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Parlons gros sous (III)

Un mécanisme pervers

Les banques centrales, pour contrôler l’économie du Pays, ont coutume de manipuler le taux d’escompte à la baisse quand l’économie stagne et à la hausse quand l’inflation s’emballe.

C’est une méthode très efficace qui a fait largement ses preuves depuis des décennies.

L’inflation s’emballe quand la demande dépasse l’offre (il y a trop d’argent qui circule). En augmentant le taux d’escompte, le crédit devient plus cher donc il y a moins d’argent qui circule – ça s’appelle en jargon technique la démonétisation.

Mais analysons plus précisément les effets de cette mesure.

Evidemment lorsqu’on augmente le coût du crédit on accélère dans un premier temps l’inflation = mauvais point. Mais ça c’est le moindre mal.

Une inflation galopante se produit lorsque la demande dépasse l’offre. Donc pour rétablir l’équilibre il faudrait booster l’offre.

Au contraire par cette mesure on cherche à réduire la demande. Contradictoire n’est-ce pas ?

On y arrive ; mais c’est laquelle des demandes qui est atteinte ?

Car cela n’a aucune incidence sur la demande de tous ceux qui bénéficient d’un revenu pratiquement fixe (fonctionnaires, retraités, employés et cadres des grandes administrations, militaires, professions libérales etc) soit la plus grande majorité de la population. Eux n'en ont rien à cirer du taux d’escompte.

Parmi eux seuls ceux qui envisagent un investissement immobilier sont (temporairement) affectés.

Le petit crédit n’est pas très concerné non plus, lui qui pratique déjà des taux astronomiques à la limite de l’usure.

Les leasings des voitures ont en général recours à des moyens financiers propres.

En revanche cette mesure impacte grandement tous ceux qui produisent et qui créent l’offre (que ce soit des biens, de services ou autres).

Lorsque l’économie tourne à plein régime des nouvelles entreprises naissent tous les jours. La cherté soudaine des crédits leur coupe les ailes en plein envol et elles s’écrasent lamentablement en bout de piste.

Car la vraie cible de cette mesure ce sont tous ceux qui ont besoin de crédits pour produire.

Et c’est donc leur propre demande (ils sont aussi consommateurs) qui - faute de moyens - chute inexorablement.

La double peine.

Tout cela à un coût humain énorme, avec son corollaire de précarité, fermeture d’unités de production, chômage, faillites, suicides, drames familiaux et j’en passe.

Laissant derrière soi un paysage social dévasté.

Pertes collatérales comme au combat. Acceptées impassiblement et sans vergogne.

 

Autre méthode

 Aujourd’hui les banques nationales de l’UE n’ont plus le pouvoir de manipuler les taux d’escompte. Alors comment faire pour agir sur le plan intérieur ?

En agissant sur l’offre et non pas sur la demande.

Et quelle est l’offre qu’un Etat peut proposer facilement, rapidement et manipuler très exactement jour par jour ?

Tout simplement en créant un produit financier et en agissant sur la conjugaison de son taux de rentabilité et de sa fiscalité.

Révisables constamment (comme jadis le taux d’escompte) par décret.

Qui dit produit financier dit épargne et l’on sait que l’argent épargné sort du circuit commercial ; c’est une sorte de démonétisation.

Mais l’argent rentrera vite dans le circuit commercial si les conditions de cette épargne évoluent très défavorablement.

En France on pourrait par exemple créer un livret B dépendant du livret A avec des modalités et de garde-fous adaptés (c’est facile à imaginer) pour éviter les dérives.

Méthode sûrement plus soft et plus ciblée que l’actuelle.

 

Epargne = démonetisation

L’argent qui est déposé dans un coffre ou simplement caché quelque part chez vous c’est comme s’il n’existait plus. Lorsqu’un billet circule il profite à l’économie tout autant qu’à l’Etat, chaque transaction officielle (sauf entre particuliers) génère au moins un impôt indirect, notamment la TVA.

Le Covid 19 a provoqué une épargne supplémentaire dont l’estimation pour le 31 décembre 2020 s’élève à 130 milliards qui ne retrouveront le circuit commercial que petit à petit et sans doute jamais complètement.

Les 100 milliards que le gouvernement français va introduire dans le marché en soutien à l’économie ne compensera donc que partiellement cette démonétisation de fait.

Ces 100 milliards sont empruntés à la BCE. Et lorsqu’ils seront remboursés disparaîtront du circuit.

Mais est-ce qu’il faudra un jour les rembourser ? Pour ma part la réponse est non. Ils sont déjà hors circuit. Il y a évidemment en plus un tas d’autres arguments techniques et bien plus pointus (je les connais) qu’on pourrait soulever à soutien de cette position simpliste à souhait. Evidemment tous discutables et qui ne trouveront jamais l’unanimité.

J’exprime seulement un avis que personne n’est tenue de partager.

 

Belle trouvaille

Cette notion de démonétisation virtuelle s’applique aussi en d’autres domaines.

Pour faire bref : argent qui ne circule pas ne produit pas de rentrées fiscales. Donc l’Etat a tout intérêt à ce que l’argent circule et vite.

Dans ce contexte on ne peut pas s’empêcher de penser que parfois l’Etat se tire une balle dans le pied.

Je veux évoquer par là l’impôt à la source.

Le budget de l’Etat a son cursus normal et est dépensé régulièrement tous les jours. Le flux de l’impôt à la source ne modifie nullement la donne.

Par contre les prélèvements mensuels de l’impôt impactent la circulation d’un égal montant qui dès lors ne génère plus d’impôt. Ce montant hors circuit est égal à la moitié de l’impôt total qui autrement aurait circulé pendant 6 mois. Et produit des rentrées fiscales supplémentaires.

Bravo l’artiste !


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1 réactions à cet article    


  • HELIOS HELIOS 18 décembre 2020 12:19

    ... enfin, du bon sens !

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barbarossa


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