Oklahoma City : le spectre d’un changement climatique dangereux ?
Le président Barack Obama a déclaré lundi 21 mai l'état de catastrophe majeure dans l'Oklahoma. Une tornade de 3 kilomètres de large, avec des vents allant jusqu'à 300 kmh, a dévasté la banlieue d'Oklahoma City (1 244 327 habitants). Les dégâts sont considérables et le bilan humain pas encore arrêté mais il sera au moins de 91 morts. Même si le lien n'est pas établi formellement avec le dérèglement climatique, ce drame démontre que même les pays les plus développés de la planète restent impuissants face aux événements naturels majeurs.
Le XXème siècle a été le siècle des grandes guerres. Le XXIème sera celui des grandes catastrophes naturelles dit-on. Le rapport mondial sur le développement humain de 2007-2008 est illustré dès sa première page d'une citation de l'écrivain suédois Sven Lindqvist : "Vous en savez déjà suffisamment. Moi aussi. Ce ne sont pas les informations qui nous font défaut. Ce qui nous manque, c’est le courage de comprendre e que nous savons et d’en tirer les conséquences".
Le drame d'Oklahoma résonne en effet étrangement un peu plus d'une semaine seulement après l'annonce du dépassement du seuil, pour la première fois depuis quelques millions d'années, du seuil de 400 parties par million (ppm) dans l'hémisphère Nord, un marqueur qui illustre une progression constante de la teneur de C02 dans l'atmosphère. Or, ce seuil de 400 molécules de dioxyde de carbone pour chaque million de molécules dans l'air est considéré comme un niveau dangereux par la plupart des climatologues qui considèrent que la concentration de C02 dans l'atmosphère doit être freinée, voire ramenée à 350 ppm, afin que les pays du globe puissent réussir à contenir la hausse de la température moyenne sous les deux degrés Celsius d'ici la fin du XXIe siècle.
Durant les 800.000 dernières années, le niveau de C02 dans l'atmosphère a fluctué entre 180 et 280 ppm. A la fin du XIXe siècle, la concentration avait grimpé autour de 290 ppm. En l'an 2000, signe de l'accélération, un niveau de l'ordre de 370 à 380 ppm avait été atteint. Treize ans seulement plus tard c'est donc le seuil de 400 ppm qui est franchi. Cette accumulation rapide et massive de C02 ne saurait être sans impact.
Le constat est simple. Du fait des activités humaines, le climat terrestre s'altère à une vitesse sans équivalent dans l'histoire de notre espèce. Suffisamment pour que les effets de cette mutation soient tangibles : élévation du niveau des océans, destruction d'écosystèmes d'intérêt économique, augmentation de la fréquence et de la gravité des événements extrêmes.
Aujourd'hui, les connaissances sont avérées et l'ignorance n'est plus une excuse. Nous connaissons surtout les conséquences de l'immobilisme. Les événements d'Oklahoma City sont pleins d'enseignements. Ils tordent le cou à cette idée faussement rassurante que les personnes les plus défavorisées au monde sont les premières exposées. Un peu somme toute comme dans le cas du Titanic, qu'il y aura toujours des chaloupes de sauvetage pour les passagers de première classe. La fragilité de cette thèse est démontrée par les faits. Les effets du changement climatique ne se limiteront pas à des populations pauvres et lointaines. Aucune région ne sera épargnée à terme.
C'est bien la trajectoire actuelle de la planète, guidée par le mercantilisme et la cupidité qu'il faut revoir. Contre l'écolo-scepticisme et l'écolo-fanatisme, Eloi Laurent proposait dès 2011 une troisième voie, celle de la social-écologie qui a le grand mérite défendre une interconnection entre les questions écologiques et sociales.
Dans son dernier ouvrage, publié fin 2012 (Économie de l'environnement et économie écologique - Armand Colin) co-signé par Jacques Le Cacheux, Eloi Laurent s'intéresse aux avancées contemporaines de l’économie écologique. La question de la soutenabilité fait son chemin. A commencer en Chine où le pouvoir a compris qu'il y va de sa survie politique.
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