Nouvelle Gouvernance... en direct
Cet article aborde la question, que je crois prioritaire, d’une nouvelle forme de gouvernance pour remplacer celle que nous avons et qui n’inspire plus confiance pour des raisons dont j’ai maintes fois traité. Bien d’autres en ont traité aussi, d’ailleurs, et je ne reprendrai donc pas pas ici cet argumentaire. Cet article étant plus dense que ceux que je publie généralement sur ce site, j’en numérote les paragraphes. Les idées des trois (3) premiers n’ont rien original. Ils ne servent que de préambule que je crois consensuel
1. Une société est un ensemble d’individus en interactions. L’individu en société est libre, sous réserve du respect de la liberté des autres et du pouvoir qu’il consent, de bon ou mauvais gré, à quiconque exerce une autorité sur la collectivité - tribu, clan, État… - à laquelle il appartient de fait. La gouvernance est l’expression du pouvoir de cette autorité ; elle encadre les activités de l’individu en société et fonctionne selon des règles, parfois implicites, d’ingénierie politique
2. L’« ingénierie politique » débute par l’appréhension d’une réalité sociétale et l’énoncé d’hypothèses concernant son évolution, la détermination d’objectifs pour l’orienter et l’acceptation de critères pour en juger de la valeur. Elle se poursuit par des efforts de planification et la mise en place de lois et règlements, ainsi que de mesures au besoin coercitives en assurant l’application. Son domaine est traditionnellement décrit comme celui des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire.
3. Les tâches d’ingénierie politique sont réparties entre décideurs et simples exécutants, les uns comme les autres pouvant être des acteurs permanents, temporaires, occasionnels, élus, nommés, co-optés, ou accédant à leur poste par droit divin ou coutumier. Ils sont identifiés par des titres reflétant parfois - mais pas toujours - leurs fonctions ou leur statut. Dans l’aire de ce qu’on peut appeler « les démocraties à l’occidentale », on a surtout : a) des ÉLUS, mandatés par le peuple pour déterminer une politique globale et donner les ordres et instructions, et b) une structure d’experts présumés compétents pour en assurer la réalisation. Nous appellerons ces derniers « les fonctionnaires ».
4. Ce modèle « à l’occidentale », pose problème. pour (2) deux raisons fondamentales. La première, est que ces mandataires se perçoivent et sont perçus comme les DÉCIDEURS ; ils usurpent ainsi la légitimité du Demos, forment un « gouvernement », en retirent un pouvoir et, étant humains cherchent à retirer de ce pouvoir tous les avantages possible. Il en résulte une corruption pratiquement universelle.
5. La deuxième est que, leur compétence étant de se faire élire, ils ne sont tenus d’en avoir aucune autre, même pas celle de choisir raisonnablement les experts qui devront faire fonctionner la société. La gouvernance est donc tout entière aux mains d’experts qui ne sont PAS élus, mais choisis selon des critères que déterminent aussi des experts.
6. On a ainsi une dictature de la compétence, conséquence de la logique même des rapports dans une societe technique complexe. Les fonctionnaires deviennent une caste incontournable et pratiquement inamovible, pouvant se permettre un favoritisme débridé qui constitue, en parallèle aux politiques une omniprésente de corruption.
7. Face à une gouvernance bicéphale – politique et tehnique – dont ni une tête ni l’autre ne veut prioritairement son bien, l’individu lambda cherche à en tirer le meilleur parti pour lui par des pressions ciblées sur la structure des décideurs et/ou celle des exécutants. Il s’y emploie en jouant de son appartenance à une myriade de réseaux d’affinité - familiaux, sociaux, religieux etc. - dont les syndicats ne sont que le meilleur exemple.
8. Tous ces réseaux sont les outils de sa volonté de l’Individu de tricher autant que faire se peut et de biaiser en sa faveur le cours des interventions de l’État. On ne prend le parti de la « justice » que si les circonstances ont fait que la justice ait pris parti pour soi. A la volonté d’une gouvernance d’être corrompue, correspond une volonté ferme de chacun de la corrompre.
9. À Orwell, (disant essentiellement que « tous les gouvernements du monde sont en guerre contre leur propre population », ) on ne peut donc ne pas rétorquer qu’il en est bien ainsi, en effet …. mais que ce que ce sont les populations qui ont commencé…. Le conflit - inévitable - entre l’État et ses citoyens prend sa source dans l’insoumission pérenne de l’individu, qui ne se veut citoyen qu’à ses heures et à ses conditions.
10. On peut espérer que l’abondance - permettant à l’humanité le passage à un autre paradigme que celui de l’acquisition et de la possession comme seuls buts de la vie - réduira la toute puissance de la corruption… mais ce n’est pas encore chose faite. Acceptant cette réalité, ne faudrait-il pas mettre en place une gouvernance qui tienne compte du désir d’an-archie qui est à la base de l’idée de démocratie réelle ? Un idée que le novlangue bien-pensant escamote, en utilisant le concept de « démocratie représentative »… .. qui n’a évidemment rien d’une démocratie, mais en est l’antithèse
11. Comment concilier l’exigence de compétences ad hoc au sein de la gouvernance, avec celle d’une participation universelle (démocratique) à la décision que rend opportune le plaisir que prend l’individu à prétendre se gouverner lui-même et qui mène à une gouvernance plus consensuelle, plus facile et donc plus efficace ? Il faut éliminer de la démocratie toute notion de représentativité.
12. Si on prétend qu’une décision est démocratique, elle doit avoir été prise par la majorité de ceux qu’elle concerne et ne commencer ou cesser de s’appliquer que si et quand une telle majorité en décide. Les progrès de la communication rendent facile une démocratie DIRECTE, La seule véritable démocratie.
13. Les outils sont disponibles pour des consultations universelles et a peu de frais de toute la population ou de tous les segments de cette population qu’on veut en identifier. Cette approche référendaire est la seule qui soit démocratique. Toutes les décisions qui sont aujourd’hui soumises à des instances élues doivent dorénavant l’être à ce processus référendaire.
14.Dans un régime de démocratie directe, le rôle d’un Président - élu au suffrage universel - est d’être l'INSPIRATEUR et à l’écoute de la population et, assisté des conseillers (Ministres ?) dont il choisit de s’entourer, de chapeauter un fonctionnariat qui soumettra à la population les referendums permettant que devienne loi ce que la population VEUT. Dans une démocratie, l’apparaeil de l'État propose et le peuple décide.
15. Logistique ? On accordera en principe un (1) an à une proposition, sur le site Internet de l’État créé à cette fin, pour qu’elle soit ainsi approuvée par une majorité des citoyens. On indiquera chaque jour le nombre des appuis qu’elle a cumulés : une démarche référendaire n’a pas pour but de surprendre la bonne foi des citoyens…. Un an, comme limite, mais une mesure sera approuvé dès qu’elle aura obtenu une majorité d’appuis et deviendra loi à 0h00 du jour suivant.
16. Cette tâche fondamentale du fonctionnariat de soumettre des projets de loi à la décision du peuple, ne lui est cependant pas exclusive. Tout citoyen peut proposer sur ce site Internet de l’État créé à cette fin un projet qui deviendra loi ou règlement si une majorité de la population l’approuve. On comprend, toutefois, que si les mesures proposées par les fonctionnaires et qui ont donc généralement l’aval de l’État arriveront sans peine à obtenir cet appui majoritaire (à moins que le population n’y soit opposée), il faudra une mobilisation massive pour qu’y parvienne une proposition de Quidam Lambda. C’est bien le résultat voulu : ne fermer la porte à rien… mais ne pas ouvrir un boulevard à toutes les idées saugrenues.
17. Cette démocratie directe n’est gérable que si les consultations populaires référendaires s’en tiennent a des choix BINAIRES. Cela est tout fait possibe, Il n’y a pas de question si complexe qu’elle ne puisse être scindée en sous-questions auxquelles on puisse répondre par OUI ou par NON. C’est le principe même du fonctionnement des ordinateurs… et sans doute celui lui du cerveau lui-même ! Interroger autrement serait pure manipulation. Il ne faut pas le permettre.
18. Un dernier caveat. Même directe, la démocratie exige que le peuple soit informé. Il ne faut donc pas croire que l’on réglera la question de la gouvernance, si on ne prend pas les mesures requises pour que circule une information exhaustive et totalement LIBRE. C’est la première étape…. et il ne faut pas qu’on nous le fasse oublier.
https://nouvellesociete.wordpress.com/2006/11/14/regie-autonome-de-linformation/
Pierre JC Allard
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