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Octobre rose… Le saint des seins !

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Dépistage du cancer du sein... Et l’industrie du cancer avec ses agences gouvernementales, ses entreprises pharmaceutiques et biomédicales, ses hôpitaux, ses cliniques, ses universités, ses sociétés professionnelles, ses fondations à but non lucratif (qui pourtant encaissent maous) et ses médias au balconnet. Derrière ces rondeurs féminines, un business en milliards se développe et va bien au-delà d’un bonnet de taille 95 B… Quant à ces mammographies ? Douleurs, risques de résultats erronés et exposition à des rayons ionisants ce, tous les deux ans pour les femmes de 50 à 74 ans.[i] Bref, osons poser la question ? Est-ce que ce « sein-frusquin » est-il vraiment utile ?

Cancers et surdiagnostic : John Horgan[ii] explique une découverte récente, à savoir, le surdiagnostic  : de nombreuses personnes sont porteuses de cellules cancéreuses ou précancéreuses qui, si elles n’étaient pas découvertes et traitées, n’auraient jamais compromis leur santé. Des études d’autopsies montrent que de nombreuses personnes décédées de causes non cancéreuses sont porteuses de tissus cancéreux. Aujourd’hui, les tests de dépistage ne peuvent pas faire de distinction entre les cancers nocifs et inoffensifs. Les dépistages généralisés ont conduit à un surdiagnostic généralisé, des détections inutiles de cellules cancéreuses non nocives. Ces surdiagnostics entraînent à leur tour des chimiothérapies, des radiothérapies et des chirurgies inutiles et au final un surtraitement. Le docteur Gilbert Welch a été un des premiers à mettre en évidence le surdiagnostic, qu’il a qualifié d’« effet secondaire malheureux de notre exubérance irrationnelle pour une détection précoce ». Son livre « Le surdiagnostic : rendre les gens malades par la poursuite de la santé »,[iii] montre comment surviennent le surdiagnostic et les pièges liés aux examens de routine faits sur des bien portants transformés en potentiels patients. En France, concernant le dépistage du cancer du sein, Bernard Junod,[iv] épidémiologiste,[v] un lanceur d’alerte sur le surdiagnostic.[vi] Les mammographies et les tests d’antigène spécifique de la prostate (PSA) ont conduit à des taux particulièrement élevés de surdiagnostics et de traitements excessifs du cancer du sein et de la prostate. En comptabilisant les effets nocifs et mortels des dépistages, « est composé par les dommages mortels dus au surdiagnostic et aux faux positifs ». Selon Michael Baum, spécialiste du cancer du sein, co-fondateur au Royaume-Uni du programme de dépistage qui plaide pour l’abandon de ces programmes qui, selon lui, pourraient écourter plus de vies qu’ils n’en prolongent.[vii]

Une communication culpabilisante : selon le discours ambiant, extrêmement anxiogène pour les femmes, qui induit l’idée que refuser de se soumettre au dépistage organisé est une attitude irresponsable. Il y a un slogan bien stressant : « Une femme sur huit risque de développer un cancer du sein. » La réalité : selon Catherine Hill, épidémiologiste à l’Institut Gustave-Roussy, il s’agit d’une surestimation basée sur un calcul portant sur une population fictive suivie de la naissance à cent ans et plus. « Ce qui est pertinent, c’est le calcul pour une femme d’un âge donné suivie sur une durée donnée. Ainsi, le risque de diagnostiquer un cancer du sein dans les dix années est de 1,9 % pour une femme de 40 ans, de 2,1 % pour une femme de 50 ans, de 3,2 % pour une femme de 60 ans. » Une autre réalité : le cancer du sein n’est pas une cause fréquente de décès. En 2013, 4,2 % des femmes en sont mortes ; à titre de comparaison, 27 % ont succombé à une maladie cardio-vasculaire. Si on estime que le dépistage organisé permet une baisse de 20 % de la mortalité par cancer du sein, c’est à peine une femme sur cent qu’il pourrait sauver (20 % de 4,2 %)…[viii]

Comment répondre au surdiagnostic ? Dans la prise de décisions conjointe, le médecin traitant devrait discuter de la possibilité du surdiagnostic, car il peut être néfaste pour le patient. Il serait vital d’en parler avant de s’aventurent dans une cascade de dépistages aux conséquences nuisibles. Une étude réalisée en Australie signalait que plus de 90 % des femmes qui avaient eu une mammographie n’avaient pas été informés de cette possibilité de surdiagnostic. Lorsque des femmes de 48 à 60 ans ont été informées de l’ampleur possible de ce problème, elles étaient bien moins enclines à subir un dépistage par mammographie. Cependant, et selon nos connaissances médicales, il est difficile actuellement d’expliquer le concept du surdiagnostic parce qu’il est intrinsèquement paradoxal.[ix] Cependant, c’est au patricien d’informer, et non d’imposer, il faudrait donc sortir du schéma actuel : sachant, non sachant qui prévaut.

Ah, le petit ruban rose : nous sommes bien en plein dans La Société du Spectacle à but humanitaire et c’est Bourdieu qui doit bien se marrer ! Pensez, porter ce petit truc à la boutonnière fait de chacun en un instant un humaniste de la cause des souffrances des femmes. Sa signification ? Le symbole international de la lutte contre le cancer du sein. Il est utilisé pour sensibiliser à cette maladie, promouvoir l'importance du dépistage précoce et soutenir les personnes touchées par ce cancer. Mouais… Chaque année, les levées de fonds en tous genres rapportent des millions de dollars, car la cause rassemble et mobilise. Par la même occasion, toutes sortes de compagnies y trouvent leur compte. Un exemple parmi tant d’autres : les supermarchés Leclerc[x] : qui invitent leurs clients à réaliser leurs courses en y ajoutant un zeste de solidarité. Chaque passage en caisse et paiement par carte bancaire peut permettre de participer aux actions de lutte. Enfin, la vente de plusieurs produits en magasin est accompagnée d’un reversement au bénéfice de la Ligue contre le cancer… Ce qui met du beurre dans les épinards du chiffre d'affaires du mois d’octobre du magasin, associé au déballage d’Halloween. Et en avant les affaires qui roulent, ma poule, n’oublie pas ton masque ! Il ne faut pas être un génie en économie pour s’apercevoir qu’un pin’s portant le signe du ruban rose est perçu nécessairement mieux qu’un autre pin’s sans prétentions philanthropiques. L’argent s’entasse, sans données claires concernant l’allocation des fonds, ni de détails sur la coordination des recherches ou sur les résultats obtenus. Cette campagne, ou plutôt ce circus semble entre autres clamer haut et fort que plus il y aura de contributions, plus grandes seront les chances d’éliminer la maladie… Ah bon, le pognon et l’agitation pourraient guérir de cette pathologie ? En fait, la véritable hypocrisie des campagnes du ruban rose réside dans le fait que des compagnies telles qu’Avon ou Estée Lauder, des leaders dans le secteur des cosmétiques, sont aussi les compagnies qui vendent des produits de beauté contenant des composants chimiques, non écolos et cancérigènes.[xi] Le cancer du sein est devenu l’enfant chéri du marketing social et l’exploitation de cette maladie à des fins lucratives ne cesse de prendre toutes les couleurs et toutes les formes telles les campagnes de lutte contre le VIH, les maladies cardiovasculaires, et autres campagnes. Solliciter le pékin est devenu une niche du secteur économique qui devrait s’appeler « À vot bon cœur ! » Mais où sont donc les autorités qui glanent chaque année des centaines de milliards en taxes et en impôts. Mais où sont-ce-elles ?

La question à se poser : ne serions-nous pas face à ce qu’on nomme du marketing de causes en opportunisme commercial ? Car, pour le capitalisme noborder, il n’y a pas de meilleur business que le charity business !

Georges ZETER/octobre 2024

Vidéo : Octobre Rose 2022 : l’arnaque continue. Par Jeremy Mercier


[ii] John Horgan dirige le centre de littérature scientifique à l’institut de technologie Stevens. https://www.stevens.edu/

[v] Bernard Junod,[v] épidémiologiste, enseignant et chercheur à l’Ecole des Hautes Etudes de Santé Publique de Rennes.


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10 réactions à cet article    


  • Lynwec 23 octobre 2024 16:21

    Si on peut considérer les cellules « cancéreuses » comme des malfaçons de la reproduction cellulaire, on peut aussi envisager le fait que le système immunitaire, en charge de détecter les corps indésirables et de les éliminer, fasse bien son travail durant la période la plus saine de la vie humaine, soit la jeunesse et l’âge adulte, puis, suivant le mode de vie plus ou moins sain, commence à donner des signes de fatigue et ne fait plus son boulot, laissant alors proliférer les mauvaises cellules...

    Bien sur, envisager cette possibilité et axer la lutte contre le cancer sur une meilleure hygiène de vie, y compris en éliminant par décision d’état (et individuelle) la malbouffe et tous les produits toxiques distribués (de plus en plus généreusement à notre insu) « pour notre bien », c’est beaucoup moins attrayant pour les machines à fric basées sur votre santé, que ce soit les professionnels de santé (qui ont plus intérêt à voir revenir le client qui passera à la caisse qu’à le guérir définitivement), les vendeurs de potions magiques et les politicards qu’ils corrompent...

    De même que l’industrie des tests a permis à certains pharmaciens de se faire « des couilles en or » pendant la covidiotie, le business de la « prévention du cancer du sein » n’est assurément pas innocent...et fait peut-être plus de mal que de bien...



      • Bernard Mitjavile Bernard Mitjavile 24 octobre 2024 12:22

        Cette question du surdiagnostic est connue depuis un certain temps mais il est important de la rappeler. En effet, on a à faire à de telles campagnes de propagandes que le public finit par suivre sans se poser de questions.


        • mmbbb 24 octobre 2024 13:11

          Les femmes nous cassent les couilles à longueur et elles nous demandent de courir pour leurs nichons .


          • ZenZoe ZenZoe 24 octobre 2024 14:02

            ll y a un vrai business derrière le dispositif de prévention, ça c’est clair et je le sais parfaitement. Les lobbies sont derrières et poussent à la dépense. Les professionnels de la santé sont avant tout des marchands de soins, qui quelquefois jouent sur la peur de la mort. Il y a des excès, avec des sur-examens et des charcutages pardon des opérations pas forcément indispensables voire même nuisibles (je pense par exemple aux radios à répétition).

            Pour autant, le cancer du sein est une calamité pour les femmes, ça je le sais aussi. Et il est très répandu ! Je lis vos chiffres l’auteur, mais je sais que les chiffres sont toujours calculés et présentés selon des paramètres biaisés, et je préfère l’enquête de terrain smiley. Et de fait, depuis que je suis petite, j’entends et je connais quantité de femmes dans mon entourage qui en ont eu un. Certaines en ont réchappé, d’autres pas. Pour toutes, un traumatisme.

            Alors va pour le dépistage, pendant que c’est pris en charge en plus. Et se renseigner, peser le pour et le contre de toute opération proposée, garder la tête froide surtout, mais ne pas cracher sur un dispositf qui ma foi peut sauver des vies.


            • ZenZoe ZenZoe 24 octobre 2024 14:03

              ... derrière.. (Toujours pas de possibilté d’éditer avec AX ?)


            • Julian Dalrimple-sikes Julian Dalrimple-sikes 24 octobre 2024 14:19

              Salutations, en fait pour commenter je reprends votre fin de propos :

              La question à se poser : ne serions-nous pas face à ce qu’on nomme du marketing de causes en opportunisme commercial ? Car, pour le capitalisme no border, il n’y a pas de meilleur business que le charity business !

              merci.


              • LeMerou 25 octobre 2024 06:18

                @Julian Dalrimple-sikes

                Aussi, je pense pareil. Ce dernier paragraphe résume à mon sens l’affaire. Ce qui m’à le plus étonné, c’est la similitude du petit ruban avec un autre... Etant loin de tout, je l’ai vu fleurir un beau matin sur un rond point, me demandant sa signification...

                L’ARC est mort par les escroqueries, il est remplacé... 


              • Julian Dalrimple-sikes Julian Dalrimple-sikes 25 octobre 2024 08:11

                @LeMerou

                Salutations oui je pensais sans le dire aussi à cet ARC, qui est remplacé oui.. dont je me rappelle l’affaire..avec jacques croze marie et sa somptueuse villa dans le var, pardonnez moi mon ignorance mais à quel autre ruban faites vous allusion ? merci.


              • OJBA 24 octobre 2024 20:50

                « Les dépistages généralisés ont conduit à un surdiagnostic généralisé, des détections inutiles de cellules cancéreuses non nocives. Ces surdiagnostics entraînent à leur tour des chimiothérapies, des radiothérapies et des chirurgies inutiles et au final un surtraitement. » Ah p’tain oui, mais qu’est-ce que ça rapporte comme blé au corps médical dans son ensemble, généralistes, spécialistes, pharmacies, labos d’analyse, hopitaux, cliniques, labos pharmaceutiques qui nous sortent tous le 2 ans un médicament « miracle » dont on n’entendra plus parler dans 2 ans, assos et fondations de tout poil qui n’oublient pas de prélever un écot substantiel avant de financer ceux pour lesquels elles ont été crées, ....

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