Par mesure de précaution, Super Mad Dog Bolton enterre la CPI alors qu’elle respire encore ! (
Lors de sa dernière intervention publique, John Bolton, le conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, a déclaré que, pour lui, la Cour Pénale Internationale ( CPI ) était déjà morte et il a qualifié l’instance concernée d’« illégitime ». Alors qu’il s’adressait aux membres de la « Federalist Society », un groupe conservateur étasunien, celui que l’on surnomme « Mad Dog » (chien fou/chien méchant) en référence au titre d’une série télévisée et pour qui le droit international n’est qu'une vue de l'esprit, puisqu'il n'y a pas de sanctions contre les contrevenants, a enfoncé le clou en qualifiant la CPI d’« inefficace, irresponsable et même carrément dangereuse ».
Il faut dire que d’une part, ce tribunal, créé en 2002 à La Haye, a le pouvoir de poursuivre des ressortissants de tout pays pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocides, ce qui implique potentiellement des personnes très haut-placées, et que, d’autre part, les États-Unis n'ont jamais ratifié le Statut de Rome qui a établi cette cour de justice au début de la guerre toujours en cours en Afghanistan. Même si Clinton avait signé un engagement à la fin de son mandat, son successeur Bush s’est employé à ce que le Sénat ne le ratifie jamais.
Or, le tribunal se prépare justement à enquêter sur les abus contre des détenus en Afghanistan, enquête que Bolton a qualifiée de « totalement infondée » en ajoutant : « Nous ne fournirons aucune coopération à la CPI ». Celui qui est quand même un ancien ambassadeur des Etats-Unis à l’ONU sous la présidence de Bush, a poursuivi en disant que « l'objectif central des partisans les plus vigoureux de la CPI était de porter atteinte aux Etats-Unis, » et que la structure de ce tribunal présentait des « défauts flagrants et significatifs » et « constituait une atteinte aux droits constitutionnels du peuple américain et à la souveraineté des États-Unis ».
Respectant en cela la ligne de l’actuelle administration de la Maison Blanche, mettant en cause le multilatéralisme, Bolton a qualifié la CPI d’« organisation mondiale sans entraves régissant les individus sans leur consentement », ce qui constitue un péché capital pour le représentant d’une puissance hégémonique décidée à imposer la liberté et la démocratie partout et faire le bonheur des peuples malgré eux.
Il a affirmé que « les soldats, les politiciens et les citoyens privés américains » étaient en danger parce que le tribunal s’arrogeait le droit de poursuivre tout le monde, même dans les pays qui n'ont pas ratifié le Statut de Rome, ce qui forcément est un comble puisque ce "tout le monde" se souvient bien que l’Allemagne avait donné sa bénédiction au tribunal de Nuremberg en 1945 .
De toutes façons, déjà, Israël (2), le Soudan, la Russie et les États-Unis sont quatre signataires du statut qui se sont retirés ou n’ont pas ratifié leur participation en informant les Nations Unies qu'ils ne seraient plus soumis aux obligations légales découlant du statut et en particulier en ce qui concerne l’arrestation et le transfert des personnes inculpées ou l’accès à des preuves et témoins. Ce n’est donc pas un scoop, mais Bolton a tenu à confirmer que la "non-signature" du Statut de Rome par les Etats-Unis (ce qui est faux puisqu’il s’agit d’une non-ratification par le sénat américain) visait à protéger les Américains des "décision excessive" du tribunal. Pour lui, les tribunaux américains et le système de justice militaire maintiennent déjà tous les Américains « aux normes juridiques et éthiques les plus élevées ». Une couche supplémentaire de juridisme serait donc superflue, d’autant plus qu’elle lui semble illégitime : « Confieriez-vous le destin des citoyens américains à un comité d’autres nations d’entités qui ne sont même pas des États comme l’autorité palestiienne ? » a-t-il demandé en balayant du revers de la main la poussière que représentent les 123 autres états.
De son côté, le département d’Etat américain avait pris les devants en annonçant la fermeture du bureau de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) à Washington, par crainte de ses initiatives pour que la CPI enquête sur Israël (2), son super-allié (les membres de l’OTAN se trouvant ramenés au statut de vassaux soumis).
Dans son élan, Super Mad Dog est allé jusqu'à menacer les fonctionnaires de la CPI et les procureurs de sanctions et de poursuites judiciaires « dans la mesure permise par la loi américaine » et il a déclaré que ces personnes pourraient être extradées.
Mais le message fondamental du conseiller à la sécurité nationale reste que toute personne soupçonnée d’atrocité contre l’humanité doit être considérée comme telle par le peuple de ces États et non par un organisme international : "Nous ne reconnaissons aucune autorité supérieure à la Constitution américaine".
C’est clair ?
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1 – cet article n’est pas de l’anti-américanisme primaire mais la restitution de déclarations réelles
2 – cet article n’est pas antisémite et ne confond pas la politique d’Israël avec le peuple juif
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