Où en est le plan « Espoir Banlieue » ?
« Les 500 millions du Grenelle de l’Environnement seront consacrés au plan Espoir Banlieue ». C’est ce qu’avait déclaré le président de la république en 2008. Il avait alors lancé l’énième projet pour aider les quartiers sensibles. Le gouvernement Sarkozy a dévoilé son plan banlieue en février 2008. Il y avait beaucoup de promesses et des constatations de toutes sortes sur les problèmes dans les banlieues qui allaient enfin être traités. En ligne de mire, il y avait le chômage, l’éducation, l’insécurité… Faisons un rapide bilan deux ans et demi après sa mise en route.
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Le problème a été traité mais avec les résultats mitigés que nous constatons trop souvent dans les médias. L’état devait apporter la sécurité aux habitants des quartiers avec la création des unités territoriales de quartier(UTeQ), sorte de police de proximité de Michel Alliot-Marie. Celles-ci viennent d’être démantelées par Brice Hortefeux et seront remplacées par des brigades à visée plus répressives. Aux problèmes que posent certains dans les banlieues, l’état a décidé de répondre par la force avec 4000 policiers supplémentaires en trois ans. Prévention ou répression, le gouvernement à tranché. Autre problème de taille, l’inexpérience des policiers qui sont affectés à proximité de ces zones sensibles augmente le risque de bavures ou d’avoir des blessés parmi les forces de l’ordre. Les nombreux actes de violences qui éclatent en banlieue ces derniers temps ne sont pas là pour conforter notre ministre de l’intérieur. De nombreux banlieusards d’origine étrangère ou pas le juge illégitime depuis qu’il à été condamné pour injure à caractère raciale par une chambre correctionnelle du tribunal de Paris en juin de cette année. C’est peu dire que le dialogue est rare entre la police et certains banlieusards qui posent de gros problèmes. Des deux côtés, les actions se radicalisent et c’est la majorité silencieuse qui en fait les frais au sein des quartiers.
Logement :
Aux problèmes concrets de paiement de loyers, Nicolas Sarkozy promettait l’accessibilité accru à la propriété pour les personnes modestes en citant Christine Boutin qui devait présenter des accords avec les bailleurs sociaux. Le président à mainte fois répété que ce n’est pas parce que l’on a de faibles revenus que l’accès à la propriété doit-être impossible. Pourtant quelles mesures ont été prises en ce sens ? Aucune de significative car les banques prêtent toujours à des taux élevé malgré les pressions du gouvernement pour les personnes aux revenus modestes. La seule mesure vraiment efficace, le Pass-Foncier existait déjà en 2007. Lors de son discours, le président évoque aussi les « 15 000 habitants du quartier nord de Bondy qui n’ont aucune banque à proximité ». Deux ans plus tard, il n’y a toujours pas de banque dans cette zone. Le président de la république n’est malheureusement ni banquier ni vendeur en immobilier sinon ça se saurait à Bondy.
Education :
Là encore les promesses se sont brisées les ailes sur l’ampleur du problème. Le ministère de la ville en association avec celui de l’éducation avait proposé de bonnes idées mais là encore la mise en place est difficile. Les jeunes sortis du système scolaire sans le niveau CAP seront toujours accueillis dans les écoles de la Deuxième Chance crée en 1995. Un autre projet qui tenait particulièrement à cœur au chef de l’état était la construction d’« Internat d’excellence ». Ces structures accueillent des enfants défavorisés, bon en classe mais dont les conditions de travail à la maison ne sont pas idéales. L’environnement privilégié de ces centres leurs permettent de pouvoir se consacrer à fond aux études. A terme, le but est la création d’une élite venant des quartiers difficiles. Trente sites d’excellence scolaire devaient être créés en quatre ans. Douze seront ouvert à la rentrée 2010 qui permettront à près de 800 élèves de suivre des cours. On est loin des 20 000 pensionnaires annoncés par Nicolas Sarkozy même si les ouvertures se poursuivent. Au niveau des lycées, les proviseurs ont obligation de présenter les 5% de leurs élèves les plus méritants en classe préparatoire. Des partenariats sont mis en place avec des grandes écoles pour favoriser l’accession de bacheliers à des études qu’ils pensaient réservées à d’autres. Autre sujet qui tient à cœur à Fadela Amara la secrétaire d’état à la ville, le « busing », venu des Etats-Unis. Des bus font le tour des quartiers, récupèrent des enfants de CM1 et CM2 pour les emmener dans des écoles plus côtés situées dans une autre zone scolaire. Là encore, les résultats ne sont pas tout à fait au rendez-vous car très peu de villes jouent le jeu. Certaines par manque de volonté politique, d’autres à cause du peu d’aide de l’état. Comme souvent, chacun se renvoi la balle.
Emploi :
Le chômage des jeunes est un autre vrai problème et 100 000 emplois devaient être créé en quatre ans pour les quartiers. Qu’en est-il aujourd’hui ? Dès janvier 2009, soit un an plus tard, Fadela Amara annonçait que l’objectif de création de 11 000 postes pour les quartiers était atteint. A ce rythme, il faudrait 10 ans pour tenir les engagements du président de la république. Espérons que la timide reprise actuelle accélère les embauches. Les projets pour diminuer le non emploi des jeunes de quartier sont ambitieux. Un dispositif aidant à la recherche d’activités appelé « contrat d’autonomie » permet de fournir un soutient aux jeunes en leur proposant des ateliers de coaching pour apprendre à se présenter. Des petits frais ou leurs cartes de transport peuvent aussi être financé par le dispositif afin qu’ils puissent se rendre aux entretiens. Tout semble idyllique sauf que le coût par rapport aux résultats est injustifié. Fin 2009, le dispositif géré non pas par les missions locales mais par des agences de placements privés avait coûté 29 000 euros par jeunes placés en entreprise. Beaucoup trop. De plus, l’écart entre le nombre de chômeurs des Zones Urbaine Sensible (ZUS) et le reste de la France ne s’est pas réduit. En 2009, il était de plus du double, avec en moyenne 17% de chômage pour les habitants de ces quartiers alors qu’il n’est « que » de 8% au niveau national. Il atteint 40% dans certains où la situation est vraiment critique.
Apparemment avec notre président les promesses n’engage que ceux qui y croient. Est-ce à dire que les banlieusards de France n’ont pas crû à la bonne parole d’un gouvernement dont le bilan du plan Espoir Banlieue est si mitigé que même la ministre de la ville Fadéla Amara lui à attribuée début 2009 la note non éliminatoire mais tout juste passable de 11 sur 20 pour sa mise en place. Devant la difficulté de la tâche, il semble bien que les objectifs aient été revus à la baisse. S’il est vrai que la crise est passée par là, espérons qu’avec les prémices de reprises actuelles, ces français dont les conditions de vie sont parfois difficiles ne seront plus les oubliés de l’état.
Documents joints à cet article
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