• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Paris socialiste pas si sociale que ca

Paris socialiste pas si sociale que ca

A force de contingenter le marché du logement à Paris, l’Etat se retrouve avec des problèmes aggravés à gérer.

D'après les Échos, La Capitale a écopé d'une sanction de 15,1 millions d'euros pour non respect du quota de 20 % de logements sociaux imposé par la loi Solidarité et renouvellement urbain (SRU).

La loi n° 2000-1208 du 13 décembre 2000 relative à la solidarité et au renouvellement urbains adoptée sous Jospin pousse à la mixité sociale avec obligation d’un pourcentage de 20 % de logements sociaux dans les communes de plus de 3 500 habitants.

Delanoé est-il pour ou contre cette loi ? Il en a surement discuté avec Lionel Jospin, vu l'ancienneté de leurs liens. Bertrand Delanoé a été élu pour la première fois au Conseil de Paris aux élections municipales de 1977 (!) en compagnie de Lionel Jospin, Claude Estier, Daniel Vaillant sur la liste de gauche emmenée par le député communiste Louis Baillot.

Toujours est-il que le Maire de la Capitale, aussi révolté soit-il par les hotels insalubres dans lesquels la Mairie loge à un cout fiscal, sanitaire et social inacceptable les personnes en difficulté, ne parvient pas à remplir son quota. Pourquoi ?

Avant de répondre à cette question, revenons sur l'esprit de la loi. La mixité sociale est-elle un objectif atteignable et souhaitable ?

Chacun ou presque s'exprime en faveur d'une France de mixité sociale, mais en rêve seulement. Car dans la réalité, les français ne veulent pas de mixité sociale. La source majeure de difficulté des banlieues à problème vient justement du fait que leurs contribuables les plus aisés (les classes moyennes) les fuient dès qu'elles le peuvent, pour diverses raisons, scolaires notamment. La désirabilité du logement social est donc déjà sujette à interrogation.

Mieux, dans les quartiers et banlieues qui bénéficient d'une mixité sociale forcée, du fait de l'arrivée des bobos dans des quartiers populaires, les habitants les moins fortunés de ces quartiers subissent la hausse des prix de l'immobilier (donc des loyers) et le changement au niveau des commerces. Pour les bobos, c'est oui aux commerces ethniques, mais pas trop exotiques quand même ! Oui au couscous, au mafé ou au riz thai, mais de préférence bien aseptisé. Cela fait bien longtemps que Montreuil, le Pré Saint Gervais ou même Saint Denis sont de parfaits exemples de gentryfication.

Du coup, puisque les riches polluent tout avec leur argent, peut-on forcer Paris ou Neuilly Sur Seine à avoir 20% de logement social ?Une habitation à loyer modéré, c'est avant tout un mécanisme financier qui mèle un locataire éligible et un organisme type OPAC.Le plafond d'admission en HLM est de 1963 € de revenus mensuels en Île-de-France, 1706 € dans les autres régions, pour une personne seule en 2008 : vu le salaire médian en Ile de France, la moitié des ménages franciliens sont théoriquement éligibles.

Pour faire du logement social, en gros, il faut que l'Etat, avec des ressources spécifiques, finance d'une manière ou d'une autre un organisme public ou privé qui s'engage à louer à un loyer plafonné en fonction des loyers alentour. Tout ceci signifie donc qu'à un moment ou à un autre, l'argent public doit acheter des actifs réels, au prix du marché, pour accepter une rentabilité amoindrie. Pourquoi pas, puisque l'Etat et les collectivités ont une obligation en matière de logement des gens (droit opposable au logement).

La question est donc de déterminer si l'Etat doit aider au logement la où les gens veulent habiter (les arrondissements centraux de la Capitale) ou la où cela coute moins cher à construire. On peut aussi se demander si les 20 arrondissements de la capitale doivent être considérés comme des communes différentes. On oppose souvent les 2,5% de HLM dans le XVIeme arrondissement aux 20% dans le XVIIIeme.

Pourtant, il ne vient à l'esprit de personne de rappeler que les 170 000 habitants du XVIe (7,7% des habitants de la Capitale) payent 20% de l'IRPP parisien.

On le voir bien, Bertrand Delanoé est en échec sur le logement, un sujet d'autant plus passionnel que l'attribution des HLM se fait sur des critères de copinage (voir l'article de Capital à ce sujet), ce qui a été confirmé par Francois Lebel, ancien adjoint de Chirac.

Que conclure de tout ceci ?

D'une part, le logement HLM est sans doute un remède plus injuste que le problème qu'il est censé régler. Quand un bien tel que le logement est rare (au sens de contingenté, le contraire d'abondant), il n'existe que trois façons d'en réguler l'accès : la flexibiilité sur les prix (on laisse le loyer fluctuer jusqu'au dernier prix offert), la flexibilité sur les quantités (collocation forcée, comme en URSS), ou on exclue certains de la file d'attente (HLM attribués par relations).

D'autre part, le problème du logement à Paris est plus large que le simple cas des HLM. Ce sont tous les franciliens qui fournissent un taux d'effort enorme pour se loger. Tant que la banlieue ne bénéficiera pas, au minimum, de RER fonctionnant 24 h/24, il y aura un problème d'accès à certains types d'emplois tels que ceux proposés à Roissy Charles de Gaulle.

Enfin, comment parler du logement à Paris sans parler du Grand Paris  ?

On peut donc légitimement se demander si l'intervention étatique sur le marché du logement, en tant que promoteur mais aussi en tant que régulateur (en France, les terrains sont non constructibles par défaut) est positive ou non. De nombreux spécialistes du marché du logement, comme Vincent Bénard, auteur de crise publique, proposent des solutions alternatives aux politiques actuellement menées.

Enfin, on ne peut que compatir aux difficultés rencontrées par le maire de la Capitale pour aligner ses discours à ses actes. Qu'il se rassure : en réalité, il se peut que les habitants de la Capitale soient peut-être plutôt satisfaits de ce statu quo imparfait. En attendant, les hôtels insalubres brulent toujours.


Moyenne des avis sur cet article :  2.17/5   (24 votes)




Réagissez à l'article

11 réactions à cet article    


  • Eleusis Bastiat - Le Parisien Libéral eleusis 29 décembre 2010 12:06

    Amendum : l’info des Echos etait inexacte http://www.mediapart.fr/journal/france/281210/les-hlm-de-paris-le-ministre-et-les-fausses-polemiques

    reste le fond de l’affaire, la contradiction entre le logement social et la gestion du foncier parisien, et l’hypocrisie qui consiste à faire croire qu on va pouvoir loger beaucoup de smicards dans une ville où le metre carré vaut entre 6 et 10 000 euros le metre carré.

    Reste aussi ce pouvoir exhorbitant, d’attribuer des HLM, qui devrait être retiré des mains des autorités politiques en privatisant le parc HLM.


    • ploubi 29 décembre 2010 14:49

      Non, c’est très bien que ce soit l’administration qui gère ça.

      Faudrait juste de la transparence dans l’allocation d’un logement.
      Liste des logements attribués, liste des bénéficiaires, listes d’attente, barèmes bien connus et le tout accessible à toute association d’aide au logement pour vérifier qu’une personne logée dans un HLM l’est bien pour les bonnes raisons.


    • Pierre de Vienne Pierre de Vienne 29 décembre 2010 12:23

      Oups, pas de pot, pour une fois que vous sembliez tenir le bon sujet, la démonstration de la supériorité du libéralisme dans la gestion des affaires sociales, une bien belle occasion, et puis non, il s’avère que c’est un joli enfumage de la presse dite économique ;

      Raté.



      • foufouille foufouille 29 décembre 2010 13:52

        il sufirait de moins piquer dans la caisse
        ce qui permetrait d’entretenir les logements sociaux tres mal gere
        les socialos, ca les derangent de virer les « squateurs » de leurs immeubles pourris dont ils font rien


        • foufouille foufouille 29 décembre 2010 13:52

          ca les derangent pas de virer


        • foufouille foufouille 29 décembre 2010 13:53

          la colocation est pas autorise en HLM


          • Fergus Fergus 29 décembre 2010 16:07

            @ Eleusis.

            La ville de Paris n’est certes pas le meilleur élève en matière de respect de la loi SRU, mais le procès qui lui a été fait par certains médias ayant relayé l’intox du journal Les Echos est un pur scandale.

            Surtout lorsque l’on entend stigmatiser sur les ondes (d’Europe 1 par exemple) Paris, Nice et Neuilly comme les trois cancres alors que Paris est à environ 16 %, Nice à 12 % et Neuilly à... 3,6 % de logements sociaux. Sans compter les dizaines de villes, très majoritairement de droite, qui viennent s’intercaler. avec des taux très bas, entre Nice et Neuilly.

            Que Paris n’ait évidemment pas payé un euro de pénalité est une évidence justifiée par les investissements annuels et le fait que Delanoë reste dans les clous de son objectif d’atteindre les 20 % en 2014 (soit 6 ans avant le terme imposé par la loi), même si cela peut sembler difficile.

            Il est clair que l’on vient d’assister là à une tentative de manipulation de l’opinion grotesque et même diffamatoire. Dommage que vous ayez choisi de vous appuyer sur cette inadmissible intox pour rédiger votre article !

            A cet égard, je vous invite à vous penchez sur la situation particulière de Neuilly où le Maire Fromantin s’appuie sur l’absence de terrains de disponibles pour justifier le manque de logements sociaux. L’un de ses prédécesseurs, un certain Sarkozy Nicolas, usait déjà des mêmes arguments alors qu’il faisait, avec son ami et promoteur préféré M. Lasserre main basse sur les terrains disponibles de l’Ile de la Jatte pour construire un complexe luxueux et obtenir en échange du permis de construire un splendide duplex acquis... 300000 euros sous les prix du marché !!! 

            Si vous voulez porter le fer sur le terrain du logement social, choisissez mieux vos cibles !!!

            Bonne journée.


            • LE CHAT LE CHAT 29 décembre 2010 18:40

              t’as raison , la ville du type qui promettait qu’il n’y aurait plus de SDF en 2008 est le plus mauvais élève de la classe ! que fait le Prince Jean à ce sujet ?


            • nainbe 29 janvier 2011 11:19

              je suis un parisien modeste snobé par une population aisé genre imperialiste qui se font appeler socialistes .ils sont déguisés en baba cool ou en costare raillé,la droite et la gauche c’est la meme chose.j’ ai bien connus la rue et les gauchescaviars fils à papa qui me disaient vous pouvez pas travailler ? des grosses assistantes sociales de mairies qui me disaient méchament

              que je n’étais pas assez riche pour un logement.je suis bien d’accord avec l’article.un jour on verra de nouveau des rempards autour des grandes villes. quelle régréssion !


            • Traroth Traroth 30 décembre 2010 10:48

              Les « amendes théoriques », ça n’existe que dans les fantasmes des ministres incompétents de l’UMP. La loi SRU stipule que quand la proportion de logements sociaux dans le parc immobilier augmente, la municipalité n’est pas sanctionné. Benoit Apparu raconte des conneries. Comme d’habitude quand un ministre UMP parle...


              Comment sait-on qu’un ministre UMP raconte n’importe quoi ?


              Ses lèvres bougent ! smiley

            • OuVaton OuVaton 30 décembre 2010 11:20

              <<<On le voir bien, Bertrand Delanoé est en échec sur le logement, un sujet d’autant plus passionnel quel’attribution des HLM se fait sur des critères de copinage (voir l’article de Capital à ce sujet), ce qui a été confirmé par Francois Lebel, ancien adjoint de Chirac.>>>


              Voilà bien de la mauvaise foi. Affirmation gratuite concernant Delanoë et on dirait que vous n’avez pas écouté la video.

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès