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Accueil du site > Tribune Libre > Objectifs Copé : Matignon 2012 et Élysée 2017

Objectifs Copé : Matignon 2012 et Élysée 2017

Nouvelle étape dans la carrière politique de Jean-François Copé, une émission politique de grande audience qui vise à le hisser parmi les « grands » de la vie politique française. Une allure à la fois décontractée et solide, qui ne manque cependant pas de faire apparaître une certaine fragilité. Une homme de plus en plus incontournable.

On dira ce qu’on voudra de Jean-François Copé, dents longues jusqu’au plancher, langue de bois un peu plus subtile que la moyenne, moi, je l’apprécie car il est à la fois transparent, presque fragile dans sa trajectoire, tout en étant dense intellectuellement et imposant politiquement.


Grande émission télévisée

Jean-François Copé était l’invité de l’émission politique (la seule du PAF ?) d’Arlette Chabot "À vous de juger" ce jeudi 10 juin 2010 sur France 2. Malgré ses nombreuses prestations télévisées depuis une quinzaine d’années, c’était sa première grande émission et il l’a préparée consciencieusement comme un futur bachelier à l’oral du bac.

C’est l’émission qui veut cela, puisqu’elle commence par un portrait relativement flatteur de l’invité, mais on peut être en effet subjugué par le garçon de 8 ans qui placardait des affiches de Georges Pompidou dans sa chambre. Une situation loin d’être exceptionnelle quand on connaît l’enfance d’un Dominique Baudis ou encore d’un Nicolas Dupont-Aignan. La plupart des personnalités politiques sont des passionnées de la vie politique dès leur plus "tendre enfance". L’argument de vente du jeune Copé pour draguer les filles était son obsessionnel : "je serai Président de la République", un argument qu’il a reconnu peu efficace auprès de ses "cibles".

Trente-huit ans plus tard, à 46 ans, le petit garçon est devenu l’un des personnages-clefs de la majorité présidentielle, nageant désormais dans la cour des grands, avec derrière lui déjà quinze ans de responsabilités nationales.


Un parcours remarquable

Élu maire de Meaux en juin 1995, à 31 ans, devenu député au même moment par la magie de la suppléance de Guy Drut nommé ministre (le plus jeune député à l’époque), Jean-François Copé, qui a fait Science Po et l’ENA, a connu l’échec très tôt puisqu’il est une des nombreuses victimes de la dissolution de 1997 (dans une triangulaire fatale avec le FN au second tour). Il doit attendre juin 2002 pour retrouver son siège de député, après un quinquennat de "traversée du désert" qu’il effectue pas loin de… Nicolas Sarkozy (en disgrâce de Chiraquie), et qu’il met à profit en s’infiltrant (le mot n’est peut-être pas bien choisi) au sein du RPR puis de l’UMP. À l’époque, il était une force de proposition proche du Premier Ministre Alain Juppé.

C’est donc la différence avec les autres jeunes grands ambitieux de la vie politique française dont l’objectif était l’Élysée depuis leur jeunesse : Valéry Giscard d’Estaing, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. Lui, Copé, il a connu l’échec électoral à 33 ans.

À la différence aussi des personnalités citées, il n’a pas évolué que dans le monde politique et connaît assez bien le monde économique en commençant sa carrière de haut fonctionnaire à la Caisse des dépôts et consignations, à Dexia Crédit local et à l’Institut des managers du développement local. Pur "produit" de l’immigration (d’origine roumaine, algérienne et tunisienne), il est confronté à Meaux aux enjeux de l’intégration.

C’est à la réélection de Jacques Chirac que Jean-François Copé commence à se faire connaître nationalement par son entrée au gouvernement à 38 ans où il siège de 2002 à 2007 : Secrétaire d’État chargé des Relations avec le Parlement (il avait été directeur du cabinet de Roger Romani dans ce même ministère), puis, après une brève période au Ministère de l’Intérieur (auprès de Dominique de Villepin entre mars et novembre 2004), il est nommé au Budget jusqu’à la fin du quinquennat. Pendant ces cinq années, Jean-François Copé est aussi un très médiatique porte-parole du gouvernement.

En mars 2004, il s’impose aussi comme le leader de l’UMP aux élections régionales en Île-de-France (sans succès) après les ennuis judiciaires de Pierre Bédier initialement pressenti.

Soutenant (par défaut) la candidature de Nicolas Sarkozy en 2007, Jean-François Copé n’obtient aucun ministère mais réussit à rebondir avec la présidence du groupe UMP à l’Assemblée Nationale qui devient une position centrale dans la vie de la majorité présidentielle, renforcée par la réforme des institutions au point que certains ont trouvé qu’il avait plus d’influence que le Président de l’Assemblée Nationale lui-même, Bernard Accoyer. Jean-François Copé a pris personnellement une part décisive aux discussions sur la réforme de l’audiovisuel public, sur la loi contre la burqa, sur la réforme des retraites, sur cette réforme des institutions et sur beaucoup d’autres sujets.


« Je n’ai rien d’autre à offrir que du sang, du travail, des larmes et de la sueur » (Churchill)

Sur France 2 face à Arlette Chabot, Jean-François Copé a développé des idées relativement graves : le recul de l’âge légal de la retraite à 63 ans au lieu de 60 ans pour 2020 et la réduction des dépenses de l’État et des niches fiscales « au rabot », souhaitant que chaque ministère fasse 10% d’économie, en expliquant que l’Allemagne, qui a une situation budgétaire assez proche de celle de la France, fait beaucoup plus d’efforts pour réduire les déficits publics.

Malgré ces mesures peu enthousiasmantes, Jean-François Copé a montré tout au long de l’émission un véritable optimisme et une foi en l’avenir, décrivant les services publics comme parmi les meilleurs du monde et insistant énormément pour faire apprendre l’anglais massivement aux Français, considérant que la France doit se faire entendre dans le monde et pour cela, il faut savoir parler anglais (il a lui-même été scolarisé dans un établissement bilingue, à Jeannine-Manuel).


Parlez anglais !

En effet, contrairement à ce que les défenseurs inefficaces de la francophonie peuvent imaginer, c’est l’anglais qui est le meilleur vecteur de propagation de la culture et des valeurs françaises dans le monde, parce que l’anglais est la langue des échanges internationaux d’aujourd’hui, qu’on le regrette ou pas, c’est une réalité humaine qu’on ne peut pas nier (mais qui peut évoluer). La ratification de l’Accord de Londres par la France (en 2008) sur les brevets européens est allée dans ce sens.


Duel Copé vs Duflot

L’émission s’est terminée avec un duel entre Cécile Duflot, la leader des Verts, et Jean-François Copé. Il n’y a pas de doute que Jean-François Copé est un excellent débatteur à la télévision et il avait largement pris l’ascendant par exemple lors d’un débat avec François Bayrou le 11 décembre 2008 dans la même émission.

Cécile Duflot est, elle aussi, une excellente débattrice mais elle avait en face d’elle un interlocuteur assez coriace qui a montré qu’elle n’était plus la jeune femme de 35 ans naïve et entrée par hasard en politique mais qu’elle s’était, elle aussi, comme lui, beaucoup préparée à l’émission (heureusement du reste).

Jean-François Copé a l’art de renvoyer les balles (ou les scuds).

À propos par exemple du sourire du responsable UMP qui met mal à l’aise Cécile Duflot car elle ne sait plus où est la sincérité affichée et où est la langue de bois (« Même quand vous dites des choses graves, vous avez un petit sourire parce que vous êtres content d’être là »). Jean-François Copé a su rattraper la remarque en pointant du doigt le sourire de son interlocutrice quand elle parlait de la pollution de l’eau dans l’Ouest (un sourire qui montre un peu trop toutes les dents). Après cette réplique, Cécile Duflot n’a plus osé sourire.

Ou encore à propos des relations avec leurs proches "camarades" (ou rivaux) de parti. Cécile Duflot s’est amusée ainsi à évoquer les propos de Xavier Bertrand, secrétaire général de l’UMP, ce qui a encouragé Jean-François Copé à lui lancer à la figure les récents propos de Daniel Cohn-Bendit (à ce petit jeu, rien de constructif n’est offert aux téléspectateurs citoyens).

Au final, la joute aura sans doute profité aux deux protagonistes, à Jean-François Copé qui confirme (mais qui en doutait ?) qu’il est un talentueux débatteur et à Cécile Duflot hissée elle aussi dans la cour des grands.


Candidatures élyséennes

La véritable cour des grands, c’est évidemment le cercle des candidats à l’élection présidentielle de 2012. Potentiels, virtuels, ou même déjà déclarés.

Cécile Duflot n’y songe pas encore mais sa candidature est forcément dans sa logique (elle souhaite ardemment une candidate écologiste en 2012 et qui mieux d’autre qu’elle pourrait représenter Europe Écologie après ses deux succès de juin 2009 et mars 2010 ?).

La position de Jean-François Copé est plus complexe. Lui est très clair sur son soutien plein et entier à la candidature de Nicolas Sarkozy, qu’il souhaite absolument, considérant qu’il faut autant défendre son bilan (donc avoir agi) que présenter un projet pour l’avenir. Dominique de Villepin ne représente donc pas, selon lui, le meilleur candidat.

C’est peut-être la première personnalité politique qui calcule si loin à l’avance, qui projette si longtemps en avance les campagnes présidentielles. Comme Nicolas Sarkozy ne pourra pas se représenter en 2017 depuis la réforme des institutions, cibler l’échéance de 2017 permet à Jean-François Copé de ne pas avoir, pour l’instant, de rival déclaré et il sait très bien qu’en politique, la méthode Coué est très efficace (Nicolas Sarkozy n’avait-il pas fait la même chose entre 2002 et 2007 ?), surtout auprès des barons du parti dont il aura besoin le soutien le moment venu.

Jacques Chirac, contre les conseils de quelques gaullistes comme Alain Peyrefitte, n’aura pas voulu attendre si longtemps et préféra tenter sa chance dès 1981 (à l’âge de 48 ans, même âge que Valéry Giscard d’Estaing en 1974). Jean-François Copé aura 53 ans pour la campagne présidentielle de 2017, soit presque le même âge que Nicolas Sarkozy (52 ans) en 2007.


Avant l’Élysée, Matignon ?

Mais avant cela, Jean-François Copé a besoin de franchir une étape supplémentaire pour être crédible. Une étape qui a d’ailleurs manqué à François Bayrou et à Ségolène Royal en 2007 : celle de gouverner au plus haut niveau.

Il a l’intention de participer pleinement à la conception du projet présidentiel de l’UMP en 2012 à l’aide de son club de réflexions "Génération France" qu’il a fondé en 2006 pour lui servir de réservoir à idées. Son objectif est de présenter des propositions dès le début de l’année 2011.

Et en cas de succès électoral en 2012, qui mieux que Jean-François Copé à Matignon pourrait mettre en œuvre un tel projet ?

C’est encore très loin dans les esprits.

À trop se focaliser sur des échéances encore très virtuelles pour les Français, Jean-François Copé risque cependant de rester un peu trop longtemps à découvert.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (11 juin 2010)


Pour aller plus loin :

Vidéo "À vous de juger" du 10 juin 2010 sur France 2.
Dépêches sur la prestation de Jean-François Copé.
Cécile Duflot et 2012.
Site officiel de Jean-François Copé.
Site de son club de réflexion Génération France.



 

Documents joints à cet article

Objectifs Copé : Matignon 2012 et Élysée 2017 Objectifs Copé : Matignon 2012 et Élysée 2017 Objectifs Copé : Matignon 2012 et Élysée 2017

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10 réactions à cet article    


  • Yvance77 12 juin 2010 13:28

    Salut,

    Tiens encore un article suce boules pour un individu répugnant, arriviste comme pas deux, de ceux qui trahissent si bien une nation.

    Il me fait penser à Toucon ... pardon Toubon à ces débuts. La même veine ... genre morte-couille.

    Je suis pas de droite que Dieu me préserve ... mais si vous en voulez un bien louchez du côté de Dupont Aignan ... voila au moins quelqu’un d’honnête. Autant que ce soit possible en politique pour sur !

    Même De Villepin à plus de valeur que ce traitre ... c’est dire.

    A peluche


    • morice morice 12 juin 2010 13:38

       Dupont Aignan ... voila au moins quelqu’un d’honnête. 


      lui ? vous rigolez ! 

    • Tythan 12 juin 2010 14:37

      Je suis tout à fait d’accord pour trouver cet article assez complaisant envers Jean-François Copé. Ce dernier est un personnage qui ne m’est que peu sympathique : il est pour moi le symbole de l’arrivisme, d’une certaine arrogance. 


      Pour autant, il serait bon de ne pas sombrer dans la caricature et de clouer au pilori un homme politique qui malgré tous ses défauts, annonce la couleur. Je ne crois vraiment pas que JF Copé soit de ceux qui trahissent leur nation, rien ne permet de l’affirmer aujourd’hui (et heureusement).

      Moi aussi supporter de Nicolas Dupont-Aignan, je n’ai jamais compris ceux qui sombraient dans l’antiparlementarisme, le fameux « tous pourris », si commode pour éviter de réfléchir. 

    • morice morice 12 juin 2010 13:35

      ah Sylvain s’est trouvé un nouveau champion !! 


      Mais avant cela, Jean-François Copé a besoin de franchir une étape supplémentaire pour être crédible. Une étape qui a d’ailleurs manqué à François Bayrou et à Ségolène Royal en 2007 : celle de gouverner au plus haut niveau.

      Pour un ministère, il peut se le carrer : lui et Sarko se HAISSENT profondément.. 
      alors il peut faire quoi : au perchoir ? va falloir faire tomber le mari de Mam : pas simple l’affaire, connaissant l’oiseau et ce que SAIT sa femme sur Karachi...

      qui tient en effet Sarko par les couilles, Sylvain, sinon MAM, qui sait TOUT des manips de gros sous de la campagne Balladur : or il en sait quoi Copé, de ça : peau de balle. Peut pas exercer la pression qu’elle exerce....

      Et en cas de succès électoral en 2012, qui mieux que Jean-François Copé à Matignon pourrait mettre en œuvre un tel projet ?

      premier ministre en 2012 ? Ben faudrait DEUX CHOSES : 
      1) que Sarko soit élu : en terminant son quinquennat à -80 d’opinions positives, c’est pas fait.
      2) faudrait que Sarko arrête de le haïr autant et lui avec : ça en prend pas le chemin.

      À trop se focaliser sur des échéances encore très virtuelles pour les Français, Jean-François Copé risque cependant de rester un peu trop longtemps à découvert.

      c’est ça : qu’il achète plutôt un casque lourd, avec les exocets que va lui balancer l’autre en face avant 2012..

      le DEAL a été signé 
      Nicolas Sarkozy compte sur Jean-François Copé pour que les députés UMP ne succombent pas à la tentation Fillon. « Les deux hommes ont passé un deal, confie un conseiller de l’Elysée. Copé s’est engagé à tenir le groupe dans la perspective de 2012, et Sarkozy va le laisser se déployer dans la perspective de 2017. » Ce conseiller ajoute : « Sarkozy a topé avec Copé pas seulement à cause du danger Fillon. Il considère que les élections régionales ont montré les limites de Xavier Bertrand, qu’il ne classe plus parmi les présidentiables« . 

      2017 ; pas 2012... c’est »je te déteste, Copé, mais je déteste encore plus Fillon qui fait le double de mes scores ou presque sans jamais RIEN faire...

      Bref, Sylvain, à trop admirer votre DROITE, vous manquez de plus en plus d’uppercut..

      • ravachol 12 juin 2010 14:16

        Hier soir,j’ai regarde a la tele pendant 5 mn cope-duflot,spectacle affligeant !!


        • leypanou 12 juin 2010 16:01

          « Pur »produit« de l’immigration (d’origine roumaine, algérienne et tunisienne) » : c’est tout ? Il n’a pas vécu en HLM aussi non ? Que c’est malin de taire certaines informations quand on veut caresser son préféré dans le sens du poil.
          « C’est l’émission qui veut cela, puisqu’elle commence par un portrait relativement flatteur de l’invité » : de la part d’A. Chabot, faire une émission un peu « à la gloire » de Copé ne doit pas être bien difficile.
          « tout en étant dense intellectuellement et imposant politiquement » : mettons-le en face de, par exemple Jean-Luc Melenchon, pour voir s’il est vraiment dense, avec un autre arbitre qu’A. Chabot !


          • Deenye Deenye 12 juin 2010 20:05

            Copé...

            ...ce gars-là est un minable, du genre à dire « je vais pas balancer Cohn-Bendit à la figure », mais qui le fait la seconde suivante...

            Ce mec a été elu député dans ma circonscription en 2002, j’avais jamais vu une telle campagne de diffamation auparavant...

            Il est prêt à tout, et il l’avoue lui-même : son ambition est d’être président, tout le reste il s’en fout, de toute façon c’est un opportuniste très semblable à Sarko...

            Son seul projet c’est « moi, moi, moi »...
            ...chose qui énerve déjà passablement les français depuis 2007...


            • bernie54 13 juin 2010 00:04

              HUMMM !Rien d aute à faire qu écrire un article sur un des plus détestables homme politique de l époque ?Cherchez bien Sylvain....Peut-être un article(objectif) sur Jean-luc MELENCHON ? CHICHE !


              • thierry 18 juin 2010 15:42

                 C’est vrai que Jean-François Copé est désormais l’une des figures les plus crédibles à droite. Et au moins il est franc sur ses ambitions, ce qui est un gage de confiance 


                • sylvie 18 juin 2010 15:45

                  Il a littéralement écrasé Duflot lors de ce débat. C’est un orateur remarquable qui peut clouer sur place n’importe quel intervenant. Alors que pourtant les mesures qu’ils annonçaient étaient comme même assez « lourdes ». Bref, Matignon en 2012 me semble crédible

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