Paradise Papers : l’arbre qui cache la forêt
On ne peut que se réjouir de ce nouveau grand déballage sur les gros poissons nageant dans les eaux troubles du racket « légal » organisé, que l’on a coutume d’appeler pudiquement « optimisation fiscale ».
Il est tout de même notable que la Reine d’Angleterre soit mise en cause, avec plus de dix millions d’euros investis offshore, notamment dans les îles Caïmans et aux Bermudes, par le biais du duché de Lancaster, qui gère les fonds privés d’Elizabeth II. Vous souvenez-vous d’un certain candidat aux élections présidentielles françaises de 2012, Jacques Cheminade, qui en pleine campagne avait dû essuyer la violente salve d’articles de toute une presse qui s’offusquait de le voir s’attaquer à la fortune de la Reine d’Angleterre, et de prétendre qu’une partie de cette fortune provenait du trafic de drogue ? D’ailleurs, les journalistes, y compris les membres du consortium international de journalistes (ICIJ) qui a publié les Panama papers et les Paradise papers, n’avaient pas daigné réagir lorsque, une semaine après cet épisode, la banque privée de la Reine d’Angleterre Coutts & Co avait été condamnée par la justice britannique à une amende de près de 10 millions d’euros pour avoir violé les règlements contre le blanchiment des revenus de la drogue...
Quelques années plut tôt, Jacques Cheminade, à travers sa candidature à l’élection présidentielle de 1995, avait pointé du doigt la compromission – pardon, « l’entente » – cordiale des élites françaises avec la City de Londres, et le « cancer financier spéculatif » qui détruit le monde depuis les années 1970. Voici ce qu’il écrivait dans sa profession de foi à l’époque : « L’on tente de nous faire croire qu’il existe une entité suprême appelée ’marchés’, à laquelle il faudrait se soumettre car ce serait l’état naturel de la société. Rien n’est plus faux : les marchés ont un visage. Celui de l’oligarchie, celle de la City de Londres et de Wall Street, de la Réserve fédérale américaine et du Fond monétaire international (FMI). »
Aujourd’hui, cette banqueroute organisée doit passer par la loi de séparation des banques de dépôt et des banques d’affaires (le Glass-Steagall), étape essentielle pour tarir à la source la spéculation financière et l’ensemble du système offshore qui a proliféré depuis 40 ans dans le monde, détournant l’argent du travail humain et du développement de l’économie réelle. Le déballage des Paradise papers est pour nous l’occasion d’accroître notre pression sur le Parlement, avec la proposition de loi de « moralisation de la vie bancaire ».
SEPARER LES BANQUES... ET APRES ?
Le XIXe Congrès du Parti communiste chinois (PCC) représente un changement stratégique majeur pour le monde, et ce ne sont pas les médias occidentaux qui vous aideront à en prendre la mesure, eux qui semblent vouloir donner raison au célèbre dicton chinois : « lorsque le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt ». La bonne nouvelle, c’est que la crédibilité des médias fond comme neige au soleil : un récent sondage réalisé auprès des Américains démontre que 57 % d’entre eux ne croient plus un mot de ce qu’ils racontent.
La réalité, qui terrorise sans doute les oligarques du système transatlantique, c’est que l’optimisme culturel dont fait preuve la Chine avec sa vision de Nouvelles Routes de la soie constitue une force irrésistiblement contagieuse, en particulier dans une société livrée au court-termisme financier et n’ayant aucun avenir à offrir aux populations. Lors de son discours de clôture du Congrès du PCC, le président Xi Jinping a lancé un appel passionné à bâtir « une vie meilleure » et « un futur plus prometteur encore ». « Aujourd’hui, nous, peuple chinois de 1,3 milliard de personnes, vivons dans la jubilation et la dignité », a-t-il déclaré. « Notre pays... vibre d’un extraordinaire dynamisme. Notre civilisation chinoise rayonne d’une splendeur durable. (…) Le peuple chinois et la nation chinoise embrassent des perspectives lumineuses... Vivant dans une telle époque, nous en sommes d’autant plus confiants et fiers, et nous sentons en même temps le lourd poids de la responsabilité pesant sur nos épaules ».
Comme l'a affirmé le président allemand Frank-Walter Steinmeier dans un discours donné à Singapour la semaine dernière : "Nous devons regarder l'avenir à travers un téléscope [et pas jusqu'au prochain bilan comptable ou la prochaine échéance électorale]."
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