Nucléaire : Nicolas HULOT, déni d’écologie ou réalisme obligé ?
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Entre le charbon et le nucléaire il faut choisir
Après que Nicolas HULOT a admis que la France ne pourrait pas tenir l’engagement, pris en 2015 sous la Présidence de François HOLLANDE, de ramener à 50 % la part du nucléaire dans la production d’électricité, cela soulève un vrai « tollé » d’une partie des écologistes. Pour tenir le rythme de fermeture des centrales, Nicolas Hulot avait rappelé publiquement la nécessité de fermer au moins 17 réacteurs, dans les plus brefs délais. Seulement voilà : aucun réacteur n'a encore été fermé et le développement des énergies de substitution est difficilement « substituable » à production égale, sinon impossible, ce qui ne veut pas dire pour autant qu’il ne faut pas les développer. Par ailleurs, l'éolien peine à décoller en raison d'un trop grand nombre de recours administratifs, d'où une réalité : le gouvernement s'étant engagé à fermer toutes les centrales à charbon, le nucléaire demeure toujours un pilier de la production énergétique nationale.
La réforme votée par François Hollande, dont Emmanuel MACRON avait repris les objectifs chiffrés dans sa campagne, était irréaliste, dès lors que la question démographique et le niveau de consommation correspondant n’était pas abordé.
Il faut se rendre à l’évidence et bien que chez de nombreux écologistes l’on puisse être surpris et déçu, voire se sentir trahi par Nicolas HULOT, n’importe lequel, parmi les plus sincères et les plus radicaux étant à sa place, aurait du faire preuve du même pragmatisme, dès lors, qu’au-delà des modes de production l’on ne remet pas en question la problématique démographique et le niveau de consommation sans cesse croissant d’électricité. Par exemple : entre 2004 et 2014 la population mondiale a augmenté de 800 millions d’habitants et la consommation moyenne annuelle par habitant est passée de 2577 KWh. à 3128 KWh., soit une progression de près de 23%. Certes il y a de très grandes disparités de consommation entre les pays riches et les pays pauvres. Mais il y a aussi les contraintes climatiques qui font que les pays de l’Europe du Nord ou ceux du golfe Persique ont des moyennes annuelles de consommation très élevées. Il suffit de se référer à l’Agence internationale de l'énergie Statistiques sur l'énergie et balances des pays non membres de l'OCDE et Statistiques sur l'énergie des pays membres de l'OCDE. https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/EG.USE.ELEC.KH.PC La consommation mondiale d'électricité en 2013 était de 21 538 TWh. pour 6129 TWh. En 1973. Ainsi, elle a augmenté de façon continue de 350% en 40 ans.
L’Asie est la principale zone de consommation d'électricité, suivie de l’Amérique du Nord et de l'Europe. Les États-Unis, l’Union européenne, la Chine et la Russie, qui comptent parmi les régions du monde les plus vastes et les plus peuplées, consomment plus de 61 % de l'électricité mondiale. Entre 2001 et 2012, la consommation de certains pays en développement a considérablement augmenté : elle a été multipliée par 3,3 pour la Chine, par 2,2 pour l'Inde et par 1,6 pour le Brésil.
La consommation moyenne annuelle d’électricité par habitant en France est actuellement de 6938 Kw/h. légèrement inférieure à l’Allemagne 7035 Kw/h. mais avec 15 millions d’habitants de moins. Éclairage, chauffage, cuisson, téléphone, transports, informatique, santé, enseignement… l'électricité est aujourd'hui présente dans toutes les activités de la vie quotidienne. Sa consommation va de pair avec l'amélioration de la qualité de vie des habitants, la création de richesse, le développement des loisirs…Malgré les efforts entrepris avec l’introduction de nouvelles technologies d’éclairage à très faible consommation, on consomme et gaspille de l’électricité pour tout et parfois n’importe quoi, notamment dans le domaine publicitaire…Mais aussi avec le chauffage électrique qui est une aberration, car il faut une énergie primaire qui pourrait créer directement de la chaleur de façon économique, alors que l’on va l’utiliser pour produire de l’électricité, pour ensuite la consommer afin de produire de la chaleur….
La consommation d’électricité en France, en progression constante
Quelques rappels :
A titre indicatif : 1 Térawatt = Mille Milliards de Watts - 1 Gigawatt = 1 Milliard de Watts - 1 Mégawatt = 1 Million de Watts - 1 Kilowatt = 1000 Watts
En progression constante, la consommation d'électricité en France est essentiellement le fait des habitations et du secteur tertiaire. La consommation totale d'électricité corrigée des aléas climatiques en France en 2014 était de 478 TWh. Elle était de 171 TWh. En fin 1973. En 40 ans, elle a augmenté de 280 %. Soit une progression moyenne de consommation annuelle de 7% par an. D’après RTE, en France métropolitaine elle a atteint 546 TWh. en 2015, soit 4,1%, de plus qu’en 2014.
Plus des trois quarts de cette production proviennent toujours du parc nucléaire de 58 réacteurs (416,8 TWh. 76,3% du mix). L'hydroélectricité (par les barrages) reste la deuxième source d’électricité (58,7 TWh. 10,8% du mix) malgré une forte baisse de sa production par rapport à 2014 (- 13,7%) en raison d’un niveau de pluviométrie bien plus faible.
La part des énergies dites « renouvelables » dans la production nette d'électricité atteint 16,2 % en 2015 (hydroélectricité : 9,9 %, éolien : 3,9 %, solaire : 1,4 %, bioénergies : 0,9 %).
La production photovoltaïque a connu en 2015 une croissance légèrement supérieure à celle de l’éolien (+25,1%) mais sa part dans le mix électrique français reste limitée avec1, 4% de la production totale. Signalons la mise en service du plus puissant parc photovoltaïque d’Europe (300 MWc) à Cestas en Gironde.
C’est la production électrique des centrales à gaz qui a connu la plus forte croissance en 2015 (+54,8%). Elle s’est élevée à 22,1 TWh. soit à près de 4% du mix national et à un niveau légèrement plus élevé que la production éolienne. Les centrales à gaz ont en effet davantage sollicitées comme moyens d’appoint lors des périodes de forte demande. Malgré la fermeture des 6 dernières centrales à charbon de plus de 250 MW en France, la production des centrales à charbon et à fioul a quant à elle légèrement augmenté comptant au total pour 2,2% de la production électrique nationale. UNE ABERRATION, quand on se fixe pour objectif une réduction des rejets des gaz à effet de serre (GES)… Dès lors que le Gouvernement s’est engagé à fermer les centrales au charbon et qu’il ne souhaite pas (volontairement ou involontairement) qu’il y ait une incidence sur la consommation, il n’a d’autre choix que celui de ne pas réduire la production d’électricité issue du nucléaire.
Lorsque RTE affirme que les émissions de CO2 du secteur de la production électrique française resteraient stables, il y a toutefois de quoi s’interroger quand on sait que pour1KW/heure, le fioul rejette 300g de CO2, le Gaz naturel 234 g, le charbon 384g.
Chaque degré Celsius en moins en hiver entraîne, selon RTE, un appel de puissance supplémentaire sur le réseau de 2 400 MW (soit l’équivalent de la capacité installée de 2 réacteurs nucléaires. Cette sensibilité est pourtant amenée à se réduire suite à l’entrée en vigueur de la RT 2012, une réglementation thermique qui a déjà entraîné une chute du chauffage électrique dans les logements neufs. Précisons que le secteur résidentiel compte en 2015 pour environ 35% de la consommation électrique en France métropolitaine.
EOLIEN et PHOTOVOLTAÏQUE peuvent ils être une alternative au Nucléaire dans la perspective « cent pour cent » d’énergie renouvelable ?
Un réacteur nucléaire possède en moyenne une puissance d’environ 1 100 MWh et peut donc délivrer entre 7 000 000 MWh. et 8 000 000 MWh. par an.
Les éoliennes les plus puissantes d’aujourd’hui sont capables de développer une puissance de 5 MWh., dont les meilleures (off-shore) délivrent en moyenne 17 000 MWh. par an
Le chiffre retenu pour l’éolien européen installé est de 2 000 MWh. de production annuelle par MWh. de puissance installé par éolienne.
Combien d’éoliennes pour remplacer un réacteur ?
Moyenne annuelle de la production d’électricité avec l’énergie d’un réacteur nucléaire :
7 000 0000 + 8 000 000 MWh / 2 = 7 500 000 MWh / an
Moyenne annuelle de la production d’électricité avec l’énergie éolienne de très grande capacité (5MWh) : 2 000 MWh X 5 MWh = 10 000 MWh / an
7 500 000 MWh / 10 000MWh = 750 éoliennes pour remplacer un réacteur Nucléaire (http://ethicologique.org/index.php/750-eoliennes-1-reacteur-nucleaire/)
Sachant qu’il y a 58 réacteur Nucléaire (le 59eme à Marcoule étant réservé à la recherche) il faudrait : 750 x 58 = 43 500 éoliennes d’une puissance de 5 MWh. Sachant que la puissance moyenne des futures éoliennes construite en France étant de 3MWh, avec une moyenne annuelle de production de 2000 MWh., il faudrait : 2000 x 3= 6 000 MWh. soit :7 500 000 MWh. / 6 000 = 1250 éoliennes pour remplacer un seul réacteur Nucléaire x 58 = 72 500 éoliennes pour remplacer le parc Nucléaire Français.
Si on considère que la puissance d’une éolienne moyenne se situe actuellement aux environ de 1,8 à 2 MWh. on peut estimer à plus de 100 000 éoliennes qui seraient nécessaire au remplacement du parc Nucléaire et ceci en supposant que l'on sache stocker l'énergie pour les heures de pointes... Ce qui est, actuellement, loin d'être le cas.
Le photovoltaïque, qu’en est-il ?
En termes d’énergie, le photovoltaïque a permis la production de 7,7 TWh. d’électricité en 2015, soit 1,6 % de la consommation électrique française. Fin septembre 2016, la France comptait, 378 899 installations photovoltaïques pour une puissance totale de 7 017 MW, dont 367 MW dans les Dom. Alors qu’en 2014 et 2015, le pays avait frôlé le gigawatt annuel d’installation (avec respectivement 958 MW et 880 MW), 2016 a fait moins bien. Par rapport à ses voisins, la France est un nain photovoltaïque. En 2015, l’Europe totalisait une puissance cumulée en heure de 94,6 GW soit deux fois le résultat obtenu par la Chine. Notons que, même si l’Allemagne réalise une bonne partie du travail avec 40,4 GW, l’Italie prend la deuxième place avec une puissance cumulée de 18,9 GW. Le troisième n’est autre que le Royaume-Uni avec 8,9 GW. La France se positionne juste en-dessous avec 6,6 GW soit deux places devant la Belgique (3,2GW).
En savoir plus sur : https://www.consoglobe.com/production-photovoltaique-2015-annee-record-cg#zZxcqBGqgWor8Dd4.99
L’éolien et le solaire sont, par ailleurs très dépendants de métaux rares dont l’accès pourrait devenir de plus en plus incertain, a fortiori si ces formes d’énergie doivent être massivement développées. Exemple : le dysprosium et le néodyme, deux terres rares produites presque exclusivement par la Chine, laquelle a d’ores et déjà fait savoir que ses gisements actuels étaient en déclin. Il faut savoir qu’une voiture hybride contient un kilo de néodyme et Selon les études réalisées à ce jour, une éolienne utiliserait de 600 à 700 kg d’aimants par MW de capacité, dont 25 à 29% de néodyme et 4% de dysprosium dans l’aimant permanent de la génératrice (http://www.eolien.be/Terres%20rares) Il faudrait multiplier par 26 d’ici à 2035 les extractions de dysprosium pour faire face aux enjeux du changement climatique…
Le démantèlement de certains réacteurs nucléaires pourraient durer jusqu’à un siècle.
Selon Gilles GIRON, directeur adjoint des projets de déconstruction chez EDF, il faut « environ quinze ans sont nécessaires pour déconstruire un réacteur nucléaire comme ceux en service en France ». C’est le délai entre l'obtention du décret et la fin des travaux. Mais, selon lui, le démantèlement est une opération infiniment plus longue. Il peut se passer des dizaines d'années entre l'arrêt de la production d'électricité et le retour possible du site à d'autres activités. Même si chaque pays d'Europe est un cas particulier, il faudra jusqu'à un siècle pour démanteler certains réacteurs de première génération ! http://www.lefigaro.fr/sciences/2017/10/27/01008-20171027ARTFIG00294-un-demantelement-nucleaire-beaucoup-plus-long-que-prevu.php
On peut supposer également que les coûts de démantèlement sont particulièrement élevés et dans ces conditions, outre les délais évoqués, on peut poser la question : Y aura-t-il réellement des démantèlements de centrales Nucléaires ? Ou lorsqu’une centrale sera arrivée à son terme, après avoir retiré les barres d’uranium et certaines parties de l’édifice, pour ce qui reste ne vaudrait-il pas mieux le couler dans le béton sous des sarcophages ?
La démonstration est faite qu’au rythme actuel de notre consommation d’électricité qui suit l’accroissement de la population, la sortie du Nucléaire ne peut se faire en équivalence de production et consommation par les énergies de substitution dites « énergies renouvelables »
L’éolien et photovoltaïque, essentiellement à cause des problèmes actuellement non résolus du stockage, ne peuvent, en l’état actuel, compenser le nucléaire ou les énergies fossiles pour la production d’électricité. La seule façon de parvenir à l’arrêt définitif d’une centrale nucléaire consiste à ce que la fermeture de chaque réacteur soit compensée par une énergie de substitution autre que de l’énergie fossile (éolien, photovoltaïque, hydraulique, etc.) et dans une proportion plus importante par des économies d’énergie évaluées et chiffrées. Au premier rang desquelles, le domestique par un changement radical de nos habitudes de consommation en évitant des cuissons électrique systématiques et l’abandon total du chauffage électrique, mais également sur le plan professionnel où un effort particulier doit être fait dans la gestion pour éviter certains gaspillages. Il faut aussi éliminer également les gaspillages liées à des excédents de publicités lumineuses et en particulier ceux de type urbain la nuit par un éclairage totalement repensé. Mais aussi sortir de la stupide politique de promotion de la voiture électrique. C’est une escroquerie intellectuelle, quand on connait le coût énergétique et polluant, sans compter le même espace qu’elle occupe qu’une voiture thermique... Aujourd’hui on sait produire des véhicules thermiques qui consomment deux litres de carburant au 100 km. Les perspectives d’interdiction des véhicules thermiques à l’horizon 2030, pour ne tolérer que des véhicules électriques est totalement surréaliste et irréalisable.
Avec la nouvelle révolution des intelligences artificielles qui seront également grosses consommatrices d’électricité et de terres rares, si l’on va d’explosions en explosions de bombes démographiques chaque décennies, comme pour la période 2007 – 2010, où la population mondiale a augmenté d’un milliard d’habitants, passant de 6, 5 à 7, 5 milliards on peut imaginer les effets catastrophiques..
Pour conclure
Ne pas prendre en compte l’accélération de la crise climatique serait suicidaire et pour cela il faut se rendre à l’évidence : pas la moindre diminution de CO2 envisageable avec la croissance démographique, d’autant que partout dans le monde c’est le recours au charbon qui prospère et pas seulement en Allemagne, il s’accélère en Australie, USA, Inde … Compte tenu des menaces de la crise écologique avec l’effondrement de la biodiversité qui est hallucinant, mais aussi la crise climatique qui s’accompagnant de la désorganisation des états incapables de faire face aux problèmes de surpopulation, que ce soit en Afrique, au Bangladesh, aggravé par les arrivées de centaines de milliers de Rohingya, minorité musulmane persécutée en Birmanie, ou ailleurs…
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