Obama ne fait plus rêver en 2012

Souvenons-nous, il y a quatre ans, un engouement rimant avec yes we can. Une génération pleine d’espérance, récoltant des fonds, s’appliquant face à l’écran telle une ruche d’internautes volant vers un avenir imaginé comme radieux. L’Amérique a vibré pendant quelques mois. Des primaires jusqu’au moment décisif. Le premier mardi de novembre et l’événement mondialisé, l’élection d’un président jeune, charismatique et noir. Que de commentaires élogieux et d’analyses presque béates pour glorifier cette Amérique qui ose et qui en élisant un président noir, avança d’un grand pas pour la démocratie, après le grand pas pour l’humanité lorsqu’un homme effectua un petit pas sur la lune devant des millions de spectateurs ébahis, la plupart devant un écran noir et blanc. L’Amérique fait rêver et elle a aussi beaucoup rêvé mais elle ne rêve plus en 2012. Les reportages, analyses et autres billets médiatiques ne cessent d’évoquer un rêve américain évaporé sur fond de crise sociale sans précédent avec des millions de chômeurs, une croissance atone, des inégalités insupportables, des classes moyennes qui doutent, une précarité grandissante, des zones urbaines et périurbaines en voie de déclassification, voire de décomposition, une dette colossale. Et pour clore le tout, l’esprit ambiant est fait de doutes et de colères. Il règne une atmosphère délétère. Avec des populations séduites par les extrêmes. D’un côté la mouvance anarcho-gauchisante et de l’autre les « fachos » plus ou moins liés au Tea Party, branche influente au sein du parti républicain. L’Amérique est minée par une haine grandissante entre les gens de mouvance opposée ou bien entre les populations et les gouvernants.
C’était bien ne rêver mais il ne fallait quand même pas pécher par naïveté. Les observateurs savaient pertinemment que Barak Obama restait en profondeur un candidat de l’establishment et que le Congrès n’allait pas jouer les godillots, d’autant plus que les élections à mi-mandat laissaient augurer d’un changement de majorité et qu’enfin, les spin doctors et autres chantres d’un certain libéralisme sauraient défendre les intérêts des classes les plus aisées. Pour le dire crûment, il y a quelque chose de pourri au pays de l’oncle Sam. Et c’est sans doute la même chose partout ailleurs dans le monde, y compris dans notre vieille Europe qui semble suivre l’évolution américaine ou même japonaise, avec une croissance atone, un chômage en augmentation et le spleen inévitable des classes moyennes. Avec en plus en France une jeunesse complètement désabusée. Et ce n’est pas l’élection de François Hollande qui changera la donne. Faut pas rêver, on a déjà donné. L’élection de 2007 avec ses promesses de gagner plus et de rupture a fini dans le marécage de la crise financière puis sociale. Les caisses sont vides. Ce qui sous-entend que beaucoup ont reçu quelques sous du tiroir-caisse national. Mais ce sont surtout les têtes qui sont vides, le citoyen étant devenu un consommateur, producteur et joueur d’un jeu dont les règles ne lui sont pas forcément favorables mais dont il peut s’accommoder. Ce constat étant valable pour la plupart des pays avancés issu de l’ancien bloc industrialisé.
En un mot, il y a un défaut majeur dans le logiciel idéologique occidental. Mieux encore, il y a un vice fondamental dans la nature humaine. D’un côté les puissances de l’argent, la police, l’armée, les organisations, de l’autre, la soumission des populations acceptant le jeu, le divertissement, l’abattage social. Le système vacille à cause des vices. Perversions du pouvoir, narcissisme généralisé, cupidité, égoïsme, compromission et plus généralement, ignorance qui, comme le dit l’adage, est mère de tous les vices. Il n’y a rien de plus stupide que de croire que le salut d’un pays repose sur une personne ou alors quelques-uns. Le salut se conçoit avec la multitude sinon il ne se réalise pas.
La crise actuelle a finalement du bon. Elle dévoile le mensonge sur lequel fonctionnent les sociétés depuis des décennies. En 2012, qu’il s’agisse des élections russe, française, américaine, du printemps arabe ou du renouvellement des dirigeants chinois ou enfin du Japon post-nucléaire, on peut dire que le temps des illusions est achevé. L’homme est face à la recherche de la vérité. Il peut trouver la voie, il a aussi la possibilité de faire le bon choix. Mais c’est sans doute pour plus tard, ou bien trop tard. Novembre 2012, les Américains votent sans passion, sans enthousiasme. Obama se trouve face au syndrome Carter. Mauvais présage que cet ambassadeur tué en Libye. Cela rappelle étrangement les otages américains de Téhéran en 1979 après la révolution islamique. Le président Carter en a fait les frais pensent les historiens. Le printemps arabe semble mal virer. L’histoire se répète. Beaucoup d’intellectuels dont Foucault avaient cru au printemps de l’Iran, puis déchantèrent assez vite. Morosité d’un monde occidental qui s’abîme en ignorant l’abîme. Le show continue. Les teufeurs se déhanchent et la jeunesse se noie dans l’alcool. Les affaires continuent. L’immobilier grimpe encore à Paris. Les travailleurs américains s’inscrivent au chômage. PSA bientôt en faillite. Montebourg s’agite. Ayrault n’a rien d’un héros et si Hollande ne nous mène pas en bateau, c’est que le navire France tangue. Allez, buvons un coup en dansant sur le Titanic. La santé et l’éducation coûtent cher mais on n’est pas mieux soigné, ni éduqué. Décidément, il y a quelque chose de défectueux dans le logiciel. Un bug humanitaire. Les cerveaux ne fonctionnent pas comme il faut. Obama ou Romney, qui s’en préoccupe à part ce soir ou jamais ? Bon, je me tire, je sens que ma prose finit par ressembler à Pascale Clark.
Je reviendrai plus tard, pour causer paradigme et médecine biomagnétique
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