Opposons notre force à leur violence (terrorisme)
Le bonheur se trouve dans la force. Pour confirmer cette vérité, inversons la proposition : "le bonheur est dans faiblesse". On voit immédiatement que la seconde formule est erronée, absurde même. Or, la violence est une forme de faiblesse. Elle produit donc, non pas du bonheur, mais du malheur. C'est la force qui est fondatrice d'équilibre et de bonheur. A la violence des terroristes, il nous faut opposer notre force et notre bonheur (qui en est le résultat). C'est ce qu'a montré le lieutenant-colonel par son action et par son sacrifice. Malheureusement, sa leçon n'est pas assez écoutée et la polémique repart bon train. L'indécence des anathèmes et des propositions populistes tranche avec la dignité du héros et de sa famille.
Mais cela dit, que pouvons-nous faire concrètement pour contrer le terrorisme islamiste ? Premièrement, il faut se montrer cartésien. Descartes divisait le problème complexe en autant de parties possibles pour tenter de le résoudre. Deuxièmement, nous devons dresser l'état de nos forces et de nos faiblesses.
I - Diagnostic cartésien du mal terroriste
Il faut disséquer le phénomène du terrorisme afin de le traiter dans chacune de ses composantes. Quelles sont ses composantes ? Je vais essayer d'en faire une liste à peu près exhaustive.
1 - Une composante de mal contagieux
Face à cela, il faut se comporter en bon médecin épidémiologiste, à savoir, identifier les foyers du mal, les sujets et les groupes les plus exposés. Avant même d'envisager un traitement (social, juridique et politique), le médecin appliquerait les recettes classiques : isolation des sujets contagieux, traitement préventif et "vaccination" des personnes qui ont été en contact avec les sujets contaminés. Le traitement préventif peut prendre la forme de l'éducation, du service civique obligatoire. Oui, on peut voir le terrorisme islamiste comme un mal contagieux, mais le qualifier ainsi n'a de sens que pour le traiter dans cette composante sans oublier les autres composantes du mal.
2 - Une composante sectaire
Il paraît que le président Macron aurait lâché le mot de "secte". En ce cas, la question se pose dans les termes suivants : peut-on laisser une secte propager ses idées par voie de livres, de messes, de médias et de réseaux sociaux ? Si c'est une secte, appliquons à ce mal les moyens que l'on destine à la lutte contre le sectarisme dangereux.
3 - Une compostante d'éducation
Le salafisme mais aussi la haine de notre république s'enseignent dans des écoles privées, des mosquées, des prisons, etc. Nos armes pour faire face à cet aspect éducatif du phénomène est un contrefeu d'éducation. Nous devons nous armer culturellement pour anticiper cette dérive et la contenir. Nous devons trouver les nouveaux vecteurs de valeurs qui sont les nôtres. Le gendarme tué à lui seul est un de ces vecteurs. Son geste est éducatif au sens fort : il montre la voie. Faisons en sorte que son geste ne soit pas une initiative isolée. Non pas que chacun doive se transformer en héros mais que chacun soit fort de ses valeurs.
4 - Une composante psychologique
Plusieurs terroristes qui sont passés à l'acte ont été frustrés dans leur désir fort de trouver un cadre très structurant de type militaire. Ils en ont été exclus ou tout bonnement pas acceptés. Il faudrait, pour les jeunes en fort désir de ce genre d'engagement un service militaire adapté. Evidemment, il ne s'agira pas de les former au tir d'élite. Mais discipline, sens de l'effort et sens du sacrifice cantonné, canalisé.
5 - Une composante sociale
La frustration dans le désir de consommer et de trouver une place dans la société est également générateur de violence et donc de malheur. La bonne distance entre soi et les choses n’est pas dans le désir d’appropriation. La bonne distance est à trouver. La mesure et la qualité de nos rapports aux choses sont sources d’équilibre et même de bonheur.
Un plan banlieues devrait être engagé de façon massive. Notre société du spectacle et du vedettariat est un appel au passage à l'acte pour avoir son moment de gloire, fut-ce en se suicidant pour le journal de vingt heures. Toute la frustration trouve sa catharsis dans l'acte fatal spectaculaire qui fera que votre nom sera sur toutes les chaînes de télévision, sur toutes les ondes, dans tous les journaux. Le retentissement de votre geste atteint même jusqu'à l'étranger. Le remède est double ici : prévenir les frustrations sociales, désamorcer l'impact glorificateur de ces attentats odieux. Pour le dernier attentat commis, on pouvait tous se limiter à désigner l'auteur par l'expression "assassin terroriste de l'Aude" sans jamais donner son nom. L'anonymisation de ces terreurs serait une façon de frustrer les prochains candidats aux vocations de "martyrs" ou de "héros".
6 - Une composante politique
Une certaine collusion s'établit parfois entre la lutte des classes, les idées de la gauche radicale et l'islamisme. Beaucoup de commentateurs disent regretter le communisme qui reliait les gens dans les quartiers difficiles, avec son esprit de partage et de communauté. Cette idée n'est pas fausse. Il serait bon de penser à un système de substitution reposant sur des principes voisins : rapprochement entre les gens, dialogue, entraide, sans arrière-pensée religieuse nin politique (sans clientélisme).
7 - Une composante de délinquance
Le relâchement de la répression du fait de la baisse constante du rapport entre les moyens et le nombre et les formes de la délinquance, fait que l'impunité se généralise, les jugements interviennent tard et ne sont pas appliqués, etc. Bref, je ne vais pas rappeler ici tout ce que chacun sait déjà. Lutter mieux contre la délinquance est un moyen de réduire aussi la propagation du mal islamiste et radical. Lors de la mise en garde à vue ou en jugement des délinquants, on peut évaluer leur dangerosité, voire perquisitionner pour vérifier qu'ils ne possèdent pas des armes ou des traces d'embrigadement islamiste. Donner plus de moyens à la justice et à la police est donc la septième proposition.
8 - Une composante de radicalité
On notera que je n'ai pas dit "radicalisation' mais radicalité. Car la radicalité précède la radicalisation, laquelle est à tort réduite à sa seule acception de radicalisme religieux. La radicalité est dans les actes de délinquance irréfléchis, extrêmes, mais aussi dans un tas d'autres formes que l'on peut voir pour qui sait observer. Il convient donc de prévenir les radicalités qui précèdent la fameuse "radicalisation" car une fois les personnes radicalisées, il n’existe aucun remède pour leur faire faire chemin inverse. Lutter contre la radicalité est synonyme de "prendre le mal à la racine" car le mot "radical" vient de "racine".
9 - Une composante religieuse
C'est à dessein que je cite cet aspect en dernier car le plus souvent la foi des forcenés qui se muent en assassins est de façade. Ils ne connaissent rien du coran, n'ont pas de culture religieuse. Mais ils utilisent ce prétexte de religion pour parfaire leur radicalité. Ils trouvent alors sur Internet ou dans leur entourage délétère des exemples et des modes d'emplois pour le passage à l'acte.
II - Nos forces et nos armes à opposer
La force est le résultat d'un rapport de confrontation
Outre les réponses proposées ci-dessus, la réponse globale est à chercher dans le bonheur qui se fonde sur la force. La force elle-même grandit dans la confrontation. On le voit dans le cosmos : deux corps qui s'opposent créent une force dite "attraction". Dans nos vies, qu'est-ce qui nous rend forts sinon l'expérience de la confrontation à la vie et à ses épreuves. C'était tout le sens de la formule de Nietzsche "ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts."
Or, la perte du sens de l'effort, la suspension du service militaire, l'escamotage de la mort et de la vieillesse (parquée dans les EHPAD), l'affaiblissement de l'autorité de parents et des enseignants, tout cela contribue à affaiblir les individus en ne leur opposant plus les résistances nécessaires.
Il faut parler de l'héroïsme sans emphase
Ce que l’on peut relever dans le geste du gendarme, c’est son sacrifice intelligent. L’efficacité du don de sa vie est remarquable. Il nous rappelle aussi que nous ne pouvons pas tous êtres des héros, pas en n’importe quelles circonstances.
Mais on ne doit pas attendre des citoyens qu’ils deviennent tous des héros. On doit exiger d’eux qu’ils cultivent leur force.
La force naît de notre attitude dans la confrontation régulière avec ce qui s’oppose à nous. La force cultivée et bien employée est aussi belle que le courage et l’héroïsme. Quelquefois la force est dans l’union mais le plus souvent elle est dans notre responsabilité propre et dans notre détermination personnelle. S’opposer à ce qui nous révulse à juste titre, c’est simplement lutter contre la contagion délétère du mal.
Il faut se donner de meilleures armes
La gestion des "fichiers S" ? C’est une illusion de croire que l’on pourra enrayer une contagion en réduisant l’action dans un zoom très resserré de quelques milliers d’éléments et en attendant qu’ils agissent au grand jour. C’est-à-dire sans anticiper, sans tendre des pièges.
Il faut mieux s'armer mentalement (on l'a vu, c'est la force et le bonheur qui en découle) mais il faut aussi s'armer mieux juridiquement. Notre Droit est trop laxiste pour les tueurs qui sont en guerre contre notre peuple et qui massacrent gendarmes, prêtres et enfants. La transposition de certaines mesures propres à l'état d'urgence dans le droit ordinaire est insuffisante. Le Conseil d'Etat et le Conseil constitutionnel devraient être sensibilisés sur ce point comme il se doit. Ils ne peuvent être sourds plus longtemps aux dangers grandissants qui nous menacent.
Enfin, il y a les armes mais il y a aussi les boucliers. Les boucliers les meilleurs (il y en a d'autres), c'est notre force : la force que nous pouvons opposer à leur violence.
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