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Accueil du site > Tribune Libre > Où vont les lambertistes (suite) ?

Où vont les lambertistes (suite) ?

Le 5 décembre 2018, nous avons publié ici même un premier article intitulé « Où vont les lambertistes ? ». A vrai dire, ce titre pourrait paraître abusif car les émules de Pierre Lambert sont maintenant répartis dans deux organisations le POI et le POID ; or, nous ne nous intéressons ici qu’au POID et d’ailleurs, nous relevons principalement des articles écrits par Daniel Gluckstein. Nous nous autorisons cependant à considérer qu’il est le dauphin de Pierre Lambert lequel le désigna comme tel lors d’un congrès de l’OCI.

Assurément, nous ne sommes pas les seuls à avoir formulé des critiques sur le ramassis de calomnies haineuses contre les gilets jaunes qu’il avait publié le 22 novembre 2018 dans la Tribune des Travailleurs sous le titre : « Rouge est le drapeau des travailleurs ». (Nous renvoyons le lecteur à notre précédent article).

Depuis, Daniel Gluckstein s’enfonce. Voici intégralement ce qu’il écrit le 10 janvier 2019 dans un nouvel article intitulé « Que cela plaise ou non… »

« Depuis quelques semaines, le POID (Parti ouvrier indépendant démocratique) et La Tribune des travailleurs sont la cible d’attaques diverses.

Quand ils ne se réfugient pas dans l’anonymat, leurs auteurs ont un point commun : naguère partisans de la lutte de classe, du mouvement ouvrier et de la démocratie politique, ces convertis au « gilet-jaunisme » proclament aujourd’hui que partis et syndicats appartiennent à un monde définitivement disparu. C’est évidemment leur droit. Mais en démocratie, est-on autorisé à ne pas les suivre ?

Il est facile à certains d’appeler à jeter le bébé avec l’eau du bain. N’en déplaise à nos critiques, les travailleurs ne confondent pas les syndicats construits par eux dans leur lutte de classe avec la politique de leurs directions. Laquelle peut légitimement être discutée, approuvée ou contestée par les syndiqués (en particulier lorsqu’elle s’inscrit dans le cadre de la concertation sur les contre-réformes avec le gouvernement). Mais cela n’empêche nullement les travailleurs, dans les grèves et autres mouvements de classe (et dans les élections professionnelles), de manifester leur attachement aux syndicats. Parce que ces derniers leur appartiennent et sont les instruments de leur combat de résistance.

On ne s’étonnera pas que ceux qui s’en prennent à notre journal sont les mêmes qui mènent campagne dans les syndicats pour qu’ils abdiquent de leurs responsabilités et se transforment en appendices des gilets jaunes ou d’autres groupements de ce type, voire qu’ils s’y dissolvent.

Encore une fois, c’est le droit de chacun en démocratie de mettre en cause l’indépendance syndicale, donc la démocratie. Ce n’est pas la première fois dans l’histoire que d’ex-partisans du mouvement ouvrier prennent position pour l’intégration des syndicats à l’État ou leur dilution dans le « peuple », sans distinction de classes. Mais de grâce, messieurs, ne venez pas donner des leçons à ceux qui se réclament de la lutte de classe, du mouvement ouvrier et de ses organisations.

Que cela vous plaise ou non, nous restons, nous, fidèles à ce que nous ont appris nos anciens, à savoir qu’« au cours d’une lutte plus que séculaire pour la défense de ses intérêts (…) la classe ouvrière a édifié des organisations, partis et syndicats, qui la rassemblent face à la classe capitaliste » et c’est pourquoi« l’existence de ces organisations et la préservation de leur indépendance ont toujours revêtu une importance majeure. »*

Que cela vous plaise ou non, le IIIe Congrès du Parti ouvrier indépendant démocratique qui s’ouvre le 19 janvier sera celui d’un parti ouvrier en progression, qu’il s’agisse du nombre de ses adhérents ou de la diffusion de La Tribune des travailleurs.

Que cela vous plaise ou non, ce congrès placera la défense de la classe ouvrière et de ses organisations au centre de ses débats, dans la perspective de l’Assemblée constituante souveraine et du gouvernement ouvrier. 

Que cela vous plaise ou non, nous persistons et signons : « Rouge est le drapeau des travailleurs. » Rouge il restera.

* Pierre Lambert, Itinéraires. »

Cet article est disponible sur une page de facebook. Nous avons fait la réponse suivante.

« Daniel Gluckstein constate que "Depuis quelques semaines, le POID et La Tribune des travailleurs sont la cible d’attaques diverses." En fait, il semble bien que les "attaques" en question soient simplement des critiques de militants qui, comme nous, n'ont pas apprécié les calomnies qu'il a proférées contre le mouvement des gilets jaunes dans un précédent article intitulé "Rouge est le drapeau des travailleurs". Nous faisons partie de ceux qui se sont exprimés à ce sujet. Je précise que je suis l'auteur d'un livre intitulé "De François Mitterrand à Jean-Luc Mélenchon" avec en sous-titre : "Pour une avant-garde du mouvement ouvrier au sein de l'UPR".

https://www.bookelis.com/librairie#/genres-politique.

Cela me permet, outre de faire la promotion de mon livre, de ne pas être accusé par Daniel Gluckstein de rester dans l'anonymat, puisqu'il écrit à propos de ceux dont il est la "cible d'attaques diverses" : "Quand ils ne se réfugient pas dans l’anonymat, leurs auteurs ont un point commun..."

Il ne cite aucun nom. Il est loin des pratiques qui furent celles de tous les authentiques révolutionnaires. Quand ceux-ci faisaient des critiques et des polémiques, ils nommaient clairement les personnes auxquelles ils s'attaquaient en faisant des citations. Chacun pouvait vérifier sur pièce de quoi il s'agissait. A l'inverse, cet article de Daniel Gluckstein a la forme d'un ramassis de ragots. Le lecteur ne sait pas de qui il parle. Il ne sait pas à quels textes il fait référence. Il ne fait aucune citation. Il ne s'agit que d'insinuations laissant la porte ouverte à toutes les équivoques et les ambiguïtés. C'est tout le contraire de ce qu'ont toujours fait Marx, Engels, Lénine ou Trotsky. Ceux-ci fondaient leurs analyses sur des faits avec le plus possible de clarté. Nous restons ouverts à la discussion mais avec cette indispensable exigence de vérité qui suppose que chacun cite explicitement ce qu'il veut critiquer. »

Il est certain que le mouvement des gilets jaunes bouleverse profondément tout le mouvement ouvrier et en particulier les directions des partis ouvrier-bourgeois : le PS, le PCF et la FI. Comme le disait Trotsky dans un article de janvier1932 intitulé « La révolution allemande et la bureaucratie stalinienne » :

«  Les politiciens du réformisme, ces affairistes habiles, ces vieux routiers de l'intrigue et du carriérisme, ces hommes expérimentés dans les combines parlementaires et ministérielles, s'avèrent - on ne peut trouver d'expression plus tendre - de parfaits imbéciles, dès que la marche des événements les projette hors de leur sphère habituelle et les confronte à des faits importants. »

Le mouvement des gilets jaunes devient ainsi un profond révélateur. Le PS, le PCF et la FI avec quelques nuances disent apporter leur soutien aux gilets jaunes. Mais alors que ceux-ci exigent le départ de Macron aux cris de « Macron démission » ou parfois « Macron destitution », aucun de leur député n’a signé pour lancer la procédure de destitution de Macron. Seul le député LR Franck Marlin a réclamé cette destitution. Les organisations du mouvement ouvrier protègent donc Macron autant, voire même davantage, que LR, le parti de la bourgeoisie.

Dans le même temps, ce mouvement des gilets jaunes a aussi permis de mettre à jour la véritable nature de Daniel Gluckstein qui est assurément maintenant plus proche des « politiciens du réformisme » dont parle Trotsky que des authentiques révolutionnaires marxistes. C’est le résultat d’un long glissement commencé en 1981 quand les lambertistes ont soutenu François Mitterrand en faisant silence sur sa nature « bourgeoise » car l’appartenance du PS au mouvement ouvrier (qui est d’ailleurs discutable) n’enlève en rien le caractère profondément réactionnaire de sa direction. Rappelons à ce sujet ce que disait Trotsky dans l’article de janvier 1932 déjà cité :

« La social-démocratie, malgré sa composition ouvrière, est un parti entièrement bourgeois, dirigé dans des conditions "normales" de façon très habile du point de vue des objectifs de la bourgeoisie ; mais ce parti ne vaut rien dans des conditions de crise sociale. Les dirigeants sociaux-démocrates sont bien forcés, même contre leur gré, d'admettre le caractère bourgeois de leur parti. »

En jetant un œil aux autres articles de la Tribune des Travailleurs le lecteur ne peut qu’être frappé par les contradictions du POID qui reconnaît à sa façon, mais sans le dire explicitement, que nous sommes dans une situation révolutionnaire. Cependant, après avoir tant calomnié les gilets jaunes, ces lambertistes n’osent pas reconnaître que ceux-ci sont pour une bonne part dans l’évolution de cette situation.

Il est clair que la crise touche le sommet de l’état qui ne peut plus gouverner le navire en perdition qu’est devenue la France. Les rats quittent le navire les uns après les autres : Gérard Collomb et Nicolas Hulot sont les plus connus avec le Général de Villiers. Mais la liste s’allonge : Sylvain Fort le directeur de communication de Macron vient de partir pour « des raisons personnelles » dit-il. Tout le monde le comprend. Chantal Jouanno à peine nommée responsable du grand bla-bla jette l’éponge. Faut-il parler aussi d’Alexandre Benalla parti avec ses armes et ses passeports diplomatiques ? Son départ contraint et forcé est tout autant révélateur de la crise que les autres. Mme Yaël Braun-Pivet, la présidente de la commission d’enquête sur cette affaire refuse simplement de convoquer une nouvelle réunion de la commission. Du coup, le corapporteur Guillaume Larrivé démissionne à son tour.

Le mouvement des gilets jaunes a aussi révélé à quel point la situation économique des ménages devient difficile quand dans le même temps la plus sombre misère s’étend avec son lot grandissant de sans-abris. Tandis que « en haut » ils ne peuvent plus gouverner, la situation de « ceux dans bas » n’est plus supportable. C’est bien dans une crise révolutionnaire que nous sommes entrés. Et, si la révolution n’a pas commencé, elle compte déjà ses martyrs. Nous assurons nos camarades qui sont encore dans le coma, ceux qui ont perdu un œil, ceux qui ont perdu une main… que leur sacrifice n’aura pas été vain. Nous irons jusqu’au bout.

Le pouvoir a tenté de durcir la répression pour en finir avec ce mouvement. Le 7 janvier 2019 le POID publie un communiqué de son Bureau National intitulé « Halte à la répression ! » où on peut lire :

« Depuis plusieurs semaines, le gouvernement Macron-Philippe est engagé dans une véritable escalade de la répression. Un total provisoire établit à 3 747 le nombre de condamnations prononcées. On comptabilise 216 emprisonnements, plus de 4 500 mesures de garde à vue, plus de 1 600 blessés dont certains gravement, deux hommes toujours dans le coma. Des dizaines de milliers de personnes ont été gazées. Chacun a en mémoire les 151 lycéens immobilisés à genoux, mains sur la tête, à Mantes la Jolie, et les lycéens victimes de matraquage dans toute la France.

Gilets jaunes, lycéens, mais aussi militants syndicaux contre qui s’acharne la répression patronale et gouvernementale… »

Le POID reconnaît enfin que les gilets jaunes font partie, avec les lycéens et les militants syndicaux, de ceux sur qui s’acharne la répression patronale et gouvernementale. Il semble bien d’ailleurs que les gilets jaunes soient les premiers concernés par les chiffres rapportés. Merci de bien vouloir admettre que les gilets jaunes sont les adversaires des patrons et du gouvernement. Daniel Gluckstein a beau répéter « Je persiste et signe », cela est bien différent de ce qu’il écrivait le 22 novembre 2018. Nous renvoyons le lecteur à notre article précédent. Rappelons seulement qu’il expliquait alors que le mouvement des gilets jaunes était essentiellement une initiative patronale et il ajoutait : « Sous le gilet jaune, l’ouvrier reste un ouvrier, et le patron un patron. Sans parler de ceux dont la chemise brune dépasse sous le gilet jaune ! » Il prenait le soin d’expliquer dans une note que « la chemise brune » était une référence à l’uniforme des SA, sections d’assaut du parti hitlérien. En plus des patrons, il y avait donc des nazis. Et il avait expliqué auparavant que cette mobilisation des patrons et des nazis revêtus de gilets-jaunes avait été organisée par les milliardaires qui tiennent les médias. Il écrivait en effet : « pour les médias, propriétés de grands groupes capitalistes, qui n’ont cessé d’appeler aux blocages, et même de les coorganiser de fait, dire… ».

Nous félicitons le POID d’avoir finalement consenti à écrire :

« Avec l’ensemble des organisations du mouvement ouvrier démocratique, le Parti ouvrier indépendant démocratique (POID) exige l’arrêt de la répression, le respect du droit de manifester et l’arrêt des poursuites contre les jeunes, les militants, les travailleurs. »

Il reste maintenant à aborder la question des relations entre les syndicats et le mouvement des gilets jaunes. Au préalable rappelons quelques généralités sur le rôle des syndicats. Soulignons d’abord que comme les partis issus du réformisme et du stalinisme ce sont des organisations ouvrière-bourgeoises et que de plus, il y a toujours eu de la part des capitalistes la volonté de les intégrer à l’état ou à l’entreprise pour en faire des instruments de domination de classe. Il en fut ainsi des syndicats pétainistes ou des syndicats des grosses dictatures staliniennes qui n’étaient que des instruments du pouvoir : simples courroies de transmission chargées de faire passer les décisions prises par les dirigeants. Ainsi les cadres des syndicats deviennent des collaborateurs du pouvoir et les représentants du personnel représentent en fait les dirigeants auprès du personnel et non l’inverse. Il y a une entente au sommet entre dirigeants et représentants du personnel sur le rôle de chacun. Les patrons confient aux dirigeants des syndicats les informations à faire circuler et les mandatent pour recueillir l’avis des employés voire même pour moucharder les opposants. Nous connaissons la fameuse loi de promotion syndicale : « Pour se débarrasser d’un syndicaliste trop revendicatif sans risquer une grève, il faut le nommer cadre ». Quand le syndicat est bien intégré à l’entreprise, il n’est plus nécessaire d’appliquer cette loi. Il n’est plus question de corrompre ou d’acheter un dirigeant syndical puisqu’il est par nature collaborateur du pouvoir. L’idée de mettre en place des syndicats corporatifs obligatoires reste d’actualité. Ségolène Royal pour remédier à la désyndicalisation a tout simplement déclaré : « Je suis favorable à une solution simple et radicale : l’obligation d’adhérer à un syndicat » (Cf. La Dépêche du midi du 15 mai 2006). Or, la « charte du travail » du 4 octobre 1941 visait justement à rendre obligatoire l’adhésion à un syndicat unique en même temps qu’elle supprimait le droit de grève. L’affirmation de Daniel Gluckstein sur les syndicats mérite d’être sérieusement nuancée. Voici ce qu’il dit :

« (…) Mais cela n’empêche nullement les travailleurs, dans les grèves et autres mouvements de classe (et dans les élections professionnelles), de manifester leur attachement aux syndicats. Parce que ces derniers leur appartiennent et sont les instruments de leur combat de résistance. »

Nous venons de l’expliquer, dans certains cas les syndicats appartiennent aux patrons et sont un instrument de domination. Alors, il faut manier un peu la dialectique. La réalité est complexe et contradictoire. Les syndicats, le plus souvent, ne sont ni la propriété des patrons ni celle des travailleurs mais sont un peu les deux en même temps. De même, ils ne sont ni purement des instruments de combat ni uniquement des instruments de pouvoir. Ils sont à la fois enjeu et instrument de la lutte car c’est par la lutte que leur indépendance à l’égard du pouvoir peut être gagnée. Nous nous en tiendrons là pour ce qui est des généralités sur les syndicats. Voyons, plus précisément où nous en sommes actuellement en France. Le premier trait marquant c’est qu’il n’y a plus que 8% des travailleurs qui sont syndiqués. C’est le résultat d’une longue série de trahisons. Les travailleurs ne font plus confiance aux syndicats. La France est le pays d’Europe où il y a la plus grande proportion de permanents syndicaux au regard du nombre de syndiqués. C’est dire, qu’évidemment les apparatchiks des syndicats ne sont pas payés par les cotisations des syndiqués mais principalement par diverses dotations patronales et surtout par la CES (Commission Européenne des Syndicats). Cela porte un coup sérieux à l’affirmation de Daniel Gluckstein. Contentons-nous de poser les questions : A qui appartiennent les syndicats ? Que défendent-ils ? Qui défendent-ils ? Venons-en maintenant au rôle des syndicats dans les grandes mobilisations ouvrières comme celle que nous connaissons actuellement. Rappelons la citation de Trotsky que nous avons déjà faite dans notre précédent article :

« Les syndicats, même les plus puissants, n’embrassent pas plus de 20 à 25% de la classe ouvrière et, d’ailleurs, ses couches les plus qualifiées et les mieux payées. La majorité la plus opprimée de la classe ouvrière n’est entraînée dans la lutte qu’épisodiquement, dans les périodes d’essor exceptionnel du mouvement ouvrier. À ces moments-là, il est nécessaire de créer des organisations ad hoc, qui embrassent la masse en lutte ».

Ce que Trotsky observe ici se trouve décuplé du fait qu’il n’y a plus que 8% des travailleurs qui sont syndiqués et que les directions syndicales sont largement déconsidérées. Cela explique la défiance du mouvement des gilets jaunes à l’égard des dirigeants syndicaux et leur farouche volonté de ne pas se faire confisquer leur mouvement par eux. Le remède proposé par Trotsky s’impose  : « il est nécessaire de créer des organisations ad hoc, qui embrassent la masse en lutte ». Il pense alors essentiellement aux comités de grèves, aux comités d’usine, aux conseils ouvriers mais la volonté des gilets jaunes de ne pas se faire récupérer s’inscrit aussi dans cette proposition. C’est pourquoi nous les encourageons à réunir des assemblées citoyennes à tous les niveaux et, au besoin, à élire leurs délégués pour une assemblée citoyenne nationale des gilets jaunes.

L’attitude des gilets jaunes à l’égard des syndicats évolue au fil des événements. C’est essentiellement la convergence des luttes qui est cherchée par tous. C’est encore et toujours aux cris de « Tous ensemble » que les gilets jaunes manifestent. Le 14 décembre plusieurs initiatives sont allées dans ce sens, alors que les jeunes lycéens se joignaient au mouvement avec leurs propres revendications, plusieurs instances syndicales appelaient à la grève. Vous pouvez lire à ce sujet plusieurs articles sur le web notamment ceux-ci :

  • Sur le site web cgt-tefp.fr (CGT travail, emploi, formation professionnelle) « Toutes et tous en grève le 14 décembre 2018, c’est le moment de revendiquer, de passer à l’action et de faire converger les luttes ! »
  • Sur le site d’Initiative communiste « Info luttes -Appel de la CGT pour le 14 décembre »
  • Sur le site de La Nouvelle République un article titre « A Romorantin, la CGT appelle à la convergence des luttes »
  • Sur le site de l’Huffington Post : « La CGT appelle à une grande journée d’action le 14 décembre 2018 »

La nécessaire convergence des luttes pour aller vers la grève générale était alors l’objectif de tous les militants à la recherche d’une issue victorieuse mais une fois de plus les directions syndicales ont fait obstacle à la mobilisation. Rappelons que, dans son article du 22 novembre 2019, Daniel Gluckstein se félicitait de cette attitude des dirigeants des grandes centrales syndicales. Il écrivait : « C’est un fait, aussi : les dirigeants des centrales syndicales, s’ils ont résisté à raison aux pressions visant à les entraîner avec les gilets jaunes persistent néanmoins à se concerter… ». Il critique donc, à juste titre, la collaboration des dirigeants syndicaux dans des instances participatives mais il se félicite que ces dirigeants fassent obstacle à la convergence des luttes.

Cependant, déjouant les pronostics des réactionnaires et malgré la répression, les gilets jaunes ne désarment pas et continuent à bénéficier d’un puissant soutien populaire voire même d’un soutien international puisque ce qui se passe en France est très suivi à l’étranger et n’est pas sans incidences au plan international. Ce ne sont plus seulement les partis ouvrier-bourgeois qui sont ébranlés par ce mouvement mais aussi, et peut être davantage, les centrales syndicales. Lors de l’acte 9 du mouvement des gilets jaunes, le samedi 12 janvier 2019, on a pu voir dans les cortèges de nombreux gilets rouges ou oranges. Personne ne s’y trompe : il s’agit de militants qui veulent montrer leur appartenance à la CGT ou plus simplement au mouvement ouvrier et qui regrettent que les centrales syndicales ne s’engagent pas dans ce mouvement. Si les drapeaux rouges restent très rares, ils ont cependant fait aussi leur apparition et le drapeau de l’UE est unanimement traité comme il convient (voir sur YouTube les vidéos « acte 8 : les gilets jaunes brulent le drapeau de l’UE » et « Gilets jaunes acte 9 : Drapeau de l’UE paillasson ».)

Il semble bien que Daniel Gluckstein ait lui aussi été perturbé par les secousses sismiques du mouvement ressenties dans les syndicats mais, puisqu’il ne s’exprime que sous forme de ragots, nous ne comprenons pas ce qu’il veut dire quand il écrit par exemple : « Ce n’est pas la première fois dans l’histoire que d’ex-partisans du mouvement ouvrier prennent position pour l’intégration des syndicats à l’État ou leur dilution dans le peuple ». Qu’ils nous disent de qui il parle et qu’il cite les textes dans lesquels ils « prennent position » et nous pourrons discuter. Il semble qu’il critique aussi, à juste titre, ceux qui rejettent les syndicats en invoquant les trahisons des dirigeants. Il reprend à ce sujet la métaphore classique : « Il est facile à certains d’appeler à jeter le bébé avec l’eau du bain. ». Nous apprécions toujours pour ce qu’il vaut son langage de commère avec le très anonyme : « certains ». Pour poursuivre sa métaphore nous dirons que, pour sa part, il jette d’emblée le bébé (le mouvement des gilets jaunes) prétextant que l’eau du bain contient quelques traces d’excréments (Quelques racistes anti-migrants poussés là par le RN). C’est du moins ce que nous avions relevé dans son article du 22 novembre 2018 quand il écrivait :

« C’est ce discours qui a dominé les blocages ce week-end, généralement porté par des « gilets jaunes » expérimentés et organisés, souvent militants politiques de droite extrême et d’extrême-droite venus avec leurs cargaisons de drapeaux tricolores et d’insultes racistes, leurs méthodes de terreur et leur haine de l’ouvrier. »

Remarquons au passage qu’il abandonne le marxisme jusque dans ces choix de vocabulaire. Pour notre part, nous ne savons pas ce que sont la droite, la gauche, l’extrême droite et la droite extrême. Pour ceux qui apprécient ces vocables, il paraîtrait que nous serions des militants « d’extrême gauche » dans une organisation « d’extrême droite ». Qu’ils disent ce qu’ils veulent s’ils n’ont pas peur d’être ridicules !

Revenons à l’essentiel. Nous sommes dans une situation révolutionnaire et l’avenir est incertain. Il est dramatique qu’il n’y ait plus en France l’ombre d’une véritable avant-garde du mouvement ouvrier. Les éléments les plus avancés de la classe ouvrière œuvrent :

  • Pour la convergence des luttes vers la grève générale ;
  • Pour le maintien de la mobilisation des gilets jaunes ;
  • Pour accentuer la liaison avec les organisations traditionnelles du mouvement ouvrier tout en interdisant les tentatives de récupération ;
  • Pour l’organisation d’un service d’ordre dans les manifestations afin d’assurer au mieux la sécurité des manifestants et d’éviter les débordements qui discréditent le mouvement ;
  • Pour faire prévaloir les traditions révolutionnaires du mouvement ouvrier (drapeaux rouges, chants révolutionnaires) tout en approuvant ceux qui manifestent leur attachement à la révolution de 1789-93 en arborant le drapeau tricolore ou le bonnet phrygien et en chantant la marseillaise ;
  • Pour la tenue à tous les niveaux (local, départemental, national) d’assemblées citoyennes des gilets jaunes décidant des revendications et des suites du mouvement ;
  • Nous suggérons aux gilets jaunes d’inviter pour un temps limité dans ces assemblées des personnalités politiques ciblées à venir s’expliquer sur des questions précises. Ils pourraient ainsi demander aux députés des partis ouvrier-bourgeois pourquoi ils ne veulent pas sortir de l’UE ou pourquoi ils ne veulent pas lancer la procédure de destitution de Macron. Ils pourraient aussi inviter comme cela a déjà été fait Etienne Chouard ou comme cela n’a jamais été fait François Asselineau. Nous n’osons pas leur suggérer d’inviter Daniel Gluckstein.

Il est urgent pour être prêt à toutes les éventualités de rassembler une avant-garde du mouvement ouvrier ce qui de notre point de vue ne peut se faire que dans l’UPR car le Frexit (sortie de l’UE, de l’euro et de l’OTAN) est une condition indispensable pour que les revendications puissent aboutir. C’est pourquoi nous voulons faire tout l’inverse des lambertistes. Ceux-ci affirment construire des organisations très ouvertes à tous les militants du PS, du PCF et même des anarchistes. Ils auraient ainsi, disent-ils, quatre courants différents dans leurs organisations. Ils traitent par contre comme les pires des ennemis les militants qui se réclament comme eux du trotskisme surtout quand ils ont passé des décennies dans leurs rangs. Pour notre part, voulant regrouper une avant-garde du mouvement ouvrier, nous nous tournons en priorité vers tous ceux qui sont pour le Frexit c’est-à-dire ; l’UPR, le POI, le POID, le ParDem, le PRCF, CPS, le groupe « La Commune », le collectif Révolution Permanente, le Groupe Marxiste Internationaliste. Nous invitons tous les militants de ces organisations à rejoindre dès maintenant l’UPR au même titre que nous les inviterions à rejoindre les réseaux de résistance sous la direction du CNR si l’ennemi extérieur était le nazisme au lieu de l’UE.

Nous cherchons par la libre discussion à regrouper une véritable avant-garde. Cela nous paraît urgent et possible.


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12 réactions à cet article    


  • Clark Kent François Pignon 17 janvier 2019 11:45

    Le poids des lambertistes (mot qui n’a même pas réussi à s’imposer au petit Larose dans ses pages rousses) dans la vie politique du pays est à peu près du même ordre que le poids de la souris qui, montée sur le dos de l’éléphant qui s’apprêtait à traverser un pont lui susurra dans l’oreille : « tu crois que ce vieux supportera qu’on passe à deux ensemble ? ».


    • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 17 janvier 2019 12:48

      @François Pignon
      Sans doute que les lambertistes ne pèsent plus bien lourds avec leur 2 composantes qui survivent à une série de scissions et d’exclusions.
      Cependant, comme je l’explique dans mon livre « De François Mitterrand à JL Mélenchon » ils ont eu un poids considérable dans les années 70. Le nombre de politiciens du PS et de la FI ainsi que le nombre d’artistes qui sont passés dans leur rang est considérable également. Je pense donc qu’ils ont eu une influence dans la vie intellectuelle, politique et artistique de notre pays qui n’est pas quantitativement évaluable. Je pense aussi qu’ils ont laissé derrière eux une quantité de déçus. J’explique dans mon livre qu’ils ont joué un rôle dans ce que j’appelle « la grande trahison ». Plus précisément, ils n’ont pas mené l’opposition à Mitterrand que bien des militants attendaient. Cependant, ce n’est pas la principale raison qui me fait m’intéresser à eux au moment où il me semble urgent de rassembler une avant-garde du mouvement ouvrier. En fait, comme je le dis en conclusion de l’article je m’intéresse en priorité à tous ceux qui sont pour le Frexit. J’en ai d’ailleurs dressé une liste la plus complète possible. Je ne me préoccupe pas en premier lieu du nombre de militants. Dans les organisations que j’ai cité sans doute que quelques unes n’ont pas plus de quelques dizaines de militants. Je crois seulement que le débat entre militants qui ont une base d’accord solide est important. Je suis prêt à accepter toute initiative visant à rassembler une avant-garde du mouvement ouvrier avec des militants qui sont pour le Frexit. Je le répète : cela me paraît urgent et possible.


    • Clark Kent François Pignon 17 janvier 2019 15:30

      @Jean Dugenêt

      l’urgence n’est pas la sortie de l’UE, mais la sortie du capitalisme, ce n’est pas la même chose
      regardez le résultat du brexit !!!!


    • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 17 janvier 2019 16:03

      @François Pignon
      Pensez vous sortir du capitalisme en restant dans l’UE, l’euro et l’OTAN ?
      Je regarde le Brexit. Je compte bien aller à Londres au mois de mars pour fêter leur libération avec les anglais.
      Vous feriez bien de ne pas trop écouter la propagande européiste qui nous est déversée à longueur de temps. On sent d’ailleurs l’affolement de l’oligarchie face à cette échéance. Ils jouent leur dernière carte pour faire échouer le Brexit. Ils ont peur.


    • Clark Kent François Pignon 17 janvier 2019 16:37

      @Jean Dugenêt

      « Pensez vous sortir du capitalisme en restant dans l’UE, l’euro et l’OTAN ?  »

      Merci ! je connais l’histoire de l’œuf et de la poule ! 
      Mais je connais aussi l’histoire de l’œuf de Christophe Colomb.
      Un hurluberlu aurait voulu minimiser l’importance de la découverte de l’Amérique en disant : « Il suffisait d’y penser. »
      Vexé, Colomb 
      aurait proposé un défi aux personnes présentes : faire tenir debout un œuf dur dans sa coquille.
      Personne n’aurait réussi, sauf Christophe Colomb, qui aurait écrasé simplement l’extrémité de l’œuf en disant : « Il suffisait d’y penser ! »

      Croyez-vous que le frexit soit la même chose que d’écraser l’extrémité de la coquille ?


    • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 17 janvier 2019 16:41

      @François Pignon
      Je sais qu’un pays qui sera sorti du capitalisme ne sera ni dans l’UE ni dans l’OTAN ni dans une zone euro.
      Aucune métaphore tirée par les cheveux ne pourra ma convaincre du contraire.


    • Clark Kent François Pignon 17 janvier 2019 16:55

      @Jean Dugenêt

      moi non plus, tout ce que je voulais dire, c’est que l’ordre dans lequel les choses se feront (?), n’est pas non plus déterminé par une logique de sophiste.


    • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 17 janvier 2019 18:55

      @François Pignon
      Je ne sais pas dans quel ordre les choses se feront car tous les combats sont intimement liés. Une sortie de l’UE serait un pas de plus dans une situation déjà révolutionnaire et qui, du coup, viendrait secouer toute l’Europe mais il est aussi possible que la lutte actuelle avec les gilets jaunes et les grèves déjà annoncées au cours du mois débouche sur... (peut être) une grève générale. Il est possible aussi que Macron soit poussé dehors (démission ou procédure de destitution)... Il est possible encore que face à une montée violente de la lutte des classes Macron (poussé par l’oligarchie des milliardaires) tente un coup de force avec l’article 16 et l’intervention de l’armée... Bref, une révolution pourrait se mettre en branle avant une sortie de l’UE.
      Ce dont je suis certain, je me répète encore, c’est qu’il est urgent de regrouper une avant garde du mouvement ouvrier et cela ne peut pas se faire avec des tiède-mous sur la question de l’Europe. Il faut le Frexit.


    • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 19 janvier 2019 15:06

      Je me suis permis de reproduire sur Facebook une partie de notre discussion sur la page du groupe FLEVITA.

      Lien ci-dessous.

      https://www.facebook.com/groups/2053671524658920/permalink/3028091210550275/


    • mawabi 17 janvier 2019 12:21

      J’adore les article sur les poupées russes partisanes.

      Merci de votre contribution !


      • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 17 janvier 2019 13:11

        @mawabi
        Je suis fort aise de réussir à vous faire plaisir.


      • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 17 janvier 2019 16:37

        « votre leader est un droitard de la pire espèce vendu au patronat et au capital »
        Les affirmations sans argument basé sur des faits et sans définition des termes employés ne sont qu’un chapelet d’insultes gratuites. Elles discréditent l’auteur et n’écorchent en rien la personne visée.
        En plus d’avoir publié des articles sur ce site, j’ai publié un livre :

        https://www.bookelis.com/librairie#/genres-politique.

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