Une Concurrence libre « obligée »
Dès l’article 2, le Traité indique que l’Union est un espace de « concurrence libre et non faussée ». La concurrence est donc la norme instituée. La concurrence est-elle libre ? La concurrence est « libre » dans ses règles, car il n’y en a plus. Mais si la « concurrence libre » est instituée, les européens n’ont plus la liberté de dire « non » à cette concurrence. Ils ont seulement la liberté de lui dire « oui », comme le oui à la constitution européenne en 2005 sans plan B en cas de non. Quelle (fausse) liberté ! Cette concurrence est libre « et non faussée » : que rien n’entrave cette concurrence sauvage, pas de protectionnisme, même si les discours peuvent dire socialement le contraire pour rassurer les citoyens... Enfin, le Traité n’a pas marqué « concurrence « économique » libre et non faussée ». Ainsi la concurrence libre et non faussée peut ne pas s’appliquer seulement à l’économie, mais aussi à la santé, à la culture, à l’enseignement, aux services publiques. D’où la Générale des Politiques Publiques (RGPP, cf
http://www.rgpp.modernisation.gouv.fr ) en France. Plus qu’une révision et une modernisation, il s’agit d’une harmonisation avec les futures structures européennes. La clé d’interprétation de la politique n’est plus nationale ou seulement européenne. D’où cette impression de voir la république française et l’Etat-nation en jachères, ainsi que les valeurs nationales de Liberté, l’Egalité et de Fraternité délaissées. Même le Ministère de l’Immigration et de l’identité nationale harmonise, sans le dire, sa politique avec l’Europe.
La concurrence, c’est la vie dit régulièrement Sarkozy. La sélection naturelle impitoyable se retrouve chez les animaux. Le propre de la civilisation n’est-il pas de s’affranchir de la Nature ? L’homme n’est pas un animal comme les autres. Il est capable de fraternité, de solidarité, d’un vivre-ensemble. Alors, la concurrence peut-elle s’appliquer à tout, fragilisant ou tuant les plus fragiles de nos frères humains ? Qu’est-ce qu’être homme ? Qu’est-ce qu’être civilisé ? Quelle civilisation voulons-nous et sur quoi la faire reposer ? Quelle éthique ? De tels sujets ne sont plus ouverts faute de vrais intellectuels et faute au matérialisme et relativisme ambiants. A quoi sert-il de gagner le monde si l’on en vient à perdre son âme ? Quelle est la vraie liberté ?
La doctrine des bonnes intentions
L’espace de l’Union est décrit, comme le Traité de Rome II de 2004 (Constitution de l’Union Européenne), comme un « espace de liberté, de sécurité et de justice ». Dans ce cadre vertueux, des « évaluations objectives et impartiales » seront faîtes (articles 8C et surtout 61C). Sarkozy, comme à son habitude applique les lois avant leurs ratifications.
Ainsi, des statistiques ethniques complémentaires sont souhaitées par le Commissaire à la diversité Sabeg. Les expressions diversité et égalité des chances remplacent celle de discriminations. Un Observatoire de la diversité sera donc créé (cf rapport Sabeg du 7 mai 2009,
http://premier-ministre.gouv.fr/IMG/pdf/Rapport_Commissariat_diversite.pdf, partie II/ 1/ 1.1, page 47 du document papier) et des enquêtes anonymes et nominatives menées, « anonymisées » a posteriori pour les besoins du droit français. Quels nouveaux critères statistiques ? Un tel besoin pressant (mise en place pour 2010, expérimentations dès juin 2009, Conseil Constitutionnel et Conseil d’Etat saisis) nous fait nous poser la question de leur sens, de leur but. Vouloir des statistiques ethniques qui n’entrent pas dans le droit français n’est-il pas le signe que ces nouvelles statistiques sont pour un usage qui ne sera pas que français, mais européen ou plus large encore ? Une base de donnée internationale.
De la même façon, les ministres de l’immigration (Hortefeux puis Besson) souhaitent régulièrement l’installation de tests ADN pour organiser l’immigration. Les « évaluations objectives et impartiales » ethniques et d’ADN pourraient aboutir à un retour à des mesures raciales ou à une base de donnée internationale, sous prétexte de bonnes intentions. Soyons vigilants. Une maxime dit bien (à relativiser, bien sûr) : l’enfer est pavé de bonnes intentions.
De la même façon, sous prétexte de protéger la culture et la création sur Internet, une loi française (HADOPI) a été votée après avoir instrumentalisé divers artistes qui s’en sont pris publiquement à ceux qui se sont opposé à cette loi scélérate (PS, etc). Loi scélérate car les mass médias appauvrissent bien plus la culture et la création artistique qu’Internet qui les fait connaître. Ce ne sont pas les artistes les plus jeunes, les plus surfeurs de la Toile, qui ont d’ailleurs protesté. Alors pourquoi une loi urgente avant 2010 avec une surveillance et des sanctions par une Autorité ? Parce que l’économie numérique française va s’intégrer à une économie numérique européenne voire Transatlantique (cf
http://fr.wikipedia.org/wiki/March%C3%A9_transatlantique).
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Un Traité Européen ou Transatlantique ?
Le Traité de Rome II de 2004 (Constitution de l’Union Européenne) a été rejeté par trois pays. Le Traité de Lisbonne du 13 décembre 2007 reprend et modifie la partie III du Traité de Rome II, d’où le nom de Traité simplifié. Mais ce Traité n’est pas que simplifié (cf JO de l’UE du 17/12/2007
http://eur-lex.europa.eu/JOHtml.do?uri=OJ:C:2007:306:SOM:FR:HTML ). Des ajouts ont été faits dans les protocoles. Il est question d’une période (politique) Transitoire 2014-2017, puisque le fonctionnement politique de l’Europe est modifié par le Traité de Lisbonne. Mais les institutions européennes ont signé, à la Maison-Blanche, avec les Etats-Unis un accord-cadre Transatlantique le 30 avril 2007, dans l’ombre des élections présidentielles françaises. Cet accord met en place diverses structures qui préparent une intégration pas seulement économique de l’Europe aux Etats-Unis en 2015-2017 (serait-ce cela la transition ?) : un Conseil Economique Transatlantique, des Dialogues Transatlantiques (des Consommateurs, des Législateurs, etc, cf
http://www.tacd.org ,
http://www.tabd.com/index.php ,
http://tacd.org/index.php?option=com_content&task=view&id=46&Itemid=49 ), puis un Conseil Politique Transatlantique et une Assemblée Transatlantique. Ce nouvel espace est décrit, comme par hasard, espace « de liberté de sécurité et de justice ». Plusieurs Français sont partie prenante d’un tel projet secret : Jacques Barrot, vice-président de la Commission européenne justement chargé de « liberté, de sécurité, de justice » (harmonisation en cours) ; Sarkozy qui a relancé le processus du Traité avec des ajouts Transatlantiques ; Benoît Hamon qui se dit très à gauche (porte-parole du PS) mais qui fait partie du Dialogue Transatlantique des Législateurs comme Jean-Marie-Cavada (cf
http://www.europarl.europa.eu/intcoop/tld/steering_committee/members/defaul t_en.htm) ; les Ministres de l’Intérieur et de l’Immigration qui ont eu des réunions informelles depuis janvier 2007 (Dresde, cf
http://www.telegraph.co.uk/telegraph/multimedia/archive/00786/Read_the_full _EU_re_786870a.pdf) ; les députés européens qui ont voté les résolutions sur le partenariat transatlantique (exemple de résolution :
http://www.pourlarepubliquesociale.org/prs/images/stories/AdL/p6_ta_2008_0192_fr.pdf) ; les députés et sénateurs français mis au courant par le Parlement Européen. Le Traité de Lisbonne prépare donc un « espace de liberté, de sécurité et de justice » qui renvoie à la fois à l’Union Européenne mais aussi à une Union Transatlantique. Ce Traité dénature-t-il l’Union Européenne, trahit-il son idéal ? La question n’est pas de savoir si on est pour ou contre l’Union Transatlantique mais sur le besoin de dire la vérité sur les enjeux européens avant le 7 juin 2009, date des élections européennes.
Le Traité des parlementaires mais pas des citoyens
Les citoyens méconnaissent ce Marché Transatlantique et ce Traité de Lisbonne que leurs parlementaires ont voté. Le Traité de Lisbonne n’est pas celui des citoyens. D’ailleurs, la campagne européenne 2009 n’en parle pas et les journalistes non plus. L’intégration silencieuse de l’Union Européenne à l’Amérique est comme un « mariage forcé », en contradiction avec les valeurs européennes. L’Union Européenne, a peine majeure, transfèrerait-elle sa souveraineté à l’impérialisme américain ? Un Marché libre à la condition d’un contrôle accru des populations via des statistiques ethniques et tests ADN, des puces RFID bientôt miniaturisées et sous-cutanées (cf nanotechnologies).
Une ballade Irlandaise en 2009 ?
Pour que le Traité de Lisbonne soit appliqué, tous les pays membres doivent le ratifier. Il manque l’Irlande, par référendum avant novembre 2009. Une fois le Traité de Lisbonne appliqué, une minorité de blocage de 4 pays a été mise en place (3 pays s’étaient opposés au Traité de Rome II de 2004). Et si les citoyens de l’Union européenne allaient faire une ou plusieurs marches citoyennes en Irlande pour visiter et informer les citoyens irlandais avant qu’ils ne soient baladés sur de fausses pistes ? Ils choisiront alors en connaissance de cause. Victor Hugo disait que « la liberté commence où finit l’ignorance ». Alors réclamons avec force à nos élus des explications.
Yann