On y va, comme en 14 !
La paix en Europe est une fiction entretenue par l'UE : guerre de Yougoslavie (cible de l'UE : Croatie ...), guerre d'Ukraine (nouvelle cible de l'UE) ... Non, l'UE ce n'est pas la paix. C'est une structure politique en expansion par la guerre. Engagée en Ukraine, l'UE vise officiellement la victoire de l'Ukraine et le retour aux frontières de 1991, avant de s'y installer. Cela suppose l'engagement de l'OTAN ou du moins de pays de l'OTAN dans cette guerre. C'est à dire une guerre totale en Europe. C'est encore, toujours évitable.
Où ça ? Mais à la guerre, pardi.
Pourquoi ? Mais parce que, pardi.
Parce que si l'on ne voulait pas y aller, on n’aurait pas accumulé toutes ces "conneries" qui ne disent qu’une chose : on veut affronter la Russie, on veut y aller !
C’est contre intuitif, depuis l’abandon du service militaire et nos budgets militaires rikiki, depuis la promotion du mâle LGBT aux dépens du mâle blanc guerrier, ce dernier étant figuré comme un concentré du Mal.
Il n’empêche, on ne cesse d’avancer vers l’Est, d’y aller comme d’illustres précurseurs (pas tous si illustres que ça, du reste).
Sinon, comment comprendre pourquoi :
- pourquoi s’est on rendus complices du Maïdan organisé et financé par les néo-conservateurs américains (Nuland …), Fabius signant un accord immédiatement dénoncé par les insurgés, sans réagir car manifestement complice.
On savait pourtant l’Ukraine fragile, avec l’Ouest pro-occidental et l’Est pro-russe, chaque élection confirmant cette Ukraine à deux faces. On a voulu ignorer cette réalité, proclamant contre toute évidence la patrie ukrainienne unie, soudée dans la guerre contre l’agresseur russe (cf. la liesse populaire en Crimée en 2014 quand elle rejoint la Russie). Une politique criminelle qui menait à la guerre : comment détruire un pays.
- pourquoi a-t-on fait semblant de rechercher un accord à Minsk, qui aurait offert à l’Est de l’Ukraine une certaine autonomie dans le cadre de l'Ukraine, un maintien de sa langue maternelle, de ses liens historiques, économiques et familiaux avec la Russie, dans une Ukraine dominée par l’Ouest et ses alliés occidentaux. On sait aujourd’hui qu’on n’y croyait pas, tout en préparant l’Ukraine à la guerre avec la Russie. Politique criminelle.
- pourquoi a-t-on cru, avec les néo-conservateurs américains, que la question ukrainienne serait l’occasion de régler sans trop de dégâts pour l’Europe - contre toute évidence - deux questions aux dépens de la Russie : l’extension de l’OTAN afin d’affaiblir irrémédiablement la Russie, concurrente stratégique des USA car lourdement nucléarisée et régnant sur un territoire immense, et dans le même mouvement l’extension de l’UE vers l’Est avant de viser le centre du monde entre Mer Noire et Caspienne avec la Géorgie, l'Arménie … (l’UE et l’OTAN marchent de conserve, un couple indissociable).
Pourquoi sinon ce besoin, cette envie pressante d’affronter la Russie, de lui interdire toute zone d’influence suivant en cela les USA qui tentent la même chose vis-à-vis de la Chine, travaillant à l’isoler de ses voisins (Philippines, Vietnam, Corée du Sud, Japon ...). Politique criminelle qui conduit à la guerre.
Bruno Le Maire avait parfaitement assimilé cette stratégie : soit la Russie s’écrase et ne réagit pas à l’installation de l’OTAN-UE en Ukraine, et elle se retrouve marginalisée au plan international (Brzezinski/Obama avec l'idée de Russie « puissance régionale », contre la réalité géographique et physique), soit la Russie réagit et l’Occident la mettra à genoux, la tuera économiquement ou du moins forcera un changement de régime en faveur d’un pouvoir pro-américain.
Les choses n’ayant pas évolué comme prévu (la Russie ne s’est pas effondrée économiquement et il n’est pas question de changement de régime ni d’éclatement du pays), soit l’Occident s’est trompé sur l’état de la Russie (c’est possible), soit nous (l’Europe) sommes otages de la stratégie américaine qui est d’affaiblir en priorité l’Europe, l’Allemagne trop po-chinoise en particulier, avant d’affaiblir la Russie. Dans cette dernière hypothèse, c’est assez réussi.
L’Europe, si elle avait eu une politique étrangère qui lui soit propre, avait d’autres options que l’affrontement avec la Russie après la chute du mur de Berlin. Elle a suivi les USA, dont les intérêts ne coïncident pas toujours avec ceux de l’Europe, quand ils ne leur sont pas antagonistes. Mais nos « young leaders » (notre nouveau Ministre des AE en est), dressés à Washington, sont programmés pour n’en avoir pas conscience.
- pourquoi, après toute ces déconvenues (du moins pour l’Europe et l’Ukraine, peut-être pas pour les USA), dont la rationalité n’est pas facile à saisir pour un Européen, sinon qu’on y voit une fois encore, après les guerres d’Afghanistan et d'Irak, la manifestation de l’hubris de la superpuissance et le spectacle de l’impuissance européenne, c’est Macron qui part en guerre (il faut reconnaître qu’il s’est un peu calmé depuis ses saillies de début 2024).
Après ses échanges en cul de sac avec Poutine, Macron installe un tremplin pour sauter dans l’abîme : il parle d’envoyer l’armée française en Ukraine. Veut-il vraiment y aller ou c’est juste une posture pour s’afficher comme chef de la future armée européenne, devant l’Allemagne qui réarme (la France siège au CS de l’ONU et dispose de l’arme nucléaire, au contraire de l’Allemagne – énorme différence) ? Quelle que soit la réponse à cette question, Macron se prépare concrètement à y aller, prépositionnant ses soldats en Roumanie.
- pourquoi l’OTAN et l'UE, avec l’Ukraine, visent toujours la victoire, en dépit du fait que chasser les Russes de Crimée et du Donbass suppose que l’OTAN (ou des pays de l'OTAN) entre en guerre contre la Russie. Il est question de bombarder la Russie avec les armes américaines les plus puissantes et sophistiquées (hors nucléaire). Ce n’est que justice pensera-t-on vu les bombardements que les Russes infligent à l’Ukraine. Certes, mais cela nous rapproche de l’entrée en guerre de (pays) de l’OTAN et d’une nouvelle « guerre mondiale » en Europe.
Kroutchev, qui a failli nous précipiter dans la guerre nucléaire en 1962, est encore au cœur de ce conflit. C’est lui qui, avec Staline grand spécialiste des « nationalités » en URSS, a tracé les frontières de l’Ukraine de 1991 que l’OTAN défend pied à pied aujourd’hui, au risque d’une guerre nucléaire. Russie-USA toujours et encore depuis 78 ans, avec la bombe en arrière-plan, et le génial Kubrick en visionnaire. Ironie de l’histoire.
Tous ces « pourquoi » forcent la seule réponse logique, rationnelle : l’Occident veut affronter et affaiblir la Russie dans un esprit de conquête de nouvelles zones d’influence OTAN-UE, par la diplomatie si possible (Minsk) ou s’il le faut par la guerre (préparée par l'OTAN bien avant les débats à Minsk). De notre point de vue de puissance économique dominante (l’Occident au sens large) la Russie, puissance régionale selon Obama, doit céder à toutes les exigences occidentales.
Elle doit, sans réagir, admettre l’OTAN en Ukraine, accepter la séparation économique et culturelle d’avec les populations de l’Est de l’Ukraine pourtant très proches de la Russie, admettre l’extension potentielle de l’OTAN à Sebastopol puis vers la Géorgie, l’Arménie, l’Azerbaïdjan … sans que la question de la sécurité de la Russie ne soit mise sur la table : les USA l’ignorent superbement, sûrs de leur supériorité militaire, tout en dénonçant les accords de sécurité conclus avec l’URSS.
Cette politique occidentale conduit logiquement à la guerre de l’OTAN contre la Russie, et l’on s’en approche chaque jour. Pour le moment l’Ukraine seule est au cœur de cette guerre « by proxy », mais les avancées russes sur les terres ukrainiennes imposent à l’OTAN de s’impliquer davantage pour éviter la défaite.
Il est minuit moins le quart. Les Chinois s’inquiètent avec raison et appellent aux négociations. Trump prétend savoir régler ce conflit en quelques semaines. Macron s’est tu après ses envolées. Il est question d’une nouvelle réunion en novembre pour parler de paix en présence des Russes. Mais quelle paix ?
Car si le bloc USA-OTAN-UE (les USA en fait) maintient ses objectifs d’affaiblissement et de marginalisation de la Russie, il n’y aura pas de paix mais bientôt une guerre ouverte en Europe entre l’OTAN (ou pays de l'OTAN) et la Russie, c’est-à-dire potentiellement la 3ème guerre mondiale, même si les USA chercheront à la circonscrire à l’Europe.
Les « Le Maire », comme sans doute les « von der Leyen » pensent gagner cette guerre grâce aux USA. Sur le papier ils ont raison en comptant chars et avions, mais le monde réel risque de leur donner tort « at the end of the day ». Une guerre très risquée en tous cas compte tenu des densités de populations en Europe et le recours potentiel aux armes nucléaires.
Raymond Poincaré, lors de sa visite au Tsar fin juillet 1914 ne se doutait sans doute pas que la guerre allait éclater quelques jours plus tard et saigner la France. Mais il la savait possible. Ce qu’il ignorait certainement, est que cette guerre serait terrible, détruisant des générations de Français, impliquant le monde entier et condamnant des empires, donnant naissance au communisme pour finalement entrainer un second épisode encore plus terrifiant.
Les Biden, Poutine, Xi, Macron, Scholz … ne sont certainement pas plus lucides que Poincaré en 14, tout simplement parce que l’avenir est imprévisible. Ils ont cependant un avantage sur Poincaré qui entretient une lueur d’espoir, ils savent qu’une guerre ouverte en Europe serait la fin d’un monde, sinon d'une civilisation. Le reste du monde enterrerait l’Europe et passerait à autre chose.
Revenir aux négociations de début 2022 est la seule chance d’éviter cette guerre OTAN-Russie. Les Anglosaxons les ont refusées aux Ukrainiens en 2022 contre un soutien sans limites de durée et de moyens (hors nucléaire), pensant gagner contre la Russie à terme. Ils ont peut-être compris aujourd’hui qu’ils ne gagneront pas en Ukraine sans dégâts majeurs non seulement pour les Ukrainiens et les Russes mais pour eux-mêmes (et pour nous).
Au stade actuel, geler ce conflit en renvoyant sa résolution, dont la question de l’OTAN, dans un futur indéterminé est la seule chance d’éviter le pire. Les gens se répartiront ensuite par zones d’influence selon affinités, et le temps passera, faisant son œuvre.
Certains jugeront cette position et ce qui la soutient pro-Poutine et anti-Occident. Il s’agit au contraire de défendre un nouveau positionnement de l’Occident vis-à-vis du reste du monde, fondé sur la supériorité technologique et financière de l’Occident et sur l’abandon du néo-colonialisme idéologique basé sur des valeurs en partie discutables dans leur version occidentale : « démocratie-droits de l’homme-innovations sociétales ».
En effet, après Gaza et l’Ukraine et le deux poids deux mesures systémique occidental, le reste du monde n’y croit plus, avec raison. Les paroles historiques de G.W.Bush affirmant que « ce qui est bon pour l’Amérique est bon pour le reste du monde » s’avèrent fausses. Malheureusement, quelques zozos dans nos contrées, dont nos young leaders, y croient encore et prêchent le faux.
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