Onfray : du libertaire atrabilaire à l’épicurien libertarien
On aime ou on a aimé :
-Le Onfray de l'Université populaire.
-Le Onfray briseur d'idoles et barbouilleur d'icones.
-Le Onfray qui nous invite à pratiquer une réflexion complexe, à rejeter les jugements binaires, et à cultiver une pensée multiple détachée des grilles de lecture préétablies ou des aprioris dogmatiques.
-Le Onfray qui estime que la pensée unique s'accorde avec toutes les idéologies, qu’elles soient de droite ou de gauche.
-Le Onfray qui nous incite à ne pas quémander les images pieuses d'un "calendrier de l'avent" au demeurant dépouillé de toute religiosité pour n'être plus qu'un "attrape-petit-nigaud" bassement commercial.
-Le Onfray qui fustige avec férocité le bouffon moraliste BHL et ses palinodies de démocrate professionnel, interventionniste et belliqueux.
-Le Onfray qui remet à sa juste place certaine bécasse prétentieuse, acrimonieuse et suffisante, qui sévit dans la sphère médiacratique, et qui pense que pour remplir son office de vestale de la pensée dominante et de l'ordre établi, il suffit d'accabler ses interlocuteurs de questions aussi stupides que répétitives.
-Le Onfray qui ne trouve ni saugrenue ni pernicieuse une alliance entre souverainistes de droite et de gauche contre l'Europe et l'Euro.
On aime moins :
-Le Onfray qui s'érige en porte parole d'un "peuple" au demeurant sommairement défini.
-Le Onfray médiatique, devenu plume prolixe et philosophe ultra lucarnier se plaignant d'être ostracisé, voire lynché par l'establishment mais se délectant apparemment de l'extension de sa notoriété, oubliant par ailleurs que celle-ci corrompt autant que les Pouvoirs qu'il se plait à dénoncer.
-Le Onfray qui se laisse aller à une certaine "sculpture de soi" et affiche parfois un contentement de ses réparties qui frise le cabotinage,
-Le Onfray aux formulations brillantes mais lapidaires ou réductrices, qui certes mettent en joie les téléspectateurs ou les lecteurs, mais qui ôtent à l'expression de ses idées le sel de la nuance ou lui confèrent une connotation démago-populiste.
-Le Onfray pour qui le brave et sympathique Poutou qui présentait pour une fois l'image d'un trotskysme innocent et pacifique, servit un soir chez Ruquier de tête de Turc un peu facile.
-Le Onfray qui invoque son passé chaque fois qu'il est interpellé sur ses nouvelles orientations, comme s'il suffisait d'évoquer ce que l'on a été pour nier les évolutions de son parcours.
-Le Onfray qui condamne haut et fort (à juste titre) les turpitudes de l'Occident et ses multiples campagnes guerrières à l'encontre des Musulmans pour arguer de sa non-islamophobie personnelle, et qui dans le même temps se plait et complaît à relever dans le Coran tous les versets qui viennent au secours de son argumentation anti-musulmane déclarée, ou rejoint ouvertement le camp des Zemmour, Finkelkraut, Houellebecq et autres contempteurs d'un Islam déclaré irréversiblement islamiste.
-Le Onfray tellement ambigu qu'il permet au Figaro, à Marine Le Pen, voire à Soral de le récupérer sans difficulté.
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