Oui, mais c’est pas pareil
Les positions des dirigeant des pays membres de l'OTAN et de la presse qu'ils contrôlent varient si le ciblage d'hôpitaux, d'équipements, de journalistes et de civils lambda se passe en Ukraine ou à Gaza.
Alors que ces (ir)responsables n'hésitent pas à accuser et condamner la Russie en lui infligeant de sévères "sanctions" en raison de « l'opération militaire spéciale » de Moscou en Ukraine, ils adoptent la position opposée concernant les attaques israéliennes sur Gaza. Ces chefs d'états font des déclarations qui admettent implicitement que les attaques israéliennes sont des « actes légitimes », et ne prononcent aucune condamnation.
Bien que le nombre de victimes civiles dans le bombardement israélien de l'hôpital Al-Ahli Arabi, dans le nord de Gaza, ait été bien plus important que les pertes causées par le bombardement par la Russie de la maternité de Marioupol le 9 mars 2022, ces dirigeants et leurs médias attitrés n'ont pas fait montre de la même réaction sévère envers Tel Aviv que vis-à-vis de Moscou. Aucun d'eux n'a même tenu Israël pour responsable du bombardement de l’hôpital.
A propos du ciblage de l’hôpital de Marioupol, Biden avait déclaré que l’attaque était une « injustice » et une « honte pour le monde entier ». Et il avait ajouté : "Le monde entier est uni pour soutenir l'Ukraine et faire payer un lourd tribut au président russe Vladimir Poutine". Plus récemment, après l'attaque contre l'hôpital de Gaza, il s'est déclaré "profondément attristé par l'explosion" survenue dans l'établissement hospitalier, et il a même ajouté lors d'une conférence de presse en compagnie de Netanyahu : "D'après ce que j'ai vu, il semble que cela ait été fait par l'autre équipe, pas vous ?" Il faisait référence aux affirmations israéliennes selon lesquelles le Jihad islamique, un groupe palestinien avec des objectifs similaires à ceux du Hamas, en serait responsable.
Biden avait qualifié les charniers découverts dans la région de Bucha en Ukraine de « génocide ». Après un discours prononcé par Biden au cours d'un déplacement dans l'Iowa le 12 avril 2022, un journaliste lui avait demandé : « M. le président, avez-vous suffisamment de preuves pour parler de génocide en Ukraine ?", et sa réponse avait été : « J'ai qualifié cela de génocide parce qu'il est de plus en plus clair que Poutine essaie simplement d'effacer ne serait-ce que l'idée d'être ukrainien. Les preuves s’accumulent. Nous laisserons les avocats décider, au niveau international, si ce terme est justifié ou pas, mais cela me semble être le cas."
Pourtant, ces temps-ci, au retour de sa visite à Tel Aviv après l'attaque sur Gaza, un journaliste lui a demandé si les Israéliens agissaient dans le cadre du "droit de la guerre" (sic). Biden a fait comme s'il n'avait rien entendu, il a simplement dit : « C’était agréable de parler à vous tous », puis il a tourné le dos et il est parti.
Blinken, lui, ne s'est pas exprimé sur l’attaque israélienne contre l’hôpital Al-Ahli Arabi, alors que dans ses commentaires sur la Russie visant l’hôpital Marioupol, il avait accusé Moscou de « cibler les théâtres et les hôpitaux », et alors qu'il avait insisté sur le fait que Biden considérait que « des crimes de guerre étaient commis en Ukraine » en ajoutant : « ... et je suis d’accord avec lui sur ce point. Viser délibérément des civils est un crime de guerre ». Par contre, il a omis de condamner l’attaque contre l’hôpital de Gaza et n’a pas publié de déclaration à ce sujet, et lors d’une conférence de presse le 20 octobre dernier, il n’a pas abordé la question des « crimes de guerre » concernant les civils morts dans la région et a uniquement tenu le Hamas pour responsable de la mort de civils tués dans les attaques israéliennes.
Le 30 novembre 2022, le même Blinken avait déclaré que Vladimir Poutine avait concentré « sa rage et ses offensives » sur la population civile ukrainienne, et à l'issue Sommet de l'OTAN à Vilnius les 11 et 12 juillet 2023 il en a remis une couche en déclarant : "Le chauffage, l'eau, l'électricité, telles sont les nouvelles cibles du président Poutine. Il les frappe durement. Cette brutalisation du peuple ukrainien est barbare".
En revanche, lors d’une visite au Qatar le 13 octobre dernier, il a évité de mentionner la coupure de l’électricité, du carburant et de l’eau par Israël à Gaza. Il a désigné le Hamas comme responsable du ciblage par Israël des infrastructures dans la bande de Gaza et l'a accusé « d'utiliser des civils comme boucliers humains ».
A propos du bombardement de l’hôpital de Marioupol, la porte-parole de la Maison Blanche de l’époque, Jen Psaki, avait qualifié le bombardement russe de « terrifiant » et de « barbare », et il avait précisé que ce bombardement un « crime de guerre ». Mais, concernant l’attentat à la bombe contre l’hôpital de Gaza, aucune condamnation n’a été prononcée par la porte-parole du Conseil national de la Maison Blanche, Adrienne Watson qui a simplement déclaré que les informations dont elle disposait indiquaient qu’« Israël n’était pas responsable de l’attaque de l’hôpital ».
Après l'assassinat du journaliste américain Brent Renaud en Ukraine, le porte-parole du Département d'État américain de l'époque, Ned Price, avait déclaré : « Nous sommes horrifiés que des journalistes et des cinéastes – des non-combattants – aient été tués et blessés en Ukraine par les forces du Kremlin. », mais l'actuel porte-parole, Matthew Miller, n'a pas condamné Israël pour le meurtre de 36 journalistes à ce jour à la suite des bombardements israéliens. Lors d'une conférence de presse le 26 octobre dernier, M. Miller a simplement souligné que « le gouvernement des États-Unis accordait un respect particulier aux journalistes qui se mettent en danger pour faire savoir au monde ce qui se passe et apporter des informations », en ajoutant : « Nous pleurons donc évidemment la mort de ces journalistes. C'est une grande tragédie".
Reporters sans frontières a annoncé que l'analyse balistique de l'incident au cours duquel le photographe de Reuters Issam Abdullah a été tué à la frontière libano-israélienne montrait qu'il y avait eu une "attaque délibérée" d'Israël, mais cela n'a suscité aucune condamnation américaine.
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Mais Papa, toi aussi tu mets tes doigts dans ton nez !
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Oui mais c'est pas pareil.
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