Obama sort le sabre et coupe quelques têtes
La rumeur enflait depuis quelques jours, et la confirmation est arrivée : l'amiral Gaouette, commandant du porte-avions USS Stennis, en route vers le Pacifque après une tournée dans le Proche-Orient a bien été prié par le président Obama d'abandonner son poste et de rejoindre au plus vite sa base de Bremerton, dans l'état de Washington, en attendant que l'armée, ou plus exactement la Navy, statue sur son sort. La nouvelle a provoqué un séisme, car il n'est pas du tout courant de relever un tel responsable en pleine mission : aussi, est-on depuis dans l'expectative, à rechercher quelle raison donner à cette très grave sanction touchant un responsable militaire US de ce rang. La phrase d'Obama sur les baïonnettes et les chevaux, entendue lors du dernier débat avec Mitt Romney, encore moins subtil qu'un G.W.Bush, résonne d'une autre manière depuis, dans les couloirs de la Maison Blanche... où un Obama passablement excédé vient de sortir le sabre pour couper quelques têtes... des têtes appartenant à des militaires qui, visiblement, s'opposaient à sa politique, voire à sa personne...
Plusieurs pistes s'entrouvent déjà, derrière l'explication officielle à l'éviction de l'amiral, toute empreinte de langage de bois, celle d'un "jugement inapproprié"... qui n'est pas sans rappeler l'explication donnée pour l'éviction du général Stanley Mc Crystal après avoir commis un interview fort critique, sinon injurieux à l'égard du président Obama au sein du magazine Rolling Stone en juin 2010. Qu'a donc fait de si grave l'amiral pour se voir renvoyé illico dans ses foyers de Bremerton, dans le Pacifique Nord-Ouest ? Si les mois précédents, c'est la piste du comportement sexuel de plusieurs responsables de la Navy qui avait été suivie ; aujourd'hui, on songe à bien plus grave : selon certains, amateurs de complots, Gaouette, mécontent de son président, aurait-été sur le point d'organiser un coup d'état militaire aux Etats-Unis, ce qui ne peut que laisser pantois, au XXIeme siècle ( et bien aventureux !). Sans aller jusque là, il faut reconnaître que là-bas, l'affaire fait en tout cas grand bruit, car la pratique n'est pas courante, et les faits reprochés donc graves.
Car l'homme n'est certes pas un amateur, ce que ses divers postes démontrent. Après un début de carrière au sein des sous-mariniers (il a été officier de communications à bord de l'USS Gudgeon (le fantôme galopant de la côte Ouest" ) et de l'USS Lapon, un chasseur de sous-marins soviétique (son commandant, Chester "Whitey" Mack, en a suivi un à la trace pendant 24 jours d'affilée !) il s'est orienté vers le combat de surface, devenant "combat officer" à bord de l'USS Fletcher avant de devenir un des officiers responsables du destroyer à missiles guidés USS Paul Hamilton, pour recevoir ensuite son premier commandement avec l'USS Oldendorf basé à San Diego, en Californie, et de s'illustrer enfin à bord de l'USS Bunker Hill, basé toujours à San Diego. Cette fois un destroyer plus imposant, de la classe Spruance, doté du système de missiles Aegis, et qui s'est fait remarquer pour son efficacité lors de l'opération Induring Freedom de 2006, et en 2007 sur les côtes de Somalie, pour une offensive anti-terroriste. Quand il ne commandait pas sur mer, Gaouette était également sur terre "East Team chief" et l'assistant du responsable de "l'Operations and Logistics" de l'United States Transportation Command : autrement dit quelqu'un possédant de hautes responsabilités au sein de la Navy. Au moment où il a été démis de ses responsabilités, il commandait (depuis 2008) le porte-avions USS John Stennis, un des 10 porte-avions nucléaires de la classe Nimitz mise en service en 1995 (aux avions porteurs de l'arme nucléaires, donc, ne l'oublions pas !). Un des dix amiraux parmi les plus influents a commis une bévue, mais laquelle, c'est la question que tout le monde se pose.
L'amiral a-t-il critiqué l'attitude seulement d'Obama ou est-il allé plus loin ? Revenons un peu en arrière avec un autre cas, complètement passé inaperçu celui-là : celui du général Carter F. Ham, de l'Army, le responsable de l'U.S. Africa Command, qui ans un article du Washington Post du 1er octobre dernier, signé Greg Miller et Craig Whitlock, avait fait remarqué qu'au Mali, l'Aqmi s'était emparé d'armes provenant des dépôts non gardés de Kadhafi. Le général suggérant une intervention d'états contre ce terrorisme, mais pas dirigée par les Etats-Unis, qui leur accorderaient une assistance militaire.
Ou préconisait même l'emploi de drones pour se débarrasser des membres de l'Aqmi...comme Obama le fait au Pakistan ou en Afghanistan depuis des années, la réaction présidentielle ne ne se faisant pas tarder : dès le 18, Léon Panetta annonçait son remplacement par le général David Rodriguez... Obama n'ayant pas du tout apprécié qu'on puisse marcher sur ses prérogatives présidentielles et lui dicter la conduite à tenir à l'extérieur, ou de se voir reprocher une intervention en Libye qui aurait ouvert la boîte de pandore des dépôts de munitions laissés à ciel ouvert après l'intervention de l'Otan. Un phénomène pourtant bien visible, qui a répandu dans les rues des milliers d'armes, dont des missiles contre-avions.
Ironie du sort, le 22 août dernier, le même Panetta était monté à bord de l'USS John C. Stennis pour haranguer ses marins, à Bremerton, avant leur départ pour le Proche-Orient. Le porte-avions rentrait de sept mois de déploiement en Afghanistan et en Iraq.
En janvier, le navire avait été le héros d'un épisode surprenant, avec la libération obtenue de marins... iraniens, retenus prisonniers de pirates devant les côtes du Golfe d'Oman ! Lors de sa visite, Panetta s'était excusé auprès de ses marins pour le rapide redéploiement vers le Proche-Orient... preuve que la région inquiétait déjà fortement l'administration Obama, contrairement à ce que tentait alors de faire croire son opposition. C'était la tension en Syrie qui préoccupait alors le secrétaire d'état à la Défense US : avec l'annonce d'une "surveillance" de l'arsenal chimique d'Assad, sujet extrémement préoccupant. Finalement ce mois-ci, le porte-avions voguait déjà pour le Pacifique et se trouvait dès le 7 octobre dans le port thaïlandais d'Ao Makham, après un passage à Phuket, remontant vers la zone de tension entre la Chine et le Japon pour le débat sur les îles chinoises de Diaoyu (Senkaku au Japon). En aucun cas, donc, rien qu'à regarder sa situation sur une carte il n'aurait pu intervenir en Libye (où les DC-3 de la Cia était déjà présents, ou postés tout près en Irak...). Ceux qui associent l'avis de Gaouette avec une quelconque intervention en Libye lors de l'attaque de Benghazi sont donc de fieffés menteurs, que l'on trouve comme par hasard chez les extrêmes de droite républicaine, façon Ann Coulter, cette imbécile partisane du Tea Party et de la clique bushienne. Des manipulateurs d'opinion, on le sait.
Gaouette aurait-il marché dans les traces du général Ham (ici à gauche lors de sa première visite en Algérie), en critiquant l'intervention en Libye ou l'attitude d'Obama vis à vis des événements de Benghazi, ou se serait-il englué dans un scandale de tyoe sexuel, comme celui qu'avait provoqué David Schnell, le commandant en chef de la frégate Reasoner., qui appréciait beaucoup ses jeunes recrues au point de leur faire partager sa couche. Ou avait-il fait comme le vice-amiral John “Boomer” Stufflebeem, lui aussi débarqué pour mauvaise conduite dans les années 90, alors qu'il était depuis devenu assistant militaire auprès de George H.W. Bush en personne : l'homme avait été renvoyé au rang de "rear amiral" par la même occasion (mais avait gardé sa légion d"honneur française...). C'était lui qui informait pourtant la presse lors de l'opération Operation Enduring Freedom de 2001 sous le titre de "deputy director for global operations on the Joint Staff". Pas trop dépité, il fondait juste après une société de consultants de gestion de crises... le business avant tout !
Pour la seconde hypothèse, cela semble en tout cas réglé : "un responsable de la Marine qui connaît les circonstances de l'enquête a déclaré qu'elle portait sur des allégations de « jugement inapproprié de leadership » et a souligné qu'elle n'était pas lié à la conduite personnelle". Gaouette, lavé du soupçon comportemental, aurait-il été tenté par un sentiment plus grave de révolte ou de mutinerie ? Ce n'est pas la première fois à vrai dire que le soupçon de révolte interne apparaît aux USA : souvenez-vous, la dernière fois, c'était sur une base de B-52, à Minot, où trois bombes atomiques semblaient s'être fait la malle (ou au minimum une, en tout cas). Un cas sans précédent : "Je suis dans le business nucléaire depuis 1966 et je n'ai jamais vu d'incident plus perturbant", avait ce jour-là déclaré au Washington Post le général Eugene Habiger, à la tête du Strategic Command de 1996 à 1998. Là aussi, deux pontes, Michael W. Wynne, et le Général T. Michael Moseley avaient été virés, par Dick Cheney... qui tentait ainsi de couvrir, semble-t-il, sa propre tentative de coup d'état, ou ses propres préparatifs tortueux. Un Cheney qui avait auparavant relevé de ses fonctions un autre amiral, William Fallon dont on peut dire aujourd'hui qu'il a très certainement empêché un embrasement généralisé en refusant d'attaquer l'Iran comme Bush venait de lui enjoindre de faire. Une action résolue et déterminée clairement expliquée dans un article de Thomas Barnett, dans Esquire, publié le 5 mars 2008. Un Cheney qui aurait souhaité, selon ses mémoiresn aller bombarder le prétendu réacteur nucléaire en préparation en Syrie, ce qui aurait expliqué l'incident de Minot ....« J'ai de nouveau fait le cas pour l'action militaire américaine contre le réacteur », explique M. Cheney en Juin 2007 lors d'une réunion de la Maison Blanche sur la question. « Mais j'étais la seule voix. Après avoir fini, le Président a demandé, « Est-ce que quelqu'un ici d'accord avec le vice-président ? Pas une seule main monta dans la pièce." En l'occurrence, le site a été détruit trois mois plus tard par l'aviation israélienne. "(London Independent , Août 26, 2011." Cheney avait-il préparé seul cette attaque contre l'avis de ses propres militaires, la question demeure en effet. Selon Tarpley, bien au fait des coups tordus, c'est bien ce qui avait été tenté.. (un nombre effarant de morts par "accident" ayant suivi l'épisode douteux).
Si bien qu'une question brûlante demeurait après la reprise en mains par Cheney. La purge qui avait suivi la révolte de Fallon avait-elle mis en place des faucons, afin d'assurer un consensus davantage penchant vers la droite extrême, au sein des militaires, ce qui nous vaudrait le retour de bâton actuel de l'amiral Gaouette ? Pas si sûr , contrairement à cette idée reçue : chez les militaires US, à part quelques exemples, il n'existe pas d'envie d'en découdre avec l'Iran, pas plus qu'il y en avait eu pour bombarder la Syrie, ce qu'a confirmé avec éclat un autre général de haut rang le le 31 août 2012. "Quand le général Martin Dempsey a dit aux reporters britanniques qu’il ne voulait pas que les Etats-Unis soient "complices" d’une attaque israélienne contre l’Iran, les copains de Tel Aviv ont été complètement sonnés. Cela faisait des semaines que Netanyahu et Cie racontaient à qui voulait les entendre que les Etats-Unis n’avaient pas d’autre choix que de se laisser entraîner dans une autre guerre régionale au cas où les Israéliens attaqueraient Téhéran : et cela d’un ton presque jubilatoire. En l’absence d’une réponse claire de la part de la Maison Blanche, on avait l’impression que les Israéliens nous avaient coincés : le géant américain semblait impuissant en face des habiles manipulations du pygmée israélien. C’est alors qu’est arrivé Dempsey dont la déclaration a fait voler en éclat le menaçant chantage israélien —et a jeté la panique dans le gouvernement de Netanyahu… […]" note le Grand Soir avec son langage plutôt fleuri. "La déclaration de Dempsey a changé quelque chose" —" c’est l’euphémisme de l’année", ajoute-t-il. Un Dempsey qui semble avoir agi de son propre chef, bien que certains observateurs y ont vu aussi la main d'Obama, pour désarmorcer une situation inextricable. Obama demeure une politicien roué : son escamotage du cas Ben Laden restera dans l'histoire comme un chef d'œuvre de duplicité, seule façon de rayer de la carte une autre dupliciité...
Un Obama confronté aussi à une frange dure subistante au sein de l'armée, comme l'a révélé l'incroyable affaire du Lt. Col. Matthew Dooley (ci-dessous à droite). Les révélations sur son cas, alors qu'il était formateur d'officiers au Joint Forces Staff College de Virginie (JFSC), et qui enseignait de mener un "guerre totale à l'Islam" et d'utiliser pour cela des "tactiques d'Hiroshima" dans son cours "Perspectives on Islam and Islamic Radicalism" n'avaient pas été pour apaiser l'idée d'une branche extrémiste de droite au sein même de l'armée. Suspendu plutôt mollement, au départ, à la révélation du contenu de ses cours dans la presse (grâce au témoignage d'un officier scandalisé), l'homme avait été promptement écarté de l'armée sur demande express du Joint Chiefs Chairman, le général Martin Dempsey, qui avait alors affirmé que les propos étaient "inacceptables et allaient à l'encontre de nos valeurs, et n'avaient rien d'académiques " :
Obama ne pouvait se permettre de garder une telle brebis galeuse au sein de ses formateurs. Pour deux congressistes républicains, c'était bien pourtant l'armée américaine qui avait permis une telle dérive, sans intervenir pour tenter de la modifier (ce qui expliquerait aussi pourquoi l'armée choisissait comme objectifs des civils, en Afghanistan, ou bien les coups de folie tournant au massacre, comme à Nissor) ni en tenir grief à Matthew Dooley. là encore, la droite dure du Tea-Party avait immédiatement sauté dans le train de la critique, tel le groupe Breitbart, du nom d'un extrémiste de droite décédé en mars dernier, et tenant salon télévisuel ou sur le net. On avait eu droit à de belles envolées, comme celle de Clare M. Lopez, ancien de la CIA (mais aussi membre du Clarion Fund, groupe pro-israélien violemment anti-islam - c'est lui qui avait distribué le DVD "Obsession" de la campagne de McCain, et Daniel Pipes est un de ses piliers), qui avait alors dit que "tous les membres de l'US military Combatant Commands, des Services, le National Guard Bureau, et le Joint Chiefs sont sous les ordres dictatoriaux des Frères Musulmans de Dempsey pour faire en sorte que désormais, aucun cours de l'armée américaine ne pourra plus jamais enseigner la vérité sur l'islam si l'ennemi jihadiste la trouve offensante (ou tout simplement donne trop d'informations)." On le constate, l'islamophobie fait aussi partie de l'armée américaine, et Obama doit faire avec, comme il doit composer avec les juifs qui composent l'essentiel du groupe Clarion Fund...
Parmi les opposants à Obama, une frange issue du mouvement Tea-Party et en effet aussi composée d'anciens militaires, Navy Seals pour certains effectue en ce moment même une campagne très violente contre le président US, comparable à l'ignoble campagne "Swift Boat" qui s'en était pris à John Kerry en termes ignominieux.
Deux groupes se partagent les attaques : le"Special Operations OPSEC Education Fund", avec à la tête Scott Taylor, un ancien Seal critique le raid d'Abbottobad, ou plutôt le fait qu'Obama s'en soit emparé lors de sa campagne électorale, et qui produit en ce moment un clip ou un autre ex-Seal, Ben Smith, reproche à Obama d'avoir employé le mot "je" pour assumer la responsabilité de la mort de Ben Laden et un autre groupe d'opposants, "Special Operations for America", soutenant ouvertement Mitt Romney qui est dirigé par l'ex Navy SEAL Ryan Zinke, un sénateur du Montana qui a tenté plusieurs fois déjà de devenir gouverneur républicain sans y réussir. Dans une interview récente, Barack Obama a dit qu'il ne prenait pas ses gars trop au sérieux "car un de membres de ces Special Ops OPSEC, le Maj. Gen. Paul Vallely, aujourd'hui en retraite, est aussi un birther", un de ceux qui a publiquement déjà questionné Obama sur son acte de naissance, prétendu faux selon ces conspirationnistes.
Evidemment, les deux mouvements ont été ces derniers jours les plus virulents à l'encontre d'Obama pour sa gestion de l'attaque de Benghazi, n'hésitant pas à inventer des hoaxes, comme celui d'un président assis dans son bureau et ordonnant aux militaires US de ne pas intervenir en regardant l'attaque filmée d'un drone. Or si drone il y a eu, effectivement, ce dernier n'a été lancé qu'à la fin de l'attaque, et est arrivé bien trop tard sur site pour faire quoi que ce soit. Et n'a en aucun cas été en relation directe avec la Maison Blanche. Ce que la CIA vient d'ailleurs de révéler.
Gaouette, selon ces conspirationnistes et d'autres, aurait pris le chemin inverse, et serait donc allé beaucoup plus loin, en prenant la tête d'une mutinurie, une information largement répandue depuis quelques jours par l'Iran, une information alarmiste, qui ne convainc pas du tout le rédacteur du Daily Kos, pas plus que moi-même, et qui au contraire se rappelle d'autres événements semblables : "Je serai le premier à admettre que je ne suis pas sûr de ce qui s'est passé" dit-il, "et je ne cherche pas à prêter le moindre crédit à une théorie du complot. Cependant, je ne peux pas ne pas tenir compte de l'article car il est difficile d'accepter que quelque chose de si rare et potentiellement conflictuel serait fait une semaine avant l'élection présidentielle. Pour fabriquer de la discorde. Les commentaires sur le MSM sont vraiment étonnants, accusant Obama de toutes sortes de trahisons, de malversations et de l'illégalité. Tel est l'état de conservatisme aujourd'hui. Mais ce qui m'a frappé était la suivante : "Leur tâche, à la prise du pouvoir, est de faciliter une attaque terroriste massive de l'intérieur des États-Unis, peut-être en utilisant une arme nucléaire volée, déclarer la loi martiale, de déplacer des troupes en Irak et d'attaquer l'Iran avec l'aide de l'Arabie saoudite et des États du Golfe." Vaste programme en effet , sorti tout droit du chapeau conspirationniste ! "Faciliter une attaque terroriste massive de l'intérieur des États-Unis » comme une excuse pour déclarer la loi martiale et commencer une guerre illégale ? Est-ce que tout cela vous semble étrangement familier ? Si cela est vrai, ces hommes sont prêts à tuer des citoyens américains pour faire avancer leurs propres agendas. Si cela est vrai, des hommes comme ceux-ci, ou peut-être même ces hommes, pourrait avoir été impliqués dans le 11 septembre. Cela expliquerait beaucoup de choses. Juste un peu de quoi faire réfléchir". La démonstration se tient, à rappeler les craintes formulées par l'épisode Cheney, mais cela semble bien improbable après le prédédent de ce même Cheney, ce n'est certes pas ça non plus : c'est bien trop téléphoné comme propos. Ou alors, le pays est encore plus malade que je ne puis l'imaginer. Ou Gaouette, dont le navire emportait des bombes nucléaires, aurait été tenté de résoudre lui-même le problème iranien... à l'inverse d'un Fallon ?
Qu'a donc dit ou fait Gaouette ? Selon d'autres théories conspirationnistes encore, il aurait été "renvoyé pour avoir tenté quelque chose sur Benghazi" : le hic c'est que son porte-avions était alors bien loin de là déjà ! Le 11 septembre 2012, il était dans le Pacifique, ayant dépassé déjà l'île de Phuket, à plus de 12 000 km de Benghazi !!! Encore une fausse piste (et une belle manipulation du Tea Party, responsable de l'hoax lybien !) ! Serait-ce alors plutôt son manque de discernement dans la direction de ses propres marins, à la tête de son navire grand comme une ville flottante qui lui aurait valu ses remontrances ? Car l'arrêt du navire sur l'île de Phuket avait été l"objet semble-t-il de libations remarquées de la part de son équipage : "5350 marins du porte-avions à propulsion nucléaire USS John C. Stennis et son navire de guerre qui l'accompagne, l'USS Mobile Bay, ancré au large de l'île de Phuket, en Thaïlande, lors d'une visite de loisirs, d'assaut les boîtes de nuit et discothèques de l'île thaïlandaise, célèbre station balnéaire. Toute la nuit pour se divertir lieux à Patong qui ont été invités à fermer à 2h du matin par une lettre spéciale de l'US Navy Command. Le transporteur était venu de Bornéo par la mer de Chine méridionale. Le but principal de la visite du transporteur de Phuket est de permettre à l'équipage de se reposer et de se détendre pendant leur séjour de quatre jours. L'équipage va prendre un relais, avec 1.500 à 2.000 marins se rendant à terre chaque jour. Selon les estimations de responsables américains de précédentes visites de groupes porteurs ont mis la somme d'argent dépensée par les marins à environ l'équivalent d' un million de dollars par jour. Le commandement de la Marine est à juste titre inquiet de l'état de la discipline et de ses "pauses" par de jeunes marins attirés hors du service par les folles nuits dans les discothèques et les go-go bars. C'est une vieille histoire de jeunes qui cherchent les joies de la vie avec le brillant de leurs uniformes" concluait l'article. La visite de l'USS Peleliu, le 23 octobre dernier avait semblé plus sérieuse... une opération régulière de relations publiques américaines ; via le Rotary Club Local. Non, les remontrances qui ont été faites à Gaouette ne semblent pas avoir pour origine son équipage et le comportement de celui-ci.
Non, Gaouette, sans organiser ni préparer de coup d'état militaire comme aimerait bien nous faire croire les habituels conspirationnistes, est tout simplement l'un de ceux qui a dû émettre des réserves trop virulentes sur les orientations politiques américaines en général, celles de sa politique extérieure actuelle. Egratignant au passage l'affaire de Benghazi et le prétendu attentisme d'Obama, ou les fameux mails portés à bout de bras devant les médias par les partisans de Romney , 'homme visé étant Barack Obama, comme l'avait fait maladroitement McCrystal. Ce n'était pas le moment de le faire, tout simplement avec une opposition qui a sauté sur l'occasion pour clamer qu'on avait laissé seuls les mercenaires se défendre contee les assaillants ; comme ne cesse de le dire depuis plusieurs jours Ray Smith, le père d'un des disparus (lui-même ancien Marines blessé au Viet-Nam !) ce qui ravit , bien sûr, le clan Romney et le Tea Party. En réalité, après quatre années de l'exercice d'un pouvoir souvent hésitant, la défiance vis-à-vis de la politique de Barack Obama est apparue en effet, chez beaucoup, militaires comme civils, avec un retrait anticipé des troupes d'Irak puis d'Afghanistan qui n'arrangeait pas grand chose mais avait le mérite de provoquer moins de décès côté américain. Certains généraux US, c'est sûr, y voient désormais un retrait honteux, une retraite sans gloire, et un deuxième Viet-Nam, comme ça leur avait été pourtant prédit partout depuis des lustres (et par moi-même, ici-même !), ce qu'ils refusent d'accepter : les dissensions entre pouvoir politique et militaires ne datent pas d'hier aux USA.
Ce sentiment diffus d'insatisfaction et de morts pour rien, on le partage aussi en France, et comme le partage également Michael Yon, dont je vous ai beaucoup parlé ici tant il a fait depuis des années un boulot de journaliste indépendant assez monumental, ayant découvert seul beaucoup de choses (dont l'implication directe de l'ISI avec l'épisode des "bâtons pakistanais", notamment) : la désillusion l'emporte largement chez beaucoup, vis à vis d'Obama, comme il nous le dit dans un de ses plus récents billets, amer et écœuré, mais si juste, intitulé "Obama a cafouillé en Afghanistan" :
"Cette année, les pertes se sont poursuivies. En Mars, à Sangesar, trois afghans formés tournent leurs armes contre les Américains, tuant le sergent-chef Jordan Bear de Denver, et le spécialiste Payton Jones de Marble Falls, Texas. Un autre soldat a été blessé. C'est le prix à payer pour apaiser des narco-terroristes islamiques. J'étais dans le secteur l'an dernier et les années précédentes, et c'était surtout sur les combats. Nos jeunes soldats peuvent être fiers, et si vous les aviez vus en action, vous seriez étonné de voir leur courage et leur professionnalisme. Le désordre nous les fourre dans une honte nationale. Nous avons reçu environ la moitié des troupes nécessaires à la stratégie annoncée, puis on a commencé à les sortir avec un délai de politique intérieure qui n'a rien à voir avec la guerre. La "Surge" (une offensive militaire organisée par Petraeus pour reprendre la main) a été une perte complète de l'effort accompli jusque là. L'Amérique a vu à la fois le président Obama et le gouverneur Romney appuyer notre stratégie en Afghanistan au cours de leur dernier débat, où les forces de la FIAS doivent former l'armée afghane et la police comme un prélude à notre désengagement en 2014. Il s'agit d'une stratégie biaisée, avec les Afghans qui tuent tant de leurs formateurs. Au moins 30% des stagiaires afghans doivent être remplacés chaque année en raison de leurs désertions et de la corruption endémique. Les Afghans formés pour remplacer les forces de la coalition, ça ne fonctionne pas. Comme nous descendons en effectifs, l'ennemi sera en mesure de se concentrer sur moins de troupes. Les unités afghanes vont s'effondrer, et les politiciens afghans corrompus vont enfin prendre la fuite à Dubaï. Nous devons encore réduire nos pertes et supprimer la majeure partie de notre force. Même si Obama a choisi de rentrer à la maison, il n'est nullement garanti que Romney va faire mieux. Si Romney est élu, il aura besoin d'une plus grand dépanneuse. On lui promet d'avoir la même chance que celle qu'Obama a reçue. Rien de moins, rien de plus".` Le constat de Yon est amer, mais c'est l'un des plus proches de la réalité sur le terrain. L'afghanistan est perdu, il faut s'y résoudre.
Le bilan final de la politique américaine post-Bush est là, et en Afghanistan, par exemple, il est déplorable comme le dit Ahmad Ashraf, neurochirurgien franco-afghan : les soviétiques ont fait place aux extrémistes religieux qui balaieront très vite la démocratie : "Je ne crois pas que c'était une erreur d'avoir contribué à chasser les Russes. Mais c'était une erreur de miser sur le fondamentalisme religieux pour arriver à ces fins. Cette "stratégie" a montré ses effets dévastateurs. Effets qui ne se sont pas limités aux frontières de l'Afghanistan (...) Le chaos est déjà là. Les talibans sont considérés comme indésirables par la majeure partie de la population afghane. L'ennemi numéro 1 de la population afghane ne se réduit pas à des individus ou un groupe d'individus mais aux conséquences d'une guerre qui a entraîné le chaos. La société afghane est désormais détruite par la corruption, le narcotrafic, l'insécurité... Les Talibans et les Américains ont leur part de responsabilités dans cette situation". L'intervention de G.W.Bush aura fabriqué un narco-état de plus (il existait avant, mais les talibans avaient au départ fait baisser la production de pavot, avant de faire comme la CIA, et se servir comme revenus d'appoint pour la guerre) : terrible conclusion !
En Afghanistan, c'est une guerre pour rien, qui se termine, donc, une de plus, initiée par G.W.Bush (mais dont les racines remontent à l'ère Reagan) : "il y a en effet "un risque réel que le régime de Kaboul ne s'effondre après le départ des troupes de l'Otan", prévu à la fin 2014, estime Candace Rondeaux, analyste à l'ICG. Police et armée afghanes sont "dépassées et insuffisamment préparées pour la transition", une "nouvelle élection bâclée et les soulèvements en résultant pourraient les pousser vers le point de rupture". Tout le monde s'accorde donc à conclure la même chose : personnellement, je ne donne pas quinze jours après le départ des américains pour voir fuir Karzaï à Dubaï, les valises pleines d'argent, comme l'ont déjà fait un bon nombre de ses ministres ou des membres de son clan familial ! Cela, tout le monde le sait. Mais ce n'est pas du tout le moment de le clamer, à la veille des élections américaines, où l'un des deux prétendants, qui avait tant envie de se débarrasser d'Hamid Karzaï, à dû se résoudre à travailler avec lui (*), s'il voulait que la transition vers l'autonomie militaire du pays se fasse plus ou moins correctement. Elle ne se fera jamais totalement, le gouvernement de Karzaï tombera avant ; mais ça non plus il est interdit de le dire en ce moment, amiral ou pas pour le dire. On en reparlera une fois le président élu. Ou pas du tout, ce vers quoi on s'achemine plutôt, à mon humble avis, Romney n'ayant pas pipé mot lors de l'évocation en débat de la politique extérieure américaine. Quel que soit le candidat élu de l'autre côté de l'Atlantique, l'Afghanistan est déjà considéré comme perdu ! Alors, que des généraux ou des amiraux ruent parfois dans les brancards n'y changera rien. Mais ce n'est pas le moment de le dire, tout simplement... au moment où un président en exercice se fait présenter dans les médias comme exécuteur en chef de Ben Laden...
PS : on aura une pensée à la lecture de ce texte pour les 88 morts français, en Afghanistan, dont le plus jeune, Kevin Chassaing, tué en 200 ! à Surobi, avait...19 ans seulement.
On peut regarder l'excellent reportage ici sur la guerre en Afghanistan.
http://www.youtube.com/watch?v=TcPfXyYe68U
http://www.youtube.com/watch?v=EREzCuu5tMM&feature=related
http://www.youtube.com/watch?v=TcKa_fVHUeY
http://www.youtube.com/watch?v=TA_PADEyTuU
Ou le "cauchemar afghan" d'Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier. Ce pourquoi ils étaient partis :
http://www.youtube.com/watch?v=b8kpOZWGaGM&feature=related
(*) le parallèle avec les frères Diem au Viet-Nam venant automatiquement à l'esprit : "Il fait peu de doute que si l’Amérique pouvait trouver un remplaçant plus crédible, elle se débarrasserait de Karzai. Mais la leçon de l’expérience avec Diem a sans doute induit de la prudence. En 1963, l’administration Kennedy donnait son accord tacite à l’armée sud-vietnamienne pour un coup d’État contre Diem. Mais le renversement et le meurtre de Diem firent que rendre la mission américaine déjà fragile au Vietnam encore plus intenable. Les dirigeants américains craignent probablement un résultat similaire en Afghanistan s’ils encourageaient les adversaires de Karzaï à le renverser." Pour mémoire, Ngo Dình Diem, président de la République du Viet Nam, sera renversé par un coup d'État fomenté par la CIA et mené par le général Dương Van Minh. On retrouvera les frères Diem assassinés dans un véhicule blindé de transport de l'armée.
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