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Occidental dream

Enfants fuyants leur village attaqué au napalm au nom des grandes utopies, visage torturés de douleur et de terreur, fuyant leur monde perdu, le petit univers protégé de l’enfance, abandonnant la peau en lambeaux, le cadavre de leurs parents, une maison en flamme, page de leur courte vie définitivement tournée, mais vivants… photographie mythique... et pour cause...

Kim Phuc, brûlée au napalm - Nick Ut

Kim Phuc, brûlée au napalm - Nick Ut (1972)

 

Elle résume, illustre, plus que tout autre le résultat de plus de deux cent ans d'universalisme.

Car n’oublions jamais que ces enfants transformés en torchères flambent pour le bonheur de l’humanité, qu’il soit marxiste, démocratique ou capitaliste.

Ils flambent, au nom de la liberté, de l’égalité, de la fraternité, petites torchères du progrès social, petites flamèches des Lumières qui deviendront grandes...

D’autres avant eux ont flambé, ou ont été broyés par les bombes, ou bien gazés, décapités, exécutés, car il fallait bien la construire la société nouvelle.

Car préalablement au bonheur, à la démocratie, au pouvoir du peuple, la violence est nécessaire… dictature du prolétariat, combat du Bien contre le mal qu’importe… le sang doit couler…

Naguère on envoyait les masses aux croisades, puis au nom de la Révolution, au combat sur les mornes plaines d’Europe Centrale, puis encore au nom de l’Empire, puis de la République.

Générations de gamins embrigadés depuis les croisades, jusqu’aux chimères afghanes, ivoiriennes et lybiennes… en passant par Valmy, Austerlitz, Waterloo, Sedan, Verdun, Gaza… toujours au nom du Bien contre le mal.

En 1789 on guillotinait au nom du peuple, en Afghanistan, en Libye on lapide…

La France dépositaire du bon goût, de la Liberté, de l’Egalité, de la Fraternité, n’a pas fini d’exporter son savoir faire morbide et totalitaire.

L’abject intellectuel à la chemise blanche l’éructe sur les ondes tout les jours, sans que les cerveaux hypnotisés par la pensée démocratiste ne réagissent plus.

Démocratie, pouvoir au peuple, Droits de l’Homme, mots d’ordres mobilisateurs, onde porteuse de la violence et du capitalisme le plus cynique. L’autre côté de l’Atlantique n’est pas en reste et depuis 60 ans nous a même largement dépassé.

France, Europe, Amérique donneuses de leçons. Exportatrices de modèle politique, de « modèle social »...

Et puis qu’importe les individus, qu’importe cette petite fille en lambeaux, ce petit garçon avec son masque de terreur… leur bonheur (ils n’ont rien demandé) ne dépend pas d’eux. Il dépend comme à Téhéran, à Tripoli ou à Pyongyang de ce qui est écrit.

Bible, Coran, livre sacré, livre rouge, livre vert, chartes, manifestes… le secret s’y trouve enfermé, là et les sachants doivent le faire connaître, le faire reconnaître… de force si besoin, puisque c’est pour le Bien… Demain comme dans la France des Lumières, à bout de souffle, vous serez heureux.

Guerre perpétuelle… Merci au Président de la Démocratie Française de continuer à invoquer ce 11/11/11 le sang versé à flot par des générations de français pour souder la « Nation », autre invention géniale des brillants penseurs jacobins.

Ainsi, les uns parlent, invoquent au nom du « Peuple », les autres au nom de la « Nation »… mêmes élucubrations, même machine à broyer… dégénérescence incantatoire... imposture.

Des charniers d’Auschwitz aux ateliers de la Chine industrieuse, des plages surpeuplées de la côte d’Azur aux concerts de Johnny, dans les champs de bataille, dans le métro, dans les embouteillages, tous égaux, tous pareils…massification, grégarisme.

La faillite économique dévoile l’illusion des décennies de mensonges, de confort matériel pour tous, de progrès social, de démocratisation de tout, de suffrage universel… Occidental dream.

On bouffe, on boit, on voyage, on consomme, on vote, on défèque, on se pâme, le bonheur bourgeois pour tous.

Bonheur garanti par des décennies de soumission au pouvoir économique, politique, aux syndicats, aux médias, aux saltimbanques de la pensée, à la pub, aux marchands.

La faillite, c’est la réalité enfin dévoilée. C’est salutaire une faillite…c’est dur aussi. Formatés pour être peureux et asservis, on recherche de nouvelles chimères, on s’invente de nouveaux slogans, on s’indigne, on revendique, on invoque ILFO YAKA et FOKON, on prépare de nouvelles aventures…

C’est bien en restant libre des dogmes, en refusant les compromissions, en agissant selon ses aspirations intimes, en refusant cette massification que l’individu trouvera sa voie, et non dans une quelconque indignation revendicative.

Cette image, ces enfants martyrs de la monstruosité qu’on leur impose, incarnent au-delà de leur souffrance une espérance : l’élan vital et la prédominance de l’individu sur le collectif.


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4 réactions à cet article    


  • Hermes Hermes 14 novembre 2011 17:06

    Bonjour, je partage votre émotion sur ces images de destruction, et des événements plus récents en afrique, Irak, Lybie ou Palestine pourraient hélas être tout aussi aussi atroces.

    Mais l’individu n’est une solution globale que s’il se réveille en grand nombre.... sinon il n’est solution que pour lui-même, non ?

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