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Accueil du site > Tribune Libre > Paris, ville antichinoise ?

Paris, ville antichinoise ?

D’un côté, leDalaï-lama, admis au rang des citoyens d’honneur de la ville de Paris. La reconnaissance d’un homme, de son combat. De l’autre, un pays pointé du doigt. D’un côté, une célébration. De l’autre, rien, pas un mot sur les titanesques efforts accomplis ces dernières décennies par les chinois. Silence sur la modernisation de la Chine, désormais quatrième puissance mondiale, atelier du monde, bientôt son laboratoire. Est-ce rien un peuple qui mange désormais à sa faim ? Le mieux être ne mérite-t-il pas aussi un prix ? Deux poids, deux mesures !
 
Plutôt déséquilibrée, cette position crédibilise-t-elle Paris dans ses ambitions de ville mondiale, prônant la rencontre, l’échange ? Elle l’enferme plutôt dans un rôle daté. Celui d’un occident jugeant tout d’une pièce, fixant seul les règles, assez arrogant. Telle une instruction à charge. Ajouté à cela des effets d’image, le goût de l’apparence, la posture des Droit de l’homme s’affadit alors, bientôt inerte.
 
Certes le Maire de Paris a la liberté d’agir comme il l’entend. Mais n’eut-il pas mieux valu s’accomplir avec plus de doigté ? Les enseignements des erreurs passés ont-ils seulement été tirés ? Lorsque le rideau est tombé sur la candidature de Paris aux Jeux Olympiques, plusieurs délégations africaines évoquaient alors un manque d’écoute, des portes fermées. Paris avait été sourd à leurs appels. Résultat, des voix se dérobèrent au moment du vote. Aujourd’hui, le Maire entend-il la communauté chinoise de Paris, la plus importante d’Europe, laquelle s’emploie activement à redonner des couleurs à des quartiers de la capitale guettés par la désertification commerciale ? La croit-elle insensible à cette manière de faire ?
 
Si donc seuls les Droits de l’homme comptent pour Paris, pour être juste, il faudrait alors reconnaître qu’il existe désormais un débat public en Chine. Le tremblement de terre dans le Sichuan comme l’affaire du lait frelaté ont suscité des prises de position à ciel ouvert, devant caméras. Naguère les victimes gardaient silence. Depuis peu, elles n’hésitent pas à morigéner les autorités, les bousculant parfois. Les langues se délient jusque sur la toile. Si celle ci est surveillée, une visite impromptue dans un des milliers de cybercafés chinois rend compte d’une énorme soif de connaître, de partager, de comprendre. En Chine, la démocratie est en marche comme en témoigne la promulgation d’une nouvelle loi sur le droit du travail, entrée en vigueur 2008, comme l’illustre une prise de conscience croissante sur les risques écologiques et sanitaires. Peu à peu, sans à-coups, mais sûrement. 
 
De surcroît, la position de Paris n’entame-t-elle pas aussi ses chances de s’affirmer comme une place économique de l’avenir, pourvoyeuse d’emplois ? Puissance financière déterminante, la Chine est désormais au devant de la scène. Qu’on le veuille ou non, il faudra s’y faire ! Demain ses entreprises s’établiront en Europe, ses universités ouvriront des campus, ses marques occuperont nos murs, ses artistes feront la une. Disposant d’atouts, Paris pourrait s’inviter à la partie, créant de la richesse en commun, favorisant aussi l’esprit du dialogue. Mais pour cela, il faut savoir écouter. A l’inverse, chahuter sans nuance la Chine comporte le risque de s’abstraire d’un processus, de se laisser distancer par d’autres villes européennes plus accueillantes et au final de ne plus compter.
 
Voilà plus d’un siècle, Paris accueillait l’exposition universelle, Shanghai s’y ose en 2010. En raison de finances publiques déjà souffreteuses, Paris y renonçait en 1989. D’un siècle à l’autre, la puissance a basculé. Paris, ville du passé, figée dans le temps ? Se gavant de ses seules certitudes, elle s’y risque plus encore.
 

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13 réactions à cet article    


  • Bill Grodé 9 juin 2009 09:58

    Un bon article, qui prend en compte l’avenir et qui ne néglige aucun point de vue.

    J’abonderai dans le sens de l’auteur et j’ajouterai une note d’une tonalité différente.
    On accorde au DalaÏ Lama un quasi-statut de chef d’état en exil, alors qu’il est (qu’il n’est que) le leader d’une religion.

    Cette religion représente certes beaucoup pour les habitants qui en sont les adeptes, mais j’ai bien la sensation qu’on reprend les mêmes erreurs qu’à la fin des années soixante dix, lorsqu’on avait traité avec les mêmes égards un certain ayatollah Khomeiny, qui une fois rentré en Iran en triomphateur, s’est empressé de faire peser une chape de plomb obscurantiste sur son pays.
     
    Car qu’attendre d’autre d’un chef religieux devenant chef d"état et qui a ainsi reçu par avance reconnaissance de son pouvoir.

    Que le monde ne pousse pas les tibetains à remplacer leur cheval borgne par un aveugle ! Ils ont plus à y perdre qu’à y gagner.


    • amipb amipb 9 juin 2009 17:40

      C’est cela, oui. Comme d’habitude, ne demandez pas aux tibétains ce qu’ils pensent de la situation. Si le Dalaï Lama est considéré comme un chef d’état en exil, c’est bien pour pour cette raison, et car certains tibétains courageux tentent chaque année de franchir la frontière pour le rejoindre, au péril de leur vie.

      Mais non, nous occidentaux devons décider qui est un chef d’état et qui ne l’est pas. Un grand merci de la part du peuple tibétain qui adore que l’on décide pour lui. Après les chinois, les anti-cléricaux, dur dur de garder espoir dans ces conditions...


    • natmaka 9 juin 2009 10:24

      « Le mieux être ne mérite-t-il pas aussi un prix ? », autrement dit « L’amélioration des conditions économiques en Chine ne vaut-il pas l’oppression du Tibet ? »

      Non, tout simplement. Non.


      • stephanemot stephanemot 9 juin 2009 10:26

        ce n’est pas le locataire du sixieme qui est anti-fasciste mais le fascisme qui est anti-locataire du sixieme.

        Paris adore la Chine.

        J’adore la Chine, sans doute le pays que je respecte le plus au monde.

        C’est pourquoi je n’hesite pas a monter au creneau lorsque ses dirigeants vont dans la mauvaise direction (ex envers la Coree).


        • zenohit zenohit 9 juin 2009 10:51

          Pfff,

          Il n’est pas question de respecter un pays, un symbole, une « nÂÂ-tion », que ce soit la Chine ou le Tibet : Non !
          mais respecter un chinois ou un tibétain : Oui !
          Le Dalaï Lama n’est pas chef d’une religion mais d’un mouvement, d’une pensée, une philosophie.
          L’écologie n’est pas une religion,
          le NPA non plus.
          Ce sont des courants de pensées (politique ou spirituelle), avec des représentants (charismatiques ou non).
          Le Tibet a envahi quel pays ? Le gouvernement a tué combien de personnes ?

          Et Paris, franchement, je n’y habite pas, et le « rayonnement » de Paris je m’en cogne, tant qu’il y fait « bon » vivre, qu’on puisse y retrouver de la diversité et de la convivialité ! et surtout du respect !

          Défendre « La Chine », son « Economie » avec ses indicateurs économiques, défendre un drapeau par sursaut de nostalgie citriotique (patriotique à l’échelle de la cité), ok, mais si c’est pour ne pas prendre en compte les valeurs humaines, ou le respect de l’Autre en tant qu’homme ou femme... non merci !

          Tous les Tibétains ne sont pas bouddhistes, tous les Chinois ne sont pas Mahoïstes ou Communistes.
          Y’en a qui crèvent la dalle, y’en a qui ont peur, qui recherche les gloires passées, et voulant les réinstaurer ou se diriger vers les « glorieux » en ces temps (fortement suggérés par les médias) de soi-disante crise qui fait peur : « comment vais-je continuer à payer le loyer de mon loft ? »
          Alors que l’être humain s’adapte, et ne demande que le respect.

          Je n’aime pas le gouvernement chinois, et les « citoyens » chinois qui le suivent dans son action anti-étudiants, anti-culture locale. Un peu comme le notre quoi...

          Et quand j’aime quelqu’un, et qu’il a des actions empruntes d’irrespect qui entraînent la souffrance d’autrui, je lui fait savoir, plutôt que dire : « mais c’est génial ! et puis bon, comme tout, il y a un prix à payer ! »

          J’aime Toulouse mais je n’aime pas le cancéropole, ni l’étouffage de la polémique AZF !


          • Philippe VIGNEAU 9 juin 2009 12:35

            article qui fait peur et qui montre bien comment on a pu en arriver dans la situation actuelle : NON, la croissance economique ne doit pas etre un ideal de vie et ne doit pas rabaisser la charte des droits de l’homme a du papier hygienique....


            • manusan 9 juin 2009 12:42

              "une visite impromptue dans un des milliers de cybercafés chinois rend compte d’une énorme soif de connaître, de partager, de comprendre."

              Là, j’ai beaucoup rigolé. Êtes vous vraiment rentrer dans un cybercafé en Chine ? les cybercafé sont les fumeries d’opium du 21eme siècle. On passe sont temps à jouer et à chercher un partenaire riche sur QQ. Pensez vous qu’un hardcore gamer qui passe 8h par jour sur World of Warcraft va se rebeller ?

              J’ai un reproche a faire a votre analyse, en espérant qu’il soit constructif (ca concerne en fait tout ce qu’on dit sur la Chine en general). Vous focalisez sur la classe moyenne chinoise pour la simple raison qu’elle est connectée sur internet, or c’est bien à elle qu’on a vendu du pain et des jeux (pour combien de temps encore ?), plus crument la classe vendue. La classe qui se réveille et qui gronde, c’est celle des paysans et ouvriers, celle qui est oubliée et qui représente pourtant 80% de la population, plus d’un milliard d’habitant en comptabilisant les enfants non reconnu, on ne sait pas ce qu’elle pense car elle ne va pas sur internet et sur les blogs.

              pour le titre disons plutôt : Paris ville gouvernement chinois, bien que le lecteur sensé avait compris.

              pardon pour les accent : clavier qwerty


              • Jerrick Jerrick 9 juin 2009 13:33

                Je suis également plutôt d’accord avec l’auteur de l’article. En tout cas, j’y lis une analyse de quelqu’un qui connait la Chine. Ce qui ne me paraît pas toujours être le cas des pourfendeurs « corps et âmes » de la RPC. C’est un pays où les progrès sont indéniables, où il reste certes encore beaucoup à faire, mais la grande majorité des Chinois sont pour leur gouvernement, ils mangent, ils se distraient (peu de différence avec nous quand il s’agit des jeux vidéos violents et abrutissant et des émissions de TV débiles !!! on a les mêmes à la maison), ils voyagent sans restriction dans leur pays (111 millions de touristes chinois en 2006) et j’en fais de même chez eux. Ils prennent la mesure de la crise financière de façon honnête, ce qui n’est pas le cas chez nous quand on écoute les sornettes de Lagarde et des journalistes « économistes ». Ils sont en train de mettre en place une sécurité sociale, quand chez nous tout est fait pour la détruire. Ils ont nommé à la tête de leur ministère de l’environnement un spécialiste qui bénéficie d’une vraie liberté d’action, quand chez nous on a Borloo... sans commentaires. Leur espérance de vie est de 73 ans. Ils n’ont, je crois, pas tant à rougir... euh sans jeu de mots !! Ils croient en leur avenir. Eux. Bien-sûr, il y a des progrès, de gros progrès à faire, mais ils vont dans le bon sens. En tout cas dans un meilleur sens que nos soi-disant « démocraties ».


                • Emmanuel Aguéra LeManu 9 juin 2009 15:46

                  Communiqué de la fédération internationale des Dalaï-qqchose :

                  HALTE AUX INJUSTICES !

                  « le Dalaï-lama, citoyen d’honneur de la ville de Paris... »

                  Et pourquoi pas nous ?

                  Signé :
                  le Dalaï-Rabbin, Le Dalaï-Imam, Le Dalaï-Pape, Le Dalaï-Boudha, Le Dalaï-Moon, Le Dalaï-Hubbart, Le Dalaï-etc...

                  DES MEDAILLES ET UN ETAT POUR TOUS !

                  Suis-je assez clair ?


                  • amipb amipb 9 juin 2009 18:12

                    Réponse : « Parce que... »

                    Et arrêtez de nous gonfler avec votre intolérance, ça devient difficile à tolérer. Et je suis sérieux.


                  • Lisa SION 2 Lisa SION 2 9 juin 2009 18:04

                    Ah ! si les milliards de clients chinois étaient amenés à consommer français... !

                    http://www.lepost.fr/article/2008/05/28/1199193_liberte-ou-esclavage.html


                    • amipb amipb 9 juin 2009 18:15

                      Dans ce cas, le Tibet serait autonome, que dis-je, indépendant depuis longtemps !


                    • franc 10 juin 2009 15:23

                      je suis d’accord avec l’auteur ,la Chine a fait un progrès considérable ,non seulement sur le plan économique mais aussi sur le plan social et politique et même écologique

                      la vraie démocratie ce n’est pas le pouvoir d’aller voter une fois tous les cinq ans par des masses ignorantes ,inconscientes et abruties par des manipulations quelconques ,et les soi-disant démocraties occidentales ne sont pas des vraies démocraties qui respectent réellement les droits de l’homme,la corruption,la violence ,la délinquance et les crimes inommables s’y déroulent comme les attentats terroristes décrétés accidents (explosions d’usines chimiques comme AZF,acidents d’avions ,explosions de camions dans les tunnels )par les divers pouvoirs pour cacher leur incompétences ,leurs lachetés ,leur impuissance -------------------------car le vrai pouvoir dans les démocraties capitalistes occidentales est aux mains des puissances d’argent,les médias sont sous leur contrôle ,de même pour un domaine aussi important que la santé ,les industries pharmaceutiques et médicales peuvent décréter à tout moment une pandémie quelconque pour vendre leurs produits et leurs services et engranger des milliards de dollars en empoisonnant des milliards de personnes sans vergognes et sans états d’âmes ---------------------Platon disait que la démocratie amène la tyrannie ,la preuve est faite avec les tyrannies démocratiques occidentales

                      Vite un gouvernement à la chinoise pour la France et l’Europe pour sauver la culture occidentale

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