OGM, Roundup : c’est Noël en avance pour Monsanto
Voici une info qui est passée sous le radar médiatique en raison des élections régionales.
Le 8 décembre 2015, la commission européenne a autorisé 2 nouveaux OGM produits par la société Monsanto cela fait donc deux "cadeaux" en l'espace de trois semaine pour la mutlinationale américaine.
Des cadeaux de Noël en avance pour Monsanto
Le 23 novembre 2015, j’écrivais un article concernant l’EFSA (agence européenne de sécurité des aliments) qui avait décidé de ne pas suivre la recommandation du centre international de recherche contre le cancer (CIRC).
Le CIRC venait de publié un avis qui classait le Glyphosate comme cancérigène.
Le Glyphosate est le principe actif du « Roundup » la société…Monsanto.
Quand on sait qu’un simple avis de l’OMS concernant la dangerosité de la charcuterie a suffi à provoquer une chute des ventes de 6%, on peut logiquement penser que Monsanto remercie l’EFSA de n’avoir pas suivi la publication du CIRC.
Précision : les deux OGM qui ont été autorisés le 8 décembre sont connus et conçus pour résister…au « Roundup ».
En somme les actionnaires de Monsanto peuvent remercier les institutions européennes de ces deux cadeaux de Noël en avance.
Mais est-ce bien étonnant quand on connait les conflits d’intérêts qui gangrènent l’EFSA ?
Comment une telle décision a-t-elle pu être prise ?
Concernant la procédure d’autorisation, c’est assez simple :
1) L’EFSA émet un avis sur la variété.
2) La commission peut suivre ou non son avis et présente un règlement aux états.
3) Les états votent et pour bloquer le règlement il faut atteindre la majorité qualifiée. (Au moins 72 % des États membres représentant au moins 65 % de la population.)
Si cette majorité qualifiée n’est pas atteinte, alors l’autorisation est promulguée.
4) Les états à titre individuel peuvent s’opposer aux autorisations en produisant des études scientifiques qui doivent être validées par…. L’EFSA qui doit donc se déjuger…
On se rappelle évidement des polémiques sur l’étude du professeur Seralini. (Précisions : Le professeur a gagné un procès le 23 novembre 2015 face à ses détracteurs.)
Le problème du processus d’autorisation des OGM réside bien dans la méthode de scrutin car il est aisé de voir que la majorité qualifiée est très difficile à obtenir sur une telle question qui divise les différents pays de l’organisation bruxelloise.
Par exemple nous avons vu le 13 février 2014 un OGM être autorisé contre l’avis de 67% des états membres, 61% des eurodéputés et 70% de la population.
Pour comprendre le mécanisme et la complexité d’atteindre la majorité qualifiée le conseil européen a mis en place un simulateur de vote.
Amusez-vous à essayer de bloquer les décisions de la commission européenne !
L’hypocrisie des eurodéputés
Les eurodéputés n’ont comme dans beaucoup d’autres domaines qu’un rôle consultatif concernant cette décision. Ils se sont prononcés contre l’autorisation de ces OGM.
Voici un extrait du communiqué publié sur le site de l’europarlement :
« Dans sa résolution, la commission de l'environnement précise que la procédure d'autorisation actuelle pour les produits d'alimentation humaine et animale génétiquement modifiés fonctionne mal. Elle ajoute que toutes les autorisations de tels produits devraient être suspendues jusqu'à ce que la procédure soit améliorée.
La résolution fait remarquer que depuis que le processus actuel id'autorisation des OGM est entré en vigueur, chaque décision d'autorisation a été adoptée par la Commission sans le soutien d'une majorité qualifiée d'États membres - l'exception étant ainsi devenue la norme. »
Pour commencer cet extrait valide les explications que je vous ai données précédemment :p
Le plus important est surtout que les eurodéputés, si prompt à s’indigner de la toute-puissance de la commission européenne, ont également refusé le principe d’une directive qui prévoyaient de laisser plus de libertés aux états concernant l’autorisation ou non des OGM…
A l’époque les eurodéputés nous expliquaient que s’ils avaient refusé la proposition de laisser plus de pouvoir aux états c’est surtout parce que cela représentait un retour en arrière vis-à-vis des principes du marché commun.
En somme ces « représentants » du peuple sacrifiaient donc l’aspiration d’une majorité de citoyens à refuser toute prolifération des OGM par pur dogmatisme européen.
Pour une fois la toute-puissance de la commission européenne sert nos intérêts, l’avis du parlement n’était que consultatif (encore !) et elle ne l’a pas suivi (encore !) et a donc proposé la directive aux états.
La France a transposé dans le droit national les nouvelles possibilités offertes par la commission européenne pour interdire les OGM le 25 novembre 2015.
Le gouvernement à surveiller
Alors cette petite victoire concernant un retour à la souveraineté nationale concernant un sujet aussi essentiel que l’équilibre du vivant est grosse avancée comparativement au système dictatorial prévalant auparavant.
Cependant il convient de surveiller nos élus qui bien souvent se cachaient derrière la toute-puissance de la commission européenne pour ne pas assumer certaines décisions soutenue par la France au niveau européen.
Il faudra par exemple surveiller notre premier ministre, qui en 2012 lors des primaires du PS, s’était montré favorable au OGM.
Et donc la bonne nouvelle c’est que pour une trop rare fois, les états peuvent individuellement autoriser ou non la culture et la diffusion d’OGM sur leurs sols !
Un (petit) recul de l’organisation bruxelloise ?
Oui ! Et ce n’est pas pour me déplaire !
Chassez-les par la porte, ils reviendront (peut-être) par la fenêtre.
Enfin il convient de préciser que si c’est une petite victoire pour qui défend la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes, il ne faut pas oublier que ces deux OGM sont théoriquement autorisés dans l’union européenne.
Ainsi suivant le déroulement des négociations concernant le traité transatlantique, il est probable que ces OGM soient de facto considérés comme autorisés dans l’UE et circule librement au sein de ce grand marché dont le but et de s’affranchir des obstacles réglementaires et tarifaires entre les deux blocs continentaux.
Les négociations concernant ce traité étant secrètes (sauf pour certains industriels), il convient donc de rester prudent mais il faut garder ce facteur à l’esprit :
Il est probable que cette liberté temporaire donnée aux états de chasser les OGM par la porte puisse être un leurre afin de qu’ils passent par la fenêtre avec l’entrée en vigueur de l’accord commercial.
Pour mieux comprendre ces processus de décisions au sein de l'organisation Bruxelloise, je vous suggère l'excellent ouvrage collectif : L'idéologie européenne.
==============================================================
Vous pouvez me soutenir en effectuant un achat bio, équitable dont une partie du bénéfice sera reversée à des associations sur : http://aufildesidees.org/
Libraire citoyenne avec des livres gratuits, libres de droits ainsi que des t-shirt bio, équitables et engagés.
19 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON