Orbán Viktor va beaucoup plus loin que Zemmour

Article tiré du livre : Du communisme de goulache à la viktature : la Hongrie de 1956 à nos jours
En janvier 2015, après avoir participé à l’imposante manifestation parisienne faisant suite au massacre par des islamistes de 17 personnes dont des journalistes de Charlie Hebdo et des clients d'un magasin casher, Orbán s'attaque à l’immigration extra-européenne qu'il ressent comme facteur de dilution d’une identité européenne fondée sur la Chrétienté. La position de la Hongrie est donc de stopper cette immigration. Orbán ne veut pas voir une minorité significative aux caractères et au passé culturel différents.
En mai 2015 le gouvernement hongrois lance une consultation nationale sur l’immigration et le terrorisme. Parmi les 12 questions posées aux électeurs :
- Êtes-vous d’accord que la mauvaise gestion des flux migratoires par Bruxelles a un lien avec le terrorisme en Europe ?
- Êtes-vous d’accord que l’État consacre plus de moyens aux familles hongroises plutôt qu’aux réfugiés ?
- Êtes-vous d'accord pour que le gouvernement renforce la législation afin de permettre d'envoyer en prison les immigrés clandestins ?
Le 3 juin 2015 le journal hongrois Napi Gazdaság publie un entretien avec Orbán Viktor. Le premier ministre déclare rejeter tout mélange à grande échelle des croyances religieuses. Il affirme que son gouvernement fera tout son possible pour épargner à la Hongrie le multiculturalisme autrement dit la coexistence de l'islam, des religions asiatiques et du christianisme. Les investisseurs, artistes et scientifiques non chrétiens sont les bienvenus mais nous ne voulons pas de mélange à grande échelle, ajoute-t-il.
Dimanche 26 juillet Orbán Viktor s'exprime devant les participants à la traditionnelle université d'été organisée en Roumanie à Tusnádfürdő (Baile Tusnad en roumain) par diverses associations de hongrois vivant dans ce pays. Il affirme que l'immigration illégale est liée au terrorisme et entraîne un accroissement de la criminalité, dont les viols, et du chômage. Il ajoute que l'Europe doit rester aux européens. Il considère que le multiculturalisme est responsable de ce qui se passe dans l’UE et que si la plupart des européens ont cru, il y a 30 ans, qu’il pouvait représenter une solution à nos problèmes sociaux, c’est évident qu’il est la cause des problèmes.
Jeudi 3 septembre 2015, après avoir rencontré le président du Parlement européen Martin Schultz, Orbán Viktor tient une conférence de presse à Bruxelles. Il déclare que les Hongrois ont peur, les Européens ont peur, parce qu’on voit que les dirigeants européens, et parmi eux les premiers ministres, ne sont pas capables de contrôler la situation. Il ajoute que ceux qui arrivent sont les représentants d’une culture profondément différente : dans leur majorité, ce ne sont pas des chrétiens mais des musulmans. C’est une question importante, car l’Europe et l’identité européenne ont des racines chrétiennes.
Samedi 17 octobre 2015 paraît dans l'hebdomadaire allemand Focus une interview d'Orbán Viktor. Il déclare que l'islam n'a jamais appartenu à l'Europe, qu'il s'y est invité. Il justifie son opposition à l'accueil par l'UE de centaines de milliers de demandeurs d'asile venus pour la plupart de pays musulmans par son souci de défendre les valeurs culturelles européennes. Il affirme que, spirituellement, l'islam n'appartient pas à l'Europe. C'est un corpus de règles d'un autre monde. Il se plaint de n'avoir pas le droit d'émettre un doute, face aux allemands ou aux français, sur la possibilité d'une société multiculturelle. Il estime que les hongrois ne veulent pas d'une telle société.
Lundi 16 novembre 2015, suite aux attentats islamistes qui ont fait 130 morts à Paris, Orbán Viktor intervient devant le parlement sur le sujet de l'immigration. Selon lui, de façon délibérée et organisée, les terroristes ont exploité les migrations de masse, en se mélangeant à la foule des gens quittant leurs foyers en quête d’une vie meilleure. Il souligne qu'il n’affirme pas que chaque migrant est un terroriste mais estime que personne ne peut dire combien de terroristes sont déjà arrivés, combien arrivent chaque jour. A propos de la clôture protégeant la frontière sud de la Hongrie que beaucoup ont qualifiée d'inhumaine il pose la question : « qu’est-ce qui est le plus humain ? Fermer la frontière à ceux qui rentrent illégalement ou mettre en danger la vie des Européens ? » Il considère que le droit à l’autodéfense est plus fort que tous les autres, plus fort que n’importe quelle idéologie ou argument économique. Il réaffirme son opposition catégorique aux quotas que l'Union européenne veut imposer à chaque pays membre pour répartir 160 mille immigrés. « Tant que ce gouvernement respirera, il n’y aura pas de quota et nous ne reprendrons aucun migrant » déclare-t-il.
Mardi 22 mars 2016 les autorités hongroises réagissent suite aux attentats islamiques à l’aéroport et dans le métro de Bruxelles qui ont fait plus de 30 morts : ils sont sont une conséquence de l'accueil des réfugiés en Europe. Le ministre des affaires étrangères Szijjártó Péter, interrogé par l'agence de presse hongroise MTI, déclare qu'il y a encore trop de personnes en Europe qui ne voient aucun lien entre le danger terroriste et la migration illégale, incontrôlée.
Jeudi 2 juin 2016, à l'issue d'une visite de trois jours en Égypte et suite à sa rencontre avec le cheikh Ahmed Mohamed El-Tayeb, grand imam de la mosquée al-Azhar (qui a par ailleurs étudié la pensée islamique à la Sorbonne), Orbán Viktor déclare qu’un bon chrétien ne peut pas être anti-musulman et que ce n’est pas parce que différentes cultures existent sur Terre qu’elles doivent s’affronter. Il précise que nous pouvons vivre en paix aux côtés du monde musulman. Pas mélangé avec lui, mais à côté de lui.
Jeudi 21 juillet 2016, quelques jours après l'attentat islamiste à Nice qui a causé 80 morts, le groupe de Visegrad, comprenant Tchéquie, Slovaquie, Pologne et Hongrie est réuni à Varsovie. Au cours d'une conférence de presse organisée à l’issue de la rencontre Orbán Viktor, affirme qu'il y a un lien évident entre l'immigration illégale en Europe et les attentats qui frappent le continent. C'est pour lui clair comme deux plus deux font quatre, c'est clair comme de l'eau de roche. Il ajoute que si quelqu'un nie l'existence de ce lien alors, dans les faits, cette personne nuit à la sécurité des citoyens européens.
Mardi 26 juillet 2016, lors d'une conférence de presse commune avec le chancelier autrichien en visite à Budapest, Orbán Viktor déclare qu'on ne peut laisser entrer sur notre sol que les personnes que nous pouvons examiner étroitement, parce que la Hongrie voit chaque migrant comme une possible menace à l’ordre public, une possible menace terroriste. Pour nous, ajoute-t-il, l'immigration n'est pas une solution mais un problème, pour nous c'est un poison et nous ne voulons pas avaler ce poison !
Dimanche 2 octobre 2016 a lieu le référendum sur la relocalisation des immigrés que l’UE veut imposer. Participation : 44,08 % (ce qui fait que le référendum n’est pas valide) - Suffrages exprimés : 41,32 %. A la question acceptez vous cette relocalisation des immigrés on obtient les réponses suivantes : OUI : 1,64 % - NON : 98,36 %.
Vendredi 13 janvier 2017 Orbán Viktor se prononce pour la mise en détention systématique des immigrés illégaux réussissant à pénétrer dans le pays. Lors d'un entretien sur Kossuth rádió il indique que le gouvernement a décidé de rétablir la détention par la police des étrangers en situation irrégulière.
Mardi 28 février 2017, dans un discours tenu devant la chambre de commerce et d’industrie, Orbán Viktor estime qu’il est important de sauvegarder la monochromie culturelle du pays. Alors que le taux de chômage est tombé à 4,3 % le premier ministre met en garde contre le recours à une immigration de travail pour compenser les pénuries de bras. S’il admet la possibilité de solliciter de façon transitoire des travailleurs étrangers, il insiste aussi sur la défense nécessaire de l’homogénéité ethnique.
Mardi 7 mars 2017, le Parlement hongrois adopte par 138 voix contre 6 et 22 abstentions la réintroduction de la mise en détention systématique de tous les migrants. Cette loi prévoit que les migrants seront placés dans des zones de transit aux frontières serbe et croate, où il seront détenus en attendant la décision définitive concernant leur demande d'asile. Cela évitera qu’il ne disparaissent dans la nature après avoir déposé leur demande qui a de fortes chances d’être refusée
Début avril 2017 les huit millions d'électeurs hongrois reçoivent le questionnaire d’une consultation gouvernementale intitulée « stoppons Bruxelles ». Il est accompagné d’une lettre d’Orbán qui explique que Bruxelles veut prendre des décisions qui mettent en danger la souveraineté nationale et la sécurité du pays. Il comprend six questions, avec seulement deux réponses au choix. Exemple : « Les attaques terroristes se sont succédé en Europe. Malgré cela, Bruxelles veut forcer la Hongrie à autoriser l'entrée de migrants clandestins dans le pays. Que pensez-vous que la Hongrie devrait faire ?
- A : Placer ces personnes sous surveillance,
- B : Permettre aux migrants illégaux de se déplacer librement en Hongrie. »
Vendredi 22 septembre, Orbán Viktor donne une conférence de presse à l’issue d’une visite officielle à Varsovie. Il déclare que l’Europe voit aujourd'hui apparaître clairement deux groupes de pays : les pays d'immigration qui, en ce qui concerne leur avenir, l'équilibre démographique et le marché du travail, misent tout sur les immigrés – ce sont typiquement les anciennes puissances coloniales – et ceux qui ne veulent pas le devenir et souhaitent résoudre leurs problèmes de démographie par une politique familiale et en stimulant l'économie. Il ajoute que l'avenir de l'UE dépend de la possibilité de communiquer entre ces deux groupes des pays. Mais au lieu d'observer le respect mutuel, les pays d'immigration veulent nous obliger à devenir comme eux, constate-t-il.
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