Parlez-lui des Français, s’il en reste

Macron et son meilleur ennemi Mélenchon semblent s’accorder au moins sur un point, celui d’une saine détestation des médias, ce qu’illustre à merveille chez le premier cette citation extraite des mémoires d’Alexandre Dumas « Il y a des services si grands qu'on ne peut les payer que par l'ingratitude », et assure au second le titre de pourfendeur en chef de la ‘’médiacratie’’ dont il semble avoir dépossédé Marine Le Pen.
Cela n’empêche pas nos trois acerbes contempteurs du monde médiatique de s’y vautrer complaisamment quand ils le jugent utile. Les deux derniers nommés ont des circonstances atténuantes, ils n’ont jamais bénéficié, comme le premier, plus Narcisse que Jupiter, de cette béatitude extatique dans laquelle se sont roulés avec délectation bon nombre de journalistes.
Et pourtant, durant cette campagne électorale, telle la Castafiore, notre sémillant candidat riait de se voir si beau dans le miroir que lui tendaient la presse et les nombreuses caméras des chaines de télévision. Son petit couple romantique et attendrissant s’affichait comme une version moderne et iconoclaste des célèbres amoureux de Peynet sur les couvertures de Paris-Match.
Hélas, comme le dit la chanson, les histoires d’amour finissent mal en général, la presse, versatile, commençait à s’ennuyer dans les bras d’Emmanuel dont la côte de popularité en berne, obligea les éditorialistes lèche-bottes à revoir leurs copies sauf l’excellent Bruno-Roger Petit thuriféraire ardent de la macronie qui en est devenu le griot officiel au grand dam de son collègue de Challenges Maurice Szafran, tout aussi méritant flagorneur.
Le divorce est désormais consommé, « les journalistes ont un problème. Ils s'intéressent trop à eux-mêmes et pas assez au pays. Parlez-moi des Français ! », a-t-il déclaré, voilà donc ces misérables pisse-copies assimilés à ces gens qui ne sont rien et qui errent hagards dans les gares, ou encore à « ces fainéants, ces cyniques, ces extrêmes » auxquels du haut son Olympe élyséen notre apprenti jupitérien adresse une de ces sorties dont il devient coutumier en les avertissant qu’il n’entend pas leur céder.
Alors qu’au moment de son élection il avait été acclamé comme la nouvelle star mondiale de la politique par la presse étrangère, nous apprenons avec tristesse que le New York Times qui avait salué la victoire de frère Emmanuel en termes laudatifs, laisse publier en bonne place sur son site une tribune de blog signée par un universitaire Chris Bickerton qui lui taille un costard sur mesure d’excellente facture à en faire pâlir d’envie Fillon.
Pour cet intellectuel jaloux qui ne se remet pas de vivre dans un pays dont le chef d’état arbore une banane jaune poussin du plus bel effet, ni la personnalité, ni la gouvernance de Macron ne trouvent grâce à ses yeux, il lui prédit une présidence ratée.
Ce n’est pas cela qui entamera la détermination du lider maximo de la République en Marche qui ne voue pas une grande tendresse non plus à l'égard des intellectuels qui s’épanchent à longueur de colonnes et qui sont « Des esprits tristes englués dans l'invective permanente ».
C’est entendu, il veut qu’on lui parle des Français mais lesquels, il faut sans doute opérer un tri sélectif, séparer le bon grain de l’ivraie, exclure d’emblée les catégories citées plus haut en y ajoutant sans doute les alcoolo-dépendants, les tabagiques invétérés du bassin minier évoqués lors d’une visite dans le nord, les analphabètes du centre-Bretagne qui donnent tant de soucis à son ami Ferrand, les Insoumis, Sens Commun, les Patriotes, etc.
La liste est évolutive et pourra être complétée au gré de nouvelles ‘’macroneries’’ .
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