Paris : pilule gratuite pour les lycéennes
La région Ile-de-France met en place un « Pass contraception » dont 159’000 élèves pourront bénéficier. Il s’agit d’un carnet de 6 coupons remis par l’infirmière de l’établissement. Ces coupons donnent droit à deux visites médicales et à 6 mois de prise de la pilule contraceptive, le tout gratuitement. Le coût est assumé par la région.

« Un premier coupon donne droit à une première consultation médicale chez généraliste, gynécologue, sage-femme ou centre de planning familial. Un second donne droit à des examens biologiques. Le troisième permet la délivrance de contraceptifs dans une pharmacie, ou des centres de planning familial. Un autre donne droit à une deuxième consultation médicale gratuite. Le dernier donne droit au renouvellement de contraceptifs. »
Ces prestations sont accessibles sans passer par les parents. La question touche donc à la contraception des mineurs. Question délicate puisque l’Etat se substitue aux parents. Cela pose à mes yeux deux types de problématiques.
La première est le droit que s’arroge l’Etat dans les affaires des familles. Certes une administration a des droits sur l’individu : savoir déjà qu’il existe, savoir qui il est, exiger des impôts, délimiter les comportements légaux et illégaux, par exemple. Elle peut aussi prendre des mesures contraignantes en cas de maltraitance, de violence familiale, de défaut de soins.
Cela se comprend en partie. D’autre part l’Etat garantit (en principe) une organisation qui protège le citoyen d’un certain nombre de risques et de dangers. La santé en fait partie. C’est la contrepartie des contraintes exigées par l’administration.
La contraception est-elle une question de santé nécessitant le regard de l’Etat ? En principe non. Les méthodes contraceptives sont disponibles, l’interruption de grossesse est autorisée sous certaines conditions (peu contraignantes). En ce qui concerne les mineurs la question devrait se régler avec les éducateurs naturels, soit les parents ou tuteurs légaux.
La décision d’octroyer ces coupons hors du contrôle des parents, sans même que ceux-ci soient informés, me paraît douteuse psychologiquement. Je comprends bien que les adolescents ne partagent pas tout avec les parents et qu’en particulier le domaine de la sexualité est délicat à aborder dans certaines familles. Cela peut venir d’un déficit de communication, ou de l’instauration de principes rigides et de la menace de sanction en cas de non-respect des principes.
Mais cette pratique du Pass vient confirmer le déficit et la défiance mutuelle entre enfants et parents.
La seconde problématique est le nombre d’IVG effectués sur des mineures : plus de 13’000 par années. Or un IVG n’est pas une opération anodine, ni physiquement ni psychologiquement. Elle engage le corps et le vécu de l’adolescente, lui faisant souvent vivre un fort conflit intérieur. Il n’est pas facile de vivre mal une grossesse débutante, qui plus est la première grossesse de sa vie de femme.
Si grâce à cette initiative des mineures peuvent être préservées de l’IVG, le but de santé publique sera atteint. C’est la position de la Région.
Je comprends ce souci légitime et bienvenu.
Mais cela m’inspire une observation et d’autres questions.
L’observation est que, comme dans beaucoup de débats de société, rien n’est tout noir ou tout blanc. Ce Pass a des inconvénients mais aussi des avantages. Au final le choix est politique, ce qui est logique venant de l’Etat. S’il y a un autre choix, moral, il appartient aux personnes concernées, filles et garçons, et à leurs familles.
Mais pour autant le but sera-t-il atteint ? Est-ce qu’à 16 ans on anticipe à ce point sur les rapports sexuels pour aller voir un médecin et prendre la pilule ? Et si l’éducation sexuelle n’a pas incité les ados à la prudence, pourquoi le seraient-ils plus grâce à ce Pass ?
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