Orwell ou la fabrique des invisibles
"Sous
quelque angle qu’on le prenne, le présent est sans issue. Ce n’est pas
la moindre de ses vertus. À ceux qui voudraient absolument espérer, il
dérobe tout appui. Ceux qui prétendent détenir des solutions sont
démentis dans l’heure. C’est une chose entendue que tout ne peut aller
que de mal en pis. « Le futur n’a plus d’avenir » est la sagesse d’une
époque qui en est arrivée, sous ses airs d’extrême normalité, au niveau
de conscience des premiers punks.
Ce
livre est signé d’un nom de collectif imaginaire.
Ce livre est signé d’un nom de collectif imaginaire. Ses rédacteurs n’en sont pas les auteurs. Ils se sont contentés de mettre un peu d’ordre dans les lieux communs de l’époque, dans ce qui se murmure aux tables des bars, derrière la porte close des chambres à coucher. Ils n’ont fait que fixer les vérités nécessaires, celles dont le refoulement universel remplit les hôpitaux psychiatriques et les regards de peine. Ils se sont faits les scribes de la situation. C’est le privilège des circonstances radicales que la justesse y mène en bonne logique à la révolution. Il suffit de dire ce que l’on a sous les yeux et de ne pas éluder la conclusion. (...)"
Le présent a-t-il besoin d’avoir une issue, ce n’est qu’un avec des lendemains, beaucoup de lendemains, ne pas avoir d’issue serait une vertu, cela fait frissonner, on ne peut plus qu’espérer absolument, c’est une activité névrotique alors, je ne connais pas grand monde prétendant détenir des solutions, et pas beaucoup de démenteurs, mais tout ne peut aller que de mal en pis, c’est entendu, à savoir cela a la valeur d’une universelle vérité, depuis quand et par qui, le futur n’a plus d’avenir est rhétoriquement joli
Un collectif imaginaire est composé d’esprits virtuels, et les rédacteurs ne sont pas auteurs, le livre n’est pas un ouvrage et les phrases n’ont pas de sens, ce qui est dit n’est pas dit mais c’est la vérité, et tous les refoulés qui n’en sont pas immédiatement convaincus vont dans les hôpitaux, d’assertions fantaisistes en fantasmes de placard, pour résumer on en arrive au néant en passant par la révolution, toute phrase est déconstruite avant d’être finie, toute injonction est paradoxale et tous les lecteurs sont des crétins à qui on demande de réfléchir.
L’Ehess nous prépare les savants du futur qui vont nous adapter à la vie assistée par ordinateur dans le monde assisté par ordinateur (VAO dans le MAO), or pour instaurer un nouvel ordre rendant obsolètes les civilisations les plus guerrières et massacrantes de l’humanité il faut commencer par détruire le plus rapidement possible des pans entiers de monde actuel, des quartiers, des villes, des habitudes, des modes de vie, à cela il n’est qu’une seule solution, la guerre générale et permanente, et la double pensée, ce qui est nécessaire est inutile.
Jusqu’à : "laisser cristalliser en nous le fatal complexe de peur-haine que produisent immanquablement les rouages des pouvoirs dans lesquels nous sommes pris, et d’être ainsi entraînés dans le cycle persécuté / persécuteur qui empoisonne sans fin les relations humaines.
Car il ne suffit pas de fuir la normalisation des âmes qui nous façonnent en masses apeurées : nous devons repousser aussi la tentation de hurler avec les loups par peur d’être moutons. Ni craindre ni haïr. Refuser d’être victime pour ne pas, malgré soi, devenir bourreau à son tour. Savoir que, si l’homme est un loup pour l’homme, c’est que trop souvent l’homme accepte d’être un mouton pour l’homme. Connaître ses peurs, toutes ses peurs, jusque dans le moindre fibre de son corps", disait Orwell.
Sur la base des décombres du désastre voulu et programmé nous avons déjà l’hypothèse de simulation généralisée : " A l’inverse, au lieu de se poser la question de la validation des simulations par leur correspondance avec d’autres objets, on peut se demander si notre activité sociale toute entière n’est pas une vaste "simulation", au sens d’une re-constitution d’opérations ou de processus auxquels nous n’avons pas un accès direct et qu’il nous faut reconstituer en simulation interne pour pouvoir les appréhender. Ce serait là une transposition de l’hypothèse de Metzinger sur la conscience au domaine de la connaissance du social. Cette hypothèse pourrait s’appuyer sur une ontologie à la Varela, où n’existeraient que des activités auto-poiétiques, chacune tournant sur elle-même, et développant ses propres réactions internes aux perturbations qui constituent pourtant - perturbations et réactions- le mode d’interaction avec l’environnement, une interaction qui va dans les deux sens (l’enaction) Mais il faut ré-insister sur le fait que la simulation n’est pas constitution ni même re-constitution, mais simulation, donc supposée différente de la réalité qu’elle simule. Le problème est alors de savoir comment apprécier et penser cette distance, ce décollement entre phénomènes à simuler et simulation. " Pierre Livet
Les logiciels sont opérationnels et les programmes de modélisation générales pour la gestion de ressources locales par des populations données fonctionnent déjà grâce à cela : "Un « agent » est une entité logicielle relativement autonome pouvant percevoir de l’information sur son environnement, communiquer et agir. Les « actions » d’un agent peuvent être motivées par des objectifs, conditionnées par des ressources, des compétences et l’information disponible. Un agent « cognitif » peut être doté de capacités de représentation, d’apprentissage et de décision plus ou moins sophistiquées. Un Système Multi-Agents (SMA) comprend un environnement, un ensemble d’objets dont les agents, un ensemble de relations entre objets et/ou agents et un ensemble d’opérateurs associés à ce complexe (charte ComMod, cours / atelier Nils Ferrand Jean -Pierre Muller, François Bousquet ). Pour Axtell (2000) il y a trois usages distincts des SMA en sciences sociales, économiques ou de gestion : un autre moyen de réaliser des simulations “classiques”, comme complément de la modélisation mathématique, comme substitut de la modélisation mathématique" etc.
L’ordinateur moderne, méga machine formatée servira à l’accompagnement de processus collectifs de décision : " Simuler pour comprendre au niveau intraurbain : l’émergence d’une discontinuité spatiale (ségrégation), d’une organisation polycentrique, renforcement ou dilution d’une organisation centre-périphérie… les relations entre infrastructures de transport, choix individuels et pollution.. la dynamique des déplacements piétonniers, des mouvements de foule… et au niveau du système des villes l’émergence et l’évolution d’une configuration spatiale, d’une organisation hiérarchique.."
Après donc le grand déblaiement général produit par les bombardements chirurgicaux, nos grosses têtes de l’Ehess et d’ailleurs produiront de nouveaux logiciels pour assister par ordinateur les processus collectifs de décision en situation. Tandis que d’autre se mettront à l’écoute de nos velléités disparates d’expression et d’humeurs, histoire de mieux repérer les quartiers à bombarder rénover en premier.
"Depuis quelques années, la tâche de « sentiment classification » (encore dénommée « opinion mining » ou « sentiment analysis ») est un domaine de recherche actif. Il consiste principalement à trouver l’opinion, le sentiment et l’attitude qui sont exprimés dans un document textuel ou plus souvent des flux de documents comme les flux du web, les échanges e-mail (dument et massivement captés) ou les commentaires sur les blogs et forums. Les sociologues peuvent détecter les rumeurs qui sont reflétés dans les notes des blogs."
"Les objectifs scientifiques sont ambitieux, car l’extraction des sentiments doit faire appel aussi bien à des techniques statistiques que linguistiques. Le potentiel applicatif est énorme car ces méthodes peuvent complémenter les enquêtes classiques en offrant des outils bien plus réactifs et dont la portée est largement supérieure. Les modèles développés auront pour application la détection d’opinions sur le Web et viseront au développement d’une application qui, à partir de sites Web 2.0 (blogs, forums, etc…) permettra d’identifier les rumeurs en cours." voir plus à http://www.atala.org/
Nous espérons bien que ce monde sans monde ne sera pas le nôtre, notre volonté de vie se refuse à l’expression de leur volonté de néant, nous voulons et défendons des valeurs qui ne se nient pas elles-mêmes, la perversité des manipulations mentales des sectes findumondiste nous effraye, nous voulons vivre bien, vivre mieux, nous voulons du futur, nous ne souhaitons pas que les aspirations morbides des imaginaires pour le néant ne dépasse le cercle étroit de leurs invisibles amitiés.
Christian Hivert
http://www.mouvementautonome.com
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