Palestiniens, Israéliens : La haine

Les leaders politiques de la droite israélienne sont offusqués par la vidéo mise en ligne montrant, lors d’un mariage juif à Jérusalem, des jeunes invités à danser poignards ou armes en mains et simulant le meurtre d’arabes.
Dans la foulée, les bonnes âmes juives qui votent pour les partis au pouvoir, pensaient que le camp des palestiniens représentait le Mal, et que les juifs, éternelles victimes, étaient dans le camp du Bien. Et les voilà tous, vent debout criant au scandale devant ces images qu’ils auraient préféré ne jamais voir, ou plutôt qu’elles ne soient jamais rendues publiques.
Et pourtant, cette vidéo arrive à point nommé, un peu comme la photo d’Aylan l’enfant mort sur une plage turque qui a formaté l’opinion européenne pour accepter la ruée de migrants vers leurs frontières. Alors que des centaines d’autres enfants sont morts avant Aylan dans le silence assourdissant des mêmes média.

Depuis qu’un certain Baruch Goldstein est entré dans la mosquée du caveau des patriarches en 1994 avec un fusil mitrailleur et a assassiné 29 fidèles musulmans et en blessant 125 autres, on sait que des Juifs n’ont rien à envier dans l’horreur à des Palestiniens.
Chaque année depuis vingt ans, l’assassin Baruch Goldstein est célébré par de plus en plus de fans qui l’honorent comme un « saint homme ».
Ces milieux juifs extrémistes radicaux se réclamant d’un destin divin sont aussi à l’origine de l’assassinat d’Itzhak Rabin un an plus tard par Ygal Amir un fan de Goldstein.
Ces deux événements ont d’abord été des chocs dans la société israélienne, mais au fur et à mesure du temps la vie en Judée Samarie s’est poursuivie, et de répression en répression, de checkpoint en checkpoint, de séparation en séparation, des israéliens vivant là sous la protection de l’armée, ont justifié les assassinats de Goldstein ou de Amir. Ils considèrent parfois majoritairement ces meurtres comme une intervention divine pour le « Bien d’Israël ». 
La radicalisation des esprits est patente et nul n’est mieux placé pour le savoir que Benjamin Netanyahou et sa politique de sabotage d’Oslo depuis 1993.
Dans cette population juive religieuse nationaliste est née une génération haineuse qui ne connait pas les arabes, qui ne développe que haine à leur encontre.
Parmi cette jeunesse juive dévoyée, les malfrats de « Prix à payer » sont devenus ingérables et de plus en plus nombreux. http://www.lavie.fr/actualite/monde/qui-se-cache-derriere-le-prix-a-payer-en-israel-16-05-2014-53030_5.php
Ils sont en passe de devenir un vrai danger pour la sécurité de l’Etat. Ils assassinent des enfants arabes en guise de riposte aux attaques palestiniennes, et leurs débordements morbides risquent de mettre à mal le savant dosage répressif mis en place par Bibi et ses conseilleurs. 
Les avocats de certains de ces jeunes mis en examen sont montés au créneau en arguant qu’ils avaient été torturés lors de leurs interrogatoires. S’agissant de jeunes juifs, ils ont obtenu les sympathies d’une partie de l’opinion publique qui n’étaient pas sensibles aux mêmes arguments lorsqu’il était question d’arabes.
C’est dans ces conditions que cette vidéo a été sortie du chapeau et remise à des journalistes pour sa diffusion. Il s’agit de préparer l’opinion publique aux futures arrestations et condamnations de jeunes juifs définis comme « terroristes » pour des exactions contre des arabes, une première en Israël.

Ceci étant posé, on ne comprend pas quelles seront les mesures qui seront prises par les pyromanes politiciens pour éteindre le feu qu’ils ont allumé et entretenu durant toutes ces années. 
La haine s’est propagée dans les deux camps, au point que ceux qu’on appelait les « colombes » de part et d’autre n’ont plus le droit de cité.
Le pessimisme est de mise partout et aucun des deux camps n’est en mesure d’imaginer une issue à cette spirale d’aversion réciproque.
Côté palestinien, il s’agit du déni des liens spirituel et national des Juifs avec la terre de Palestine depuis 2000 ans. L’incapacité d’admettre que des arabes puissent être dirigés par des leaders politiques Juifs, alors que les Juifs ont vécu pendant mille ans comme minorité en terre arabe et dirigés par des leaders musulmans dans des dizaines de pays.
Une éducation débile expliquant que la terre d’Israël dont le Coran stipule clairement qu’elle a été donnée par Dieu aux Juifs, leur serait aujourd’hui étrangère.
Des leaders palestiniens irresponsables qui au nom d’un nationalisme bâti sur des contrevérités et le refus de l’autre vont à l’encontre de l’émancipation de leur population, ne leur proposant d’autre avenir que la misère et le fanatisme.
Côté israélien, la volonté de créer un état occidental en Orient construit sur le déni des droits d’une population arabe locale en quête de dignité et de reconnaissance.
Le déni de l’existence de l’autre est le fondement de ce conflit qui n’est pas territorial.
Et de déni en déni, une jeunesse dégradée est née de chaque côté depuis l’abandon de tout espoir de solution après Oslo.
Des jeunes arabes, entre 15 et 20 ans pour la plupart, s’arment de couteaux, ciseaux ou tournevis pour se suicider en assassinant des juifs, et des jeunes juifs entre 15 et 20 ans se suicident moralement en assassinant des arabes.
Quel gâchis, quelle insulte au Dieu Un, quelle responsabilité portent les politiques des deux camps face à cette jeunesse sacrifiée.
La solution passera pourtant par la jeunesse qui se lèvera bientôt je l’espère pour briser les murs de la haine et du refus de l’autre.

Bernard Darmon