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Accueil du site > Tribune Libre > Où sont nos origines ?

Où sont nos origines ?

Qui a le plus influencé notre culture moderne occidentale ? Les brillants peintres de grottes dont nous descendons sans doute, ou les premies paysans du Proche-Orient dont les descendants nous paraissent étrangers ?

Le président du Conseil général de l’Ardèche est très fier que la grotte Chauvet soit candidate au Patrimoine mondial de l’Unesco. Il peut l’être car c’est un des chefs d’œuvres absolus du génie humain. Il dit que sans la culture qui a créé Chauvet, Lascaux et Altamira, nous n’aurions pas eu les pyramides et les chefs d’œuvre qui ont suivi. Or, paradoxalement, il n’en est rien. Cette brillante culture, qui a duré vingt mille ans, a disparu sans descendance, encore plus perdue que celle des Mayas ou des anciens Khmers.

En revanche, quand des tribus du Proche-Orient eurent l’idée, il y a quelque dix mille ans, de mettre de côté des graines de céréales sauvages et de les semer, ils commençaient une chaîne ininterrompue qui allait conduire non seulement aux pyramides, mais aussi aux cathédrales, aux mégapoles, au triplement de la durée de la vie humaine, aux pas de l’homme sur la lune, à la mise à disposition instantanée de toute la connaissance humaine à n’importe quel point du globe, au déchiffrement du monde et à son désenchantement.

Paradoxalement, c’est d’hommes qui vivaient à des milliers de kilomètres que nous sommes héritiers, et non de ceux qui vivaient sur notre sol. Quand leur influence est arrivée chez nous, nos ancêtres n’étaient certes pas dépourvus de culture, mais ils avaient complètement oublié l’art des grottes.

Vere Gordon Childe a raison de parler de révolution néolithique : ce qui s’est passé au Proche Orient il y a dix mille ans a changé la face du monde ; cette révolution a conduit, 5000 ans plus tard, à la révolution urbaine, et, encore 5000 ans après, à la révolution industrielle. Mais il n’y a pas eu de révolution aurignacienne, ni magdalénienne.


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9 réactions à cet article    


  • Karash 28 janvier 2012 11:06

    Dur de mettre une note à cet article, le propos est intéressant, mais manque de sources.

    Tâteriez vous le terrain avant de vous lancez dans un article plus fourni ?

    Lancez-vous, vous verrez bien !


    • Pierre-Marie Tricaud Pierre-Marie Tricaud 30 janvier 2012 23:31

      Ma principale source, outre Gordon Childe, est Guns, Germs and Steel de Jared Diamond, que je vous recommande vivement. PMT


    • easy easy 28 janvier 2012 13:14

      Très pertinent

      D’autant qu’à l’instant où l’on cultive de quoi manger, on invente la prospective, la convoitise, et en cascade mille sentiments, toises, calculs, stratégies et concepts qui se tiennent entre eux. En tout bon holisme, dirait un buzzeur.

       Le mieux, à mon sens, c’est de le dire ou le rappeler comme vous le faites et de ne surtout rien en déduire.


      • luluberlu luluberlu 28 janvier 2012 14:08

        Il n’y a pas de différence entre révolution et évolution, dans l’histoire de la généalogie, vous me parraissait trés réducteur sur la vision de ce qu’étaient les procéssus migratoire au néolhitique, et rapellez vous qu’il faut sortir du village pour pouvoir le décrire.


        • Antenor Antenor 28 janvier 2012 15:59

          Toutes les cultures ont des origines multiples. Vouloir les réduire à une source unique est une erreur et un contre-sens. Ce qui définit une culture nouvelle, c’est justement le fait qu’elle se distingue de celles qui l’ont précédée.


          • Jason Jason 28 janvier 2012 16:20


            Article très intéressant et qui fait qu’on veut en savoir plus. J’ai lu, il y a bien longtemps un des livres de Gordon Childe : « What happened in history ? ». Les millénaires qu’il embrasse d’un regard rendent bien futile le petit monde agité d’aujourd’hui. Mais, c’est vrai, nous sommes à l’ère de l’homo oeconomicus. Et on appelle ça le progrès !

            Ce regard a aussi la vertu de rendre débile l’idée de « Français de souche », chère à certains.

            Merci encore.


            • Scribe Scribe 28 janvier 2012 19:07

              Intéressant mais trop simpliste :
              Les hommes qui ont apporté l’agriculture en occident n’arrivaient pas d’afrique, ils arrivaient du territoire voisin, ils avaient juste fait comme mon ancêtre fils cadet d’un tailleur de Dordogne, tailleur lui-même il était venu exercer en Charente et laissait à son frère ainé l’échoppe dordognaise. Il se rappelait à peine que son grand-père était venu de Haute-Vienne pour la même raison, mais d’où venaient les générations précédentes : il ne le savait pas.
              D’autre part il n’y a pas de civilisation de paysans à opposer à une civilisation d’artistes, toutes les communautés humaines regroupent des individus aux motivations diverses et quelquefois très en marge de l’intérêt général. Il y en a qui ne pensent qu’à semer, récolter, entasser pour prévoir la mauvaise saison (fourmis), d’autre qui ne pensent qu’à chasser et pêcher, d’autre encore qui rèvent d’en découdre avec les tribus voisines pour leur ravir leurs biens et leurs femmes, il y en a qui s’investissent dans la conduite spirituelle du groupe en faisant des prévision, de la magie, de la « médecine » et enfin il y a les inutiles incurables (cigales) qui passent tout leur temps à faire des graffitis ou à tailler des os...Et il semble bien que cela ait été semblable chez Néandertal sauf pour l’agriculture, il a disparu avant de s’y mettre.
              On ne peut pas si facilement mettre les culures passées dans des boites et les juger, nous ne connaissons d’elles que les quelques aspects qui nous sont parvenus et nous imaginons leur vie de façon simplificatrice. Il faut cependant reconnaître que depuis une trentaine d’années les idées se sont singulièrement élargies et complexifiées à leur sujet.
              Merci d’avoir ouvert le débat.


              • Pierre-Marie Tricaud Pierre-Marie Tricaud 2 février 2012 23:12

                Ma réponse étant trop longue aux différents commentaires, j’en ai fait un article entier, que vous trouverez sur http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/ou-sont-nos-origines-suite-109310


              • Pierre-Marie Tricaud Pierre-Marie Tricaud 13 février 2012 23:30

                J’insère un commentaire reçu d’une amie en dehors du site :
                >>
                Ce qui est extraordinaire c’est que l’on a pu dater, avec certitude, les représentations de la grotte à -36000, ce qui est soit beaucoup plus ancien que Lascaux et Altamira, soit peut les faire remonter à une date antérieure (?), quoiqu’il en soit cela fait de Chauvet la plus ancienne grotte ornée connue au monde...
                Mais tu as raison, on est au début du processus d’accélération de l’histoire, -10000 le néolithique,-4000 les grandes civilisations urbaines (Egypte, Mésopotamie, -1800 en Chine), + 1400 La Renaissance, les grandes découvertes, l’imprimerie (étape essentielle que tu as sautée !), +1850 La révolution industrielle et capitalistique, +1950 l’atome et l’électronique...
                L’homme est peu à peu descendu de la transcendance, du dialogue avec les forces de la nature, à la maîtrise de celles-ci, au matérialisme et au virtuel, y a-t-on gagné ?

                Et ma réponse :
                >>
                Merci pour ton commentaire. Je n’ai pas sauté la Renaissance, les grandes découvertes ni l’imprimerie, mais avec la taille de pixel de 5000 ans que j’ai adoptée, c’est le début de la révolution industrielle. Même si l’histoire accélère, nous devons nous défaire d’une vision de l’histoire qui déforme la perspective, avec des périodes anciennes qui durent des millénaires et des périodes récentes qui ne durent que des siècles, voire des décennies.
                Quant à ta question « y a-t-on gagné ? », tu as peut-être ta réponse ; voici la mienne, qui bien sûr n’engage que moi : je ne dirais pas pour ma part qu’on est passé de la transcendance et du dialogue avec les forces de la nature à la maîtrise de celles-ci, au matérialisme et au virtuel, mais plutôt de l’écrasement par les forces de la nature à la maîtrise de celles-ci, et de l’animisme à l’humanisme, et ce en passant par la transcendance - laissant place aujourd’hui au choix entre le matérialisme et la transcendance. C’est ce que montre Marcel Gauchet dans Le Désenchantement du monde : en partant d’un monde peuplé de divinités imprévisibles et potentiellement menaçantes, l’introduction de la transcendance, d’une divinité extérieure à l’univers, réduit ce dernier à l’état d’objet connaissable et maîtrisable. Après, on peut maintenir cette transcendance non interventionniste ou bien évacuer toute divinité du ciel après l’avoir évacuée de la terre : dans les deux cas, l’homme se retrouve « comme maître et possesseur de la nature ».
                Je suis peut-être un optimiste béat, mais personnellement, je crois qu’on y a gagné en liberté, en espérance et en responsabilité. En liberté car l’homme n’est plus dominé. En espérance car son action n’est plus vaine, il peut changer le monde. En responsabilité car tout dépend bien sûr de ce qu’on fait de ce pouvoir. Il peut être destructeur ; il peut aussi être gestionnaire, selon la philosophie du développement durable ou selon le joli détournement par Alain Roger de la formule de Descartes : « maîtres et protecteurs de la nature ».

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