La démocratie n’est pas morte.
Même si de nombreux commentaires témoignent d’une forte déception, soulevant la question de savoir si la démocratie existe vraiment, si elle n’est qu’un masque derrière lequel s’active une oligarchie tirant toutes les ficelles, si elle est moribonde ou bien morte, on voit bien que chacun de nous aspire avec force à la refondation de la démocratie. Chacun veut plus de démocratie.
Comme je le disais, la démocratie ne peut exister sur un socle solide qui est le désir de nous Français, à vouloir vivre ensemble. Il faut être conscient de ce désir pour savoir s’incliner devant des décisions qui nous semblent parfois contraire à nos intérêts personnels, mais qui sont commandés par l’intérêt général.
Sans entamer un débat sur la répartition de l’impot, l’impot est l’exemple même de ces décisions contraire s parfois à mon intérêt personnel mais commandées par l’intérêt général, et dont je tire indirectement de nombreux bienfaits : que ce soit l’éducation, la santé, qui peut remettre en cause les bienfaits qu’apportent à chacun dans ces deux domaines l’action collective ?
Une fois posé ce socle, ce que j’entends par plus de démocratie, c’est que mes représentants élus soient clairement au service de l’intérêt général. Ca peut paraître vieillot et ringard, mais on n’entend plus parler de la Nation, et je trouve que c’est bien dommage.
Par plus de démocratie, c’est une évidence, j’attends un maximum de transparence.
Par plus de démocratie, j’attends une vie politque plus ouverte à chacun. Le fait que nous ayons cette impression si générale que nos dirigeants sont tous issus du même sérail pose problème. Il ne s’agit pas seulement de savoir si cela est vrai ou pas. Ce sentiment montre surtout que nous ne croyons plus qu’un citoyen quelconque puisse accéder aux responsabilités. Nous nous sentons exclus des charges importantes, et nous nous sentons confisqués du pouvoir.
Par plus de démocratie, j’attends plus de respect des suffrages exprimés et des majorités. C’est ce qui impose ma retenue vis à vis de notre Président. Même si cela ne cesse de m’interpeler, il a obtenu une majorité de suffrage exprimés. Je ne le comprends pas, mais je suis forcé de m’incliner.
Par plus de démocratie, j’attends aussi un débat constructif au Parlement et dans la vie politique. Au lieu de cela, nos députés ont un code de conduite bien simpliste, selon lequel la majorité aquiesce et l’opposition s’oppose.
Je suis bien conscient que tout cela ne dépasse pas de beaucoup le domaine des bonnes intentions. Je ne vous propose pas les mesures pour combler la Sécu, comment affronter la crise, jusqu’où prolonger l’élargissement de l’union européenne.
Mais je trouve cependant que la forme compte autant que le fond. Comment pourrions nous ensemble faire des efforts collectivement pour améliorer le sort de chacun d’entre nous sans idéal, sans utopie ?
Vous dites Gül, que je propose, « entre espoir et sagesse, un fond bien agréable mais utopique ». Vous avez raison, et je le revendique. En paraphrasant un peu Séguéla, je sirais que si à 20 ans on n’a pas eu une utopie, on a raté sa jeunesse. Il nous faut un idéal.
Pourquoi, étudiant, consentez vous des efforts si ce n’est la perspective d’un diplôme, dont vous attendez beaucoup ?
Pourquoi, parents, consentez vous des efforts si ce n’est pour apporter le meilleur possible à vos enfants ?
Or, à nous Français, que propose t’on ? Quel objectif nous donnons nous ? Que voulons nous faire encore ensemble ?
Idéaliste surement, je reste également plein d’espoir car le fait d’être déçu par la politique que l’on nous sert depuis quelque temps ne signifie pas qu’il faille abdiquer. Ce n’est pas parce que mon suffrage ne s’est pas melé à ceux de la majorité que la démocratie est morte. L’activité du citoyen ne se réduit pas à déposer un bulletin dans l’urne, et il me reste encore de nombreux recours pour tenter d’influer sur cette vie publique : la participation à des débats, l’écriture d’articles, l’engagement dans un parti politique, me présenter à une éléction.
Honnêtement, je ne peux pas dire que rien de tout cela ne marche tant que je n’ai pas essayé !
Je pense qu’on attend bien souvent l’homme providentiel, celui dont on attend qu’il porte un projet, qu’il cristallise sur sa personne l’espoir et le charisme. Et en rejetant nos insatisfactions sur l’absence d’homme providentiel nous faisons l’économie de nous poser chacun la question de ce que nous voulons. A chacun de se construire son propre programme politique, et de chercher à le mettre en oeuvre. Eventuellement pour commencer par petite touches en soutenant l’un ou l’autre candidat.
Mais sur qui s’appuyer ?
Comme le rappelle freedom2000, l’objectif de tout politicien est le pouvoir. C’est vrai, j’en connais des comme ça. Je pense que la politique ne devrait pas etre un métier, et que les elus devraient faire de plus fréquents aller/retour avec la vie civile.
Malgré tout, je pense qu’il y a des hommes politiques honnêtes sur qui il est possible de s’appuyer. Simplement ces hommes ne sont pas ceux dont on parle. Bernard Accoyer, ce matin sur les ondes de France Culture m’a fait cette impression. Qu’en pensez vous ?
Il y a de nombreux députés qui font leur travail consciencieusement, qui tentent de surveiller l’exécutif et d’alerter le plus grand nombre. Il faut savoir leur donner la parole et les écouter. Ils sont effectivements étouffés sous le flot de l’information.
Quant à 2012, effectivement il s’agit de réaliser un consensus sur un nom. Phacotte évoque Eva Joly. C’est vrai pourquoi pas.
Je suis moi meme embeté pour proposer un nom. J’ai du respect pour l’intelligence de nombres d’hommes politiques, je pense à Rocard, Juppé, mais je ne peux nier les affaires auxquelles certains noms restent associés. J’ai trouvé des choses intéressantes aussi bien dans les livres de Bayrou et Villepin. Mais pour 2012, le signal d’une refondation démocratique serait plus fort s’il était porté par un nom vierge de tout soupçon d’affairisme ou d’ambition. Vraiment, Phacotte, votre proposition est séduisante.
Gül vous le dites bien. Il ne s’agit pas d’un simple débat de savoir vers quoi on tend. Les conditions matérielles deviennent pour certains étouffantes. L’accroissement des inégalités entre couches de population est source de tensions. Cela nous le voyons en France, et aussi dans le monde. Ce même processus risque d’engendrer des instabilités.
Il faut savoir ce que l’on voit, et les efforts qu’on est prêt à faire.
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En vrac, quelques points que j’ai appréciés à la lecture des commentaires sans avoir le temps de les mettre en forme.
geo63 « Dérive très grave vers la médiocrité dans les domaines de la vie publique relayé par une complaisance écoeurant des médias ».
Je pense aussi qu’on sombre dans la médiocrité en refusant chacun de nous poser les questions les plus cruciales qui peuvent remettre en cause certains de nos acquis sociaux. L’age de la retraite fixé il y a 50 ans est il encore en rapport avec nos conditions de vie ou de travail ? Nos diplômes méritent ils la confiance qu’on leur accorde ?
Denis84. Je suis entièrement d’accord avec vous. sans juge d’instruction, aurions nous eu une affait ELF ? et toutes ces autres qui couvent sur le feu, ou qu’on éteint : frégates de taiwan, karachi...
Comme le dis Expat456, j’ai une facheuse tendance à repondre moi meme aux questions que je pose. J’en ai cependant laissé une en supens, celle en titre de l’article. Heureusement McBebert est arrivé : « Sinon, bien sur que Nico1er nous mène droit dans le mur... Mais ça, c’est le système qui est coupable... mais il aurait au moins pu faire l’effort de ne pas appuyer sur l’accélerateur !! »
Tout est dit.
Arreter de se focaliser sur le Président, et de s’aligner sur les USA.
Certes. Le président est pour moi révélateur d’une tendance et d’une dérive potentielle. Il constitue le point de départ d’une reflexion, et d’un engagement. Etre insatisfait est une chose. Mais comment la traduire en acte, c’est la seule chose qui compte.