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Accueil du site > Tribune Libre > OSP 2# : Les différences psychologiques homme/femme (3/3)

OSP 2# : Les différences psychologiques homme/femme (3/3)

Observation d'une Sentinelle du Peuple - 2# - version écrite

Les différences psychologiques homme/femme

Argumentation contre les préjugés infondés

1. Les préjugés féministes

Un préjugé assez répandu consiste à penser que dans un groupe, les hommes coupent plus fréquemment la parole des femmes.

« Contrairement à certaines croyances, les hommes ne réaliseraient pas plus d’interruptions intrusives que les femmes. Anderson et Leaper ont alors réalisé une expérience dont les résultats n’apparaissent pas significatifs (d = 0,15) : les hommes n’interrompent pas plus que les femmes. »[1]

 

Le préjugé le plus enraciné dans l'idéologie féministe est issu du constructivisme de Simone de Beauvoir. Pour résumer l'idée, les seules différences hommes/femmes d'origine biologique seraient d'ordre anatomique et les différences psychologiques auraient un caractère acquis, culturel imputable à un ordre patriarcal. Ou, plus simplement, « on ne naît pas femme : on le devient » (psychiquement parlant).

 

Il existe des stéréotypes infondés hérités d'un ordre patriarcal, certains d'entre eux seront d'ailleurs exposés dans la partie b).

Cependant, les traits psychologiques reconnaissables chez les cerveaux de type masculin ou les cerveaux de type féminin, exposés précédemment, ont une origine biologique pouvant être modifiée par des aspects culturels.

Ces traits psychologiques existent de manière innée et le nier en arguant qu'ils sont culturels, construits, acquis... n'est qu'une manière de se cacher derrière son petit doigt.
Trois éléments discréditent cette approche « constructiviste » :

 

  • Même pour les bébés âgés d’un jour, les garçons regardent plus longuement un objet mobile mécanique qu’un visage.
  • L'éducation (donc le conditionnement) se heurte elle-même à certaines caractéristiques, par exemple avec l'éducation au risque (cf. plus haut). Quels types de conditionnement pourrait conduire à des différences si nettes pour les élèves perturbateurs ou les meurtriers ?
  • Le clivage comportemental selon le genre est si constant à travers les époques et les cultures qu'il n'a que très peu de chance de n'être que culturel.

 

 

2. Les préjugés misogynes ou réactionnaires

Il aurait pu être question, dans cette dernière partie, de la misogynie grossière d'Otto Weininger. Mais je préfère me concentrer sur le contenu de l'essai qui m'a particulièrement incité à réinvestir la thématique des différences psychologiques hommes/femmes.

« L'homme tue et la femme rend fou » est le titre d'un essai de Philippe de la Vulpillières. La vision qu'il donne des différences psychologiques entre hommes et femmes est simple et équilibrée. Cette simplicité et cet équilibre rendent cette vision assez séduisante.

Voici quelques extraits :

« La destructivité masculine est physique alors que la destructivité féminine est psychique. »

« Corps masculin et psychisme féminin sont barbares et destructeurs.
Corps féminin et psychisme masculin sont civilisés et féconds.
L'homme et la femme ont, l'un et l'autre, un versant lumineux et un versant obscur. »

« Le corps masculin n'est pas conçu pour accoucher physiquement.
Le corps féminin n'est pas conçu pour accoucher spirituellement »

« La femme est incapable de penser l'intérêt collectif, incapable d'enfanter et d'allaiter un corps social, car son psychisme n'est pas un jardin, mais un mur d'enceinte. Sur le plan physique, c'est la femme le jardin et le mur d'enceinte. Sur le plan psychique, c'est l'inverse »

« Les plus nobles et caractéristiques aspirations respectives de l'homme (vérité et justice) et de la femme (paix et amour). »

Dans ce livre, l'auteur qualifie souvent les femmes de « suicideuses » en rappelant que les statistiques des suicides concernent en grande majorité des hommes.
Cette vision des choses équilibrée donnant à chacun « un bon et un mauvais rôle » mérite pourtant d'être nuancée, voire corrigée.
 

— Sur la destructivité

La « destructivité » féminine se manifeste plus fréquemment et puissamment de manière psychique pour deux raisons. D'une part parce que la psyché est plus facile à atteindre de manière indirecte (cf. forme d'hostilité féminine) et d'autre part parce que l'instinct empathique (empathisation) des femmes leur offre une capacité de nuisance supérieure à celle des hommes.
Cette « destructivité psychique » est davantage le résultat d'une combinaison entre une hostilité indirecte et une capacité empathique plutôt qu'une caractéristique essentielle du cerveau de type féminin.

La « destructivité » étant, en elle-même, un aspect de la volonté de puissance étendue, elle aurait plutôt un caractère masculin.
Affirmer que le « psychisme féminin est barbare et destructeur » et que le « psychisme masculin est civilisé et fécond » semble relativement erroné vu les observations établies dans les deux premières parties.

— Sur la vérité et la justice

On pourrait admettre que la « paix » et « l'amour » relèvent de caractéristiques féminines selon les observations établies dans les deux premières parties. Qu'en est-il de la « vérité » et de la « justice » ?

Si la « vérité » était l'apanage des hommes, le mensonge serait en toute logique plus répandu chez les femmes. Qu'en est-il ?
Dans la « psychologie du menteur », Claudine Biland explique la chose suivante :
« Les femmes mentent autant que les hommes. Néanmoins, celles-ci ont plus tendance à utiliser des mensonges altruistes (à hauteur de 50 %). Les hommes, quant à eux, utilisent plutôt les mensonges égoïstes. L'auteure signale aussi que les femmes utilisent le mensonge altruiste auprès d'autres femmes dans la plupart des cas. Les femmes ont tendance à exagérer leur sentiment afin de ne pas blesser quelqu'un. En revanche, les hommes qui mentent sont plus laconiques et circonspects. Globalement, une femme sera plus aimable et agréable qu'un homme placé dans les mêmes conditions d'un mensonge. Les femmes, lorsqu'elles mentent, se sentent plus coupables, plus anxieuses et plus effrayées de leur mensonge que les hommes. De plus, lorsqu'une femme perçoit qu'elle est la cible d'un mensonge, elle y voit un évènement fort négatif qui entache sa relation. Cela marquera celle-ci de manière profonde et durable. »

Évidemment, on pourrait faire un procès d'intention à Mme Biland et nous persuader qu'elle ment à son tour (au profit de l'idéologie féministe). Je ne fais pas de procès d'intention, si vous pensez que cette étude est fausse : démontrez-le. Cette étude semble fiable, d'autant plus que les constats annexes, sur cette thématique, coïncident parfaitement avec les traits généraux dégagés en première partie :

  • Les mensonges féminins ont une vocation altruiste (volonté altruiste)
  • Les femmes qui mentent se sentent plus coupables, anxieuses et effrayées par leurs mensonges (sensibilité émotionnelle + aversion au risque + soumission plus grande à la morale)

Il y a donc de fortes chances que l'attribution de la « vérité » au genre masculin soit effectivement un moyen de renforcer la domination des hommes sur les femmes comme l'observaient certaines féministes. Cela n'empêche pas les femmes de disposer de plus grandes falcutés de manipulation sur les hommes (que l'inverse).

Qu'en est-il de la justice, c'est-à-dire du rapport à la loi et à la morale ?

Comme cela a été dit dans la seconde partie :

Les cerveaux de type masculin sont plus aptes à concevoir (systématisation) et à faire respecter les contraintes (domination/volonté de puissance) des systèmes contraignants. D'ailleurs comme l'identifie le 16PF, ils ont une plus grande « conscience des règles », donc des limites du système.

Les cerveaux de type féminin sont plus aptes à s'y soumettre (soumission), donc à le respecter. Lorsque les femmes transgressent la morale (par exemple lorsqu'elles mentent), elles ressentent la culpabilité avec une intensité plus élevée (sensibilité émotionnelle) et craignent davantage la coercition (aversion au risque).

La réponse est donc nuancée :
Les hommes ont plus de désirs, d'aptitudes pour créer les systèmes réglementaires ou normatifs et pour faire respecter les contraintes de ces systèmes.
Les femmes ont plus d'aptitudes à se soumettre et à respecter les systèmes réglementaires ou normatifs. Lorsque ces systèmes requièrent de lourdes compétences en matière de communication verbale et/ou écrite, elles peuvent se montrer plus aptes que les hommes à mettre en œuvre son fonctionnement :

« Près de 80 % de femmes sortent chaque année de l'École de la magistrature. Les tribunaux entièrement féminisés, de la greffière à la procureure, sont donc amenés à se multiplier, même si, à ce jour, la gent féminine ne représente que 57 % du corps judiciaire. Elles n'étaient que 50 % en 2000 et... 6 % en 1959. Le barreau a aussi vu son effectif féminin augmenter de plus de 50 % en 10 ans, pour culminer aujourd'hui à 53 %. »[2]

Le système de la justice étant normé et procédural à l'extrême, la faculté de soumission des femmes (à un système normé) devient, dans ce cadre, une force majeure.



— Sur le suicide

Abordons à présent la question du suicide selon le genre, une question qui fait l'objet d'une page Wikipédia spécifique[3] :

« Les différences liées au genre dans le suicide ont été montrées comme étant significatives, qu'il s'agisse de tentatives de suicide ou de suicides réussis. L'écart, aussi appelé “paradoxe entre les genres du comportement suicidaire”, peut varier considérablement entre les pays. Les statistiques montrent que plus d'hommes que de femmes meurent par suicide ; cependant, une étude suggère que la prévalence des pensées suicidaires est plus élevée chez les femmes que chez les hommes. [...] Alors que les femmes, selon une étude, peuvent montrer des taux plus élevés de comportements suicidaires non fatals et de pensées suicidaires, les hommes ont un plus haut niveau de suicides réussis »

Comment interpréter ces statistiques ?
D'abord, la diversité des taux de suicide à travers le monde laisse penser que les facteurs culturels jouent un rôle significatif :

« De 1979 à 1981, sur les 74 pays avec un taux de suicide non nul, 69 pays comprenaient un taux de suicide masculin supérieur au taux féminin, deux ont rapporté des taux égaux entre les deux genres (Seychelles et Kenya), tandis que trois ont rapporté des taux féminins dépassant les taux masculins (Papouasie-Nouvelle-Guinée, Macao et Guyane française). »

Ensuite, outre le facteur purement culturel, le modèle développé précédemment permet les suppositions suivantes :

Au sujet des pensées suicidaires :

Les femmes sont en proportion plus nombreuses que les hommes à avoir pensé au suicide au cours de l’année (4,4 % des femmes contre 3,4 % des hommes)[4]]

Les raisons les plus fréquemment invoquées[5] sont :

— L'isolement social et les difficultés relationnelles
— Les maladies physiques et psychiques (incluant la dépression)

— Le couple, les sentiments, la famille, une rupture

 

La fréquence et l'intensité des pensées suicidaires sont accentuées par la sensibilité émotionnelle, c'est-à-dire l'intensité des émotions ressenties. Dans une certaine mesure, on peut postuler que l'intensité des pensées suicidaires masculines est accrue par l'hostilité indirecte (plus fréquemment psychique) et l'écart des capacités empathiques et sympathiques entre les cerveaux de type masculin et féminin. (Un aspect sur lequel se focalise uniquement Philippe de la Vulpillières)

Au sujet des tentatives de suicide (non fatales) et les décès par suicides :

En France, en 2011, les tentatives de suicide ont impliqué 109760 hospitalisations.

Les tentatives de suicide (non fatales) concernent soit 146/100 000 Hommes et : 217/100 000 femmes[6].

Le décès par suicide concerne 7 759 hommes(28/100 000) et 2 608 femmes (8/100 000) [7].

Modes de tentatives de suicide (non fatales)

Modes de suicide

Intoxication médicamenteuse (82 %)

Pendaison(53 %)

Intoxication par d’autres produits (8 %)

Arme à feu (14 %)

Phlébotomie (5 %)

Intoxications (14 %)

Deux éléments peuvent expliquer ces forts écarts :

Les hommes sont moins susceptibles de demander de l'aide quand ils sont angoissés : Les femmes ont un comportement empathique et se tournent plus souvent vers les autres pour résoudre leurs problèmes tandis que les hommes ont particulièrement tendance à s'isoler (maitrise systémique + volonté de puissance). Cette thématique est particulièrement développée dans le livre « Les hommes viennent de Mars et les femmes viennent de Vénus ».
Sur Wikipédia, on relève également que : « Alors que de 72 à 89 % des femmes qui ont tenté de se suicider ont été en contact avec un professionnel de santé mentale à un moment de leur vie, seulement 41 à 58 % des hommes qui ont tenté de se suicider avaient fait usage de cette ressource »

Les hommes utilisent des solutions plus létales lors d'une tentative de suicide : Les femmes ont une aversion au risque et les hommes se caractérisent notamment par la maitrise technique et le goût du danger. Ainsi, plus le moyen de suicide est dangereux et efficace, plus il sera plébiscité par les hommes et moins le moyen est risqué et douloureux, plus il sera plébiscité par les femmes.

Les causes et facteurs de suicides sont variés et très bien identifiés sociologiquement[8]. Attribué l'essentiel de ces suicides au « psychisme destructeur » des femmes relève, au mieux d'un manque de lucidité, au pire d'une forme de malhonnêteté intellectuelle.

 

CONCLUSION

Après avoir défini ma conception des différences psychologiques homme/femme, j'ai critiqué certains préjugés relatifs à cette thématique.

Comme lors de mon introduction, je souhaite réaffirmer que :

  • Environ 1/5 des hommes partageraient les caractéristiques typiques des cerveaux de type féminin et réciproquement.
  • Les variations individuelles et culturelles sont plus importantes que les variabilités psychologiques liées au sexe.

Au passage, j'ai été admiratif de la convergence entre la grande variété d'étude scientifique mentionnée dans cet article et le livre de thérapie conjugale « Les hommes viennent de Mars et les femmes viennent de Vénus ».
Bien que l'effort de vulgarisation de cet ouvrage le rende un peu lourd sur la forme, il garde une lucidité éclatante sur le fond.

 

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3 réactions à cet article    


  • Francis, agnotologue JL 8 décembre 2018 10:39

    « on ne naît pas femme : on le devient »

    Ou pas !

     

    Bonjour Simone.

     

    Puisque le pire n’est jamais sûr, bonjour les féministes, il serait intéressant d’analyser quelle sont les autres avenirs possibles.

     


    • John Doe 8 décembre 2018 14:09

      Deux petites corrections avant une future réaction.

      L’un des extraits du livre comporte une erreur qui le rend incompréhensible : « Sur le plan physique, c’est la femme le jardin et L’HOMME le mur d’enceinte. »

      Et c’est un livre de Philippe de Vulpillières (et non « de la Vulpillières »)


      • Alban Dousset Alban Dousset 8 décembre 2018 14:23

        @John Doe

        Effectivement, je vous confirme ces deux petites erreurs (malgré plusieurs relectures).
        Je vous remercie de prendre le temps d’élaborer une critique/réaction.
        J’en suis très heureux et flatté. smiley

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