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Accueil du site > Tribune Libre > Nouvel ordre mondial et la belle Boum-Boum

Nouvel ordre mondial et la belle Boum-Boum

« L’homme est comme le lapin, il s’attrape par les oreilles ».

Mirabeau.

Ouverture sur un garage aux milieux des arbres.

Tiens ! Et si je construisais une voiture ? Je suis un super mécanicien, un super designer et j’ai tout un tas de fric à dépenser. Ma voiture sera magnifique. Je l’appellerai la Boum-Boum. Une fois ma voiture terminée je passerais un coup de fil à mon ami Pablo pour qu’il vienne la contempler tout en dégustant en l’honneur de ma merveille un verre de Vouvray.

_ Comment tu la trouve mon pote ?

_ Elle est magnifique.

_ Je veux ! C’est la nouvelle Boum-Boum.

Silence.

Mon ami regarde la voiture, me regarde, regarde son verre, regarde la voiture, puis : « ce ne peut être la nouvelle Boum-Boum ; il n’y en a pas eu avant de Boum-Boum. C’est donc LA Boum-Boum ».

_ Comment ça ?

_ Si tu en avais construit une autre avant de Boum-Boum, celle-ci serait la nouvelle Boum-Boum, mais ce n’est pas le cas. Donc cette voiture est LA Boum-Boum. Le jour où tu en construiras une autre, plus perfectionnée, un nouveau modèle, tu pourras alors, et alors seulement, l’appeler la Nouvelle Boum-Boum.

Fondu au noir.

Je me suis peut-être assoupi, j’ai raté un épisode, je ne sais pas, ou alors je suis totalement nul en histoire, mais l’ancien ordre mondial c’était quand ? C’était quand ? L’ancien ordre MONDIAL ! Pas un seul conflit sur terre, pas une seule guerre conventionnelle, non conventionnelle ou économique ? C’était quand ?

Il n’y aura pas de « nouvel » ordre mondial, (l’ordre mondial peut être nouveau, mais il ne saurait en rien être un nouvel ordre mondial). Alors pourquoi ce petit pas de côté purement diabolique ?

D’abord, ce qui est nouveau est forcement bon, voir meilleur, comme le nouveau I Pad, le nouveau Mac, les nouveaux philosophes (non, là je rigole), et puis ce qui est nouveau a eu des précédents, ce n’est donc pas dangereux, on l’a déjà connu ; il y a eu un ancien, mais celui-ci c’est le nouveau, c’est le bon. Car si l’on ne joue pas avec les mots et qu’on appelle ce qui va advenir par son vrai nom, à savoir l’Ordre Mondial, il y a comme un problème, vous le sentez bien, et mon ami Pablo le sent bien aussi qui trouve soudainement son Vouvray quelque peut amer. L’Ordre Mondial ça à comme un parfum de raviolis vapeur sauce piquante suivis de belles tranches de canard laqué. Quand on nous parle d’ordre de quoi nous parle-t-on au juste ? Nous connaissons tous la phrase de Churchill qui défini la démocratie comme étant le pire des systèmes excepté tous les autres. En Chine il y a de l’ordre, pas de manifestations, pas de grèves, pas d’engueulades entre partis, pas de syndicats ; tu n’as pas le temps de gueuler camarade, tu étais, tu n’es plus. Alors ? Alors oui, désolé, la démocratie c’est le bordel ; la démocratie c’est le désordre : ce joyeux désordre organisé ; plus ou moins en désordre et plus ou moins organisé, mais dont la vie des hommes libres en dépend. Car la liberté même et la valeur de la vie en dépendent. La politique n’étant finalement rien d’autre que la gestion des désirs, les hommes libres font fatalement un peu plus de bruit que les esclaves. (Imaginez même, dans la sphère privée, un homme qui dirait faire régner l’ordre dans son couple ? L’enfer ! Non ? Oui ? Non !) Les désirs sont parfois tonitruants et la démocratie est là pour qu’au final chacun puisse y trouver son compte. Dire : « Nouvel Ordre Mondial », que cela vienne de ses partisans ou de ses opposants, n’est-ce pas toujours une même façon de travestir la réalité ?

Dans le même ordre d’idée, quand cessera-t-on de remplacer « coup d’état » par « crise » ?

Il serait grand temps de créer un dictionnaire qui dise le réel afin de pouvoir nous le réapproprier.

Une bonne nouvelle pour finir : nos hommes d’état ne sont en rien incompétents, quoi qu’on en dise au Café du Commerce, rue de Entrepreneurs. Bien au contraire. Ils font très très bien le travail pour lequel ils sont payés. Soyez en sûrs.

Sophisme contre logos. Ceci n’est pas une guerre de salon entre hellénistes à pipe et nœud-papillon. Non, non, c’est une guerre. C’est vraiment une guerre.

Trassibul


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5 réactions à cet article    


  • Croa Croa 27 janvier 2014 11:42

    C’est juste un peu comme des « demi-mensonges » smiley

    (Bon article et Merci à l’auteur !)


    • claude-michel claude-michel 28 janvier 2014 07:52

      Moi ou je rigole c’est avec les lessives...qui lavent toujours plus blanc que les anciennes...Quand je pense a toutes ces générations de femmes qui ont acheté des lessives qui lavaient toujours moins blanc que les nouvelles.. ?



        • vesjem vesjem 29 janvier 2014 10:14

          merci pour cet excellent article qui , subtilement , nous rafraîchit sur la valeur des slogans 


          • prolog 1er février 2014 13:42

            Bon article, décidément, j’aime bien la forme :).

            C’est vrai que les mots sont souvent retournés, vidés de leur sens d’origine voire supprimés. Mais dans tous les cas, le mot est toujours inexact et n’est jamais qu’un vague reflet de ce qu’il est censé exprimer. 

            On trouvera toujours un moyen pour contourner simplement les « vols de mots », sans en inventer d’autres... dans la mesure où on a envie de discuter bien sur. 

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