Parkland : la rançon de la peur
On peut toujours prier quand 17 personnes sont abattues dans un établissement scolaire, est-ce que ça empêchera un nouveau drame ?
Selon le « Gun Violence Archive », un groupe de contrôle à but non lucratif américain, depuis le début de l’année 2018 (même pas deux mois), 6 738 incidents impliquant des armes à feu dont 30 « fusillades de masse » ont provoqué 1 859 décès aux États-Unis. Parmi les personnes décédées, 358 étaient des adolescents et 70 des enfants de moins de 11 ans. En 2017, 61 000 attaques à main armée ont causé plus de 15 500 décès.
Le mercredi 14 février dernier, à Parkland dans le sud de la Floride, juste avant la fin des cours, un lycéen est entré dans l’établissement dont il venait d’être exclu avec un fusil de chasse, et il a tiré sur ses anciens camarades de classe dont 17 ont été tués.
Le FBI a été accusé de ne pas avoir tenu compte d’un message posté sur les réseaux sociaux par l’auteur de ce carnage, Nikolas Cruz, 19 ans avait prévenu : “I’m going to be a professional school shooter” (Je vais bientôt être tireur d'école (sic) professionnel"). Il venait de participer à une formation paramilitaire et avait été renvoyé du lycée pour y avoir amené des munitions dans son sac à dos. Certains élèves le considéraient comme un type tordu (« oddball ») qui aimait les armes, d’autres avaient peur de lui.
Le Président Donald Trump a présenté ses condoléances et appelé à la prière en ajoutant : « aucun enfant, enseignant ou quiconque ne devrait jamais se sentir en insécurité dans une école américaine ». Ce à quoi un lycéen de Parkland a répondu via "twitter" ou équivalent : « Tu peux te les garder tes condoléances, s*c de m***e. Mes copains et des profs ont été abattus ... Il faut faire quelque chose au lieu d'appeler à la prière. Les prières ne règleront rien alors que le Contrôle des armes empêcherait que ça se reproduise ". Ce message a été « partagé » des milliers de fois, mais il ne servira strictement à rien.
Trump a également déclaré que le « présumé tueur » était « dérangé mentalement ». Pourtant, le spectacle ininterrompu de la violence à la télévision et sur internet ne semble donner lieu à aucun diagnostic de ce genre, même si le scénario mis en œuvre reproduisait un modèle présenté pas ces médias comme « logique et rationnel », pas un modèle "dérangé mentalement". Les armes à feu sont si solidement ancrées dans ce qui est considéré comme « normal » aux Etats-Unis que leur utilisation peut être considérée comme une action parfaitement compréhensible et pas du tout le fait d’un psychopathe ou d’un débile mental.
Contrairement à Obama, Trump ne pleure pas. Il ne fait pas apparaitre aucune émotion et ne fait pas de démonstration publique d’empathie avec ses frères humains. On ne peut pas lui reprocher d’être hypocrite. Il ne compatit pas, il croit aux valeurs du far-west qui consistent à attaquer avant d'être attaqué. En cela, il incarne bien l'état d'esprit de ceux qui ont voté pour lui et qui sont persuadés du fait que posséder une arme à feu pour « se défendre » est un droit fondamental. Il part du principe que tout le monde est en danger mortel, tout le temps, et c'est cette peur qui l'a élu.
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