Pandémie ou pandémoi ou alors pendez-les ?
Cette fois nous y sommes, le niveau 6 de l’échelle pandémique va être officialisé par les instances de l’OMS bientôt (sans doute après les vacances, source de croissance économique) mais dans le même temps, un spécialiste des infections virales lance un mini pavé dans la marre en expliquant que le mot pandémie n’a pas de signification univoque. Une chose reste certaine, ce mot fait peur lorsqu’il est prononcé dans les médias.
Une pandémie désigne une maladie se propageant à une grande échelle. L’étymologie associe pan, la totalité, au demos, le peuple. Ce mot est tombé dans le vocabulaire de la santé publique mais il pourrait tout aussi désigner la propagation d’une passion. Imaginons que la planète entière se mette à écouter du Johnny Hallyday, que nous pourrions évoquer une pandémie de rock attitude. Restons sérieux, la pandémie, en vérité, bien que cernée depuis des décennies, n’a pas de définition exacte selon les dires de Lawrence Altman, auteur d’un billet paru récemment dans le NYT du 9 juin 2009. Les responsables de la santé publique n’ont pas fourni de définition précise de la pandémie, non seulement pour le public mais aussi pour les professionnels de la santé. Traduction, le médecin habilité à décider d’une thérapie ou d’une vaccination ignore ce qu’est une pandémie de type grippal. Et les populations aussi, ce qui laisse augurer d’une « émotion » comme le disent les médiarques. Si bien que la pandémie risque de créer un « pandémoi ».
« Il y a un déficit d’information, voire une désinformation dans la littérature scientifique, si bien qu’il est difficile de savoir ce qu’est ou alors ce que n’est pas une pandémie ». Ces propos émanent de D.M Moren, épidémiologiste de l’Institut national des allergies et des maladies infectieuses (NIAID, au sein du très sérieux NIH) Altman enfonce le clou en affirmant que les dictionnaires, médicaux ou non, n’offrent que peu d’information précise, les définitions étant trop large, voire même floues et parfois obscurcies par un jargon scientifique. Le mot signifie qu’un mal se propage à une grande échelle mais dans les faits, les populations sont diversement affectées, de même que les zones géographiques. En plus, le suivi des gens affectés montre des écarts notables, notamment sur une issue fatale. Et pour finir, les scientifiques ignorent pratiquement tout du mode de propagation pandémique, de ce qui les alimente, des incidences en terme de mortalité et enfin des raisons pour lesquelles elles s’éteignent.
Justement, l’histoire montre que des pandémies se sont dessinées, propagées et éteintes. Ce fut le cas de la peste au Moyen-Age, qui pris fin non sans quelques mesures d’isolement mais sans qu’on sache si c’est réellement la cause de l’arrêt de cette maladie. En 1580, une grippe semble-t-il emporta le dixième de la population romaine, alors que des localités espagnoles furent carrément anéanties. Il y aurait eu depuis une bonne douzaine de pandémies grippales recensées. En 1830, en 1889, en des temps où la médecine n’avait pas les traitements adéquats ni les techniques de vaccinations disponibles. Selon le DR Morens, nos petits cerveaux devraient réactualiser leur représentation d’une pandémie. Il n’y a aucune pandémie grippale pendant les 150 ans ayant suivi celle de 1580 alors que des pandémies d’un autre type figurent dans les écrits de cette époque. Pourquoi ? Les experts ont tiré la sonnette d’alarme en 2005 pour la grippe aviaire mais n’emploient jamais le mot de pandémie pour désigner la grippe saisonnière qui fait tout de même des morts par centaines de mille dans le monde, et environ 6000 en France. Pourquoi ? Néanmoins, le mot pandémie n’est pas sorti de l’imagination. Il y eut des pandémies de choléra, de dengue. Pour la syphilis d’autant et le sida de maintenant, c’est plus contrasté. Certains experts ne reconnaissent pas le sida comme appartenant à une pandémie, sauf en Afrique où le contexte est fort différent. Au bout du compte, la bataille d’experts porte autant sur les données médicales que sur l’usage des mots et la propagation des injonctions dans les médias. C’est ce qui ressort des propos du Dr Osterholm et du Dr Fukuda, selon lequel l’expérience passée du sras, du sida et de la grippe aviaire fournissent des arguments en faveur d’une réaction rapide et d’une diffusion accélérée des informations médicales concernant la grippe A. Et cela ne se fera pas sans une douleur psychique et donc, la pandémie sera accompagnée d’une pandémotion.
Au bout du compte, en prenant acte de tous ces arguments, on ne peut occulter la question de l’usage du mot pandémie. Y a-t-il réellement un souci d’alerter les populations afin de maximiser la réactivité au risque de produire panique et inquiétude, ou bien est-ce là le signe d’un corps d’élite qui cherche à avoir le pouvoir et l’influence sur la société. L’ironie des histoires sémantiques veut qu’en anglais, la grippe se nomme influenza, parce que le patient est sous influence grippale. Et maintenant, l’influence est non seulement physiologique mais psychique. Le mot pandémie fait peur mais il est employé à tort et à travers et sans doute, à dessein par ceux qui ont intérêt à le faire. Mais, principe de précaution oblige, il est difficile de mettre en cause publiquement les actions de santé publique diligentées par les experts. Pour le faire, il faudrait que l’opinion publique soit bien éclairée et que les citoyens soient psychiquement forts et courageux pour prendre le risque de contredire les élites de la santé et ses experts bien formés. La presse se fait le relais des puissants en propageant le mot pandémie. Rien de neuf sous le soleil. Sans doute, verrons-nous la trace des « esprits animaux » dans ces annonces médiatiques. Effrayer le cerveau limbique qu’il y a en nous. Tandis que les subtilités sémantiques nous livrent quelque sens sur ces vaccinations prochaines relevant plus de la médecine vétérinaire sur des bestiaux humains que d’une appréhension libre et citoyenne des enjeux de santé publique. Voltaire n’aurait pas dit mieux !
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