Pandémie du Covid-19 : Que faut-il en tirer ?
Dans ce contexte mondial de déclin relatif de la pandémie du Coronavirus, ou de la Covid-19 comme en a décidé l'académie Française quant à l'appellation, il est intéressant d'analyser l'évolution de la situation avec le recul que nous avons actuellement pour comprendre où en sommes-nous et où nous nous dirigeons...
Chronologie des faits : Les dates-clés de l'évolution de la pandémie :
1er décembre 2019 : Identification du "patient zéro".
16 décembre 2019 : Première hospitalisation.
13 janvier 2020 : Premier cas déclaré en dehors de Chine, en Thaïlande précisément.
25 février 2020 : Le nombre de cas recensés en dehors de Chine dépasse le chiffre de cette dernière.
11 mars 2020 : L'épidémie est déclarée comme "pandémie" par l'organisation mondiale de la santé.
08 avril 2020 : Levée du confinement à Wuhan, foyer d’origine de l’épidémie.
11 avril 2020 : La barre des 100.000 morts est franchie dans le monde et les USA deviennent le pays ayant le plus de morts avec plus de 20.000 décédés.
24 juillet 2020 : Chiffre record jusqu’à présent avec 9753 morts en une journée.
Où en sommes-nous ?
Plus de 9 mois après le début de l’épidémie à Wuhan en Chine, plus d’un demi-million de décès dans le monde entier sont attribués au virus avec plus de vingt millions de cas à l’heure actuelle. Plusieurs Etats ont décrété un confinement total, d’autres ont opté pour le confinement partiel et d’autres ont penché pour l’immunisation collective.
La majorité des Etats ayant choisi le confinement comme l’Italie, l’Espagne, la France et l’Irlande ont décidé de déconfiner en fin mai et en juin dernier, malgré un taux de contamination relativement élevé. D’autres pays à l’instar de l’Allemagne, de la Corée du sud et la Suède n’ont pas confiné mais ont simplement pris des mesures restrictives dans les espaces publics avec en plus un dépistage massif de la population.
Cela saute aux yeux en comparant les chiffres des pays ayant choisi le confinement, avec ceux qui ont préféré le dépistage massif que les résultats chez les premiers sont les plus catastrophiques chez les premiers. Globalement, les pays qui s’en sortent le mieux sont ceux qui ont investi massivement dans à un dépistage global de la population. En effet, parmi les pays les plus touchés au monde sont ceux qui ont procédé au confinement : Etats-Unis, Royaume uni, France, Italie, Espagne, etc. Bien entendu, le confinement ou le déconfinement ne sont pas des solutions en elles-mêmes car cela dépend des conditions sociologiques d’application, mais il est évident que le fait de maintenir les gens chez eux ne permet ni d’évaluer sérieusement le taux de contamination, ni de soigner la population, particulièrement les catégories les plus vulnérable. Il est également important de tenir compte du fait que les pays les plus frappés par la pandémie ont des populations vieillissantes et rappelons que les principales victimes du virus sont les personnes âgées avec les malades chroniques. La moyenne d’âge des victimes du covid-19 en Italie est de 77 ans et la moyenne d’âge de la population italienne est de 46 ans, tandis qu’en Espagne elle est de 43 ans. On pourrait aussi citer l’exemple des USA, les octogénaires représentent la moitié des décès.
Au-delà de la question du confinement ou du déconfinement, on parle assez peu du facteur de la politique publique de santé qui est pourtant un facteur déterminant. Etant dotés d’un système sanitaire démocratisé et accessible à toutes les tranches de la population, les pays socialistes ou sociaux-démocrates ont géré de manière très efficace la pandémie. D’abord la Chine, qui est le berceau de la pandémie, n’a pas eu à confiner les autres régions autre que celle Wuhan sans provoquer de dégâts majeurs dans ces territoires. Cuba n’a même franchi le seuil des 100 cas par jour, le Venezuela qui pourtant vit une très grave crise économique et sociale, n’a enregistré que 29.000 cas confirmés pour à peine 250 décès. La république populaire de Corée n’a pratiquement pas connu de contamination sur son territoire ! A l’inverse, les Etats-Unis qui est, rappelons-le, le pays le plus riche du monde, aussi du point de vue des moyens matériels mais un des plus avancés en matière de technologie médicale, n’a pas réussi à endiguer la pandémie. La politique néo-libérale de privatisation du secteur de la santé est la principale cause de cet échec, si une personne ne dispose pas de moyens pour se soigner, elle peut « crever la bouche ouverte », c’est aussi simple que ça ! Le problème étant que les pauvres sont plus nombreux que les riches et que le virus ne soucie pas du compte en banque des malades potentiels… On peut considérer la pandémie du Covid-19 comme la principale leçon contre les tenants de la privatisation du secteur de la santé, car sans santé publique puissante, il est impossible de se prémunir contre une contamination générale de la population et ce peu importe les moyens matériels dont on dispose.
La majorité des pays procèdent au déconfinement, chacun à son rythme, mais la raison principale n’est pas sanitaire mais surtout socio-économique. Un confinement prolongé de manière excessive contribuerait à aggraver la situation d’une crise purement médicale à une crise économique, sociale voire morale.
Conséquences économiques et géopolitiques :
L’impact du virus a été dévastateur pour l’économie mondiale qui connaît la pire récession depuis 1929 avec une décroissance du PIB mondial de 32% au 2nd trimestre. Des millions d’emplois ont été suspendus ou supprimés durant cette crise, ce qui a conduit les gouvernements à procéder à une levée, au moins partielle, des mesures de confinement.
Cela ne sera pas sans conséquences pour l’avenir de l’économie mondiale qui avait commencé à prendre une tournure protectionniste avec la montée de la Chine, le Brexit en Europe et l’élection Donald Trump à la tête des USA. Il est probable de voir dans un proche avenir un émiettement de l’Union Européenne qui s’est avérée quasiment inefficace durant cette crise. On assiste à l’anti-thèse de la « fin de l’Histoire » théorisée par Fukuyama dans les années 1990 où il prédisait une domination totale du modèle occidental sur le monde, le virus a donc porté un sacré coup de frein à la mondialisation sauvage. La Chine devrait sortir plus puissante de cette crise, ainsi que la Russie qui a annoncé récemment avoir développé un vaccin contre le covid-19. Le déclin annoncé de l’hégémonie américaine et du dollar est plus que jamais confirmé avec la montée des puissances de l’est.
La crise du covid-19 a également démontré que le néo-libéralisme se détruirait lui-même car les conséquences de la désindustrialisation des pays occidentaux en faveur des pays asiatiques. Cela ne fait que confirmer que seule la production et la planification à long terme et non le profit à court terme, ne peuvent être viables. Cette fausse richesse qu’est la finance ne peut soutenir une économie si la production fait défaut, le covid-19 a fini par rappeler ce que les néo-libéraux ont fait oublier depuis des années…
Certains économistes prédisent une flambée des prix des matières premières pour les mois à venir en raison du ralentissement des mois précédents qui doit être rattrapé par avec une forte de demande en matières premières.
Thèses conspirationnistes :
Comme tout évènement, la pandémie du covid-19 a été accompagnée de questionnements légitimes sur les origines de son apparition, mais aussi de thèses conspirationnistes toutes aussi contradictoires et abracadabrantes les unes que les autres. Certains vont jusqu’à nier la réalité même de la maladie en prenant comme argument que la grippe saisonnière se produirait à la même période, ou encore que personne n’aurait vu le coronavirus… Il est absolument absurde de croire que le monde entier, y compris les gouvernements ennemis entre eux, puissent être complices d’un théâtre d’une maladie pulmonaire qui n’existerait pas. Il faudrait que le monde entier soit complice, mais aussi que la communauté scientifique, le personnel médical et paramédical qui lutte chaque jour contre la pandémie soient tous complices pour simuler une maladie…
Le gouvernement chinois a commencé par accuser, sans la moindre preuve, les Américains de mener une guerre bactériologique à leur encontre, Trump de son côté a renvoyé aux Chinois la même incrimination. Au-delà des querelles communicationnelles entre gouvernements, on peut facilement observer que tous les pays ont été touchés à des degrés différents. S’il existe un comploteur dans cette histoire, celui-ci doit être suicidaire ou très mauvais car son complot s’est manifestement retourné contre lui !
On arguera bien entendu qu’il existe un conflit d’intérêt entres les industriels pharmaceutiques et les gouvernements ce qui est une réalité, mais il est inconcevable qu’un seul domaine industriel puisse mettre toute l’économie par terre uniquement pour son profit car les autres lobbys ont souffert de cette crise… L’économie étant un tout interdépendant, un gouvernement n’ira jamais jusqu’à provoquer sa propre faillite uniquement au profit d’un seul lobby au détriment de tout le reste de l’activité économique ! De plus, pour qu’il y ait une conspiration, il faudrait qu’il y ait des complicités au niveau mondial pour couvrir ces criminels qui auraient décidé d’empoisonner des millions de personnes à de visées malthusiennes (ce qui est faux car le taux de mortalité n’a pas grandement augmenté).
Conclusion :
Malgré toutes les pertes financières, mais surtout humaines causées par la pandémie, elle a toutefois servi de leçon et a mis à nu le système néolibéral mondial et ses contradictions, mais a aussi redonné sa juste valeur à la santé publique.
« L'homme est un apprenti, la douleur est son maître, Et nul ne se connaît tant qu'il n'a pas souffert. »
Yacine Chibane
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