OGM : Une consultation publique sans conviction
Le gouvernement vient de lancer une consultation publique pour la mise en place d’expérimentations de plantes génétiquement modifiées (PGM). Sur les 14 expérimentations, 11 concernent des maïs résistants au principal polluant des cours d’eau français, le glyphosate (connu sous le nom de « Round Up »). Se targuant de favoriser la recherche, le ministère de l’agriculture promeut ainsi une pratique productiviste néfaste pour l’environnement et particulièrement dangereuse pour la santé.
Oubliant le débat actuellement en cours au sein de la société française et européenne, ainsi que le rejet quasi-unanime des OGM par les français, le gouvernement respecte à bon compte le droit en lançant une consultation publique sur plusieurs expérimentations en milieu non confiné. Si l’on parvient à se dépétrer des dizaines de pages (sans les annexes) présentant chaque expérimentation demandée par les industries biochimiques, le laconique rapport de la Commission du génie biomoléculaire (CGB) vient refroidir toute vélléité de réponse sensée ; pâle copier-coller d’un modèle ajusté au rapport industriel, il se dégage de ses responsabilités en délivrant rapidement un blanc-seing injustifié. En effet, aucune expérimentation sérieuse (évaluation des effets cumulés à long terme sur la santé et l’environnement) ne vient pour l’instant argumenter l’innocuité de ces plantes génétiquement modifiées (PGM).
La tentation est alors grande de tout rejeter en bloc. Un moratoire sur les OGM est plus que nécessaire (http://www.moratoireogm.fr), mais il nous faut aussi réagir aux expérimentations et faire entendre notre voix sur ces questions. Elles ne sont pas si techniques pour peu que l’on sache en extirper les informations pertinentes.
C’est pourquoi il convient de critiquer objectivement les dossiers présentés, afin que ne se reproduise pas la conclusion de la consultation de 2006 : un néant teinté de bonne conscience.
Ce qui suit concerne les expérimentations de maïs transgénique résistant au glypjosate (n° 01à 03 et 08 à 15) ; ces dossiers amène plusieurs critiques sévères à la fois sur le fond et sur la forme.
Sur le fond
Ces expérimentations de PGM concernent un maïs résistant au glyphosate. Le glyphosate et son produit de dégradation l’AMPA, sont « les principaux pesticides (en nombre d’analyses et nombre de stations différentes) responsables des déclassements en qualité mauvaise des points de mesure sur les cours d’eau » (rapport n° 5 de l’IFEN, août 2006, page 15).
Une étude épidémiologique conduite dans l’Ontario et portant sur des populations d’agriculteurs a prouvé que l’exposition de ceux-ci au glyphosate a presque doublé le risque des avortements spontanés tardifs. Le Professeur Gilles-Eric Séralini et son équipe de recherche de l’université de Caen en France, ont de leur côté décider d’approfondir les effets de cet herbicide sur les cellules du placenta humain. Ils ont maintenant prouvé que le glyphosate est toxique pour les cellules placentaires humaines, tuant une grande proportion de celles-ci après 18 heures d’exposition à des concentrations inférieures à celles qui sont employées en agriculture. De plus, le « Roundup » est toujours plus toxique que sa matière active, le glyphosate : sa toxicité est au moins le double. Cet effet augmente au cours du temps et il a été obtenu avec des concentrations de « Roundup » 10 fois plus faibles que celles utilisées dans les pratiques agricoles (lu sur le site de l’Institute of Science in Society).
Par ailleurs, concernant les essais de vérification en milieu non confiné, l’INRA sur son site considère que pour les essais se situant dans une perspective de mise sur le marché de produits ou d’innovations, « il pourrait être intéressant de procéder à des analyses globales sur les avantages et les contraintes ou risques de certains types d’innovation (par exemple, emplois d’OGM résistants à un herbicide dans un système agronomique global en comparaison avec d’autres systèmes de production). Les résultats de ces analyses pourraient être portés au débat sur la pertinence de ces types d’innovation. » Il ne semble pas que ces recommandations aient été prises en compte : une consultation publique à l’aide de documents massifs et très techniques ne peut décemment être considérée comme un débat. Aucune comparaison n’est par ailleurs menée avec des méthodes de productions alternatives.
Sur la forme
Je trouve particulièrement honteux que le communiqué de presse du ministère mette en avant le fait que « les expérimentations permettent à la recherche de progresser dans les domaines agronomique (résistance aux maladies ou aux insectes), environnemental (tolérance au stress hydrique...) et aussi du traitement de certaines maladies humaines (cancer, mucoviscidose...). » Cette collusion du ministère avec l’agriculture productiviste est honteuse : sur les 14 expérimentations soumises à la consultation publique, 11 concernent des maïs résistant au glyphosate et seulement une un tabac produisant un antibiotique.
Pour les 11 expérimentations précisément, il ne s’agit que de favoriser un certain mode de production, mode qui utilise une grande quantité d’un herbicide néfaste pour l’environnement et particulièrement dangereux pour la santé. L’attitude de la commission du génie biomoléculaire (CGB) est à ce sujet particulièrement lâche quand elle annonce que « l’évaluation de l’impact sur la faune liée à l’utilisation du glyphosate ne relève pas de [sa] compétence ».
De qui relève alors cette compétence ? Puisque le ministère de l’agriculture semble défendre les intérêts de l’industrie agro-chimique, qui défend les intérêts des citoyens ?
(Le texte qui précède peut être utilisé sous cette forme pour répondre à la consultation publique ; pensez à préciser en tête du texte que vous vous opposez à cette expérimentation et à présenter vos motivations afin de le personnaliser.)
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