OccupyDefense : des conditions indignes des Indignés !
Le vendredi 4 novembre au soir, des Indignés, après avoir passé plusieurs mois à la Bastille, avaient décidé d'installer un campement au pied de la Grande Arche de la Défense.
Dès la fin officielle de la manifestation, les forces de l'ordre ont chargé, arrachant les tentes et les cartons, harcelant les irréductibles durant toute la nuit, leur "confisquant" leur nourriture, pour finir jusqu'à leur arracher des mains les couvertures de survie avec lesquelles ils se protégeaient de la pluie.
Les Indignés ont réagi avec une retenue, n'opposant à la brutalité policière que leur volonté et la résistance passive.
Quelques jours plus tard, les forces de l'ordre ont arraché une bâche sous laquelle des manifestants se protégeaient de la pluie pour écrire.
Depuis une semaine, les Indignés vivent donc sans tentes. Sans meubles. Ils doivent étendre les couvertures humides sur une grille de métro pour les faire sécher au lieu de les placer à la verticale.
Ils n'ont pas droit au balais pour nettoyer le campement, parce que le manche pourrait être considéré comme arme, ni même de toilettes.
Sous le couvert des lois contre les campements illégaux, les forces de l'ordre interdisent donc aux Indignés de subvenir à leurs besoins fondamentaux de protection contre le froid et d'hygiène.
"On a des ordres pour que les Indignés ne puissent rien apporter qui améliore leur confort", à déclaré un CRS le onze novembre (Source).
Cette attitude dénote une stratégie délibérée de la part des forces de l'ordre.
Elles ont tout d'abord joué le pourrissement de la situation, pensant qu'après les vols de matériels et de nourriture du 4 novembre, la détermination des Indignés, lentement rongée par le froid et le vent glacé soufflant sur l'Esplanade de la Défense, laisserait place à la résignation.
Il n'en fut rien.
Face à la volonté des Indignés et des quelques pilliers du mouvement qui se relaient pour dormir sur place, cette stratégie n'a pas marché. Au contraire, la devise des Indignés est alors devenue : "On ne lâche rien".
Pourtant, les forces de l'ordre continuent de l'appliquer. Pourquoi ?
De manière beaucoup plus subtile, ne pas leur donner droit de camper dans des conditions décentes, c'est retirer aux Indignés leur dignité : c'est, volontairement, les avilir, les transformer pour les faire correspondre aux préjugés de leurs opposants : ces derniers ne les voient-ils pas comme des sortes de néo-hippies crasseux et puants, tremblant de froid pour une cause utopique et absurde ? Et même, si la situation empire, ne serait-ce pas un prétexte tout trouvé pour évacuer le camp pour des raisons d'insalubrité, avec l'approbation de la population ?
Il est probable que cette pression policière n'entamera pas la volonté des Indignés. J'ignore ce qui sortira de ce mouvement, ni quelle direction il prendra. En revanche, dans une société où il est plus facile d'avouer un adultère que de ne pas prendre une douche par jour, il est certain que la volonté des forces de ne pas permettre aux Indignés du campement de la Défense de vivre dans des conditions d'hygiène décente risque d'entamer la crédibilité de ce mouvement.
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