On a marché dans le vide
Des gens ont marché dans la rue. Quelles que soient leurs revendications, intimes, politiques ou autres, des gens ont marché dans la rue.
Et ils sont fiers d'avoir marché dans la rue pendant que la vie continue et que les contradictions se sont fermement ancrées dans le quotidien.
Tant d'absurdité dévoilée, et de faux-semblants à peine voilés.
On marche et on s'insurge, on défend des "trucs et d'autres", on crie et on pleure, certains savent pourquoi mais combien ?
De nombreux marcheurs (n'y voyez aucune allusion à la série Walking dead, on en est pas là, quoique...) ne savaient même pas pourquoi ils étaient là et/ou pourquoi ils devaient être là (et selon qui l'on se devait d'être là...). Certains jeunes étaient là parce qu'ils n'avaient rien d'autres à faire et que c'est toujours mieux d'être avec ses potes et de publier ça sur facebook, d'autres renvendiquaient fermement des convictions dont ils ne comprennent pas l'implication et qui ne sont pas les leurs, il y avait ceux qui étaient là parce que c'était bien d'y être, bien-pensance oblige, ceux qui étaient là pour jauger et/ou juger les autres, prendre le pouls, et certains égarés étaient là pour évacuer la tristesse et la douleur d'une attaque qui les a sincèrement touchés. Tout ça au sein d'un cortège mené par des clowns psychopathes, qui emprisonnent, fouettent, tuent.
Pendant ce temps là, des gamins de dix ans dans les écoles refusaient de faire une minute de silence sans savoir pourquoi si ce n'est ce qu'on leur a rabaché dans leur cercle intime, pendant ce temps là les discours : "bien sûr on condamne cet acte et le terrorisme mais les caricatures c'est choquant et c'est pas bien", pendant ce temps là on peut rire de tout mais pas avec n'importe qui.
Et pendant ce temps là tout le monde s'en fout, le troupeau a été conforté, regroupé, mené à l'enclos, il a eu le droit à un pâturage qui semblait plus vert que d'habitude, il a eu le droit de bêler tout son saoul et il est arrivé à bon port en attendant son départ vers l'abattoir.
Pendant ce temps là un journal qui se vendait à environ 30 000 exemplaires sera tiré à 5 millions d'exemplaires afin que chacun puisse clairement s'afficher dans la rue, au boulot, dans le métro, au dodo, avec son exemplaire tout puissant. Chacun pourra s'enorgueuillir d'avoir fait un acte citoyen, un acte de paix, d'amour (hop un lacher de colombes). Ces mêmes exhibitionnistes de la liberté qui en réalité ne savent pas ce qu'est la satire, la caricature (et peut être la bonne confiture).
Ridicules et absurdes.
Je n'ai plus les yeux embués de larmes, je suis juste en colère et encore je ne sais plus. J'ai peu de foi en la nature humaine, rien ne vient jamais contredire, à mon grand regret, cette conviction qui s'est installée.
Un jour j'ai fait un rêve, que chacun ait un minimum de curiosité, que chacun pense par lui-même, que chacun puisse défendre ses convictions avec des arguments.
Aujourd'hui, j'évite les bien-pensants, ceux qui ont leur journal, ceux qui ont fait vingt minutes de queue pour l'avoir, ceux qui ne l'ont pas eu, ceux qui te demandent si tu as réussi à en avoir un, comme si c'était le saint-graal ou plutôt un billet de loterie gagnant, ceux qui se gargariseront de l'avoir sans l'avoir compris ou même lu, ceux qui atteindront le point Godwin aussi vite qu'un éclair pour finir une discussion qui ne saurait tourner au débat.
Je vais me sentir bien seule aujourd'hui, ça tombe bien ma patience a quand même des limites.
J'irai rire de tout avec le peu de gens qui en sont capables.
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