'une bagnole "furtive" vendue par une firme bien connue ici ??? Une voiture permettant à Kadhafi d'échapper aux surveillances téléphoniques ??? Fabriquée par la même société que celle qui a vendu les mouchards informatiques ?
La princesse n'a raté personne semble-t-il : on avait parlé de séparation "houleuse" d'avec Gaubert, on en est aujourd'hui à la Guerre des Rose semble-t-il : "Elle avait ajouté que l’homme qui récupérait les "mallettes" en France était Nicolas Bazire. Alors directeur de cabinet du Premier ministre de l'époque Edouard Balladur, il vient d'être placé en garde à vue. Ce témoignage a fait l’effet d’une bombe et méritait de plus amples investigations avant que ce témoin-clé de l’enquête sur l’attentat de Karachi ne soit entendu par le juge Van Ruymbeke". Imaginez les trois larrons, en prime photographiés ensemble avec un quatrième qui n'est autre que Brice Hortefeux, en train de festoyer ensemble au bord d'une piscine ou à bord d'un bateau (la cinquième roue du carrosse ce jour-là s'appelant J-F Coppée) ???
Résumons donc : cet été, on pince un gars avec une mallette bourrée de fric à sa descente de jet privé, de retour de visite à la dictature locale, si bien reçue naguère avec tapis rouge et tout le falbala. Au même moment, une dame, ancienne épouse d'un très proche de Sarkozy était en train de raconter aux policiers qu'elle savait où était déposée ce genre de valise, avec ce genre d'individus : directo dans un coffre en Suisse. On commence un peu mieux à comprendre, aujourd'hui, pourquoi d'une part la France n'a jamais été vraiment très chaude pour lever totalement le secret bancaire suisse et d'autre part pourquoi donc un dénommé Robert Bourgi est venu jouer les pompiers juste avant que ça ne sorte dans la presse, tout cet étalage flagrant de billets volants. Tout le monde s'était en effet étonné ces derniers jours de ce qui était bien un contrefeu vite monté, dans l'affolement actuel où se trouve le pouvoir. Bourgi étant venu dire que certes tous les autres avant avaient eux aussi recours à ces valises volumineuses, mais que Nicolas Sarkozy n'y avait jamais eu recours, lui, le chevalier blanc de la vie politique française qu'il promettait jadis de nettoyer au karcher, ou tout comme.
Le pompier à peine parti des médias, sa neige carbonique a endormir les candides pas encore totalement évaporée, voilà que la maison qu'elle recouvrait s'effondre. Philippe Bernard, du monde, avait bien perçu que les "aveux" de Robert le repenti pouvaient être "éventuellement au prix d'une partie de billard à trois bandes". Aujourd'hui, on en a confirmation : il y a le feu à l'Elysée, et l'extincteur Bourgi a déjà vidé tous ses arguments pour venir défendre un président qui s'est assez longtemps heurté à Jacques Chirac pour savoir comment détourner l'argent que celui-ci convoitait. L'UMP, fille du RPR, est arrivé aujourd'hui à son point de non retour, en retombant dans ses travers perpétuels de financements occultes. Nicolas Sarkozy a toujours dit être intéressé par l'argent, et qu'il en retrouverait dès qu'il quitterait ses fonctions présidentielles : les français ont crû un instant que durant son mandat l'intérêt du pays passerait avant.
Ils se sont lourdement trompés sur le personnage, s'ils l'ont crû complètement, ce qui reste à vérifier. "Travailler plus", qu'il disait à son petit peuple, pendant que ses amis ramenaient les valises pleines ! Portées par des "Sganarelle", le surnom d'homme à tout faire qu'à Gaubert auprès du président. Si demain les français décident de travailler nettement moins, quitte même à gagner encore moins, et bien voyez-vous, je les comprendrais. "Tout est possible" avec lui avait-il clamé jadis : même de s'en mettre plein les poches ? Pas pour tous, visiblement.
Il y a 22 ans déjà, le magazine des rois et des reines, "Point de Vue images du monde" avait titré de façon très prémonitoire "Hélène de Yougoslavie, princesse de l'été". Finalement, aujourd'hui, cela s'avère particulièrement exact.
Pour les rapports entre Sarkozy et Chirac on peut lire ça :
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/l-eleve-sarkozy-a-largement-78028
et aussi cette suite :
1) http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/jacques-chirac-version-ncis-89755
2) http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/chirac-gangster-de-la-republique-90121
3) http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/entre-chirac-et-sarkozy-la-haine-90212
4) http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/chirac-sarkozy-une-guerre-feutree-90291
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