• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > On nous dit que la droite a dix ans d’avance....

On nous dit que la droite a dix ans d’avance....

Parceque nous n'avons sans doute rien compris à ce qui se dit en ce moment et que rassurez-vous, la droite est sans doute un courant politique visionnaire.

Déjà, rien qu’en lisant le titre, vous devez sentir venir la blague à plein nez, et commencer à vous marrer ne serait-ce qu’en vous repassant l’idée en boucle.
Sans blagues ! A droite ils roulent à 88 miles à l’heure et vont au boulot en hoverboard. D’ailleurs, dans 10 piges, l’UMP c’est à peu près ça.

C’est forcément vrai, vu que c’est Hervé Mariton qui le dit. Et que Hervé, député UMP de la Drôme, c’est un mec 100% trustable et impartial et pas du tout du genre à partir en sucette…genre quand il décide soudainement de proposer à Crest [ville dont il est maire] une motion « contre le mariage de personnes de même sexe » dont le détail, présent dans le procès verbal de conseil communal, nous en apprend bien plus sur le sieur Mariton que ce qu’on pourrait lire ailleurs parc’qu’on peut quand même bien plus ouvrir sa mouille dans sa petite mairie que dans une interview donnée aux journaux nationaux.

Magnifique compte-rendu de réunion où on pourra le lire mélangeant mariage homosexuel et développement durable [marier des payday ça doit sans doute faire augmenter le taux de mercure dans l'atmosphère], adoption homo sexuelle et clonage humain [parc'que ma bonne dame, en filant des gamins à des tantouzes, on va leur donner le droit de s'cloner comme Dolly !].
Que du bon.

Bref !

En dehors du Mariage-Pour-Tout-Le-Monde-Même-Les-Moches ce qui m’intéresse [et me fait halluciner] particulièrement ce sont les réactions de notre bonne droite ainsi que leurs revendications « politiques ».
Dans l’ordre on retrouve :

- l’exigence de la reconnaissance « de la rue »
– donc l’exigence d’un référendum
– donc l’exigence d’un débat [comme si la question n'avait jamais été discutée]
– car dénonçant un passage en force du PS
– donc les tentatives de blocage législatif à coups de spam
– en se posant comme garant de la « démocratie »
– et fer-de-lance du progressisme [cf. au début]

Et là, normalement, toute personne n’ayant pas la mémoire d’un poisson rouge et/ou ayant un minimum de connaissance de l’histoire politique et sociale de notre pays, doit faire un putain de backflip dans ses chaussures.
Je compte bien rev’nir sur la notion de « débat » [mais dans un autre article] et donner un p’tit cours d’éducation civique à ceux et celles qui en auraient besoin, mais d’abord, quelques « détails de l’histoire » qui méritent qu’on s’y arrête….comme la Constitution Européenne rejetée en 2005 par référendum…et resservie sous le nom de Traité de Lisbonne en 2008 mais cette fois au parlement pour ne pas essuyer un second refus. Comme le disait Giscard sur son blog :

Dans le traité de Lisbonne, rédigé exclusivement à partir du projet de traité constitutionnel, les outils sont exactement les mêmes. Seul l’ordre a été changé dans la boîte à outils. La boîte, elle-même, a été redécorée, en utilisant un modèle ancien qui comporte trois casiers dans lesquels il faut fouiller pour trouver ce que l’on cherche.

Quand Sarkozy annonçait en 2004 Conseil national de l’UMP  :

Si nous croyons au projet Européen comme j’y crois, alors nous ne devons pas craindre la confrontation populaire. Si nous n’expliquons pas, si nous ne convainquons pas, alors comment s’étonner du fossé qui risque de s’amplifier chaque jour davantage entre la communauté Européenne et la communauté Nationale ? Je le dis comme je le pense, simplement. Je ne vois pas comment il serait possible de dire aux Français que la Constitution Européenne est un acte majeur et d’en tirer la conséquence qu’elle doit être adoptée entre parlementaires, sans que l’on prenne la peine de solliciter directement l’avis des Français.

Je pense aussi à la foule de personnes mobilisées contre la réforme des retraite [la dernière en date hein, parc'qu'il y en a eu des masses]…sans que le gouvernement ne change d’orientation [ce que, sur le fond, je ne reproche pas] ou la guerre contre le PACS [finalement adopté en 1999] menée, de 1990 à 1998, par une droite qui devait aussi avoir 10 ans d’avance.
Ou mieux, le référendum d’initiative populaire, promesse du candidat UMP de 2007 qui devait grosso-merdo permettre à 20% des représentant des deux chambres [Sénat et Assemblée] épaulés par 10% des électeurs inscrits de provoquer un référendum. Si l’idée a été introduite en 2008 dans l’article 11 de notre belle Constitution, la loi organique nécessaire à son application n’a jamais été votée. Tu m’étonnes John ! L’idée était belle mais quand on se rend compte que ça permettait de forcer la consultation sur des petits trucs comme les retraites, le nucléaire, la Constitution Européenne le Traité de Lisbonne, ou encore le bouclier fiscal voire les dizaines de lois sécuritaires pondues…on s’est sans doute dit que « nous à l’UMP avec nos dix ans d’avance, ben on en a sans doute pas besoin, en fait, de la consultation façon démocratie directe » [Voir ici, ou encore ici].

Enfin, je me souviens du débat moisi sur l’identité nationale qui nous a foutu un bordel sans nom, n’était aucunement maitrisé et a fini par être honteusement enterré après la défection de plus ou moins tout l’monde.

On pourrait remonter plus loin mais tout ça a logiquement dû suffire à vous remettre en tête ce que vous saviez déjà, à savoir que la droite, qui s’est toujours voulue « dure », « courageuse », « droite dans ses bottes », « forte » comme l’affirmaient Chirac, Juppé ou Sarkozy en leur temps et comme le crient aujourd’hui les Copé, NKM et Morano…n’est clairement pas [ni historiquement, ni par définition] porteuse de débats. Seulement, au pire, de polémique…Et c’est une notion complètement différente.

Les personnes citées plus haut, qui veulent également une droite « ambitieuse », avec, toujours d’après M’sieur Mariton, une décennie d’avance…s’était donc opposée [ou s'oppose encore], entre autre, à l’abolition de la peine de mort, au PACS, à l’Europe [c'était un des fondement du RPR], au droit à mourir [quel(le)s que soient les conditions et encadrements proposés]. Si on comptait sur eux pour être visionnaires et éclairés…

=======================================================================

Il faudrait arrêter de se leurrer : la droite est historiquement traditionaliste et autoritaire, et ses différents courants, qu’ils soient passés ou actuels, tirent chacun leurs origines et leurs fondements des « droites » ayant existé entre l’ancien régime et notre troisième république et, quelles que soient les adaptations les plus récentes de la droite [et des droites, au fond] comme par exemple, d’avoir réussit à rendre des jeunes contents de défendre l’immobilisme institutionnalisé… les courants bleus sont toujours plus ou moins teintés de bonapartisme ou d’un certain culte de la personnalité, de conservatisme social par pure conscience de classe [même si c'est un sale concept socialo-marxiste] passant par un traditionalisme souvent exacerbé ["Nous ne laisserons pas nos traditions disparaitre !"... ou la version indignée du "Pourquoi on changerait ? on a toujours fait comme ça"] et la division intra-classe n’opposant donc non pas les prolos aux autres, mais bien des individus de même classe sociale [généralement ouvrière ou moyenne] en basant le conflit sur ce qui les différencie entre eux [l'exemple le plus récent étant la fameuse "droitisation de l'UMP" ratonnant sur les pelouses FN].

Alors non, la droite n’a pas « dix ans d’avance » et, idéologiquement, ne les aura jamais puisque son concept même ne peut tendre [et ne tend] qu’à un immobilisme basé sur une idéalisation du temps passé. L’imagination même de cette configuration des choses ne devrait pas arriver ailleurs qu’au résultat obtenu en essayant de diviser par zéro à moins de vivre dans un paradigme complètement différent de celui du commun des mortels [comme c'est, visiblement et malheureusement, souvent le cas].

M’sieur Mariton, sérieux, arrêtez de vouloir nous la faire autant à l’envers ou, au moins, ayez la décence de mourir de honte de nous prendre à ce point pour des cons.

Parc’que moi, quand j’imagine la droite avec une Delorean, ça ressemble plutôt ça :


Moyenne des avis sur cet article :  4.67/5   (24 votes)




Réagissez à l'article

8 réactions à cet article    


  • Pelletier Jean Pelletier Jean 28 janvier 2013 19:30

    @l’auteur,



    Comme tout cela est bien et trés justement dit..... la droite est sans mémoire, quand elle perd les élections elle se régénére et avance sans passé, ce qui l’autorise à dire n’importe quoi.


    • escoe 29 janvier 2013 00:03

      Un très bon bouquin : ’Penser à droite’ d’Emmanuel Terray


      • révolté révolté 29 janvier 2013 09:47

        Droite,gauche,kézako... ???


        • mortelune mortelune 29 janvier 2013 10:10

          De mon coté je n’ai rien à ajouté, tout est dit et bien écrit sans aucune tâche, bravo !



          • mortelune mortelune 29 janvier 2013 12:03

            Une véritable gauche devrait être avec le peuple dans le combat contre l’oligarchie. Le hic ! c’est que depuis des lustres ce que les français appelent la gauche n’est qu’une mystification pour mieux tromper le monde et laisser la classe dominante au pouvoir. 

            Au mieux on peut trouver de véritables républicains comme jean Jaurès qui se réclament des valeurs révolutionnaires et de la déclaration des droits de l’homme tout en sachant en sachant que cette révolution dit clairement NON à la démocratie par la voix de Sieyes.
            A pire ils sont des agitateurs à l’image d’un certain Tournade qui proposait des fonds aux grévistes de Carmaux pour acheter de la dynamite. Une perquisition avait du reste permis la découverte de lettres du baron de Rothschild et de la duchesse d’Uzès

            L’oligarchie de fait, a de beaux jours à vivre puisque les français s’en accommodent très bien. Le nettoyage a été bien fait pour que cela dure longtemps, je le crains. Le pouvoir est donc réservé à un petit groupe de prétendants.

            « Les oligarchies institutionnelles sont les régimes politiques dont les constitutions et les lois ne réservent le pouvoir qu’à une minorité de citoyens. »

            « Les oligarchies de fait sont les sociétés dont le gouvernement est constitutionnellement et démocratiquement ouvert à tous les citoyens mais où en fait ce pouvoir est confisqué par une petite partie de ceux-ci. » ref


          • mortelune mortelune 29 janvier 2013 12:20

            Dans les faits le clivage gauche-droite existe encore et il est bel et bien alimenté copieusement par les « oligarchistes ». En tout vas vous aurez du mal à trouver de véritables républicains démocrates à droite alors qu’il est possible d’en trouver à gauche. J’insiste bien ! Si ce clivage existe de moins en moins dans les esprits il existe encore dans les faits. 

            Je ne connais aucune personne ayant voté UMP capable de soutenir activement les grèves et la classe ouvrière. Je ne connais aucune personne ayant voté UMP capable de me dire qu’il faut nationaliser les banques et les grandes entreprises stratégiques. J’en trouve quelques unes qui vont basculer dans les idées xénophobes FN...
            Evidement le parti socialiste actuel n’est pas un parti de gauche ça c’est bien clair.

          • Sword 3 février 2013 13:47

            Mais bien sur !

            La France ne peut être que dirigée par la droite !

            Et en effet, la droite est très visionnaire, d’ailleurs l’UMP nous l’a démontrée de son regard visionnaires vers ... les années Cinquante !
            Oui, comme l’église, la droite à une vison qui ne se trompe jamais, c’est celle du passé, et quand on peu défier les lois de physique quantique, on en arrive même à modifier l’histoire, ou une plante médicinale curative devient une drogue dangereuse et ses usagers (un tiers d’une nation) des criminels à enfermer... Même Nautradamus, n’aurait jamais imaginé cela !

            C’est sur qu’avec un regards tourné vers cet avenir là, nous avons toutes les chances que nos futures générations puissent s’épanouir dans une société aussi ouverte à l’évolution !

            Dans le même style, on dira bientôt aux gens que le Nazisme était un parti bienfaiteur de l’humanité !

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès