Oncle Sam et la propagande
« La propagande est aux démocraties ce que la violence est aux dictatures. »
Noam Chomsky.
En 1917, le président des Etats-Unis Wilson crée le « Commitee on Public Information » et fait appel à Walter Lippmann et Edward Bernays. L’objectif était de déclencher une hystérie antiallemande grâce à une propagande appropriée pour justifier aux yeux de l’opinion l’entrée du pays dans la première guerre mondiale.
Par la suite, Walter Lippmann écrira en 1922 le livre « Public Opinion » où il expliquera que la "fabrication du consentement" n'est pas nouvelle et qu'elle est essentielle à la démocratie. Pour lui, avec les moyens de communication de masse et la psychologie, on assiste à une révolution de cet "art". Il développe dans ce livre la notion de stéréotype bien connue en psychologie sociale.
Puis, en 1928, c’est Edward Bernays, neveu de Sigmund Freud, qui développera dans le livre Propaganda une théorie de la manipulation du "ça" des foules, considérant que la foule ne pense pas, mais qu'elle a des pulsions inconscientes.
En 1938 est organisé à Paris le Colloque Walter Lippmann où participeront des économistes et intellectuels "libéraux", où sera présentée une vision binaire du monde avec d'un côté le néo-libéralisme (loi du marché sans intervention) et de l'autre le totalitarisme.
En 1947, Lippmann popularise le terme de "guerre froide" entre les Etats-Unis et l'URSS pour motiver le public public par la peur des communistes sans avoir l'inconvénient de la guerre sur le sol national. La notion de "guerre froide" sera utilisée pour décrire les événements dans les autres démocraties, masquant ainsi le caractère belliqueux des interventions, généralement liées aux intérêts des multinationales.
Après la chute de l'union soviétique, un nouvel ennemi a été trouvé : « les terroristes islamistes « . Avoir un ennemi permet de justifier les dépenses militaires qui alimentent le complexe militaro-industriel.
En 1996, Samuel Huntington publie le livre Le Choc des Civilisations où il met en avant l'hypothèse de conflits basés sur les cultures et notamment les religions.
En 1997, Zbigniew Brezinski écrit Le Grand Echiquier où il explique comment maintenir la suprématie américaine, expliquant que l'opinion publique n'est pas favorable à la guerre, et que l'entrée dans la deuxième guerre mondiale n'a été possible que grâce à Pearl Harbour. Il écrit que pour arriver à un consensus international, il sera nécessaire que le public ait le sentiment d’une menace extérieure directe et massive.
En 1997 également, le cercle de réflexion « Project for the New American Century » est créé pour promouvoir le leadership américain. Il a été dissout en 2006. Dans un rapport de 2000, intitulé Rebuilding America's Defenses, on peut lire que "le processus de transformation risque d'être long [...] à moins d'avoir un événement catastrophique et catalyseur comme un nouveau Pearl Harbour".
En 2001 ont lieu les attentats du 11 septembre. Ils ont servi de prétexte à lancer une "guerre contre le terrorisme", incriminant Al-Qaida mais oubliant de mentionner que les terroristes en question ont été entrainés par les renseignements américain et français entre autres pendant la guerre froide contre les soviétiques. La propagande du terrorisme islamique est présente jusque dans les séries télévisées, où les gentils sont les américains.
En 2002 est créé le « Cercle de l'Oratoire », un groupe de réflexion français soutenant la guerre contre le terrorisme, le libéralisme sans limites, et confondant la xénophobie et le protectionnisme, l'anarchosyndicalisme et le bolchévisme, renvoyant dos à dos le nationalisme et l'extrême gauche. Ce cercle crée en 2006 une revue intitulée Le Meilleur des Mondes pour justifier le bien-fondé de la guerre en Irak. Le titre fait paradoxalement référence au livre d'Aldous Huxley où il dénonçait déjà un "nouvel ordre mondial" avec des sauvages à l'écart de la "civilisation". Il s'agit donc d'un groupe de réflexion dans la droite lignée du « Colloque Walter Lippmann » de 1938, le fascisme nazi ayant été remplacé par le "fascisme islamique".
Le lecteur pourra réfléchir lui-même à la conclusion à partir de cette citation de Bernays : " Notre démocratie ayant pour vocation de tracer la voie, elle doit être pilotée par la minorité intelligente qui sait enrégimenter les masses pour mieux les guider ".
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